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Le communautarisme (suite) : Benoît XVI dans la polémique

Dans Présent daté de mercredi, Rémi Fontaine revient sur le mauvais procès qui lui est intenté, faute de chercher à comprendre sa pensée :

"Que le mot commmunautarisme ait un côté paradoxal et donc provocateur, nous ne cessons de le répéter en appelant à distinguer les bons et divers communautarismes ordonnés au bien commun national de ceux qui ne le sont pas. […] Qu’on nous lise davantage ou mieux pour ne pas nous attribuer des pensées que nous n’avons pas".

Mais puisque son argumentation ne semble pas comprise, Rémi Fontaine rétorque tant à La Nef qu’à Permanences par une citation :

"Etant donné qu’il existe une culture hédoniste qui veut nous empêcher de vivre selon le dessein du Créateur, nous devons avoir le courage de créer des îlots, des oasis, puis de grands terrains de culture catholique, dans lesquels vivre les desseins du Créateur."

Non, ce n’est pas un communautarien outre-Atlantique qui a dit cela. Ni Denis Sureau dans L’Homme nouveau […]. Il s’agit, mais oui, d’une citation de Benoît XVI – bienheureusement régnant, comme on disait autrefois – tirée [de] L’Essence de la foi, Une parole pour tous. Du cardinal Ratzinger, rappelons aussi cette citation dans Le sel de la terre :

«(L’Eglise) prendra d’autres formes. Elle ressemblera moins aux grandes sociétés, elle sera davantage l’Eglise des minorités, elle se perpétuera dans de petits cercles vivants où des gens convaincus et croyants agiront selon leur foi. Mais c’est précisément ainsi qu’elle deviendra, comme le dit la Bible, le sel de la terre

[…] Vous avez pensé repli identitaire, communautarisme catholique ? Horresco referens : le Pape luimême ! Et il ne parle pas de tentation ou de surenchère mais de
devoir
et de courage… Car il y a non seulement la relégation sociologique qu’on ne choisit pas […], mais il y a aussi le refus de sacrifier aux nouvelles idoles du monde moderne. Ce sont deux aspects différents de la même réalité communautarienne. […] 

Répétons-le : dans la dictature du relativisme et du laïcisme actuels, le danger de dilution des communautés naturelles et surnaturelles est aujourd’hui infiniment plus mortel que le risque de «ghettoïsation» des catholiques. […] Ce qui n’empêche pas de vivre (de)dans cette (dis)société moderne avec la commutativité, les inclusions, les intersections mais aussi les rejets, les exclusions, les discriminations que cela implique. C’est aussi et surtout une manière d’être missionnaire, d’apporter un signe à notre monde. De redevenir ainsi le sel de la terre."

Michel Janva

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7 commentaires

  1. Le hic c’est que ni Permanences ni la Nef n’ont nié la nécessité d’avoir des oasis… il faudrait arrêter de dialectiser le débat à outrance, de choper des citations isolées du pape (parce qu’on peut aussi en trouver qui expliquent le danger qu’il y a à une confusion (et une fusion) de la communauté politique avec la communauté spirituelle). Le magistère n’est pas saucissonnable en fonction de nos petits désirs strictement humains.
    Donc redisons-le : il faut tout faire, tant que tout est ordonné au salut du plus grand nombre (et non seulement au salut de sa bulle) et que personne n’érige son action en modèle absolu, excluant par là-même (parfois à coup d’anathèmes) ceux qui agissent autrement. Cela exige de veiller à ce que le fossé déjà existants entre un certain monde catho et le reste de la société ne se creuse pas davantage par l’ignorance volontaire ou inconsciente. Ce qui exige enfin un sens du combat général hélas un peu oublié dans la dialectique que vous entretenez ici.
    [Je ne vous suis pas dans vos accusations de dialectique et d’anathème : JdG précise bien dans son entretien avec PM qu’il rejette ces fameuses “oasis” et accuse un certain monde “traditionnaliste” de manquer d’espérance chrétienne…
    En outre, vous n’êtes pas sans savoir que le fossé existant, voire l’ignorance entre un certain monde catho et le monde n’est certainement pas le fait de ce monde catho, qui est ghettoïsé malgré lui ! Enfin, lorsque Rémi Fontaine cite le Pape ce n’est pas seulement pour s’abriter derrière le Magistère, mais c’est aussi pour expliciter sa pensée qui visiblement, volontairement ou non, n’a pas été comprise. Pour avoir le sens du combat commun, il faut aussi faire l’effort de comprendre ce que pense l’autre et de sortir de ses préjugés. Sans cela, il n’y a pas de débat. MJ]

