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France : Politique en France

“Le fameux slogan ni droite ni gauche ne doit pas être un « ni droite ni droite » à peine masqué”

De Me Frédéric Pichon sur Boulevard Voltaire :

Fred-pichon"Si le Front national a connu une indéniable progression à l’occasion des dernières élections départementales et si la mauvaise foi de la classe politico-médiatique a réussi à faire passer cette progression comme une stagnation, il n’en reste pas moins que les reports de voix de l’électorat de droite au profit des candidats Front national opposés à ceux du Parti socialiste n’ont pas été aussi importants que l’on aurait pu l’espérer

Certes, les appels du pied de Nicolas Sarkozy en faveur du ni-ni – qui, dans la plupart des cas, étaient un appel implicite à voter PS – y ont été pour beaucoup. Mais pas seulement. Et à y regarder de plus près, ce n’est pas tant sur les sujets historiques du FN – identité, souveraineté, insécurité – que cet électorat est rétif, puisque les sondages d’opinion montrent qu’il partage les mêmes inquiétudes que l’électorat frontiste sur ces questions, que sur les questions d’économie. 

Et Nicolas Sarkozy ne s’y est pas trompé en attaquant le Front non sur les thèmes identitaires mais sur les sujets économiques : le Front national aurait un programme économique d’extrême gauche proche de SYRIZA en Grèce ou de Mélenchon. Certes, c’est un fait que si le Front national a siphonné les voix des milieux populaires issus de la gauche, il peine à mordre à droite. Or, c’est là que se situe la plus grosse marge de manœuvre pour arriver au fameux plafond de verre des 51 %.

Si l’on ne peut blâmer la réhabilitation de l’État stratège qui est, somme toute, un concept bonapartiste et gaullien, de surcroît dans un contexte de mondialisation où les multinationales jouent le rôle de féodalités financières face à l’État garant du bien commun, il semble que la défense des PME, petits commerçants et artisans soit oubliée du logiciel de communication. Bien entendu, la microéconomie n’a rien à voir avec la macroéconomie et les petits subissent souvent les affres des grands groupes cosmopolites, mais les faits sont là : la pédagogie n’a manifestement pas été suffisante pour convaincre une partie de cet électorat de se déplacer au second tour.

Le fameux slogan ni droite ni gauche ne doit pas être un « ni droite ni droite » à peine masqué, comme le faisait remarquer Éric Zemmour. Bien entendu, la droite libérale, affairiste et atlantiste, porte une immense responsabilité dans la destruction de la nation, de la famille et du lien social, mais elle n’est pas la seule. Le jacobinisme étatique, la bureaucratie et l’assistanat concourent eux aussi à ce déclin, si bien que le socialisme et l’ultra-libéralisme – qui n’a rien à voir avec la libre entreprise, qui est un principe de droit naturel – sont les deux mamelles d’un même système matérialiste et économiste où l’homme, la nation et le bien commun sont relégués au second plan. 

Enfin, le sujet des valeurs familiales ne concerne pas simplement une poignée d’irréductibles Versaillais enfermés dans une caricature sociologique, mais manifeste l’attachement d’une partie de notre peuple à ce qu’Orwell appelait la « common decency », le sens commun. Il est partagé aussi bien par certaines classes aisées que par les classes populaires. Apparaître en dissidence sur ce point avec l’intelligentsia bobo-médiatique n’est pas, loin s’en faut, un handicap dans la stratégie de conquête du pouvoir mais apparaît comme une marque de courage, de lucidité et est susceptible de séduire l’électorat conservateur déçu par la stratégie centriste de Nicolas Sarkozy. En réconciliant les classes populaires, les artisans et commerçants et les classes plus aisées séduites par un conservatisme sociétal, le Front national pourra saigner à blanc la machine UMP, véritable escroquerie électorale destinée à tromper les patriotes de droite de bonne volonté."

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11 commentaires

  1. “La droite libérale” n’est pas “affairiste” et si elle fut et reste attaché à l’occident dont la France est une part c’est à cause de la guerre froide et du danger communiste.
    Quand on n’aura plus de ces épithètes qui tuent, tout comme celui de “raciste” ou de “mondialiste” on sortira du monde de Pavlov.
    Le Front national a combattu l’unit soviétique et le communisme et fut aux cotés des USA durant la guerre du Vietnam. Que ceux qui n’étaient pas nés apprennent leur histoire.

  2. Enfin, ce slogan a permis au FN de s’implanter dans des territoires historiquement à gauche même si l’UMP a été la 1re à profiter de la défaite électorale de la gauche.
    Il existe de nombreux électeurs, anciens électeurs déçus de Hollande, fils ou filles de syndicalistes, de communistes, de socialistes, de athées, etc. (donc pas forcément cathos pratiquants) qui ont rallié le FN, non parce qu’ils sont devenus de “droite” (contrairement à ce que dit de Lesquen par exemple) mais parce qu’ils ont pris conscience (plus que des gens de droite) que la Nation est en péril.
    Et cet électorat partira si le mouvement abandonne le ni-ni.

