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L'Eglise : Vie de l'Eglise

Le monachisme ne connaît pas la crise

Le Spectacle du Monde de septembre consacre un dossier au monachisme. Dressant le tableau de l'évolution du monachisme contemporain, Sophie Humann écrit :

"Depuis les années 1970, en effet, quatre cents monastères, appartenant, pour la plupart, à la grande famille bénédictine, mais aussi, dans une moindre mesure, franciscaine, ont vu le jour à travers les cinq continents."

Philippe Maxence termine ainsi un article sur "L'Europe de Saint Benoît" :

M "A quoi servent les moines aujourd’hui ? A rien, répondait récemment en substance dom Philippe Dupont, l’abbé de Solesmes, à la question d’un journaliste. Un bel éloge de la gratuité dans un univers aujourd’hui entièrement colonisé par le marché, et où tout est appréhendé en fonction d’une valeur marchande. Une réponse qui peut être complétée par les propos de Saint-Exupéry dans sa fameuse Lettre au général X : «Ah général, il n’y a qu’un problème, un seul, de par le monde. Rendre aux hommes une signification spirituelle. Des inquiétudes spirituelles. Faire pleuvoir sur eux quelque chose qui ressemble à un chant grégorien. Si j’avais la foi, il est bien certain que, passée cette époque de “job nécessaire et ingrat”, je ne supporterais plus que Solesmes. On ne peut plus vivre de Frigidaires, de politique, de belote et de mots croisés.» Voilà, peut-être, ce que le monachisme bénédictin peut apporter aujourd’hui encore à une Europe qui a tourné le dos à son héritage spirituel et moral."

A signaler aussi, un entretien avec le père abbé de Solesmes, qui déclare notamment :

"Si l’on était venu me chercher ou si l’on m’avait appâté avec des « formules à la carte », je ne me serais peut-être pas engagé dans la vie monastique. Il faut simplement prier et mettre en avant le primat de Dieu. Le propre de l’homme est de pouvoir dominer le temps. Il peut donc faire de la totalité du temps à venir un seul ensemble. Et ceci, contrairement à ce que pensent les modernes, ne diminue pas la liberté mais l’augmente. La liberté, c’est la faculté d’agir en fonction de nos désirs les plus intérieurs. Les voeux nous rendent plus libres. Le grand bonheur de la vie monastique est précisément de prononcer des voeux définitifs. Le doute aliène. Un choix fermement affirmé libère. En revanche, qu’il faille un temps pour s’en assurer est normal : le noviciat [six ans] est fait pour cela."

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6 commentaires

  1. “Le grand bonheur de la vie monastique est précisément de prononcer des voeux définitifs. Le doute aliène. Un choix fermement affirmé libère. ”
    Ca vaut aussi pour le mariage.

  2. “Le doute aliène” ? – Non, s’il met en question un engagement mauvais. La fidélité n’est pas un bien en soi. Ou alors, il faudrait blâmer les Musulmans qui se convertissent au christianisme.

  3. 400 monastères ont vu le jour depuis 40 ans sur les quatre continents? Magnifique. Si c’est vrai, c’est fabuleux. Ce qui l’est beaucoup moins, c’est le contenu et le sens du commentaire (en italique ci-dessous) que l’auteur glisse dans son texte à la suite de la question (un peu bateau) à quoi servent les moines aujourd’hui.
    La réponse est selon l’auteur “un bel éloge de la gratuité dans un univers aujourd’hui entièrement colonisé par le marché, et où tout est appréhendé en fonction d’une valeur marchande.”
    On voit bien dans ce commentaire une tentative, réflexe récurrent et irrépressible chez certains, d’instrumentaliser la vie au monastère pour mieux dénigrer la vie dans le monde. Toujours cette vision binaire et réductrice. Là est le bon, mais surtout là est le mauvais. Cette vision mélange deux ordres bien distincts: l’organisationnel d’une part et le spirituel d’autre part.
    Bénissons le ciel que notre univers soit colonisé (non pas entièrement) par le marché, et où les choses (pas toutes) sont appréhendés en fonction d’une valeur marchande. Si ce n’était pas le cas, nous crèverions tous de faim. C’est quand même simple à comprendre.
    Posons-nous donc cette question: comment un monastère peut-il survivre si ce n’est en pratiquant une application rigoureuse des lois du marché?
    Enfin, quand on sait le rôle exceptionnel qu’on joué les moines, cisterciens en particulier, dans le développement du commerce et du marché….

  4. tout cela est exact. Et une société fondée autour des monastères comme au moyen age, ou des réductions jésuites comme au Paraguay, semble bien être la seule alternative à ce règne de l’usure que nous subissons.

  5. Aujourd’hui nous avons bien plus besoin de frère prêcheurs parcourant l’europe de l’ouest que de moines cénobites, m’enfin c’est mieux que rien.

  6. “A quoi servent les moines aujourd’hui ? A rien, répondait récemment en substance dom Philippe Dupont, l’abbé de Solesmes, à la question d’un journaliste.”….
    S’il n’existait ces piliers de la prières que sont les monastères que serait notre humanité ?
    Chaque fois que la barbarie montre son nez, les monastères surgissent dans des landes isolées…
    La respiration de la Foi…
    Les civilisations s’a-betisent…
    La Foi du charbonnier refait surface…
    Les monastères deviennent les phares de la connaissance en Dieu…de l’Espérence!
    Les monastères sont les dépositaires de l’héritage Chrétien…ils sont le reflet
    des 40 jours de Notre Seigneur dans le désert.Plus près de Dieu…dans le prière…mais aussi plus près du Malin…
    plus près de la tentation…c’est pourquoi…en tant que gardiens…ils sont nécessaires…pour la sauvegarde…de l’humanité.

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