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L’échec du “gaucho-lepénisme”

Minute analyse les raisons du recul de Jean-Marie Le Pen :

Minute "[Lionel Jospin] avait commis trois erreurs majeures. La première fut de laisser s’exprimer des candidatures […]. Jean-Marie Le Pen a lancé son union patriotique, acceptée par Bruno Mégret mais pas par Philippe de Villiers. Le score […] cumulé […] n’aurait certes pas changé l’ordre d’arrivée du premier tour. Si l’on s’en tient à la mathématique pure. La politique […] est aussi, et d’abord, affaire de dynamique. Or non seulement Philippe de Villiers a mordu partiellement sur l’électorat de Le Pen […], mais il n’a eu de cesse, sous l’influence d’un conseiller ayant des comptes à régler avec son ancien parti, de cogner sur Le Pen […]. Quant à l’union patriotique […], elle n’a jamais été effective et a été source de différends constants au sein du Front national, créant de nouveaux clivages […] [S]i Le Pen avait souhaité faire alliance avec lui, c’est sans doute qu’il […] pensait qu’outre l’apport électoral, il y avait la possibilité de créer une dynamique unitaire. Pourquoi alors tant d’oppositions ? […] Mégret risquait, selon ses détracteurs, d’ancrer Jean-Marie Le Pen trop à droite, alors que la stratégie voulait qu’il aille chercher ses voix à gauche […] sur une sorte de gaucho-lepénisme […] On ne saura jamais l’effet qu’aurait produit un grand meeting national réunissant, à une même tribune, Jean-Marie Le Pen, Philippe de Villiers, Bruno Mégret, Marine Le Pen, Bruno Gollnisch. […]

La deuxième erreur commise en 2002 par Lionel Jospin fut de laisser croire […] que sa campagne n’était «pas socialiste» […]. [I]l a été tout à fait extraordinaire de voir qu’au moment même où les trois autres principaux candidats n’avaient plus que le mot France à la bouche, […] [Le Pen] a axé ses propos […] non plus sur la France mais sur la République et sur ses «valeurs». […] Il cherchait par là tout à la fois à prendre à revers le discours diabolisateur qui l’excluait de la sphère dite «républicain » et à capter un électorat de gauche vis-à-vis duquel il voulait apparaître comme le meilleur défenseur des valeurs en question. […] Jean-Marie Le Pen, lui, a vu son électorat de 2002 fondre de plus de six points (et près d’un million de voix) […] sous l’effet d’une double hémorragie : en direction de François Bayrou, à la fois pour les mêmes motivations anti-Sarko d’une partie de l’électorat lepéniste […] et vers Nicolas Sarkozy qui a réussi, lui, à faire croire que, s’il était élu, il mettrait en oeuvre ce que réclament depuis plusieurs décennies les Français qui votent pour Jean-Marie Le Pen. […]

En 2002, et c’était là la troisième erreur du candidat socialiste, Lionel Jospin avait cru pouvoir faire campagne sur son bilan, oubliant qu’une campagne présidentielle […] ne se gagne que sur un projet. Jean-Marie Le Pen a également eu une approche semblable […] sur son aptitude […] à avoir annoncé aux Français les maux dont ils allaient être victimes […]. Il a aussi cru que, par un effet symétrique, opposer son bilan prédictif positif aux bilans prédictifs négatifs de ses concurrents suffirait à convaincre les Français qu’il était le seul à même de répondre à leurs attentes.[…]

Quand, en fin de cette campagne […] Jean-Marie Le Pen, qui n’avait pas cru jusque-là aux vases communicants entre son électorat et celui de Nicolas Sarkozy, [en] a pris conscience […], il était trop tard, et la méthode utilisée a peut-être bien coûté encore plus qu’elle n’a rapporté, tant il a pu sembler incongru qu’il aille un jour expliquer aux Français d’origine extra-européenne qu’ils étaient des Français comme les autres pour, quelques jours plus tard, choisir comme angle d’attaque contre Nicolas Sarkozy ses origines grecque et hongroise. […] Il tentait, avancions-nous, un «coup de poker qui fait fi de toutes les règles du jeu politique»."

Michel Janva

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14 commentaires

  1. Dur à lire pour la frontiste que je suis mais tellement lucide !
    Bravo à Minute pour cette analyse que je pense très juste
    Et merci au Salon Beige de nous la faire partager !

