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Le souverainisme : un problème de fond

Dans La Nef, Bernard Seillier, vice-président du MPF, répond aux critiques de Paul-Marie Coûteaux en récusant le souverainisme :

S "Le souverainisme est en effet une idéologie qui affirme que l’indépendance et l’autorité d’un État-nation ne reconnaissent pas d’autres limites que celles qu’il veut bien se fixer à lui-même. C’est à l’évidence une illusion car la vie internationale n’est faire que de négociations nécessitant des compromis. Chaque nation a des forces et des faiblesses l’empêchant de définir de manière unilatérale toutes ses positions. Fonder une rupture avec le MPF sur cette intransigeance ne peut que conduire son auteur à des dérives xénophobes et isolationnistes. En matière européenne, le souverainisme absolu masque difficilement une forme d’europhobie.

Or il ne faut pas confondre une Europe asservie à la bureaucratie et à l’idéologie libre-échangiste que nous récusons et l’Europe unifiée autour de sa civilisation surtout depuis la libération des nations de l’Europe de l’Est : l’Europe avec ses deux poumons selon l’expression de Jean Paul II.
[…] Au sein d’une même nation ensuite, la souveraineté de l’État doit connaître des limites, car la distinction morale entre le bien et le mal ne relève pas de la volonté politique, quel que soit  son mode d’expression, démocratique, oligarchique, aristocratique ou monarchique. Or un souverainisme conséquent avec lui-même ne pourrait que refuser le consentement à une Vérité absolue et transcendante, pour définir ses positions en matière de morale familiale ou de bioéthique par exemple. C’est pourquoi l’Église a déclaré que le souverainisme politique est une hérésie, car la souveraineté est d’abord un attribut divin."

Et Bernard Seillier explique ainsi que la seule position défendable soit

"celle d’une construction européenne de type confédéral, formée d’États-nations assurant une souveraineté limitée par la loi naturelle et par le principe de subsidiarité, et cela depuis la famille et cela jusqu’à l’échelon international le plus vaste avec tous les stades intermédiaires, au sein desquels la nation tient une place particulière."

Le débat est donc bien ouvert. Et les lecteurs qui me font des procès d'intention ne verront pas leur commentaire publié. Ce blog n'est pas partisan d'une liste particulière. Il se contente de rappeler les points non négociables et de soulever les questions qui fâchent. Par exemple, sur ce que dit Bernard Seillier : peut-on vraiment construire une Europe confédérale à 27 pays ? Les accords et autres coopérations ne doivent-ils pas plutôt être bilatéraux, trilatéraux, etc, selon les sujets ? L'UE actuelle est-elle réformable ? Sur la communauté internationale et la souveraineté, l'Eglise enseigne [CDSE n°434-435] que

"La communauté internationale est une communauté juridique fondée sur la souveraineté de chaque État membre, sans liens de subordination qui nient ou limitent son indépendance. […] Le Magistère reconnaît l'importance de la souveraineté nationale, conçue avant tout comme expression de la liberté qui doit régler les rapports entre les États. La souveraineté représente la subjectivité d'une nation sous l'angle politique, économique, social et aussi culturel. […] La souveraineté nationale n'est toutefois pas un absolu. Les nations peuvent renoncer librement à l'exercice de certains de leurs droits en vue d'un objectif commun, avec la conscience de former une « famille », où doivent régner la confiance et le soutien réciproques, ainsi que le respect mutuel."

Michel Janva

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12 commentaires

  1. tout à fait d’accord avec Seiller , la souveraineté nationale n’est pas un horizon indépassable!
    Il faut se garder tout autant du souverainisme borné que de l’européisme béat!

  2. Bravo d’avoir relevé cet article.
    Vous êtes sans doute comme moi, abonné à la newsletter de Liberté Politique.
    Article très intéressant qui recentre le débat avec les excès de PM Couteaux.
    Question de fond intéressante sur ce qui doit etre premier. Et toujours entre pouvoir temporel / pouvoir spirituel : “rendez à Cesar…ET à Dieu ce qui est à Dieu”. On a tellement tendance à oublier la 2ème partie du verset.
    Bref : Dieu, Famille, Patrie
    me paraitrait une belle devise pour l’Europe chrétienne de demain sans eurocrates.

