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France : Politique en France

Le FN au pouvoir dans une dizaine d’années ?

Laurent Ripart, enseignant-chercheur en histoire du Moyen Age à Chambéry, militant NPA, a publié une analyse sur les derniers résultats FN, sur le site du NPA. C'est une vision de l'extrême-gauche, qui joue à se faire peur avec l'hydre fasciste, mais ce n'est pas inintéressant. Extraits :

"Lorsque Marine Le Pen annonça le 8 février 2016, au journal de 20 heures de TF1, sa candidature à l’Elysée, le FN venait de recueillir 27,7 % des suffrages aux élections régionales de décembre 2015 et les sondages la créditaient de 26 à 30 % des intentions de vote pour la présidentielle. Si aucun observateur ne pariait alors sur sa victoire, tous s’accordaient en revanche pour penser que sa qualification pour le second tour ne pouvait faire l’ombre d’un doute et qu’il était même très probable qu’elle sortirait en tête du premier tour. Au terme de cette campagne, la direction du FN ne peut toutefois que constater que les résultats n’ont pas été à la hauteur de ses espérances.

Les résultats en demi-teinte du FN à la présidentielle

Dans le dernier mois de la campagne, Marine Le Pen a vu ses intentions de vote décrocher jusqu’à se faire doubler dans la dernière ligne droite par Emmanuel Macron. N’ayant le jour du scrutin réuni que 21,3 % des voix, elle n’est finalement parvenue à se qualifier pour le second tour que de justesse, avec seulement 460 000 voix d’avance sur François Fillon qui a terminé en troisième position.

Si pour le FN le premier tour fut à l’évidence décevant, le second fut encore plus difficile. Créditée de 40 à 42 % des intentions de vote dans la première semaine de l’entre-deux-tours, Marine Le Pen a vu les sondages se dégrader au lendemain de son débat raté avec Emmanuel Macron. Au final, elle n’a obtenu que 33,9 % des voix, un score très en dessous de ce qu’elle avait pu escompter. Visiblement affectée, au point de refuser toute interview pendant dix jours, Marine Le Pen semble avoir eu quelques difficultés à encaisser le choc de ces résultats, comme l’ont montré ses hésitations à se porter candidate aux législatives, de peur qu’un nouvel échec ne nuise définitivement à son autorité.

Pour être indéniable, ce relatif échec doit toutefois être relativisé. Avec 7,6 millions de voix, le FN a en effet obtenu en 2017 son meilleur résultat au premier tour d’une présidentielle, Marine Le Pen améliorant son score de 2012 de 1,2 million de voix, ce qui signifie qu’elle a accru en cinq ans ses résultats de 19,5 %. Une nouvelle fois, le FN démontre qu’il se trouve sur une dynamique ascendante de longue durée : si l’on fait exception de son trou d’air de 2007, il n’aura cessé depuis vingt ans d’améliorer son score à chaque présidentielle, progressant à un rythme annuel moyen d’environ 200 000 voix par an. Si cette croissance n’est pas rapidement enrayée, le FN devrait être en mesure d’arriver dans une dizaine d’années à réunir 10 millions de voix au premier tour, ce qui constitue sans doute le seuil nécessaire pour lui permettre d’accéder au pouvoir. […]

Pour le FN, les résultats des élections législatives peuvent à première vue sembler très décevants. N’ayant recueilli au premier tour que 2,9 millions de voix, pour un total de 13,1 % des suffrages, le Front national a en effet perdu un demi-million de voix par rapport à 2012, ce qui constitue un indéniable coup d’arrêt dans sa progression électorale. Au second tour, le FN n’a pu obtenir le groupe qui lui avait été longtemps promis, n’engrangeant finalement que huit députés, soit six de plus qu’en 2012. Ces résultats ne seront pas sans conséquences financières, puisque le gain apporté par ses six députés supplémentaires ne compensera pas la perte de voix du premier tour. Au total, le FN verra sa subvention publique diminuer de 538 000 euros par an, ce qui n’est pas négligeable pour un parti dont l’équilibre financier reste précaire. […] Si elle a reconnu, dans une interview donnée le 14 juin à Europe 1, que ces résultats étaient « extrêmement décevants », ils sont toutefois loin d’être totalement négatifs. Le très fort niveau de l’abstention a en effet rendu ces élections législatives très particulières, puisqu’il n’a permis qu’une seule triangulaire au second tour, contre trente-quatre en 2012, ce qui a profondément changé le sens même de l’élection des députés du Front. En effet, alors qu’en 2012 les deux députés du FN avaient été élus dans des triangulaires, les huit députés de 2017 ont en revanche tous été élus dans des duels. Ces victoires sans précédent sont fondamentales, dans la mesure où elles témoignent de la capacité toute nouvelle du FN à l’emporter dans le cadre d’un scrutin majoritaire à deux tours."

