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France : Société

Le libéralisme inclut le principe de subsidiarité

Intéressante contribution de Chantal Delsol sur le libéralisme dans La Nef du mois de décembre :

F"[…] En ce qui concerne le libéralisme économique, c’est plus compliqué parce que l’expression est victime des jugements idéologiques les plus divers et les plus violents. Pour l’opinion française, il n’y a pas de libéralisme, il n’y a que de l’ultra-libéralisme – c’est-à-dire que ce courant n’existe que dans sa perversion, exactement comme le nazisme. Mais c’est faux. Il existe naturellement un ultra-libéralisme, mais seulement à la marge, et par ailleurs devenu bien rare dans le monde.

Le libéralisme économique signifie que la production et l’échange sont laissés à l’initiative des particuliers et des groupes (la définition du socialisme est à l’inverse : « étatisation des moyens de production et d’échange »). C’est tout. Cela n’empêche pas de se rendre compte que l’État doit fixer et faire appliquer des règles pour empêcher la concurrence déloyale, faire respecter les contrats, et aussi protéger les malchanceux et aussi les paresseux qui ne survivent pas dans un système de liberté, et que les initiatives privées ne sont pas parvenues à aider suffisamment. Car le libéralisme inclut le principe de subsidiarité. Naturellement on va débattre et se quereller pour savoir jusqu’où doit aller le rôle de l’État. C’est pratiquement l’essentiel du débat dans les démocraties modernes. Ou cela devrait l’être. Car nous savons bien aujourd’hui, enfin si nous acceptons de tenir compte de l’histoire récente, que le socialisme économique ne fonctionne pas, il appauvrit toujours les pays dans lesquels il s’applique – l’Union Soviétique s’est effondrée essentiellement par marasme économique, et en ce moment même, depuis plus de vingt ans, la Chine a dû mettre en œuvre une NEP, c’est-à-dire un libéralisme économique de stratagème, pour permettre au despotisme politique de durer…

Il va de soi que je ne considère pas le libéralisme comme une structure de péché. Car alors quelle serait la structure du bien ? La planification et le socialisme ? mais celui-ci affame ses peuples et termine dans la Corée du Nord ! Voit-on une alternative différente ? En revanche, je crois que l’alternative, dans une culture de la personne, est entre la liberté maîtrisée et la liberté illimitée. Le libéralisme ne doit pas être pratiqué n’importe comment. C’est un système qui garantit, protège et assume la liberté de produire et d’échanger, ce qui est le meilleur moyen à la fois de susciter la prospérité et de respecter l’autonomie des personnes qui porte notre culture. Mais si le libéralisme économique n’est pas enraciné dans une réflexion permanente qui va au-delà de l’économie, il peut produire la misère, et couronner les égoïsmes. Cette réflexion concerne les limites de la liberté individuelle. Ces limites bien entendu dépendent de facteurs circonstanciels, mais d’une façon générale on peut dire que trop d’individualisme pervertit ce système, comme d’ailleurs tous les autres mais sans doute encore plus. Le libéralisme a besoin de faire droit aux groupes, parce que seuls les groupes peuvent l’adoucir, l’amender, l’écarter de sa tentation cynique. À cet égard le système coopératif viendrait à point nommé, dans nos pays, pour contrecarrer les excès du capitalisme mondialisé."

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10 commentaires

  1. Philippe de Villiers : « On est en train de vivre un changement de peuplement »
    http://www.fdesouche.com/542595-creche-interdite-philippe-villiers-appelle-resistance

  2. Dans une économie de subsistance, disons jusqu’à la révolution industrielle, le libéralisme n’était pas en lui-même une structure de péché.
    Depuis que production,consommation et enrichissement sont l’alpha et l’oméga du monde, il l’est devenu, engendrant une idéologie “libertaire” et totalitaire transformant l’homme en marchandise ( qu’on pense à l’épouvantable GPA…).
    On peut lire utilement à ce sujet les ouvrages de Michel Schooyans, William Cavanaugh, sans oublier nos chers vieux Bloy, Péguy, Bernanos…

  3. Excellente analyse de Chantal Delsol, comme souvent. Merci à La Nef d’en faire bénéficier ses lecteurs et au SB de relayer.
    Relevons: “Mais si le libéralisme économique n’est pas enraciné dans une réflexion permanente qui va au-delà de l’économie…”
    Justement, aucun autre système incite à ce point à cette “réflexion permanente qui va au delà de l’économie”. D’où il découle que c’est probablement le système qui incite le plus à la vertu. Voilà qui est bien catho compatible n’est-ce pas?

  4. Le libéralisme, comme le marxisme, le communisme, le socialisme, le capitalisme… est une doctrine socio-économique de type matérialiste.
    Elle est donc, par construction, une structure de péché !
    Il suffit de se reporter à la définition la plus élémentaire du libéralisme, sur Wikipedia :
    “Le libéralisme est une doctrine de philosophie politique qui affirme la liberté comme principe politique suprême ainsi que son corollaire de responsabilité individuelle, et revendique la limitation du pouvoir du souverain.
    Sur le plan théorique, le libéralisme s’oppose aux doctrines selon lesquelles les comportements et les choix des individus sont ou doivent être subordonnés à une entité supérieure ou à ses représentants, par exemple la Nation, l’État, la communauté, la classe sociale ou LA RELIGION.”
    La messe est dite !

