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Médias : Nouveaux médias

Le projet des grandes plateformes de l’internet est avant tout un projet politique

Selon ce maître de conférence en sciences de l'information. Voici des extraits de son analyse, selon laquelle est revenu le temps de la lutte des classes, mise en algorithme :

Unknown-9"[…] Le 1er Février 2018 Facebook a obtenu la publication d'un brevet qu'il avait déposé en Juillet 2016, brevet intitulé "Socioeconomic group classification based on user features". (disponible en pdf et en intégralité par ici). C'est un brevet permettant de prédire le "groupe socio-économique" d'un utilisateur. C'est à dire sa classe sociale. Pourquoi ? Pour le bien de l'humanité et des peuples opprimés. Nan je déconne. Pour permettre aux "tierces-parties" (c'est à dire aux annonceurs) d'améliorer leur ciblage publicitaire. Pour Facebook et pour Mark (Zuckerberg) les classes sociales, c'est assez simple, il y en a trois. Working Class, Middle Class, Upper Class. Vous me direz, pour Karl (Marx) il n'y en avait que deux, le prolétariat et la bourgeoisie et c'est son copain Max (Weber) qui introduisit une classe moyenne / intermédiaire. […]

Le brevet de Facebook part d'un constat qui est une pure merveille de je ne sais pas trop quoi, mais en tout cas une pure merveille […] En gros, le meilleur moyen de déterminer le niveau de vie ("socio-economic group") d'un utilisateur c'est de regarder son salaire ("income"). Mais les utilisateurs rechignent un peu à balancer sur Facebook leurs salaires parce que c'est de l'information "sensible". Ils font chier. Du coup on perd du temps à afficher des pubs pour des Rolex à des prolétaires mal dégrossis. Et ça c'est pas bon pour le business. Bah non, ce qu'il faut c'est s'assurer que ceux qui ont les moyens d'investir le prix d'un Smic dans un téléphone voient toujours davantage de pubs de téléphone et toujours moins de Smicards. Et que ceux qui gagnent le SMIC arrêtent de voir des pubs pour des téléphones qu'il ne pourront jamais se payer. Salauds de pauvres.

Mais comme les pauvres ils sont chiants à venir rêver sur les marques de luxe des riches et que ça fait perdre de l'engagement et du reach pour les annonceurs et donc du budget et du cash pour la plateforme hôte, ben on va mettre un terme à tout ça en "prédisant" la classe sociale des gens puisqu'ils ne veulent pas nous filer leur salaire ou qu'ils seraient capables de nous mentir. "More engaging user experience based on predicted socioeconomic group", voilà comment ça s'appelle.

Une pure merveille vous dis-je. Vous noterez d'ailleurs que tout au long de ce brevet on ne parle jamais "d'annonceurs" mais toujours de "tiers" (third-parties). On dirait presque du Molière. "Voiturez-nous ici les commodités de la conversation". Bref. Pour Facebook toujours, l'appartenance à l'une ou l'autre de cette sainte trilogie se joue autour de différents facteurs dont : des données démographiques, le nombre de terminaux ("devices") possédés, l'usage d'internet (= temps passé sur), l'historique de voyage (biais géographico-culturel américain : l'Upper Class américaine et une partie de la Middle Class se déplace pas mal en avion pour couvrir l'étendue du territoire américain, qu'il s'agisse de voyages "familiaux" ou de voyages d'affaire), les données domestiques (ou "familiales", traduction de "Household Data") et, donc, le groupe socio-économique. […]"

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3 commentaires

  1. Petit problème, la classe moyenne disparait. Même dans les grandes villes comme Paris, il ne reste plus que les foyers aisés et pauvres (les employés dans les activités de service, à faibles salaires).
    http://www.lemonde.fr/politique/article/2018/02/21/segregation-sociale-les-villes-centres-sont-plutot-mixtes_5260253_823448.html
    L’idée des mondialistes est vieille comme le monde et Mark Zuckerberg, le créateur de facebook en 2004 ne l’ignore pas. Il suffit de lire la Torah (Lévitique 25 : 44). Même si selon l’islam, elle aurait été falsifiée. Ce qui est une évidence !

  2. Oui, d’ailleurs on remarque la même chose à Manhattan. Elle est plus riche et plus peuplée que jamais, mais un nombre croissant de commerces ferment leurs portes sous la pression de loyers exorbitants, du commerce en ligne et de la disparition de la classe moyenne. Cette dernière n’a plus les moyens de dépenser comme avant. Elle s’est mélangée à la classe laborieuse.
    Fin novembre 2017, le maire de New York, Bill de Blasio, a fait un premier geste, en doublant le seuil en-deçà duquel les commerces de détail sont exonérés d’impôts municipaux. mais cela suffira-t-il à arrêter l’hémorragie ?
    https://www.romandie.com/news/Dans-la-riche-Manhattan-de-plus-en-plus-de-commerces-vides_RP/889902.rom

  3. C’est plutôt bien au contraire. Si ça peut éviter aux working class de s’endetter inutilement, juste pour frimer avec des produits de luxe souvent inutiles (Rolex).

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