Voilà pour les résultats électoraux. L'analyse sur l'effet Sarkozy sur la montée du FN est également pertinente :

"Pour le dire autrement, ce n’est pas le FN qui s’est dédiabolisé, mais la nature même du débat politique français qui s’est profondément diabolisé. Dans ce processus, l’élection présidentielle de 2002 a constitué une césure fondamentale : en ouvrant alors les portes du pouvoir à Sarkozy, Chirac a choisi de répondre à la présence de Jean-Marie le Pen au second tour en impulsant une politique de course à l’échalote avec le FN. Celle-ci a pu s’avérer efficace à court terme, puisqu’en reprenant à son compte le discours du FN, Sarkozy a incontestablement réussi à attirer une importante partie de son électorat pour remporter la présidentielle de 2007. A plus long terme, cette stratégie s’est en revanche avérée désastreuse pour la droite, puisqu’elle a abouti à normaliser le discours du Front national, lui permettant ainsi de renaître plus fort dès que les vents ont tourné et que Sarkozy s’est retrouvé en difficulté."

Et maintenant, l'avenir avec la capacité du FN à rassembler… à droite :

"Cette perspective de construction d’un « rassemblement des patriotes » ne relève toutefois en rien d’une rupture dans l’histoire du FN, puisqu’elle ne constitue qu’une simple remise à l’ordre du jour de sa vieille politique de « rassemblement de la droite nationale », qui constituait déjà en 1972 le projet fondateur du Front national. Depuis sa création, la direction du FN a déjà effectué de nombreuses tentatives en ce sens, avec la constitution en 1986 du « Rassemblement national », qui avait vocation à réunir le Front national à une fraction de la droite gaulliste, puis avec l’opération « Génération Le Pen » montée en 1998 par Samuel Maréchal dans le même but, ou encore avec le « Rassemblement bleu marine » que la direction du FN a créé en 2012.

Si toutes ces expériences ont échoué, puisque le FN a dû à chaque fois se contenter de quelques rares débauchages individuels, force est de constater que les circonstances actuelles n’ont jamais été aussi favorables à la mise en place d’un tel projet. L’affaiblissement et l’éclatement de la droite républicaine, désormais divisée en deux groupes à l’Assemblée nationale, dotent le FN d’une attractivité nouvelle et lui offrent une occasion unique d’imposer son leadership à une droite, qui pourrait bien vite constater qu’elle est trop affaiblie pour pouvoir exister toute seule.

Dans l’immédiat, le FN doit procéder à quelques réglages programmatiques afin d’élaborer le socle de ce nouveau « rassemblement des patriotes ». Devra-t-il apparaître comme le parti de la rupture avec l’UE, en reprenant le discours que Marine Le Pen a tenu durant ces dernières années, ou choisira-t-il d’abandonner cette ligne trop anxiogène pour revenir aux bons vieux discours sur « l’Europe des nations », qui constituaient originellement le programme européen du FN ? En matière d’immigration, devra-t-il agiter le spectre du « grand remplacement », comme l’avait fait en son temps Bruno Mégret, ou serait-il plus payant de reprendre le discours sur « l’assimilation » que la direction du Front national avait tenté de mettre en avant lors de la présidentielle 2007 ? Ces interrogations sont au cœur des débats qui agitent actuellement la direction du FN.

Ces questions programmatiques sont en effet d’autant plus difficiles à trancher que le Front national ne dispose pas d’un électorat cohérent, susceptible de se rassembler autour d’un même projet de société. Toutes les études montrent que les succès électoraux du FN sont en effet fondés sur sa capacité à agréger des électorats socialement hétérogènes, dont les intérêts sont largement divergents. Le vote Front national parvient ainsi à regrouper de petits entrepreneurs, attirés par les thématiques antifiscales de l’extrême droite, une partie des classes populaires, frappées de plein fouet par les ravages de la mondialisation néolibérale, ou encore des fractions de la bourgeoisie qui voient dans le FN le parti de l’ordre social et moral. 

