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Institutions internationales / L'Eglise : Le Vatican

Le Conseil pontifical Justice et Paix demande la réforme des institutions internationales

Ce matin, s'est tenue une conférence de présentation de la Note du Conseil pontifical Justice et Paix, intitulée "Pour une réforme du système financier international dans la perspective d'une autorité publique de compétence universelle". Le Cardinal Turkson a évoqué la sixième réunion des chefs de gouvernement du G20 les 3 et 4 novembre à Cannes sur les questions relatives à l'économie et à la finance mondiale. Mgr.Toso a expliqué que la Note

"souhaite proposer une réflexion sur les chemins possibles à envisager, dans la lignée du magistère social le plus récent des pontifes, pour atteindre les politiques et les institutions financières et monétaires efficaces et représentatives au niveau mondial et orientées en vue d'un développement authentiquement humain de toutes les personnes et les peuples".
En abordant la question de la crise actuelle du système monétaire et financier, l'Eglise ne souhaite pas rentrer dans des questions techniques, mais s'exprime sur un plan éthique et religieux. Elle signale ainsi comme causes de la crise, non seulement celles qui ont un caractère éthique, mais plus précisément, celles de type idéologique
"qui, alors qu'elles réduisent le bien commun à des dimensions économiques, financières et techniques en absolu, mettent en danger l'avenir des institutions démocratiques elles-mêmes".
Le Conseil pontifical propose de réformer les institutions internationales actuelles qui
"doivent être l'expression d'un accord libre et partagé entre les peuples, plus représentatives, plus participantes, plus légitimes… Elles doivent être 'super partes', au service du bien de tous, en mesure d'être un guide efficace et, en même temps, de permettre à chaque pays d'exprimer et de poursuivre le bien commun, selon le principe de subsidiarité, dans le cadre du bien commun mondial. C'est seulement ainsi que les institutions internationales réussiront à favoriser l'existence de systèmes monétaires et financiers efficaces, ainsi que de marchés libres et stables, disciplinés par un cadre juridique adéquat, adapté au développement durable et au progrès social de tous."
Pour que tout cela soit possible, il est nécessaire de "retrouver le primat du spirituel et de l'éthique et, avec eux, celui de la politique, responsable du bien commun".

Extraits :

"il faut réaffirmer que le processus de mondialisation avec ses aspects positifs est à la base du développement important de l’économie mondiale du XX siècle. Il convient de rappeler qu’entre 1900 et 2000, la population mondiale a presque quadruplé et que la richesse produite à l’échelle mondiale s’est accrue de manière beaucoup plus rapide, ce qui a entrainé une forte augmentation du revenu moyen par habitant. Au même temps, toutefois, la distribution équitable de la richesse ne s’est pas améliorée, au contraire, souvent elle s’est aggravée."

Extrait du document, sur la subsidiarité :

"Ce qui est valable au niveau national l’est aussi au niveau mondial. La personne n’est pas faite pour servir l’Autorité sans condition, cette dernière ayant pour tâche de se mettre à son service, en cohérence avec la valeur prééminente de la dignité de l’homme. De même, les gouvernements ne doivent pas servir l’Autorité mondiale inconditionnellement. C’est plutôt celle-ci qui doit se placer au service des différents pays membres, selon le principe de subsidiarité, en créant, entre autres, les conditions socio-économiques, politiques et juridiques indispensables aussi à l’existence de marchés efficients et efficaces, parce que super-protégés par des politiques nationales paternalistes, et parce que n’étant pas affaiblis par les déficits systématiques des finances publiques et des produits nationaux qui, en fait, empêchent les marchés eux-mêmes d’opérer dans un contexte mondial en tant qu’institutions ouvertes et concurrentielles.

Dans la tradition du Magistère de l’Eglise, reprise avec force par Benoît XVI, le principe de subsidiarité doit régler les relations entre l’Etat et les communautés locales, entre les institutions publiques et les institutions privées, y compris celles monétaires et financières. Ainsi, à un niveau ultérieur, il doit régir les relations entre une future Autorité publique mondiale et les institutions régionales et nationales. Un tel principe garantit la légitimité démocratique mais aussi l’efficacité des décisions de ceux qui sont appelés à les prendre. Il permet de respecter la liberté des personnes, individuellement et dans les communautés, et, en même temps, de les responsabiliser quant aux objectifs et aux devoirs qui sont les leurs.

