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Bioéthique

Le CCNE admet le dépistage de la trisomie 21 avant l’aide à la procréation

Le Comité Consultatif National d'Ethique (CCNE) vient de rendre un avis controversé et qui ne manquera pas d'être critiqué. L'avis n°107  préconise en effet d’ouvrir la possibilité de dépister la trisomie 21 lors du diagnostic pré-implantatoire (DPI).

Par cet avis, alors que la loi limitait jusqu'alors la recherche génétique à une seule maladie, le CCNE recommande d'assouplir la législation et d'autoriser un deuxième dépistage, celui de la trisomie, si le couple le désire et afin d'éviter une interruption médicale de grossesse après l'implantation. Il s'agit donc d'une ouverture encore plus large vers une politique d'eugénisme.

Même si il condamne les dérives éthiques du diagnostic prénatal, le professeur Israël Nisand, chef du service de gynécologie obstétrique au CHU de Strasbourg, y voit à tort un moindre mal car l'élimination d'un embryon reste moralement condamnable au même titre que l'avortement :

Israel-nisand "Il ne s'agit pas de soumettre toute une population d'embryons à la recherche de la trisomie, mais bien de la proposer à certains couples déjà éprouvés, pour leur éviter de pratiquer la recherche en cours de grossesse et de recourir à un éventuel avortement. Cette pratique me paraît moins contestable que la généralisation du dépistage prénatal de la trisomie comme il se pratique aujourd'hui en France (…)"

Toutefois, certains membres du CCNE ne s'y sont pas trompés et ont fait savoir qu'ils ne souscrivaient pas à cette proposition. Parmi eux, Marie-Thérèse Hermange, sénatrice UMP de Paris :

"En tant que parlementaire, et en plein réexamen des lois de bioéthique, je ne pouvais pas être solidaire de cette partie de l’avis, qui stigmatise le handicap. Le risque est grand, à partir de là, de voir se développer pour tous une procréation systématiquement programmée, avec passage par le DPI. Et d’évoluer vers une société de moins en moins accueillante pour les personnes handicapées"

Le théologien Xavier Lacroix, membre du comité au titre de son appartenance à la religion catholique, explique ici les raisons de son opposition :

Lacroix_jpg "(…) En préconisant le dépistage, chez l'embryon, d'une maladie non héréditaire, on entrouvre une porte vers une sélection toujours plus large des enfants à naître. Il existe un risque indéniable de dérive vers la recherche systématique d'autres maladies non génétiques. Et pourquoi pas, dans un deuxième temps, dépister la trisomie sur l'ensemble des foetus conçus par fécondation in vitro ? (…)

Il y a en effet un argument pragmatique et utilitaire évident. Pour les couples qui ne veulent à aucun prix d'un enfant trisomique, il semble moins douloureux de ne pas implanter d'embryon atteint plutôt que de devoir pratiquer un avortement en cours de grossesse. Mais dans la réflexion éthique, la balance utilitaire ne doit pas toujours avoir le dernier mot. Le DPI est un acte transgressif qui consiste à sélectionner les embryons indemnes d'une maladie et à rejeter les autres. Il est inscrit comme tel dans la loi qui le réserve aux maladies graves et incurables, dont un des parents est porteur. Il s'agit d'un compromis, pour aider des parents dans l'angoisse. Cette limite a du sens, je suis hostile à ce qu'on la transgresse (…) 

Il ne s'agit pas d'un eugénisme collectif et coercitif comme l'histoire en a connu dans certains régimes totalitaires. Mais il y a là un eugénisme libéral et individuel qui peut aboutir au même résultat qu'une politique collective (…)"

Comme l'explique à juste titre Xavier Lacroix, le DPI étant en soi "un acte trasgressif" et malheureusement inscrit dans la loi, son extension ne peut pas améliorer la situation actuelle si bien que cette proposition ne peut en aucun cas être considérée comme un moindre mal.

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5 commentaires

  1. “Bien venu à Dakata” un film terrifiant sur toutes ses manipulations. Une personne non née d’une FIV avec sélection embryonnaire poussée à l’extrême est une Dé “généré”!
    A voir Absolument!

