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France : Politique en France

Le réflexe dirigiste ne résoudra pas le financement des retraites

Jacques Bichot analyse la réforme des retraites. Extraits :

B "Le choix des scénarios dont les effets ont été simulés montre à quel point le Medef – car c’est lui qui en a fait la demande – est en phase avec la mentalité bureaucratique, dirigiste et antilibérale qui prévaut au sommet de l’État. Car ce qui a été testé, c’est la continuation des mesures d’augmentation de la durée d’assurance requise pour échapper à la décote, et l’augmentation des deux âges légaux, autrement dit les solutions qui ne misent pas sur la capacité des Français à se retrousser les manches s’ils sont mis dans une situation de liberté responsable. […] Les simulations réalisées pour le COR montrent clairement que les dispositions qui ont été testées ne suffisent pas : elles réduisent au mieux de 38 % le déficit prévu pour 2020, et de 41 % celui de 2030.[…] Il est hélas à craindre que prévale le vieux réflexe dirigiste : si une mesure bureaucratique ne donne pas les résultats escomptés, lui en ajouter d’autres. Ces autres mesures, les syndicats les réclamaient depuis le début, et le président de la République semble décidé à leur donner (au moins partiellement) satisfaction : il s’agit de taxer le capital. Pour comprendre la stupidité d’une telle proposition, il suffit de relire un article publié dans Libération du 12 juin 2003 par trois économistes de gauche, Elie Cohen, Jean-Paul Fitoussi et Jean Pisani-Ferry. Le titre en est parfaitement clair : « L’illusoire taxation du capital. » Leur raisonnement ne l’est pas moins :

«Les recettes d’une taxation des revenus du capital seraient proportionnelles à l’évolution de ces revenus, donc intimement liées aux caprices de la conjoncture. Le financement des retraites serait en partie indexé sur les cours de bourse. Mais surtout, serait-il légitime de faire appel à la solidarité pour financer un système qui n’est pas … solidaire ? […] Un point de prélèvement sur les seuls revenus du capital rapporte aujourd’hui moins d’un milliard d’euros par an ; il faut encore une fois se rendre à l’évidence : c’est seulement en mettant à contribution les salaires ou les retraites que l’on peut dégager des ressources à la hauteur du problème.»

[…] Il en va de même pour la palinodie que nous chantent divers parlementaires de la majorité à propos du bouclier fiscal : on ne peut pas d’un côté se lamenter sur l’instabilité des dispositions fiscales, qui fait fuir les fortunes vers des pays moins versatiles, et de l’autre, à la première occasion, demander de revenir sur des dispositions dont l’encre est à peine sèche.

L’élévation des « bornes d’âge de liquidation de la retraite », comme dit le COR, porterait la fourchette de 60-65 ans actuellement (60-62,5 ans pour la fonction publique) à 63-68 ans pour les assurés sociaux nés en 1962 (la « cohorte » 1962, en jargon). Le rythme serait d’un trimestre de plus pour chaque année. Une personne née en 1952, ayant assez de trimestres et comptant prendre sa retraite le 1er avril 2012, se verrait donc contrainte d’attendre le 1er octobre. Contrainte : c’est là que le bât blesse ! Avec une retraite à la carte, cette personne aurait le choix : partir quand même à son soixantième anniversaire, mais avec moins que prévu ; ou prolonger (pas forcément de 6 mois, peut-être d’un an ou davantage), pour approcher ou dépasser le montant de pension envisagé. Et cela sans que la CNAV soit affectée en aucune manière par son choix, du fait de la neutralité actuarielle. À diminution du déficit égale, la possibilité d’agir sur le taux de la pension, dans le cadre d’une retraite à la carte avec neutralité actuarielle, minimiserait le désagrément pour les assurés sociaux, chacun choisissant ce qui, pour lui, compte tenu de sa situation, serait la moins mauvaise solution."

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3 commentaires

  1. Encore faudrait-il que les employeurs conservent leurs salariés jusqu’à cet âge; pour ce faire il faudrait eviter de les etrangler par une fiscalité confiscatoire: le serpent se mord toujours la queue !

  2. Les retraites étaient initialement financées par les cotisations des salariés, et c’est normal, puisque (hormis les SDF et ceux qui sont dans la misère) seuls les salariés bénéficient d’une retraite. Le citoyen qui se prive toute sa vie pour avoir de quoi vivre quand il sera vieux, se voit considérer comme un sale capitaliste. Les revenus de son épargne (déjà ponctionnés par l’inflation et les taxes) seront donc ponctionnés par des prélèvements qui ne lui donneront droit à rien du tout.
    C’est du vol.
    C’est aussi de l’incitation à l’imprévoyance.

  3. La seule solution pour les retraites qui vaut également pour l’économie en général: c’est d’accueilir la Vie.
    Le problème c’est qu’on s’attaque là au sujet rendu tabou par la horde cannibale : das ist verboten ! Vive la liberté !

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