  3. Mis à part le reproche fait à P-M COUTEAUX, qui est secondaire – et sans aucun lien, car on peut rompre avec le MPF contre LIBERTAS sans être xénophobe et isolationniste- par rapport au sujet, le sénateur SEILLIER pose la question de la signification profonde du souverainisme.
    Il montre bien qu’on ne peut faire dépendre l’existence d’une nation de son seul état, et que l’assimilation de l’un à l’autre – l’Etat-Nation- n’est pas un absolu recevable pour quiconque et surtout pas pour un catholique.
    Pour quiconque, pour des raisons historiques, car des peuples européens ont existé et ont conservé leur identité durant des siècles, sans état central : l’Allemagne, l’Italie, et même sous occupation étrangère et partition durant plus de deux siècles : la Pologne, la Géorgie, voire plus longtemps : l’Irlande, les pays baltes. La culture, la langue, et la religion ont été plus structurantes de leur identité que l’Etat. On pourrait même y ajouter le peuple juif. Voire, par provocation théorique, les Corses, ou les Basques comme les Ecossais, .
    Pour un catholique, car l’Etat absolutisé, qui a repris la théorie de la monarchie absolutisée –dérive qui a entrainé la fin du contrat qui liait la famille royale à toutes les autres au travers de la figure du roi-père- cet état est une dérive totalitaire . Car, il s’agit de la mise en forme du Contrat Social, lequel unit chacun à l’Etat, en niant les corps sociaux naturels. Ce qui est plus explicatif que de constater, comme le dit le sénateur, que l’Etat ne se donne pas d’autres limites que lui-même sur le plan moral. Car en politique, ce qui donne corps à une vérité, ce n’est pas l’idée, mais sa mise en forme concrète. Or la mise en forme de la morale naturelle suppose de reconnaître préalablement le plein exercice des droits naturels des corps sociaux naturels. C’est en cela que les libéraux classiques comme Bastiat et Hayek ont renoué avec la philosophie classique : sans libertés concrètes, il n’y a pas de liberté théorique. Sans corps sociaux intermédiaires libres, on ne peut concevoir le respect de la morale naturelle : car c’est toujours le constructivisme idéologique de l’Etat nation issu de la révolution qui impose les dérives contraires à la loi naturelle.
    Le refus de comprendre cette contradiction a conduit les souverainistes, du FN, du MPF, et leurs dissidents, à part Robert Spieler, comme alsacien, ’et Bernard ANTONY, fidèle en cela à Maurras et au Félibrige, à considérer que lutter contre l’Euro-fédéralisme, cela impliquait de lutter pour défendre les droits de l’Etat-nation central uniquement : ils ont confondu le pouvoir politique et législatif avec les droits naturels des corps sociaux intermédiaires, supérieurs par nature à ceux de l’Etat, ce que relève le sénateur.
    D’où l’échec du souverainisme de droite et de gauche : car dans l’ensemble de la société française, oppressée et ruinée par l’Etat, il existe une aspiration à la liberté contre cette oppression, qui contredit l’affirmation souverainiste ainsi circonscrite à la défense de l’Etat central jacobin. Il eut été plus subtil de défendre les libertés des personnes et des corps sociaux, des professions et des provinces contre l’Europe technocratique. Parce que finalement, cette Europe non démocratique s’accommode très bien de l’Etat et de l’administration centrale française : celle-ci est même son meilleur collaborateur, et applique avec efficacité les directives bruxelloises, telle la police française de l’occupation organisant les rafles dans Paris sous réquisitions allemandes.
    L’argument des souverainistes est connu : sans un ‘’Etat national fort’’, pas de défense de la nation. Mais une nation ce n’est pas qu’une administration : si on concevait encore la France et la nation française comme le faisait la monarchie avant l’absolutisme – le Roi et ses peuples- la défense de la souveraineté serait celle de tous, des libertés de tous, de chacun, de chaque province et corps intermédiaires, et non celle seulement d’un Parlement national croupion transposant des lois eurofédérales à une administration appendice de la Commission de Bruxelles.
    Sans ces distinctions fondamentales, le souverainisme est dans l’impasse : il finit par penser que hors de l’Etat, horizon indépassable de la liberté, rien n’est possible. D’où des analyses économiques sur la mondialisation qui confondent mondialisme et mondialisation, avec des théories inapplicables de fermeture des frontières, qui transposent une réalité juridique du XIX ème dans une réalité économique totalement mondiale depuis l’expansion européenne. Et qui nient ce qui est la constante du dynamisme de la civilisation européenne : son expansion perpétuelle repose sur une mission qui est faire partager à toute l’humanité l’extraordinaire supériorité morale de cette civilisation et de ses avantages moraux reposant sur le christianisme. Le souverainisme apparaît donc souvent comme l’opposé symétrique de l’Eurofédéralisme. Dans leurs vocabulaire et leurs réflexes immédiats, ils confient à la puissance publique leurs libertés. C’est la réaction de peuples démographiquement usés, qui pensent qu’en fermant ou en ouvrant plus leurs frontières ils pourront maintenir les avantages acquis, garantis par un Etat, soit national, soit européen, dont l’idéologie universaliste et nivelleuse les a précisément privé de leur identité profonde, nationale comme religieuse.
    Le peuple français est autant prisonnier de son Etat national que de l’Etat eurofédéral.
    Le rétablissement des droits souverains naturels des personnes et des corps intermédiaires naturels, tel doit être un souverainisme authentique, en opposition totale avec le totalitarisme jacobin et son excroissance eurofédérale.