  2. Il serait intéressant de tracer le cheminement intellectuel qui amène à un tel avis.
    Les sources nommées : DPI et AMP.
    Concernant l’AMP, il s’agit de répondre à un “droit à l’enfant” pour les personnes stériles. En fait, rares sont les scientifiques qui s’intéressent aux causes de cette stérilité. On peut citer tout de même ces éléments : “mal-bouffe” (cf. Dr. C. Kousmine qui a soigné par l’alimentation des cas de stérilité apparente), la pilule et ses effets sur les nappes phréatiques et cours d’eau recevant les déchets, l’apparition des hormones artificielles (notamment dans les savons) et leurs effets sur … les nappes phréatiques et cours d’eau recevant les déchets également, la pilule prise trop longtemps entrainant la ménopause entre 35 et 40 ans alors que le premier enfant arrive de plus en plus vers 40 ans, donc dérive de la vie affective des femmes (et des hommes en un sens aussi), …
    Le principal mal est donc l’effondrement de l’ordre moral.
    le DPI : refus de l’humanité de l’embryon. Là, nous avons affaire au “novlangue”. Qu’est-ce qu’un embryon ? Académie Française : Emprunté du grec embruon, neutre substantivé de l’adjectif embruos, « qui naît à l’intérieur de ».
    1. BIOL. Être résultant du premier développement de l’œuf, dans le règne animal et dans le règne végétal. Dans l’espèce humaine, l’embryon prend le nom de fœtus lors du troisième mois de la grossesse.
    Il faut donc toujours préciser “embryon humain” afin de le distinguer … de l’embryon ovin, bovin, équin, …
    A partir de cet abus de langage, suppression du qualificatif “humain”, certains que l’embryon est un être à part et à part entière, qui se transforme (on ne sait pas comment) en foetus puis (toujours le même mystère, ayant lieu cette fois-ci à la naissance) en être humain, appelé bébé ou nourrisson.
    Dès lors, par refus de son humanité, l’embryon est une chose qui peut donc être manipulée, mais surtout qui doit répondre aux critères d’un cahier des charges. le DPI permet, tel un bureau de recrutement, d’éliminer ceux qui ne répondent pas aux critères retenus.
    En discutant avec un recruteur, je me suis aperçu que les qualités proprement humaines d’une personne importe peu : elle a les compétences requises ou elle ne les a pas (ce qui conduit à la logique du CV anonyme pour les recruteurs s’intéressant de manière perverses aux qualités humaines).
    Le DPI finalement répond, dans certains cas, à la même demande que l’AMP : permettre un pseudo-confort du couple, en mettant les personnes individuelles en première place par la “réalisation personnelle dans le travail” avant la communauté familiale et la transmission de la vie dans les meilleurs conditions … pour l’enfant (droits de l’enfant).
    Nous sommes toujours dans la négation de Humanae Vitae, tel que le Pape Paul VI l’a dénoncé : séparation de l’union du couple et de la procréation. et qui a pour conséquence une réunion difficile et artificielle.
    S’il faut s’opposer à ce nouvel avis mortifère, au DPI et à l’AMP (et je n’ai même pas parlé de l’aspect relationnel de ces pratiques), il faut encore plus se battre contre la mentalité individualiste, hédonsite, égoïste et égocentrique de notre temps ! Comme le disait Pie XI : le laïcisme, contre lequel nous célébrons le Christ Roi (déjà fait pour certains, dimanche prochain pour d’autres) (cf. Dom Lefbvre, Missel Quotidien et Vespéral de 1965).
    L’éducation à la sexualité doit devenir une priorité des parents envers leurs enfants mais aussi envers leur entourage.
    L’AMP n’est qu’une réponse à un problème résultant d’une dérive antérieur. Il faut corriger la dérive, alors le problème sera réduit et la demande rare.
    Le DPI est aussi une conséquence d’une dérive : au lieu de soigner, on choisit et on tue. Retrouver l’humanité des embryons humains rappellera qu’éliminer un embryon humain s’appelle tuer, ou meurtre. Que nous devons accepter chaque être humain tel qu’il est, avec ses qualités et ses défauts. Et qu’un défaut n’est pas passible de peine de mort sans jugement.

  3. HORRIBLE MONDE DE L EUGENISME QUI NE VEUT PAS DIRE SON NOM:
    Il y a l’eugénisme coercitif le fusil sur la tempe et l’eugénisme coercitif pyscologique aussi efficace voire plus encore.
    Comment pouvez vous résister, surtout quand c’est votre première grossesse, que vous êtes sans repères moraux religieux forts par rapport à la vie (on ne vous a jamais vraiment dit que ce n’était pas à vous de décider qui doit vivre ou mourir, que tout enfant est un don de Dieu) et au handicap (vous ne connaissez pas de trisomiques qui vous diraient qu’ils sont heureux de vivre et qu’il ne faut pas se tracasser, pas plus que pour d’autres enfants nés sains, mais qui mourront peut-être adultes d’une overdose, ou deviendront des criminels…)comment pouvez vous résister à cet eugénisme coercitif psychologique (air dramatique de celui qui annonce la trisomie et énumération des moyens d’avorter etc…”C’est un droit, vous savez, pas de problème”!)
    Tout est fait pour vous faire avorter. Et si vous ne le faites pas, on vous considérera au mieux comme une irresponsable (d’autant qu’un handicapé cela coûte cher au pays, tout comme les vieux d’ailleurs, d’où les relances d’euthanasie). Finalement c’est faire acte de citoyenneté que de ne pas donner naissance à un trisomique. Mais cela bien sûr il ne fallait pas le dire lors de la consultation par internet lors des états généraux de bio éthique. Quand le sujet était abordé de cette façon, les modérateurs, enfin plutôt les censeurs étatiques, vous disaient au mieux, c’est permis par la loi, donc ne fait pas partie du débat. Le terme eugénisme n’existe pas.
    Quand les vertus deviennent vices et les vices qualités, cela s’appelle la dictature.

  4. C’est bien évidemment l'”aide à la procréation” qu’il faut interdire, si l’on entend par là la fécondation en dehors de l’acte conjugal. D’accord avec Boris.

  5. @ chevalbleu
    Je me permets une rectification, le titre du film est “Bienvenue à Gattaca”…
    Je suis d’accord a vous, il faut voir ce film magnifique , tiré du roman de même nom, qui célèbre le triomphe de la volonté dans un univers totalitaire fondé sur le déterminisme biologique.

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