  2. Il vaut la peine d’aller voir ce qui se passe sur le blog de Merengue, soutien du FN :
    http://presidentiellesparty2007.over-blog.com/article-6471320-6.html#anchorComment
    En votant Sarko la plupart des lepénistes sont en train de liquider leur parti, sans même s’en rendre compte.
    Si Le Pen n’en fait pas une crise cardiaque…
    A mon sens, il n’est plus qu’une manière à Jean-Marie Le Pen de conforter son autorité et la cohésion de ses rangs, c’est de lancer des représailles ouvertes contre l’UMP… en appelant par exemple à voter Royal. Mais il faudrait alors qu’il transforme d’un coup la psychologie de ses militants en celle de révolutionnaires, qu’il joue tout son crédit dans le pari de leur soumission totale à son autorité, qu’il cesse de s’affirmer comme un leader démocrate et revête la chemise noire, bref qu’il insuffle à ses hommes l’esprit de vengeance et les mène comme une armée au combat… En est-il capable ? Probablement pas.
    La voyante Céleste du Journal de Demain, n’avait pas tort : le vrai duel n’a pas été gauche/droite mais droite/extrême droite, et ce que l’histoire retiendra surtout de ces élections c’est qu’un petit juif hongrois n’aura fait qu’une bouchée politique du gros gaulois breton lourdement campé dans ses habitudes chauvines.
    Il serait de circonstance de dire qu’avec la défaite de Le Pen c’est un peu de la France qu’on enterre, mais ne lésinons pas sur la pensée : c’est toute la France qu’on enterre. Quoiqu’il n’en fût pas le meilleur des fils, Le Pen en aura sûrement été le dernier héritier : Requiescat in pace ! Je n’en dirai pas autant de ceux qui lui survivront.

  3. Cette aalyse est juste, mais néglige aussi que Le Pen a abandonné, déjà sous l’influence de Mégret, plus à gauche qu’à droite, son opposition aux institutions néfastes de la V ème, ainsi que son programme reaganien de libertés économiques et de désétatisation, que Sarkozy a feint de vouloir promouvoir, là encore.
    Le FN a changé de statégie à chaque élection, faute d’une analyse de fond : d’où une politqiue de coups électoraux, qui s’annulent successivement. Mais cette illusion fut partagée en son temps frontiste par Mégret également, et Villiers en fait autant : aucun ne dit qq chose vraiment de droite sur l’économie, à part qq mini réformes sur les charges sociales des salaires, financées par l’impôt!
    Economique et social : FN = MPF = superficiel et électoraliste.
    Bayrou a fait du social démocrate, peu éloigné sur le fond de Le Pen et Villiers, et Sarko a semblé faire du Blair, et les Français ont gobé. Ils ont cru à la copie, parce que dans le fond, chez Villiers et Le Pen, il n’y avait pas d’original.
    [L’article ne néglige pas cet aspect. Pour ne pas être trop long, j’ai coupé le passage qui parle de la stratégie de conquête d’une “majorité sociale”, sous l’influence de Martinez et qui est effectivement une erreur économique. MJ]

  4. l’échec de Le Pen est, plus prosaïquement, due à son âge et à la jeunesse de Sarkozy
    mais le Front National,rénové sous l’influence d’Alain Soral,le brillant essayiste,a encore de beaux jours devant lui, maintenant qu’il s’est débarrassé de ses oripeaux racialistes (les “français de souche”)
    plus que jamais, il est ouvert sur les classes populaires, ce qui n’est le cas ni de Sarkozy, ni de Villiers, ni de la belle Ségolène (seul Bayrou, dans un autre registre)

  5. Je crois aussi que face à la nouvelle génération des candidats qui se présentaient, mr Le pen était trop vieux.personnellement je ne voulais pas d’un président son age. Quelque soient nos convictions si l’on veut du changement, il faut des hommes et des femmes “neufs”.

  6. Sarkozy a piqué les voix de Le Pen en faisant campagne sur ses idées… C’est JMLP qui le dit…
    Alors le 6 mai, si vous voulez que ces idées triomphent, VOTEZ SARKO !!