Selon la logique de la subsidiarité, l’Autorité supérieure offre son subsidium, c’est-à-dire son aide, lorsque la personne et les acteurs sociaux et financiers sont intrinsèquement inadéquats ou ne parviennent pas à réaliser eux-mêmes ce qui leur est demandé. C’est grâce au principe de solidarité que se construit un rapport durable et fécond entre la société civile planétaire et une Autorité publique mondiale, lorsque les Etats, les corps intermédiaires, les différentes institutions – y compris celles économiques et financières – et les citoyens prennent leurs décisions dans la perspective du bien commun mondial, qui transcende le bien national.

On lit dans Caritas in veritate : «la gouvernance de la mondialisation doit être de nature subsidiaire, articulée à de multiples niveaux et sur divers plans qui collaborent entre eux». C’est ainsi seulement que l’on peut éviter le danger de l’isolement bureaucratique de l’Autorité centrale, qui risquerait d’être délégitimée par un trop grand détachement des réalités sur lesquelles elle est basée, et pourrait aisément céder aux tentations paternalistes, technocratiques ou hégémoniques."

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8 commentaires

  1. C’est quand même un peu un doux rêve cette “Autorité” mondiale qui serait au service de tous et très respectueuse de la subsidiarité… pour ne pas dire une utopie. C’est déjà très dur au niveau d’une nation, alors au niveau du monde…!
    Le problème c’est que même si on espère une intention bonne derrière ce document, il peut facilement être retourné. J’imagine assez bien l’antéchrist comme étant une sorte d'”autorité publique de compétence universelle”.

  2. Etonnant que le SB, cet organe d’information impartial, ait gommé tous les passages qui condamnent le libéralisme…
    [Vous faites une fixette sur ce que vous n’avez jamais réussi à définir…
    J’apprécie pour ma part cette définition mesurée :
    “les institutions internationales […] doivent être l’expression d’un accord libre et partagé entre les peuples, plus représentatives, plus participantes, plus légitimes… […] selon le principe de subsidiarité […]. C’est seulement ainsi que les institutions internationales réussiront à favoriser l’existence de […] marchés libres et stables”.
    Cela nous change des hochets…
    MJ]

  3. Je vous l’ai défini soixante-quinze fois. il n’est pire sourd que celui…
    L’invocation de la subsidiarité ne vous sauvera pas d’une vraie confrontation avec le libéralisme, le jour où vous voudrez vraiment approcher la vérité.
    Que dites-vous de cela :
    “Les dangers d’une situation de développement économique conçu en termes libéraux ont déjà été dénoncés avec lucidité et de façon prophétique par Paul VI – en raison de leurs conséquences néfastes sur les équilibres mondiaux et sur la paix – dès 1967, après le Concile Vatican II, dans son encyclique Populorum progressio.(…)
    Mais qu’est-ce qui a donc poussé le monde dans cette direction aussi problématique, pour la paix également? Avant tout un libéralisme économique sans règles ni contrôles. Il s’agit d’une idéologie, d’une forme d’«apriorisme économique » qui prétend tirer de la théorie les lois de fonctionnement du marché et celles dites lois du développement capitaliste, en en exaspérant certains aspects. Une idéologie économique qui fixe à priori les lois du fonctionnement du marché et du développement économique sans se confronter à la réalité risque de devenir un instrument subordonné aux intérêts des pays qui jouissent concrètement d’une position avantageuse au plan économique et financier. (…)
    A la base des inégalités et des distorsions du développement capitaliste, on trouve en grande partie, en plus de l’idéologie du libéralisme économique, l’idéologie utilitariste, c’est-à-dire l’organisation théorique et pratique selon laquelle: «ce qui est utile au plan personnel conduit au bien de la communauté». Il est à noter qu’une telle «maxime» renferme un fond de vérité, mais on ne peut ignorer que l’utilité individuelle – même si elle est légitime – ne favorise pas toujours le bien commun. Plus d’une fois, un esprit de solidarité est nécessaire, qui transcende l’utilité personnelle pour le bien de la communauté. ”
    [Ah ? et où l’avez-vous défini ?
    Le texte du Conseil pontifical est intéressant et j’ai peur que vous ne passiez à côté et n’y lisant que ce que vous voulez bien y voir.
    Tenez :
    “un libéralisme économique sans règles ni contrôles”
    Cela signifie-t-il qu’il existerait un libéralisme économique avec règles et contrôles ? Si non, pourquoi apporter cette précision ?
    Plus intéressant encore :
    “Une idéologie économique qui fixe à priori les lois du fonctionnement du marché et du développement économique sans se confronter à la réalité”
    Les libéraux -que vous mettez tous dans le même panier, croyant que le libéralisme est un système à l’image du collectivisme (mais le contraire de la Révolution, ce n’est pas une Révolution inverse…) – bref, les libéraux conservateurs (j’avoue que l’expression n’est pas entièrement satisfaisante) vous diront que ce qui est dénoncé là n’est pas le libéralisme.
    On a ainsi “un instrument subordonné aux intérêts des pays qui jouissent concrètement d’une position avantageuse au plan économique et financier” : comment ne pas reconnaître nos Etats coincés aujourd’hui dans la crise de la dette. Nos gouvernants ont emprunté à qui mieux-mieux, dans une logique purement utilitariste -et même démagogique-, endettant les générations prochaines, en fixant a priori les lois du marché et du développement économique sans jamais se confronter à la dure réalité…
    MJ]

