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L'Eglise : Vie de l'Eglise

Le rôle public de la religion face à la dictature du relativisme

Le Cardinal Camillo Ruini, ancien président de la CEI et vicaire du pape pour le diocèse de Rome de 1991 à 2007, a tenu une conférence sur la laïcité. Extraits :

R "On le sait, le "bien commun" est un concept typique – mais pas une exclusivité – de la pensée sociale catholique. Il paraît donc raisonnable de se référer au sens qui lui est attribué dans ce contexte. Le "Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise" […] considère le bien commun comme le premier des principes de cette doctrine et le fait découler "de la dignité, de l’unité et de l’égalité de tous les êtres humains". […] Concrètement le bien commun est "le bien de tous les hommes et de tout l’homme", car "l’être humain ne peut trouver son accomplissement seulement en lui-même, c’est-à-dire en dehors de son être 'avec' et 'pour' les autres". […]

Il n’est pas possible – et peut-être même pas utile à nos objectifs – de disposer d’une définition aussi claire et structurée du concept de laïcité […] il ne s’agit plus, du moins comme question principale, des rapports entre l’Eglise et l’Etat en tant qu’institutions. […] Il porte principalement sur les grandes questions éthiques et anthropologiques […]. Il est clair, en effet, que ces questions ont une dimension non seulement personnelle et privée mais également publique et qu’elles ne peuvent trouver de réponse que sur la base de la conception de l'homme à laquelle on se réfère. C’est notamment le cas d’une question de fond : l’homme n’est-il qu’un être naturel, fruit de l'évolution cosmique et biologique, ou au contraire a-t-il aussi une dimension transcendante, irréductible à l'univers physique ? Il serait donc étonnant que les grandes religions n’interviennent pas à ce sujet et ne se fassent pas entendre sur la scène publique. […] Concrètement, leur voix résonne avec une force qui était peu prévisible à l’époque où une sécularisation de plus en plus radicale semblait être le destin inévitable du monde contemporain ou au moins de l'Occident : c’est-à-dire quand on ne discernait pas à l’horizon ce réveil, au niveau mondial, des religions et de leur rôle public qui est l’une des grandes nouveautés des dernières décennies. […]

Par ailleurs le contentieux sur la laïcité centré sur les grandes questions éthiques et anthropologiques compte aujourd’hui un autre intervenant, qui prend justement sur ces questions une position opposée à celle de l’Eglise et du christianisme. Son noyau conceptuel est la conviction que l'homme appartient tout entier à l'univers physique, tandis qu’au niveau éthique et juridique son principe fondamental est celui de la liberté individuelle, par rapport à laquelle il faut éviter toute discrimination. Cette liberté – pour laquelle, en dernière analyse, tout est relatif à l’individu – est érigée en suprême critère éthique et juridique […]. C’est ainsi que les normes morales du christianisme sont censurées systématiquement, au moins dans leur valeur publique. Voilà comment s’est développé en Occident ce que Benoît XVI a appelé à maintes reprises "la dictature du relativisme" […]

Le bien commun a sûrement besoin de la laïcité comme autonomie des activités humaines, qui doivent s’exercer selon leurs propres normes, et en particulier comme indépendance de l’Etat vis-à-vis de l'autorité ecclésiastique. […] Il n’en est pas de même quand le concept de laïcité est étendu jusqu’à exclure toute référence des activités humaines et en particulier des lois de l’Etat et de toute la sphère publique à ces exigences éthiques qui trouvent leur origine dans l'essence même de l'homme et à ce "sens religieux" par lequel s’exprime notre ouverture constitutive à la transcendance. […] Voilà pourquoi Benoît XVI a maintes fois proposé une laïcité – qu’il a qualifiée de "saine" et de "positive" – qui associerait à l'autonomie des activités humaines et à l'indépendance de l’Etat non pas l’exclusion mais l'ouverture vis-à-vis des exigences éthiques fondamentales et du "sens religieux" que nous portons en nous. Il semble que seule une telle laïcité corresponde vraiment aux exigences du bien commun".

Michel Janva

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1 commentaire

  1. ah quel malheur, voilà ruinée ( si son Excellence me permet!) la théorie de la laïcité seule garante de la liberté!

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