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France : Politique en France

Le “ni droite ni gauche” est voué à l’échec

De Pierre Baudouin dans Les 4 Vérités :

4 "Le week-end dernier, à Nice, l’UMP et le FN ont renoué avec la funeste habitude des anathèmes réciproques. Marine Le Pen y présidait les universités d’été du Front national, tandis que le maire UMP, Christian Estrosi, y organisait un meeting politique – et se réconciliait avec son vieil ennemi Jean-François Copé… À huit mois des présidentielles, tout se passe comme si le courant d’air frais que Nicolas Sarkozy a fait souffler sur la droite en 2007, « décomplexant » les électeurs et, plus encore, les élus de droite, s’était tari. Désormais, comme sous les années Chirac, il faut choisir son camp : être pour la droite parlementaire ou pour le Front national. Le rideau de fer est retombé ! Or, du point de vue des électeurs « lambda » que nous sommes, rien n’a changé : nous voulons toujours une alliance de gouvernement entre le FN et l’UMP et nous n’avons aucune intention de faire gagner la gauche pour la pitoyable raison que les cadres ne peuvent pas se parler.

Je sais fort bien qu’il existe des divergences idéologiques fortes entre l’UMP et le FN. […] Toute la question est de savoir si l’on juge que ces divergences – parfaitement légitimes – sont si importantes qu’aucune valeur commune ne permet de les dépasser. Personnellement, je réponds non. Je crois toujours que, sur le long terme, le clivage droite-gauche reste prioritaire sur tous les autres clivages politiques. Toutes les tentatives pour dépasser ces clivages ont séduit, mais elles ont toutes échoué. Elles ont séduit, car le clivage droite gauche est très largement artificiel. Depuis qu’il existe une droite et une gauche, c’est la gauche qui décrète, arbitrairement, qui est de droite. […]

Le « ni droite, ni gauche », qui resurgit régulièrement dans le débat public, est donc séduisant. Mais il est voué à l’échec. Notre système électoral, où le duel majoritaire est la règle pour toutes les grandes élections (notamment la présidentielle), impose de choisir entre la droite et la gauche. Regardez un instant le cas de François Bayrou. Son discours a beaucoup séduit en 2007. Mais, dès son élimination au premier tour, ce discours n’était plus tenable : il fallait choisir entre la tradition centriste qui imposait d’appeler à voter pour le candidat de droite le mieux placé (ce qu’ont fait la plupart des électeurs traditionnels… et les députés UDF), ou le goût de Bayrou qui, manifestement, préférait Royal. Ne pas choisir a condamné le Modem. Pour l’heure, on peut estimer que le FN est un parti de droite : plus « dur » que l’UMP sur les questions de sécurité, plus « laxiste » sur les questions économiques, et plus « souverainiste » sur les questions européennes. Mais il faut prendre garde à la tentation du « ni droite, ni gauche ». Beaucoup de cadres de l’extrême-gauche, notamment syndicale, ont d’ores et déjà fait connaître leur ralliement au parti de Marine Le Pen. Tout le danger pour elle serait de devenir un clone de Mélenchon. Mais le danger pour l’UMP n’est pas moins grand. Si le parti majoritaire revient aux slogans absurdes sur le FN contre « les valeurs républicaines » (que personne ne sait définir !), s’il revient surtout au calamiteux « front républicain » (conduisant à préférer partout et toujours le PS au FN), il prendra le risque de donner corps à la critique, classique au FN, de l’« UMPS ». Dans les deux cas, l’une des deux forces principales de la droite prend la responsabilité de rejeter l’autre dans le camp de la gauche… ce qui ne peut conduire qu’à la défaite électorale !"

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3 commentaires

  1. Les valeurs républicaines sont inscrites au fronton de nos mairies : Liberté, Egalité, Fraternité. On peut y ajouter une quatrième qui doit normalement vous réjouir : Laïcité.
    Simple et facile à retenir, non ?
    Manuel

  2. Pardon, mais personnellement je ne me sens aucunement “de droite” quand “la droite” aggrave la culture de mort, détruisant le repos dominical, encourageant le recours à l’avortement, le tout-contraceptif, imposant le Gender à l’école, accablant les familles, comme les PME, de taxes, etc.
    Alors, non, en tant que catholique, je ne vois pas très bien ce que j’aurais encore à négocier avec la droite de Sarkozy. Je crains de n’avoir plus rien de commun avec elle, et surtout pas l’opposition systématique à la gauche.
    La droite sarkozyste ne m’apparaît pas comme un moindre mal suffisant pour que je lui prête mon soutien et ainsi me compromette en cautionnant la culture de mort qu’elle soutient, même si – et encore faudrait-il le prouver – elle le fait moins vite (et moins profondément, vraiment ?) que “la gauche”.
    Je ne vois pas très bien pourquoi battre absolument “la gauche” impliquerait systématiquement de soutenir “la droite”.
    Quand j’entends Vanneste ou Gaudin (à la Sainte Baume) me vanter les mérites de leur gouvernement, je me gausse.
    Je refuse de choisir entre la peste et le choléra, de tomber de Charybde en Scylla, et si la démocratie actuelle me refuse tout autre choix, alors je préfère m’abstenir. Ce sera au moins un témoignage de résistance spirituelle, sans doute inefficace aux yeux des hommes.
    Certes, j’ai bien conscience que la politique c’est du réel, du pragmatisme, du compromis, mais il me semble que nous ne devons pas céder à la facilité d’un prétendu moindre mal qui n’est en réalité qu’un moindre pire (et encore), transgressant le nécessaire compromis pour dégringoler dans la compromission.
    Non possum. Non possumus.
    Parce que mon vote est aussi un signe de la vérité de la foi en Christ que nul calcul politique ne doit compromettre.
    Alors, que les catholiques cessent enfin de tomber dans les pièges que leur tend la “démogramscie” de masse et qu’ils s’unissent enfin de manière intelligente !
    http://alternativecatholique.hautetfort.com/

  3. @Manuel
    Laïcité ? Je vois bien ce que ça veut dire : athéisme d’Etat.
    Fraternité ? c’est un mot creux, pour les bisounours. Il n’a de sens que dans une perspective chrétienne.
    Liberté ? Egalité ? Ce sont 2 notions assez vagues et contradictoires. Les Américains ont choisi la liberté. Les Français ont choisi l’égalité.
    J’ai aussi du mal à définir ces valeurs républicaines précisément.

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