  4. Là on peut débattre du fond.
    Merci pour ces paroles, que j’approuve par ailleurs.

  5. “Le peuple français est autant prisonnier de son Etat national que de l’Etat eurofédéral”.C’est possible. Toujours est-il que le second mène une guerre sans trève au premier, et que la menace jacobine vient aujourd’hui de Bruxelles et non de Paris.Entre deux maux, il faut choisir le moindre.Quant à Spieler ou Antony, ils sont dans une telle démarche communautariste (à base régionaliste ou politico-religieuse) que l’on peut difficilement les considérer comme d’authentiques “souverainistes”.

  6. Et bien voilà!
    Les masques tombent, et la droite est plus que multiple, contradictoire et fragmentée.
    C’est un constat.
    Quant à nier la souveraineté comme but du politique, le sénateur aurait pu en parler avec Cicéron ou César…ou même Constantin. Son discours est celui des nations faibles. Mais qui a affaibli la France?

  7. @ Vapincum
    Vous semblez oublier que l’état jacobin a mené une guerre sans merci aux cultures et langues régionales sous la 3ème République, alors qu’elles sont demeurées vivantes dans les régions des autres pays européens, et que ce sont même les régions les plus typées linguistiquement et culturellement qui sont les plus créatrices et dynamiques économiquement : Italie du Nord, Catalogne, Pays Basque, Flandres. La France est le pays où l’Etat a fait fuir pour des raisons d’étatisme et de fiscalisme forcené des centaines de milliers de français.
    Que cet état a tout fait pour promouvoir l’athéisme et le matérialisme, la désagrégation des la famille, des cadres légaux et législatifs des milieux professionnels, immigrationniste et anti nataliste dès la 3ème république, dénigrant l’armée tout menant des guerres perdues ou gagnées de justesse par le secours d’alliés,etc….
    Et cet état jacobin demeure aussi oppresseur, applicant ses normes en les complétant de celles de l’Europe, qui lorsqu’elles sont introduisent de la liberté, sont bloquées par l’Etat français : exemple, la liberté d’affiliation pour la retraite et la protection sociale, demeurée monopole d’Etat.
    La souveraineté n’est pas le but de la politique, dont le vrai but est le bien commun, qui suppose en effet la souveraineté du peuple sur son destin, et non sa vassalité devant un état incontrôlable et tout puissant, jacobin ET eurofédéraliste.
    Tant que les souverainistes opposeront l’état jacobin à l’eurofédéralisme, ils demeureront formidablement handicapés dans cette lutte, parce qu’ils feront la promotion de la peste pour lutter contre le choléra, proposant un modèle qui n’est qu’un décalque du mal qu’ils repoussent.

