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Culture de mort : Euthanasie

Légaliser l’euthanasie ruinerait les efforts en matière de soins palliatifs

Pierre-Olivier Arduin rétablit certaines vérités à propos de l'affaire du Dr Bonnemaison :

S "Les soins palliatifs trouvent leur origine dans l’aveu d’impuissance de la médecine à guérir, du consentement à la finitude humaine, de l’humilité devant le tragique de la mort. Mais cette impuissance acceptée et assumée est la condition d’une nouvelle puissance, celle d’offrir à la fin de la vie de la personne souffrante le réconfort d’un accompagnement médical compétent et humain.

Parmi les sept patients que le docteur Bonnemaison aurait euthanasiés par piqûre létale entre avril et août 2011, plusieurs auraient été dans l’attente d’une place dans une structure de soins palliatifs. Certains ont ainsi tenté de disculper l’urgentiste de l’hôpital de Bayonne en faisant valoir le retard qu’accuse la France en matière d’offre de soins palliatifs. Plutôt que de les laisser agoniser dans une chambre par manque de place dans une unité adéquate, le docteur Bonnemaison aurait agi par compassion en abrégeant les souffrances des malades dont il avait la charge. Même s’il est vrai qu’il reste beaucoup à faire en matière de diffusion de soins palliatifs dans notre pays, cette lecture sommaire des événements nous apparaît faussée. […]

Contrairement à ce qui est parfois rapporté, la valorisation de la médecine palliative dans notre pays est une réalité qui prend forme. Le programme national 2008-2012 de développement des soins palliatifs promu par le président de la république a incontestablement instauré un cercle vertueux. Il existe une volonté politique, forte et constante dont les fruits se font sentir sur le terrain ainsi que le note l’Inspection générale des affaires sociales : « Les réussites de cette politique sont nombreuses : beaucoup de malades ont, grâce aux unités de soins palliatifs, pu mourir dignement, entourés de leur famille ; la culture palliative a considérablement influencé les actes personnels hospitaliers, beaucoup d’infirmiers ont été formés, la douleur a reculé et les antalgiques ont été de mieux en mieux employés, des réflexions sont partout en chantier». […]

Il faut donc le dire et le redire, aujourd’hui il est possible d’agir pour soulager la douleur (avoir mal) et la souffrance (être mal), soit en se formant soi-même, soit en faisant appel aux compétences éprouvées d’équipes spécialisées comme les équipes mobiles de soins palliatifs, soit en transférant son patient dans une structure adaptée comme une unité de soins palliatifs. Légaliser l’euthanasie reviendrait à ruiner tous les efforts consentis ces dernières années pour développer une médecine novatrice dont la mission est d’offrir aux personnes en fin de vie un accompagnement pleinement humain et techniquement compétent. Refusant tout à la fois l’acharnement thérapeutique et la précipitation délibérée de la mort, les soins palliatifs engagent notre société en général, et les professionnels de santé en particulier, à un sens élevé de nos obligations morales à l’égard des plus vulnérables."

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9 commentaires

  1. Comme on a créé des services d’ivg,on ouvrira des services de mort express…
    Au temps où les veuves faisaient teindre leurs vêtements en noir, on pouvait lire sur la devanture des teinturiers :Ici deuil en 24 heures”…! Nous y sommes presque…Et les services de psychiatrie deviendront des services d’aide au suicide…Diabolique inversion

  2. pourtant le manque de place dans les hopitaux aprés les soins d’urgence est un problème recurrent.quant au médecin en cause ,il semble que son comportement marginal n’en fait pas un militant de l’eutanazi (au grand dam des partisans de cette solution finale )mais une personnalité plutot bizarre .

  3. “consentement à la finitude humaine…”
    Bel exemple en ce moment d’un de nos voisins, 91 ans, malade et handicapé, qui va refuser de commencer une dialyse. Pourquoi s’imposer les A/R 3 fois par semaine durant 4 h alors qu’il préfère rester chez lui, en famille, quitte à mourir plus brutalement.
    La dialyse est d’abord perçue, à cet âge, comme un inconfort et non comme une question de survie. Alors tant qu’il ne souffre pas, pas la peine de s’acharner…