  2. Précision avant de clore la discussion (en tout cas de mon côté :-)).
    – Je ne parle pas pour Jacques de Guillebon, ça n’est pas mon job, ni mon but. Je parle donc en mon nom seul (donc pas au nom de grand chose).
    – je n’accuse personne d’anathèmes, je crains juste qu’on finisse vraiment par y tomber à continuer de dialectiser à ce point et d’entretenir la dialectique (et je ne pense pas spécifiquement au Salon Beige, ne vous sentez pas visé)…
    – je n’accuse pas Rémi Fontaine de citer le pape abusément, je signale juste que le magistère n’est pas saucissonnable et que Benoît XVI a dit et écrit beaucoup de choses qui sont le fruit d’une pensée nuancée et subtile, non réductible à une citation, entre autres sur l’action politique.
    – Je ne dis pas que les cathos se sont ghettoïsés tout seuls, je pense simplement qu’il faut veiller à ne pas accentuer un fossé déjà bien présent, dont l’existence est due à des cause historiques et sociologiques extrêmement diverses.
    – last but not least : peut-être pourrions nous tous nous accorder sur :
    il faut tout faire, tant que tout est ordonné au salut du plus grand nombre (et non seulement au salut de sa bulle) et que personne n’érige son action particulière en modèle absolu, excluant par là-même ceux qui agissent autrement. Cela exige de veiller à ce que le fossé déjà existants entre un certain monde catho et le reste de la société ne se creuse pas davantage par l’ignorance volontaire ou inconsciente. Ce qui exige enfin un sens du combat général.
    J’en resterai là pour ma part, n’ayant vraiment pas envie de jouer au “pour/contre” (ça n’a aucune sens) et ayant déjà rompu plusieurs fois ma règle de silence bloguesque (la conversation bloguesque présentant en général plus d’inconvénients que d’avantages notamment en terme d’interprétation des pensées de ses interlocuteurs). Bonne journée!
    [Nous sommes bien d’accord. Mais il faut préciser que les ilots, les oasis de chrétienté, les écoles libres, et ce que d’autres nomment le communautarisme participent -non exclusivement, mais tout le monde est d’accord là-dessus- à ce combat commun. MJ]

  3. Malgré les précisions de MJ, je rejoinds le commentaire précédent. Aprés avoir relu Permanence et en particulier le billet d’Olivier Drapé, je ne vois pas en quoi il y a discordance entre Permanence et Remi Fontaine:
    “A propos de cette école de pensée, Guillaume de Lacoste Lareymondie, que Rémi Fontaine cite en conclusion du chapitre Laïcisme ou communautarisme ? de son dernier livre, explique qu’« il faut se garder d’être dupe des mots et ne les employer que si leur sens est bien établi. On peut légitimement parler de « communautarien » pour désigner une certaine école de philosophie politique en Amérique du Nord ; mais mieux vaut se garder d’employer le mot « communautarisme », dont la signification est trop floue ».
    Telle est bien notre opinion : pourquoi s’accrocher à une terminologie qui prête tant à confusion ?” -Permanence-
    Et de fait, ce numéro dans son ensemble accepte l’idée de la nécessité de préserver des “oasis” a condition que ceux-ci ne soient pas des lieux de repli mais des lieux de ressourcement pour repartir à l’action dans le monde.
    Pour autant je crois que le débat est bon et nécessaire car en obligeant chacun à préciser sa pensée il nous prépare à une action réfléchie. A condition toutefois qu’il ne vise pas à discréditer le contradicteur mais bien à faire progresser la connaissance de la vérité.
    [Tout à fait.
    RF explique dans Présent de demain l’utilisation de ce mot ambigu, comme l’a été et l’est toujours le terme ‘nationalisme’ :
    “Nous prenons ce terme, faute de mieux, pour faire réagir.” MJ]