Par son caractère hétérogène, ce conglomérat possède une indéniable fragilité et sa diversité s’exprime de plus en plus ouvertement au sein du Front national. Pour une grande part, les divergences qui se développent actuellement dans la direction du FN ressortent en effet d’une opposition entre les élus de la France méridionale, qui s’attachent à défendre les intérêts d’un électorat pour l’essentiel issu des classes moyennes, et les élus de la France du Nord et de l’Est, soucieux de répondre aux aspirations de leurs électeurs dont les origines sociales sont beaucoup plus populaires. […]"

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11 commentaires

  1. toujours la même technique: faire monter le FN pour reconduire la gôche

  2. Dans ce long extrait, pas un mot sur l’immigration sauvage que subit le pays et son effet sur le vote en faveur du FN. Leur aveuglement est formidable.

  3. Il y en a qui continuent de rêver… Retirons-nous sur la pointe des pieds et laissons-les à leurs songes.
    La démographie aura transformé beaucoup de choses en Europe d’ici une dizaine d’années.
    Quand il a le pouvoir de brises ses chaînes, l’électorat préfère élire un mondialiste en 2017. Alors en 2027…

  4. D’ici 10 ans ? Ce sera bien trop tard !

  5. La vraie droite ne pourra accéder au pouvoir en abandonnant ou en minimisant:
    La défense de la Famille : un papa + une maman, cellule de base de toute société.
    La défense de la Vie, de sa conception à la mort. Sachez que sur un an, l’IVG = + de 600 assassinats de vies innocentes par jour, sans parler de l’IMG qui n’est que de l’eugénisme maquillé !!!!
    La défense de notre civilisation et culture chrétienne qui commence par la défense de la religion chrétienne, au nom de la FRANCE, Fille aînée de l’église.
    Tout le reste ne servira que les francs-maçons qui ne veulent le pouvoir que pour favoriser la mondialisation en prenant bien le soin de gommer les Nations.

  6. En 2079 peut-être !

  7. Le FN n’est qu’un miroir aux alouettes mais aussi aux pigeons, que de temps perdu, ces gens là ne savent pas que sans le Christ qui est Roy de France, il n’y aura jamais d’ordre dans cette épave nationale actuelle.
    Sainte Jehanne d’Arc a été mandatée de ParDieu, la France, la vraie a toujours été sauvée sur intervention divine.
    Point barre .

  8. Le FN ne s’est jamais remis du schisme avec le MNR; on peut penser que le “debat” aurait été tout autre s’il avait opposé B.Megret à l’actuel president.

  9. Ce parti ne sert que les ennemis de la France et des français. Il doit disparaître.

  10. Le FN a loupé le coche par l’icompétence de sa chef qui s’en est remise aveuglément à un traitre à la Nation opportuniste incapable percer ailleurs mais qui porte en lui les mêmes desseins que la Franc-maçonnerie : destructiond e la famille et de l’Eglise catholique avec endormissement utour de l’islam tueur.
    La France ne sera sauvée que par l’éthique royale que la franc-maçonnerie ne cesse de détruire sans jamais y parvenir, aidée en ce sens des prétendants usurpateurs à ce trône Royal. Les Français pensen que Louis XX devrait résider en France pour devenir Roi voire qu’ile st espagnol. Or c’est le Roi d’Esoagne qui est Français depuis Henri IV, card escendant des bourbons par Louis XIV. Si LouisXX résidait en France il abandonenrait tout el’éthique royale ets e conformerait à la pseudo éthique républicaine; il ne serait alors pas digne d’occuper le trône qiiest le sien. Lorsque les Français cesseront d’être intoxiqué et comprendont cela le Roi légitime reviendra à s aplace et la Fance sera sauvée. En l’attente craindre le péril ilamique est une imbécilité qui eprmet à la réoublique moribinde de survivre grâce à la peur. Le sislamistes sont comme des chiens qui aboient leurs menaces..un chien qui aboit ne mord pas sauf si on le calme et le lance pour aboyer (ex : ramblas ouvertes dans m’espoir d’atteidre la sagrada familia” ex aussi le bataclan, charlie hebdo etc etc…ce sont les socialistes qui ont programmé cela).

  11. Il faut relativiser: Le FN améliore son résultat à chaque élection.
    La droite actuelle étant très affaiblie et incapable de s’en sortir, il faut donc que le FN s’impose et prenne le commandement de cette droite .Pour ce faire il faut trouver un projet de société pouvant agrémenter les électeurs de la droite et du FN.

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