  4. Bonjour Mesdames, Messieurs, Mesdemoiselles, Mesdamoiseaux.
    Il est très respectable d’avoir des valeurs à suivre lors de sa vie, d’avoir une conduite, un comportement qui correspond à un idéal fixé. Une orthodoxie morale, ou plutôt éthique.
    Mais ce à quoi vous vous engagez personnellement, par vous même et pour vous même, n’engage… que vous.
    Ainsi, s’il est possible, pour des personnes en souffrance, qui le demande explicitement, d’abréger leur agonie, rien de vous empêche conformément à vos convictions, de ne pas faire la demande d’euthanasie, si vous êtes un jour dans une telle situation, ce que je ne vous souhaite pas.
    Ainsi, la légalisation de l’euthanasie n’est pas un ordre de gérontocide obligatoire et inéluctable, c’est juste la possibilité pour ceux qui le souhaite, de stopper leurs souffrances.
    [Ce que vous écrivez est faux, pour 2 raisons :
    – une loi sur l’euthanasie obligerait des médecins à la pratiquer. Cela n’engage donc pas “que nous”. Voir ce qui se passe aux Pays-Bas : http://leblogdejeannesmits.blogspot.com/2011/09/pays-bas-la-pression-des-euthanasieurs.html
    – la légalisation de l’euthanasie dans des pays voisins montrent que, même en ne voulant, des personnes ont été euthanasiées, dont des personnes atteintes de démence et un nourrisson. Voir ici http://leblogdejeannesmits.blogspot.com/2011/07/pays-bas-euthanasie-sur-les-personnes.html
    On peut ajouter aussi que, bien souvent, ce n’est pas le malade qui réclame l’euthanasie, mais ses proches. http://leblogdejeannesmits.blogspot.com/2011/03/qui-demande-leuthanasie-souvent-les.html
    Par ailleurs, en occultant totalement l’intérêt des soins palliatifs, qui permettent de limiter la souffrance, vous faussez la discussion sur la fin de vie. http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2011/09/l%C3%A9galiser-leuthanasie-ruinerait-les-efforts-en-mati%C3%A8re-de-soins-palliatifs.html
    MJ]

  5. Je vous serai gré de ne pas modifier mes commentaires et de n’effectuer vos réponses que par un autre commentaire.
    [Désolé, mais ici c’est moi qui donne les règles. Votre commentaire n’a pas été modifié. MJ]

  6. En réponse à l’addendum ajouté à mon commentaire:
    Il va de soi, et c’est preuve de bon sens qu’une légalisation implique un contrôle, une modération. Ces quelques dérives existent parce que c’est à l’heure actuelle un acte illégal.
    Enfin, cela ne supprime pas les soins palliatifs, comme je l’ai, vous n’êtes pas obligé d’abréger votre vie.
    [Vous ne répondez pas aux objections. Des lois existent dans les pays voisins et nous voyons des abus, à tel point que certaines personnes âgées de ces pays viennent se réfugier en France pour échapper au “coup de seringue”.
    Et d’ailleurs, qu’est-ce que la “volonté” d’un malade souffrant, qui se sent rejeté et à qui l’entourage fait comprendre que ce serait bien qu’il demande l’euthanasie ? Qui va défendre ces personnes ?
    MJ]

  7. “[Désolé, mais ici c’est moi qui donne les règles. Votre commentaire n’a pas été modifié. MJ]”
    Oui, le totalitarisme a toujours été une réponse de choix.
    [Tss Tss… Rien ne vous empêche d’ouvrir votre propre blog pour y diffuser vos règles. MJ]

  8. On peut se trouver dans le cas de figure du don d’organes.La loi prévoit qu’on peur prélever un organe chez un accidenté,sauf avis contraire express de la famille et du sujet de son vivant.Donc qui ne dit mot consent..Pourrait donc être “interrompu de vie”toute personne soumise au seul jugement de tout urgentiste ou médecin pressé de “faire de la place” dans son service.
    A suivre merci

  9. Pour avoir été bénévole en aumônerie d’hôpital, y compris auprès de personnes en soins palliatifs, je peux par expérience contredire totalement les propos d’Yck et confirmer les réponses de Michel Janva.
    Les personnes dont on s’occupe et qu’on entoure ne souhaitent plus être euthanasiées, d’autant plus que les progrès de la médecine palliatives soulagent maintenant quasiment toutes les douleurs physiques, ne serait-ce, à l’extrême, que par sédation.
    Et personne ne peut préjuger de la survie de personnes soit-disant incurables. J’ai prié pendant des jours et des jours au chevet d’une personne dans le coma avant son réveil.
    Les plus piquant a été ma conversation avec un franc maçon qui, suite à une maladie précédente, avait bcp souffert et souhaité être euthanasié. Il m’expliquait doctement le préchi-précha habituel sur le droit à mourir dans la dignité. Je lui ai fait remarquer que, si on l’avait écouté, il ne serait plus là pour essayer de me convaincre des bienfaits de l’euthanasie. Pour le coup il n’a rien trouvé à répondre…
    Prions pour les soignants en soins palliatifs, les malades et leurs proches.

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