  3. Le discours droite-gauche a l’avantage d’être facilement compréhensible, mais si l’on se place d’un point de vue historique, on se rend très vite compte que beaucoup d’idées classées à droite aujourd’hui ont été défendues par la gauche. L’inverse est vrai aussi. Donc, ce que sont les idées de gauche pure et les idées de droite pure, est d’un point de vue historique et pratique bien difficile à dire, d’autant que le libéralisme, qui est quand même l’idéologie dominante de notre société, est un être double qui se présente tantôt comme de droite, tantôt comme de gauche. Jean-Claude Michéa a très bien parlé du sujet et montré que, sur le fond, le libéralisme est une idéologie de gauche ennemie acharnée de la Tradition et de la Religion. Pourtant, beaucoup, à droite, s’en réclament fièrement.
    Quasiment personne n’ose dire la vraie raison de l’insuccès relatif du FN. Le président du cercle Vauban l’a dit tout récemment sur Radio courtoisie : c’est le conservatisme de l’électeur moyen, qui craint plus que tout le vrai changement, qui arrête le parti de Marine Le Pen. En démocratie, obtenir le feu vert pour opérer un changement de cap radical est très difficile à arracher aux électeurs, sauf quand la situation devient dramatique (voir l’exemple de la Grèce).

  4. Une analyse juste que je partage.

  5. Assez d’accord avec Pichon. Espérons que MLP opère les “corrections” requises, et ce fanfaron de Sarkozy aura du souci à se faire.

  6. Le programme économique du Front doit marcher sur ses deux jambes : Etat stratège (notion colbertiste, bonapartiste, gaulliste) et libre entreprise.

  7. Mtre Pichon se trompe à moitié (et a donc à moitié raison) : si le FN est à ce niveau électoral, ce n’est pas parce qu’il a mordu sur la gauche ouvrière uniquement : ses progrès dans le sud et dans l’ouest rural signifie qu’il mord aussi sur l’électorat UMP : il faut maintenant compléter l’offre du populisme axée vers la gauche par une offre de populisme axée vers la droite.
    Mais abandonner le ni ni serait un suicide pour le FN, car entre le PS et l’UMP, le FN s’appuie sur une réalité qui n’est pas d’ordre idéologique et héritée de 1789, ce qu’avait très bien perçu Maurras, et qui est un fait d’ordre historique et naturel, la nation et ses communautés.

  8. Qui pourrait nous définir exactement et Mtre PICHON himself, ce qu’est en 2015 un programme économique de droite.
    Beaucoup glosent sur celui du FN, mais peinent à nous donner leurs solutions. Celui de l’UMP, celui de l’UDI, celui du PCD, celui de Sens Commun. Je suis allé y voir sur leurs sites. Du rance et de la démago, ou des propos verbeux emplis de bonnes intentions, mais sans mesures concrètes.
    Le FN a eu un tort, celui de dire ce qu’il fera : sans cela personne ne l’attaquerait là dessus. Si l’€uro tombe avec la Grèce, beaucoup de nos amis de droite qui reprochent tel ou tel détail économique au FN, auront l’air malins…..
    [La différence, c’est que l’UMP, nous l’avons vue à l’oeuvre et donc on peut déjà juger sur pièce son incompétence en la matière. Pour le FN, il faut bien se pencher sur ses propositions.
    Mais bon, pour certains, le FN c’est comme Mahomet : on ne doit pas critiquer sinon on est un mécréant.
    MJ]

  9. @ Non
    Je me demande quelle peut être la définition de la Nation de ceux qui s’ enfuient comme des moineaux au prononcé du mot droite.
    Le FN doit s’ affirmer clairement à droite .
    Au préalable il faut définir ce que recouvre ” l’ idéologie de droite “, qui est l’ exact opposé de l’ idéologie de gauche.

  10. Je crois qu’il faut une offre deliéee des concepts XXe siecle de gauche ( socialisme eco) droite (liberalisme) qui recoupent tout et n’importe quoi et ont prouvé leur inefficacité à penser notre pays, d’autant que c’est le piege favoris dans lequel les partis nous enferment.
    Pour peu que l’on croie encore a l’idee de patrie, ce sont des valeurs liberees de ces vieux concepts eco qui faut proposer: elles sont trans partisanes. Les Lois Naturelles regroupent plus que des questions budgetaires qui degoutent plus de 50% du coprs electoral.
    C’est sans doute le pb que la LMPT a posé: une offre politique hors du cadre autorise.
    Je veux croire que les Français ne sont pas des imbeciles qu’on nous dit et qu’ils veulent une maison France claire et ordonnee pour mieux construire leur avenir.
    Proposons une vision politique. L’intendance suivra.

  11. “Droite” et “gauche” ont été inventés pour faire oublier le seul vrai clivage qui compte: “Qui n’est pas avec Moi est contre Moi”.
    Donc des droites un peu droites, des droites un peu plus droites, des droites légèrement gauches, les droites des valeurs mais gauches des idées, les droites dans leurs bottes mais gauches sous leur chapeau, etc… ça nous fatigue au delà de toute mesure.

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