  8. @ PG
    1°) Affirmer que : “ce sont même les régions les plus typées linguistiquement et culturellement qui sont les plus créatrices et dynamiques économiquement : Italie du Nord, Catalogne, Pays Basque, Flandres” n’a aucun sens. La Wallonie, le Pays de Galles, la Galice,la Sardaigne,les Highlands, la Laponie ne sont-elles pas aussi des régions typées linguistiquement et culturellement ?
    2°) “…lorsqu’elles introduisent de la liberté, sont bloquées par l’Etat français : exemple, la liberté d’affiliation pour la retraite et la protection sociale, demeurée monopole d’Etat.” Préférez-vous la “protection sociale” à l’anglo-saxonne ?
    3°)” Tant que les souverainistes opposeront l’état jacobin à l’eurofédéralisme…”
    Les souverainistes de droite, souvent royalistes, seraient-ils des défenseurs de l’Etat jacobin ? Même les maurrassiens, pourtant assez “nationalistes”, ont toujours défendu leurs petites patries face à la grande (Félibrige)

  9. @ Vapincum
    1/ Vous citez des régions qui sont pour la plupart déshéritées et en crise : de plus leur cultures n’ont pas le dynamisme des régions que je vous citais.
    2/Les monopoles étatiques comme celui de la protection sociale sont toujours liberticides. J Chirac a évoqué un jour la Sécurité sociale comme l’un des éléments du pacte républicain, ce qui est une définition du socialisme.
    La DSE demande un minimum de solidarité collective envers les plus défavorisés, mais elle refuse l’omnipotence de l’Etat qui supprime alors toute autonomie pour les citoyens. Le système anglo-saxon est un exemple dans ce sens, car il conjugue une partie publique et une part privée. En Allemagne, le monopole a été supprimé.
    Le souverainisme ne peut se contenter de défendre les socialisme d’état à la française.
    3/ Beaucoup de souverainistes défendent souvent en effet l’Etat plus que les libertés des citoyens et leurs droits naturels, dont l’Etat jacobin les a spoliés : enseignement, fiscalisme, culture, etc….
    Il est évident que les maurrassiens, comme B. ANTONY, marqués par le félibrige, échappent à cette critique. Mais ils sont minoritaires au sein du souverainisme. Lequel a contribué à éloigner la droite nationale de son rejet de l’oppression étatique socialisante à la française, faute de faire les distinctions nécessaires entre souveraineté du peuple et indépendance nationale, Etat libre et bien commun.

  10. Sans prétendre atteindre au niveau des précédents mails, j’exprime mon accord avec P.G. sur l’impasse du “souverainisme absolu”.
    Vu l’écart entre la réalité et l’idéal ici présenté, la tentation pourrait être grande de se décourager.
    Quelles actions concrètes pour chacun d’entre nous proposez-vous ?

  11. @ Ludo
    Sans doute ne faut-il pas abandonner les partis souverainistes, et voter pour eux : ils demeurent le seul rempart. Mais il faut aussi faire redécouvrir la richesse explosive de la DSE qui pulvérise tous les cadres sclérosés de la pensée politique et économique relativiste et matérialiste issue des Lumières et de la révolution. C’est un formidable instrument de compréhension du monde contemporain et une grille d’analyse pour susciter des propositions concrètes et réalistes.
    Le drame de la droite nationale et catholique c’est qu’elle n’a pas de bases intellectuelles communes : d’où des disputes perpétuelles sur la stratégie possible avec les soupçons qui en découlent, auxquels se rajoutent les histoires de personnes…..

  12. C’est exactement ma vision du souverainime dont j’ajoute qu’il s’appuie sur la notion de terroir plus que sur celle de l’Etat, bien que celui-ci soit nécessaire dans ses fonctions régaliennes.
    Ceci en vertu d’un “principe de subsidiarité qui, contrairement à la jurisprudence de la CJCE, ne donne compétence aux échelons supérieurs que lorsque les échelons inférieurs sont incompétents. Ce qui n’exclut pas des formes de “coopérations”..

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