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France : Société

Le crédit

Dernière partie de La Lettre de Saint Maur, sur le crédit :

C "Le crédit est considéré comme un levier de développement. Avec ou sans intérêt, c'est un prêt qui vise à acquérir un bien, plus rapidement que ne le permettrait l'épargne. Le crédit n'est donc ni juste ni injuste, il dépend de son rapport à l'objet que l'on veut acquérir et de notre capacité effective à le rembourser sans hypothéquer le budget familial ou celui de l'entreprise. Ai-je besoin de ce bien et en ai-je besoin tout de suite ? Il est certain qu'attendre 30 ans pour avoir une maison plus grande alors que l'on a une famille qui grandit, justifie de vouloir devancer l'épargne. Avoir la dernière voiture à la mode est déjà moins évident. Ce crédit me permet-il de maintenir une épargne et la gratuité ? Si la réponse est négative, il faut considérer la durée de cette impossibilité. Quelques années restent encore justifiables, mais 10 à 20 ans…. Or le crédit est bien souvent le mode de consommation ordinaire et au lieu d'être une source de développement c'est un engrenage de décadence.

Je ne développerai pas ici les formes de crédit, ni leurs mécanismes, ce qui m'intéressait était de le situer dans une logique de développement de la personne et je pense que ces quelques rappels suffisent. Pour une fois, les conclusions sont simples.

  1. Il me faut considérer mon budget et le proportionner dans un discernement responsable, afin d'une part, de déployer au mieux ce qui relève du bien de ma famille (et de mes salariés), à savoir les besoins de développement de la personne humaine, y compris la place de l'épargne et d'autre part de rendre effective la part de charité qui me revient.
  2. Une fois ce budget établi, discerner les modalités de ma charité (dons et/ou investissements)
  3. La charité est un acte responsable qui n’est pas simplement émotif […] C'est le thème de Caritas in Veritate. La charité doit considérer le bien effectif du destinataire de ma charité.
  4. Enfin, rares sont ceux, dans nos pays, qui ne disposent pas des moyens de la charité, une fois la consommation mise en ordre. (Ce qui ne minimise pas non plus le fait qu'il y ait quand même beaucoup de gens en-dessous du seuil de pauvreté ou en situation précaire. Il y a néanmoins „l'obole de la veuve" sous une forme ou une autre. Mais la question n‟est plus tout à fait la même.
  5. Mais il appartient aussi à la charité de permettre aux autres d’avoir les moyens d'être charitables."

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5 commentaires

  1. Merci M.J. de nous partager cette source de réflexion, certainement peu accessible.
    Il y a un passage que je ne comprends pas:
    “Ce crédit me permet-il de maintenir une épargne et la gratuité ?”
    -maintenir une épargne, je vois, il me semble (ne pas “assécher”, sauf de manière très temporaire –quelques mois,– toutes ressources du budget courant)
    -maintenir la gratuité (??? là, je sèche!)
    Qui peut commenter expliciter, reformuler, exemplariser?

  2. Le crédit c’est aussi le moyen de réaliser la pulsion infantile du “je veux tout, tout de suite”, que savent si bien instrumentaliser les “marchands”. Vu le coût des intérêts, le crédit démesuré grève le futur du budget, et par rassasiement de la jouissance immédiate démotive pour le futur. Autrefois un couple savait attendre, la possession d’une seconde voiture, d’un appartement, d’une maison de campagne, etc. maintenant beaucoup mettraient bien le tout sur la “liste de mariage”! (si mariage il a…).
    Le crédit est source d’inflation, laquelle favorise ceux qui justement vivent à crédit et voient ainsi leurs mensualités de remboursement diminuer en proportion de leur salaire qui suit peu ou prou l’inflation ; au contraire, cette dernière pénalise ceux qui économisent patiemment en vue d’un achat important. Sous et angle le crédit est donc injuste.
    Le crédit c’est aussi ce qui permet à une civilisation de vivre au dessus de ses moyens ; et elle ne s’en aperçoit généralement que trop tard avec la crise économique qui en résulte et qui pèse prioritairement sur les plus pauvres.
    Le crédit c’est aussi une tentation de prendre ses fantasmes pour la réalité. Et quand cette réalité nous rattrape, ça fait mal!

  3. L’argent qui produit de l’argent vient en fait du vol légalisé des fruits du travail des plus pauvres .

  4. Nous sommes nés dans une époque de “sur-consommation” et du “tout, tout de suite”.
    La patience que demande l’épargne n’est plus au goût du jour. Je crains fort que nos jeunes, trop gâtés pour certains, soient les prochaines victimes de demandes de crédit irrespondables. Pour les plus pauvres, ce sera un des moyens employés afin de se procurer ce que les autres peuvent s’offrir. Les lois bancaires concernant les crédits devraient être beaucoup plus restrictives pour le bien même de toutes les personnes.
    Je ne mets pas en cause pour autant la nécessité “de bon sens” du crédit lui-même.
    Car en effet, il vaut mieux “se serrer la ceinture” et se procurer son propre logement afin que l’argent dépensé ne le soit comme on dit : “à fond perdu !”.
    Mais là aussi, le mieux est d’épargner afin d’avoir le fond nécessaire pour obtenir ce crédit hypothécaire.
    Quant à la voiture de ses rêves….mieux vaut être plus réaliste et laisser ses rêves de côté. Prendre une voiture correcte qui vous donne une certaine liberté dans les mouvements, mais selon un budget équilibré.
    Tout est une question de patience et de sagesse.J’ajouterai aussi que l’esprit de charité pèse, lui aussi, dans nos espérances pour autrui.

  5. Le crédit est nécessaire, pas seulement pour les particuliers, thème abordé uniquement ici mais surtout pour les entreprises.
    Les taux sont actuellement parfaitement abordables et devraient encore baisser.
    Je ne suis pas d’accord avec la notion assez passéiste de “se serrer la ceinture” car le crédit n’emporte pas la gratuité du bien !
    Il faut le payer après.
    Le choix est donc de savoir si le bien est nécessaire tout de suite pour la famille sachant que l’on régle avec un peu d’argent le service du prêt et que le règlement se fait les mois suivants.
    Concernant l’achat d’un bien immobilier il est nécessaire de pratique l’achat à crédit immédiatement si le bien convient.
    Il sera par la suite temps de le revendre pour trouver mieux.
    En effet il est peu pertinent d’attendre même quelques années (pour les primo accédants il y a de forts aménagements et des prêts à taux zéro) car les prix augmentent.
    Le monde a changé et par bonheur, grâce au travail de nos parents, nos conditions de vie et celles de nos enfants n’en seront de ce point de vue du confort que meilleures.
    L’on ne peut que s’en féliciter et non le déplorer.

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