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Le général (2S) Bertrand de la Chesnais dénonce les manque d’ambition et la faiblesse des effectifs de la transformation des armées

Le général (2S) Bertrand de la Chesnais dénonce les manque d’ambition et la faiblesse des effectifs de la transformation des armées

Dans une tribune publiée par valeurs actuelles, le général (2S) Bertrand de la Chesnais, ancien directeur de la campagne présidentielle d’Éric Zemmour, estime que les les 413 milliards d’euros de la loi de programmation militaire (2024-2030) sont un trompe-l’oeil. Le général de la Chesnais était n°2 de l’armée de terre lorsqu’il a quitté ses fonctions en 2017:

“(…) Que penser, alors, des 413 milliards d’euros promis par Emmanuel Macron pour nos armées pour les sept années à venir ?

Reconquête !, par la voix de son Président Éric Zemmour, est vigoureusement intervenu pendant la campagne présidentielle sur ce sujet essentiel pour l’avenir de la Nation. Le 20 février 2022, ce dernier considérait, prenant en compte les besoins des trois armées et notre situation économique, qu’il faudrait y consacrer au moins 490 milliards sur la période… Or, c’était avant les nouveaux records d’inflation que nous avons connus depuis lors. La différence est de plus de 20 % !

De toute évidence, l’effort promis n’est pas suffisant, pour quatre raisons fondamentales : notre sécurité, menacée par le réveil des Etats-puissances ; nos équipements, usés par trois décennies d’engagements ; nos effectifs très insuffisants, minés par les réorganisations successives ; notre place et notre influence dans le monde, qui dépendent de notre capacité à protéger nos intérêts (…)

Nos équipements. Rappelons que nous sortons de près de 30 ans de disette budgétaire, de fermetures d’unités, de désarmements de navires, d’externalisation de nos approvisionnements et de notre soutien. Simultanément, l’armée française s’est engagée dans un grand nombre d’opérations extérieures dans les Balkans, en Asie centrale et en Afrique. Nos équipements sont échantillonnaires, et dans bien des domaines de petits pays sont mieux équipés que la France. Pourtant, nous n’hésitons pas à envoyer des armements aux Ukrainiens. Après les canons Caesar, il est désormais question de donner des chars Leclerc, alors même que nous en possédons si peu et dont le coût unitaire se compte en dizaines de millions. Notre industrie de défense saura-t-elle faire face à la demande pour combler ces dons ? Pourra-t-elle augmenter et renouveler les armements dont nos armées ont besoin ? La mobilisation de notre industrie et la reconstitution de pans entiers de savoir-faire disparus (munitions, porte-avions, etc.) en vue d’une « économie de guerre » relèvent, très largement, d’un effet d’annonce. Malgré la promesse d’augmentation du budget des armées, l’engagement de l’Etat suscite en effet des interrogations. Le Président Macron laisse entendre lui-même que des étalements de programmes, pourtant en cours de livraison, et des décisions difficiles vont être annoncées !

De même, les effectifs ne suivent pas ! Alors que les militaires étaient 340 000 en 2002 (hors gendarmerie), ils ne sont plus que 200.000. Les armées ont toutes les peines du monde à recruter. Faute de politique cohérente de l’Etat, le retour des « forces morales », que souhaitait Emmanuel Macron le 14 juillet dernier, est resté lettre morte dans une population de moins en moins avertie des questions de Défense. Pas de masse dans la première armée d’Europe, tandis que l’armée russe ambitionne d’atteindre les 1,5 million de combattants (…)

Enfin, notre place dans le monde. Tandis que les seules dépenses garanties en France sont les dépenses sociales, dont la croissance moyenne sur la dernière période a été de plus de 4% par an, il est peu probable que ce rythme soit tenu pour les dépenses militaires, ne serait-ce que compte tenu du niveau de l’inflation qu’elles subissent de plein fouet – la Défense est consommatrice d’énergie et de matières premières – mais sur laquelle elles ne sont pas indexées.

Pendant ce temps, les dépenses militaires s’accroissent dans le monde entier. La France ne fait ni partie des cinq plus grands budgets militaires au monde (Etats-Unis et Russie qui y consacrent autour de 3,5% de leur PIB, Chine, Inde, Royaume-Uni), ni ne témoigne de la plus forte croissance, tandis que l’Allemagne vise progressivement, avec son plan à 100 milliards d’euros, les 2% du PIB. La future loi de programmation militaire devra garantir notre capacité à tenir notre rang et à protéger nos intérêts. L’influence de la France dans le monde est l’un des enjeux de cette loi de programmation, à l’heure où nos armées se voient renvoyées comme des malpropres d’Afrique pays après pays. Aujourd’hui le Burkina Faso, après le Mali et la République de Centre-Afrique. Alors que nos soldats y ont valeureusement et généreusement versé le prix du sang !

L’influence de la France dans le monde passe par la crédibilité de son armée. La loi de programmation militaire doit être à la hauteur de la puissance française pour défendre ses intérêts. Mais sans un budget conséquent sur une trajectoire rectiligne, ce ne sont que vaines promesses, c’est pourquoi nous devons viser un niveau de dépenses approchant 3,5% du PIB. Cet effort nécessite la mobilisation de l’ensemble de la Nation, dans le cadre d’une grande politique de Défense et de sécurité. Car le jour où la France se rendra compte de son état insuffisant de préparation militaire et morale, il sera trop tard.

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5 commentaires

  1. Le fameux effort de Macron envers les armées risque de se limiter à de l’inflation et de la TVA. Rappelons que les dépenses d’équipement sont soumises intégralement à la TVA qui n’est pas remboursée au budget des armées.
    L’effort de guerre de M. Macron devrait commencer par reverser aux armées la TVA prélevée. Une effort de guerre TTC de 2% du PIB, c’est en réalité entre 1,7 et 1,8% en effort réel c’est à dire hors TVA.
    Le Général de Villiers a démissionné sur ce genre de magouilles opérées par M. Darmanin, ministre du budget et à ce titre Mozart des bidouillages financiers. Mais Villiers était un seigneur discipliné et pas un parvenu servile. Confiance rompue, tchao bambino…
    Sur le fond, si l’effort de guerre consiste à passer les plats aux ukrainiens au nom des US, on peut s’interroger sur l’intérêt réel de la France.
    A part se ruiner encore davantage pour être biens vus de ceux-là même qui organisent notre destruction économique au service de notre asservissement politique ?

  2. Le cœur du problème semble bien le désarmement “moral”, y compris celui de nos dirigeants, qu’aucun budget ne pourra compenser.

  3. trés bien dit

  4. Bravo Bertrand !

  5. Avant de vouloir obtenir la capacité à défendre les intérêts de la France, il faudrait que le chef des armées veuille les défendre, face aux US, par exemple, lui qui ne veut défendre ni la population française, ni sa culture…

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