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Culture : cinéma

Le film Grâce à Dieu de François Ozon est une manipulation grossière

Le film Grâce à Dieu de François Ozon est une manipulation grossière

Selon Hubert de Torcy, spécialiste du cinéma, qui s’exprime dans La Croix :

Incontestablement, il y’avait un vrai sujet de cinéma possible, autour de cette « affaire Preynat », avec tout le questionnement moral qui s’impose, tant du coté des victimes (jusqu’où puis-je aller pour obtenir la condamnation d’un prédateur) que du côté de celle qui est mise au banc des accusés dans le film, l’Eglise, qui voudrait pouvoir toujours espérer que le pire des monstres puisse avoir changé, quand le monde soutient : « pédophile un jour, pédophile toujours ». Ce qui est malheureux, c’est que François Ozon lui-même, dans le dossier de presse, pressent qu’il y’a là un questionnement intéressant (« Est-ce dû (…) à la nature même de la religion catholique, qui est une religion du pardon ? Barbarin dit : « Il y’aura toujours une porte ouverte aux pécheurs », tout en affirmant que Preynat doit être sanctionné. Ce discours du « en même temps » est ambigu. » C’est bien regrettable qu’il ait préféré la caricature plutôt que d’aborder ce qu’il perçoit comme une ambiguïté. On assiste alors au règlement de compte d’un cinéaste avec l’Eglise et avec la Foi. Le summum étant atteint avec ce grossier plaidoyer final pour la débaptisation.

Pourtant, François Ozon ne cesse de s’en défendre : « L’idée n’était pas de faire un film à charge contre l’Eglise ». L’expression est répétée telle un mantra pas moins de 5 fois dans le dossier de presse et chaque comédien est prié de la répéter en chœur. Cette insistance plus que suspecte est en réalité un aveu. Quelle que soit l’issue du procès en cours, l’Eglise aura perdu médiatiquement. Il aurait été plus juste d’attendre que la justice se soit prononcée avant que de livrer cette œuvre sur grand écran.

En quoi consiste la manipulation de François Ozon ?

Il nous fait croire qu’il a fait quasi œuvre documentaire, affirmant avoir repris textuellement les contenus des messages échangées (« Je tenais absolument à les utiliser, même si toutes ces voix off faisaient peur aux financiers »). L’insistance sur les lectures de ces courriers en voix-off est indigeste, mais c’est une bonne manière d’endormir le spectateur en lui faisant croire que tout ce qu’il voit est vrai. Tous les noms, côté Église, sont d’ailleurs les vrais : le père Preynat, le cardinal Barbarin et Régine Maire. A l’inverse, tous ceux de la Parole Libérée ont été changés, alors que c’est la seule matière sérieuse à laquelle le réalisateur ait, de son propre aveu, eu réellement accès. Si Ozon avait pris la peine de rencontrer la partie adverse, il aurait découvert d’autres mails, révélés en janvier lors du procès : celui d’Alexandre, par exemple, remerciant le cardinal d’avoir été « le supporter de sa démarche, y compris au plan judiciaire ».

Dès le début du film, François Ozon fait comprendre au spectateur qui est le méchant hypocrite dont il faut se méfier. C’est tout l’art du jeu (ou plutôt l’absence de jeu) du comédien qui interprète Barbarin. Il déclame ses textes comme quelqu’un qui réciterait un discours extérieur à lui, avec le charisme et la chaleur d’une huître. D’ailleurs, pour ceux qui n’auraient vraiment pas compris le message, quand le personnage apparaît, une petite musique inquiétante s’insinue comme pour nous confirmer que le « méchant » entre en scène. On ne saura rien du cas de conscience, des questionnements ou de la sincérité du Cardinal dans cette affaire. De bout en bout dans le film, il manipule et endort son monde avec une froideur calculée.

Le vrai mérite du film consiste en revanche dans la description précise de ce qu’ont vécu les victimes jusqu’en 1991, du silence des familles et des répercussions dramatiques pour chacun. De ce point de vue, c’est un film nécessaire pour ouvrir les yeux et ne jamais s’habituer à l’horreur indicible. De courage, la plupart de ces hommes incontestablement n’en ont pas manqué.

