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France : Politique en France

Le mythe de l’Etat démocratique

Les veilleurs de Rambouillet ont pu écouter jeudi soir Denis Sureau, président des éditions de l'Homme nouveau, qui s'est attaché à démontrer en quoi l'Etat, tel que nous le connaissons, est un problème et non une solution, car il se prend pour Dieu. Quelques extraits :

  • Le mythe de l'Etat souverain

"La souveraineté populaire est toujours droite : le Souverain, dit Rousseau, « est toujours ce qu'il doit être » (Contrat social, liv. I, ch. VII.). La volonté générale a toujours raison, comme Dieu a toujours raison. Les actes de la volonté générale sont toujours bons – comme ceux de Dieu. L'abbé Sieyes déclarera pendant la Révolution : « De quelque manière qu'une nation veuille, il suffit qu'elle veuille : toutes les formes sont bonnes et sa volonté est toujours la loi suprême. » Par conséquent, dans ce système, la minorité a nécessairement tort. (…)

La souveraineté populaire est totale au sens où elle exclut toute loi supérieure. Dire que le peuple est souverain, c'est affirmer qu'aucune norme fondamentale ne s'impose à lui hors de son aval (Cf. la déclaration de François Hollande exaltant la démocratie « plus forte que les religions », Discours du Bourget, 22 janvier 2012). Comme l'a relevé Rémi Brague, l'espace démocratique est un espace clos, qui exclut toute autorité extérieure à lui ; il est immanent et doit rester à l'intérieur de soi (…). Le nouveau souverain est le Législateur suprême. C'est lui qui définit le bien et le mal, le vrai et le faux et maîtrise la vie et la mort (D'où ce glissement irrésistible vers la démocratie totalitaire, ce fruit de « l'alliance entre la démocratie et le relativisme éthique » dénoncé par Jean Paul II à de plusieurs reprises : Veritatis Splendor, § 101 ; Centesimus annus, § 46 ; Evangelium vitae, § 20). Par exemple, l’État abolit la peine de mort tout en légalisant l'avortement.)."

  • Le mythe de l'Etat créateur

"La société traditionnelle se présente comme un espace social complexe. Elle est composée d'une multitude de communautés : tout d'abord la communauté familiale élargie, puis les domaines, seigneuries, paroisses, corporations, confréries, guildes, clans, municipalités, provinces, universités, ordres, cours de justice ecclésiastiques et civiles… Ces communautés sont des corps proprement politiques car elles disposent de libertés, de privilèges, de droits et de devoirs, de coutumes et de lois locales, de juridictions spécifiques qui s'enchevêtrent.

Or l’État s'est construit en reconfigurant cet espace social complexe afin d'aboutir à un espace social simple, qui met directement en relation l’État et l'individu. (…) Nous arrivons aujourd'hui au terme de ce processus avec une fusion de l’État et de la société dite civile. L’État total, omnipotent, est le produit ultime de cette fusion.

L’État poursuit irrésistiblement l'absorption de la société par la fusion du politique et de l'économique : par la fiscalité, des prélèvements de plus en plus massifs sur les richesses associés à des mécanismes bureaucratiques de redistribution. La solidarité est nécessairement étatique lorsque les réseaux transversaux de solidarité ont été détruits.

On remarquera que les familles sont peut-être les ultimes cibles de ce processus : après avoir perdu une grande partie de leur rôle économique et social, notamment productif et éducatif, elles seront remises en compte jusque dans leur fondement puisque c'est l’État qui s'arroge le pouvoir de les redéfinir et même de créer de nouvelles formes, telle que la « famille homoparentale »."

  • Le mythe de l'Etat rédempteur

"L’histoire officielle dit que l’État moderne a identifié la religion comme étant la racine du problème et l’a heureusement séparée de la politique. Mais le concept sociologique de « religion » séparée du « politique » est lui-même une création de la modernité. En fait c’est le contraire qui s'est produit : l’État émergent s’est approprié le sacré pour devenir lui-même l'objet d'une nouvelle sorte de « religion » (…)

L’essor de l’État moderne n’a pas conduit à une Europe plus paisible, explique Cavanaugh : il a plutôt accompagné une « migration du sacré », un glissement de ce pour quoi les hommes veulent tuer et mourir.

Le mythe de l’État rédempteur devient explicite à la Révolution : le salut devient public (Comité de salut public). Les formules religieuses prolifèrent.

Cette sotériologie subsiste jusqu'à nos jours. C'est l’État qui est chargé d'assurer la paix (entre classes, groupes sociaux et nations, fut-ce en bombardant les peuples récalcitrants…) et le bien-être – par exemple on lui demande de procurer travail, logement et santé. C’est plus qu'un Dieu rédempteur : c'est un Dieu provident. Ne parle-t-on pas d’État Providence ?"

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6 commentaires

  1. Le mythe de l’Etat démocratique ? NON
    Rétablissons la Vérité là où elle se situe.
    Le loup déguisé en berger, c’est “ELLE”, “la démocratie”.
    Ce médicament “miracle” qui donne la “mort: la “démocratie”.
    Ce passe partout du “mensonge” habilement utilisé: la “démocratie”.
    Cette “poudre de naïveté” qui rassure: la “démocratie”.
    Cette Liberté “virtuelle” par laquelle chacun croit posséder un “pouvoir”: la “démocratie”.
    Ce “mal” qui sème la “division”, encourage la lutte des “intérêts”, développe les appétits de “pouvoir”: la “démocratie”.
    Il faut regarder derrière soi, “l’Histoire”, et avoir le courage d’en tirer les conclusions et ses conséquences, et considérer “objectivement” la “réalité” qui s’impose.
    Le “Mythe” c’est bien la “Démocratie”.
    l’Etat, les Politiciens n’en sont que les “utilisateurs”, les “Receleurs” qui savent parfaitement faire fonctionner la “Machine” et la conduire vers la “destination de leur choix” avec tous les “voyageurs à son bord” dont le billet de destination n’est pas celui de l’arrivée prévue.

  2. D’où la conclusion évidente: le Roi.

  3. L’Etat socialiste français est une Secte anti démocratique et totalitaire comme d ailleurs toute les sectes, où les hommes n’ont pas le droit de penser et être en désaccord avec le maître.

  4. “L’histoire officielle dit que l’État moderne a identifié la religion comme étant la racine du problème et l’a heureusement séparée de la politique.”
    Etant seuls face à Dieu, pour les croyants, ou adhérant totalement aux valeurs chrétiennes dans ces deux cas nous n’avons pas besoin de l’état à qui il manque justement une emprise sur nos consciences individuelles.

  5. L’Etat recommande aux parents de lacher la main de leurs enfants et de leur faire confiance à un certain âge, mais l’Etat est le premier à ne pas faire confiance aux citoyens, aux hommes et aux femmes de ce pays.
    Il leur garde toujours la main.

  6. Ce qu’explique Cavanaugh est bel et bon, mais il a deux décennies de retard. Aujourd’hui on parle plutôt de dépérissement de l’Etat dont tous les attributs sont contestés.

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