  4. Pourquoi ne pas dire “gouvernement mondial” ce serait plus clair? qui ne pourrait être que totalitaire….faut pas faire de l’angélo-iréno-utopisme…!!!
    [Si ce n’est pas écrit c’est qu’il ne s’agit pas de cela. Il faut sans doute éviter le prêt-à-penser ou la simplification hâtive. MJ]

  5. Merci à MJ de parler de ces textes qui promeuvent la subsidiarité !
    Principe éclairant et, à mon sens, solution à beaucoup de pbs, en particulier budgétaires et économiques: plus une décision est proche de la réalité dont elle s’occupe, moins elle coûte sur le long terme.
    A prouver ?

  6. Mais attention a la sur-interpretation de ce document:http://www.catholicvote.org/discuss/index.php?p=21986

  7. On ne compte plus les lectures ppartielles et ppartiales des documents ecclésiaux actuels et anciens…
    D’aucuns accusent les structures d’être fondamentalement pécheresses alors que (dixit CEC 1750 et no 1869) “elles sont l’expression et l’effet des péchés personnels. Elles induisent leurs victimes à commettre le mal à leur tour. Dans un sens analogique elles constituent un « péché social”.
    Et le problème de base, est celui des dirigeants (dont chacun de nous aussi à son petit niveau), en entreprise, en régulation, en gouvernement, embrumés par leur péché, prenant la mauvaise décision, tirant à soi, en dehors du bien commun.
    L’affaire DSK est très symptomatique : un dirigeant “reconnu pour sa compétence” en fait suppot du changement de veste, empétré dans sa sensualité personnelle…
    Enfin, last but not least, la structure centrale de commerce, OMC, à la base du problème actuel, est dirigée par François Lamy, parfait produit de l’establishment dirigeant français (et je ne vote pas FN), incapable d’imposer un ordre chez ses ouailles.

  8. @ JG
    L’Eglise reconnait les faits historiques et leur tendance lourde : la mondialisation est un fait, conséquence de l’expansion mondiale de l’occident chrétien, sans que l’Eglise ne propose le mondialisme.
    En effet, en critiquant le marché financier mondial déréglé, ce texte ne remet pas en cause le marché libre, mais les politiques des Etats qui ont agi de manière irresponsable en le déréglant. L’établissement de règles monétaires et financières visant à créer de ‘endettement sans limites prudentielles, a été possible par manque d’une morale commune des décisionnaires, et d’un contrôle par leurs pairs, les autres états : c’est tellement vrai, que ce texte préconise une harmonisation par les Etats de certaines règles financières et bancaires, au travers d’un organisme ad hoc. Cela n’a rien de commun avec un gvt mondial socialiste, bien au contraire.
    Je regrette, mais peut-être ai-je lu trop rapidement LA CROIX de ce matin, que ce texte romain ne mette pas en valeur le contrôle des Etats par les sociétés au travers de la démocratie et du rôle des corps intermédiaires : la morale et la justice ne se fixent par uniquement par le haut. Les sociétés civiles sont au sein de chaque nation et de son Etat une expression de la subsidiarité.
    Patrie, Nations,Etats, disait jean OUSSET, qui évoquait déjà la société subsidiaire des nations du monde : ce texte romain rappelle néanmoins aux peuples et nations riches leurs obligations impérieuses à l’égard des nations pauvres, comme nous le sommes chacun vis à vis des défavorisés.

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