Mais au final, on reste vraiment déçu. Déçu que des comédiens aussi talentueux se soient compromis dans cette arme de destruction naïve. En particulier Melvil Poupaud, dont la foi semble sincère (« Je pense que Jésus est mon sauveur ») et qui d’ailleurs remarque finement que les valeurs de l’Evangile sont inversées jusqu’au bout, à travers cette affirmation que le réalisateur met dans la bouche de la femme d’Alexandre :‘’Si tu lui pardonnes, il fait de toi sa victime à vie’’. Melvil Poupaud explique dans le dossier de presse : « Pour moi, si on a la foi, on ne peut pas dire une chose pareille. Une vraie croyante dirait plutôt : « prions pour que tu trouves la force de pardonner. » Car ce n’est pas nous qui accordons le pardon à l’autre (…), c’est une grâce de Dieu qui nous dépasse et nous rend capable de pardonner même l’impardonnable. Ce qui n’empêche pas (…) une action en justice. Le pardon et la justice sont deux choses différentes. » Quel dommage que François Ozon n’ait pas écouté son comédien, qui résume en quelques phrases ce qui aurait pu être le début d’un grand film.

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7 commentaires

  1. Ceux qui vivent dans les ténèbres ne peuvent rien comprendre à la lumière.
    Lorsqu’ils en parlent, ils parlent de ce qu’ils ne connaissent pas et cela se voit.

    Concernant Mgr Barbarin il n’y a pas que Preynat, il y a une dizaine de cas (Besnard, Gérentet, Desperons, de Morand, Billioud etc.) ou l’on peut constater des protections anormales et pas ou trop peu de sanctions, souvent bien tardives…
    L’ensemble mériterait largement une enquête canonique du Saint Siège, ne serait ce que pour constater l’océan de souffrances qui a été déclenché et qui perdure aujourd’hui avec de nombreuses victimes laissées à l’abandon (Et j’en connais notamment dans l’affaire Besnard !)

  2. Agréablement surpris par le commentaire de Melvil Poupaud… C’est rare dans ce milieu gangrené du cinéma.

  3. Ce que je ne comprends pas, c’est que l’affaire Preynat avait déjà été jugée et condamnée environ 15 ans avant que le Cardinal Barbarin n’arrive à Lyon et que, comme il ne s’était plus rien passé depuis, il n’avait pas vu l’utilité de faire quoi que ce soit. C’est en tout cas ce dont je me rappelle de l’époque où l’affaire avait éclatée.
    Quelqu’un aurait-il des informations à ce sujet.

  4. à DUPORT : Monsieur , dans votre commentaire vous citez des noms que vous associez à monsieur Preynat. Attention ! car vous citez le père Jérôme Billioud qui a été totalement blanchi par la justice des accusations portées contre lui . Vis à vis du père Jérôme Billioud votre commentaire peut avoir un caractère calomnieux , et c’est très grave ; à votre décharge , il est vrai que les média ne relatent que ce qui peut salir l’église catholique et notre Foi …

    • Moi je lis :
      En 1998, Jérôme Billioud est condamné à un mois de prison avec sursis pour atteinte sexuelle à Roanne (Loire). Une peine assortie d’une injonction de soins. Apprenant cette condamnation, le maire d’Amplepuis (Rhône), où officie le curé, demande le remplacement immédiat du prêtre à l’archidiacre qui administre le Roannais. Il obtient satisfaction. Et c’est le curé d’une paroisse voisine qui le remplace. Son nom : Bernard Preynat, comme le rapporte le livre Grâce à Dieu, c’est prescrit : l’affaire Barbarin (éd. Robert Laffont, 2017)

      • Monsieur , vous confirmez ce que j’ai dit : ne prenez pas vos renseignements dans la presse toujours calomnieuse à l’égard de l’église catholique et de notre Foi .Dans votre réponse vous citez comme référence un livre de Marie Christine Tabet , spécialiste de livres à sensations (!) . J’ai eu la chance d’avoir accès au jugement et j’affirme haut et fort que les accusations portées contre le père Jérôme Billioud sont fausses .

  5. Oui Attaquez l’Eglise
    Oui Écrasons l’infâme

    Et aussi surtout ne disons rien de tout ce que l’islam fait dans notre société (vols, meurtres, antisemitisme , drogue , délinquance , baisse du niveau éducatif , violence …)

    Dans 20 ans vous aurez l’islam et là vous allez regretter , franchement regretter !
    Mais il sera trop tard

    Ne nous trompons pas de guerre

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