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Culture de mort : Eugénisme

Le diagnostic prénatal en question

Foetus206 La Croix consacre un dossier aux problèmes posés par le diagnostic prénatal (DPN). Dans de nombreux services d’obstétrique, le constat est le même : les parents ne supportent plus la moindre anomalie «visible» décelée au cours de la grossesse. Certains parents sont effondrés lorsqu’ils apprennent qu’il manque «trois doigts de la main» à leur fœtus. Pourtant, ces mêmes parents leur demandent de «se battre jusqu’au bout» en cas de naissance prématurée. Aujourd’hui, on en est à presque 75 % de fœtus dépistés. Dans 95 % des cas d’anomalie détectés, ce diagnostic conduit à une interruption de grossesse. Pour Didier Sicard, président du Comité consultatif national d’éthique, la cause est entendue :

08weeks454x371_1 «La vérité centrale est que l’essentiel de l’activité de dépistage prénatal vise à la suppression et non pas au traitement. […] L’eugénisme est la volonté d’une société de faire naître des enfants selon un caractère particulier : nous n’en sommes pas encore là ! Simplement, je me demande si nous ne sommes pas sur une pente glissante, dans la mesure où les examens sur une femme enceinte finissent, dans notre pays, par être d’une radicalité extrême."

De nombreux médecins récusent l’emploi du terme "eugénisme", comme le professeur Claude Sureau :

"La prévention par la mort d’une souffrance de l’enfant, ce n’est pas l’eugénisme [sic !]. Dans certains cas, comme la trisomie 21, cette souffrance n’est pas évidente, c’est vrai. C’est plutôt la souffrance des parents que l’on vise à faire disparaître. Cela pose sans doute une question morale, mais, en aucun cas, il ne s’agit d’eugénisme."

Pourtant, d’autres experts considèrent que des dérives eugénistes sont bien à l’œuvre, dans la mesure où le dépistage est généralisé et où une forte «pression sociale» s’exerce sur les femmes pour les convaincre d’interrompre leur grossesse en cas d’anomalie. Bertrand Mathieu, juriste et directeur du Centre de recherche en droit constitutionnel, explique :

"Alors que la loi de bioéthique a interdit en 1994 “les pratiques eugéniques tendant à l’organisation de la sélection des personnes”, aujourd’hui on organise la sélection des personnes."

Il cite pour preuve le lien automatique établi entre dépistage et interruption de grossesse – en témoigne l’affaire Perruche, dans laquelle le juge présumait que si la femme avait su que son enfant était anormal, elle aurait avorté, et le recours accru à l’interruption médicale de grossesse (5989 en 2004), grâce à l’«élargissement de la notion d’exceptionnelle gravité».

Handicap201 Néanmoins, le dépistage prénatal permet aussi de sauver des vies. Roger Henrion se souvient «de ces centaines d’enfants opérés à la naissance et de ces femmes convaincues de ne pas avorter». Pascal Vaast estime urgent de «donner leur vraie place aux personnes handicapées dans la société, sans quoi on ne changera rien à la situation actuelle».

Michel Janva

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1 commentaire

  1. Ce n’est pas “d’interruption” de grossesse qu’il convient de parler, mais de destruction.
    L’interrupteur de courant nous permet de rétablir l’éclairage…
    C’est en changeant le sens des mots que l’on désinforme et que l’on transforme les esprits qui n’en sont même plus conscients.

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