  5. Avec une telle confusion dans les concepts où veut-on en venir ?

  6. Au secours le libéralisme c’est avant tout un système exaltant une fausse liberté qui termine forcément dans la domination du fort sur le faible.
    N essayons pas de le défendre, c’est foncièrement non chrétien.

  7. Madame Delsol confond libéralisme et liberté d’entreprendre. Le libéralisme est une doctrine philosophique qui, selon le professeur de philosophie libéral Sylvain Reboul “apparaît au XVII et XVIII ème comme une rupture radicale avec la vision chrétienne traditionnelle [et] pense la société comme un agrégat d’individus-propriétaires de leur corps, de leur esprit et de leur biens, égaux entre eux en droit sinon en fait, dont il faut défendre l’autonomie vis-à-vis des puissances politiques et religieuses et poursuivant leur intérêt propre, …”
    Cette définition rejette donc toute légitimité autre que pratique aux structures intermédiaires entre l’individu et l’Etat, par exemple la famille, les organisations professionnelles, les ordres, les juridictions consulaires, tous ces “corps intermédiaires” qui sont consubstantiels au principe de subsidiarité. Tout aussi grave, cette doctrine réfute toute légitimité pour le Prince à défendre le vrai, et toute nécessité de combattre le faux. Elle promeut donc nécessairement le relativisme. Il ressort aussi directement de cette définition le rejet de la structuration de l’individu, pensé comme propriétaire de lui-même, comme héritier dépositaire des acquis des générations antérieures et donc la négation du devoir social de transmettre. Enfin, en pensant l’intérêt individuel comme moteur unique des individus et de la société, le libéralisme tend à abattre tout lien social autre que celui fondé l’intérêt, ramenant nos sociétés à la loi de la jungle, le “struggle for life”.
    C’est pourquoi, s’appuyant sur sa philosophie et sa doctrine sociale l’Eglise déclare que “le libéralisme est un péché” (Titre d’un livre de base sur ce sujet).
    Plutôt que de tenter de s’approprier le mot “libéralisme”, et donc d’en dissoudre le sens, il faut dire que le respect de la dignité humaine nécessite la préservation de la liberté d’entreprendre, qui comprend celle de s’associer dans des corps intermédiaires, l’ensemble de ces trois concepts formant les bases de la doctrine de la subsidiarité.

  8. Parant a raison. Mme. Delsol mélange tout. Liberté d’entreprendre et libéralisme sont deux concepts. Au passage, on ne peut que constater que les pays musulmans sont, sous l’aspect économique, non seulement libéraux mais même sauvagement libéraux.

  9. C’est plutôt Parant qui mélange tout, en opposant le libéralisme économique et la nécessaire réflexion sur les libertés individuelles dont parle Chantal Delsol, et religion.
    Les catholiques qui ont si peur des structures de péché , du libéralisme et du relativisme seraient bien inspirés de se rendre compte que nous ne vivons justement pas actuellement dans un système libéral mais socialiste , ce qui est est la vraie cause de leur maux. Et les catholiques devraient surtout se souvenir qu’ils sont ultra-minoritaires , donc que leur seule chance de pouvoir mettre en oeuvre un tant soit peu la Doctrine Sociale de l’Eglise, résiderait dans la préservation de leur liberté individuelles de chrétiens , qui ne peut exister actuellement.
    Cette synthèse de Chantal Delsol est excellente.

  10. @Ludovic
    Votre attaque contre le libéralisme est non seulement dénuée de sens mais aux antipodes des ce que pensent ceux qui se disent libéraux.
    Le libéralisme consiste à récuser tout usage de la contrainte contre autrui. Tout ce qui s’accomplit sans contraindre, c’est-à-dire sans employer la violence ou sa menace, est parfaitement conforme au libéralisme.
    Or le monopole de la coercition appartient à l’État: Le libéralisme n’en a qu’après l’État, et l’État seulement.
    Je n’ai jamais lu mention de “corps intermédiaire” par un libéral, et je ne suis pas sûr de ce que vous entendez par là.
    L’entreprise en est-elle un ?
    Le syndicat ?
    Quant à la notion d’un rejet de la famille par le libéralisme, c’est du pur délire.
    D’où la sortez-vous ?
    Comment a-t-il pu vous échapper que la famille est détestée par les ennemis radicaux du libéralisme ?
    Si vous voulez savoir ce que les libéraux pensent, lisez Bastiat: Il fait consensus.
    http://www.bastiat.org
    Sachez que pour les libéraux, la vie humaine est intrinsèquement la valeur ultime, d’où la primauté de la liberté (donc la propriété), c-à-d. du refus de contraindre.

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