  4. @ BC
    BC dit : « Cela exige de veiller à ce que le fossé déjà existants entre un certain monde catho et le reste de la société ne se creuse pas davantage par l’ignorance volontaire ou inconsciente. »
    Je suis traditionaliste fidèle à Rome, et sincèrement ces invectives sans fondement et les leçons de morales des « catholiques de salon » de la rue des Renaudes, de la Nef et consorts commencent à me fatiguer … Sincèrement vous connaissez beaucoup de catholiques qui vivent véritablement comme des « Amish », à part dans votre imagination ? BC , au cas ou vous ne vous en seriez pas aperçue, nous autres simples laïcs vivons déjà tous au coeur de la société actuelle … (Ou alors vous parlez des monastères bénédictins, des maisonnées de l’Emmanuel des centres de l’Opus Dei, ou des communautés des Béatitudes?)
    Et si vous parlez du fossé qui se creuse en faisant allusion aux grandes orientations sociétales actuelles expliquez moi ce que doivent faire les catholiques, face au déferlement de la culture de mort, de la société hédoniste, sécularisée, matérialiste, pour ne pas creuser le fossé ?
    Devons nous y plonger joyeusement, en fréquentant les cercles et les réseaux les plus glauques et les plus immoraux en espérant que le Paraclet pourvoira a toutes nos déficiences personnelles en opérant de spectaculaires conversions (comme semblait le suggérer Jacques de Guillebon) ?… Pour une infime minorité qui reçoit cet Appel spécifique, certainement… Pour la grande majorité, c’est vraiment bien méconnaître l’économie de la Grâce […]
    Tout le monde n’a pas la force d’âme, les vertus humaines, et la formation intellectuelle et doctrinale nécessaire pour affronter les forces du Néant et leurs redoutables dialectiques… Beaucoup d’entre nous font ce qu’ils peuvent, avec leurs proches, leurs amis, leurs collègues pour répandre « la bonne odeur de Jésus-Christ » autour d’eux dans la mesure de nos moyens, par leur exemple et leur Charité… Et pour cela heureusement qu’il existe des moyens de formation , des réseaux et des groupes relativement homogènes pour se former , prier et se ressourcer pour mener le combat spirituel…

  5. Juste une dernière chose, puisque la question nous a été posée et que nous y avons répondu pour notre part : comment, MM. Le Silve et Janva, se déroule votre action évangélisatrice ?
    [C’est une blague ? Vous croyez sans doute que je suis payé pour bloguer ??? MJ]

  6. Il est possible que la citation du Saint-Père soit isolée – mais en quelques lignes elle éclaire, rend accessible à tous ces difficiles débats de haute volée, et surtout indique le chemin à prendre.
    Cela m’étonnerait qu’il ait dit le contraire dans un autre contexte.
    Il y a beaucoup de maisons chez le Père…et maints chemins pour y parvenir. Chaque monastère est une petite communauté à part et pourtant plus ouverte sur le monde que quiconque.
    Il n’y a pas de loi rigide. Chacun peut faire de son mieux selon l’époque, les circonstances et son tempérament.

  7. Paul le Silve : mise de côté la citation de départ, je n’ai jamais eu les pensées que vous me prêtez et ne les ai jamais formulées nulle part (ou alors j’ai des absences), je n’invective personne, ne vise pas plus les tradis que les charismatiques que les progressistes que qui sais-je encore, je parle d’un processus global, social, sociologique et historique collectif. Et croyez bien que je m’inclus dans le processus global. Le fossé est une image qui désigne la difficulté de communication qui existe entre des catholiques intransigeants (le mot est positif, à mon sens) et une société déchristianisée, difficulté qui vient également d’une absence prolongée de fréquentation réciproque (de vraie fréquentation, pas seulement de contacts visuels dans le métro ou le bus). On peut fréquenter un tas de non-catholiques sans finir en boîte échangiste ou perdre son âme à chaque instant. Il y a un équilibre à trouver qui s’appelle sans doute “prudence”. La prise de conscience permet simplement de mieux lutter contre nos défauts. Peut-on encore réfléchir à notre positionnement en tant que cathos dans le monde sans que tout le monde monte sur ses grands chevaux, se sente visé et pense nécessaire de dire “moi, personnellement, je…”? Chacun fait ce qu’il peut, à sa place. Ca n’interdit par de “penser global” pour agir encore mieux que nous le faisons. Comme dirait l’autre “think global, act local”. Si l’on pouvait simplement arrêter de réduire ses interlocuteurs à tel ou tel “camps” réel ou supposé, ça serait reposant pour que les échanges soient constructifs et non biaisés. C’est quand même un grand drame, internet, sur le plan de la discussion. Par conséquent, je me retire définitivement et sur la pointe de pieds…
    [N’en faites rien ! Vos propos sont intéressants. MJ]

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