  7. Oui mais pour ma part, je c rois plutôt que, quelle qu’ait été la stratégie du FN, elle aurait échoué.Parceque les électeurs sont lâches, ils préfèrent un candidat médiatique, jeune, aux apparences “dures”, face aux problèmes qu’ils pressentent.En2002, ce n’était donc qu’une vote protestataire tandis que les Alsaciens et autres régionalistes où le FN était fort sont retounés à leur vomissement néo-gaulliste.Sarkozy avait accompagné ses affiches de croix de Lorraine dans les régions, je l’ai vu en voyageant ! C’est un vote à la Munichoise, nous aurons le déshonneur en plus de la guerre car,Sarkozy, c’est Chirac en pire.
    Si l’on considère que le peuple, d’une élection à l’autre, est changé, que les français catholiques d’origine disparaissent ou se raréfien, les nouveaux électeurs, qui seront encore plus nombreux dans cinq ans, ne pourront en aucun cas voter Front National.JMLP, pour qui j’ai beaucoup d’estime, ne se représentera plus, évidemment et il est vraissemblable que le jeu démocratique sera de plus en plus défavorable au FN qui perdra aussi les Législatives.Sur ce blog, j’ai appellé à ne pas voter Sarkozy-Villiers, deux figures du mondialisme déguisées en patriotes.Je demande maintenant l’abstention pure et simple le 6 mai, la prière et le mérites chrétiens, les messes pour la France et le pardon de Dieu.

  8. Accessoirement , au milieu du flot d’explications du flop de Le Pen , juste quelques chiffres :
    28 000 000 d’électeurs ont voté utile en 2007 ( bayrou,royal,sarkozy)
    12 000 000 l’avaient fait en 2002 ( jospin,chirac,Bayrou)..
    Après,on peut charger la mule du FN comme on veut mais c’est pas de stratégie qu’il faut changer ,c’est de pays ou d’électeurs…….
    PS : même Chirac plébiscité en 2002 n’avait pas fait 28 000 000 de voix…..

  9. Réponse à Salsifi et à Louis : je trouve que la réaction de beaucoup de gens du FN consistant à accuser les électeurs, à dire que le pays est pourri, que la France est foutue, sont inadmissibles.
    Lorsqu’on subit un échec on l’analyse.
    Lorsqu’une entreprise ne vend plus son produit on ne persiste pas à tenter de vendre ce produit en accusant le client d’être un crétin.
    L’analyse de Minute est valable.
    D’autres analyses, celle de Robert Spieler sont également bonnes.
    Il faut savoir reconnaître les graves erreurs du FN pour cette campagne :
    Entre autres :
    la profession de foi de Le Pen était d’une rare nullité : pas de programme, juste une photo géante avec une texte simili appel du 18 juin : un électeur ayant une certaine culture politique ne peut pas voter pour quelqu’un qui n’a pas de programme surtout lorsque ledit candidat est accusé par ses adversaires depuis 20 ans de ne pas avoir de programme !!!
    Il ne faut jamais préter le flanc à la critique.
    Le FN a donné l’impression de mépriser les électeurs en les prenant pour des crétins du style : “de toute façon, notre électorat est populaire, donc peu cultivé politiquement et il nous est acquis, par conséquent c’est un électorat captif qui votera toujours pour nous”. Erreur fatale.
    Sur ce point, les hauts dirigeants du FN ont conscience de l’erreur commise.
    Le refus de mettre en place l’Union Patriotique et de créer une dynamique avec Mégret nous a fait perdre beaucoup beaucoup de voix. Plusieurs exemples dans ma famille.
    C’est l’un des principes de base en matière de campagne électorale : on cherche d’abord à mobiliser ses soutiens traditionnels et après on va chercher d’autres électeurs.
    Villiers a eu beau jeu de dire : regardez comment est traité Mégret, je n’ai aucune envie de rallier Le Pen.
    Lorsque l’on n’est pas fichu de se réconcilier avec celui qui est le plus proche de vous idéologiquement, on ne peut pas faire d’alliance.
    Le FN a démontré qu’il était inapte à tout accord électoral avec le MNR et le MPF et donc a fortiori avec l’UMP : la prise de pouvoir ne peut donc passer que par un FN qui remporte tout seul 51 % des voix : il va falloir en coller des affiches !
    Les propos hésitants sur l’avortement et l’euthanasie dans Famille Chrétienne nous ont fait perdre beaucoup de cathos. Plusieurs exemples dans mes connaissances.
    Les attaques sur les origines hongroises de Sarko ont été minables. Surtout lorsqu’on va racoler les beurs à Argenteuil.
    Là aussi l’électorat du FN est beaucoup plus cultivé que les dirigeants du FN ne le pense nt: ils savent que les Hongrois sont des européenns autant (si ce n’est plus) que certains habitants des banlieues.
    Là aussi, les dirigeants du FN se sont montrés particulièrement méprisant vis à vis des électeurs.
    Et oui, à notre époque, les ouvriers et les professions intermédiaires s’offrent des week-end à Prague, Budapest, à Rome et ont donc une conscience européenne que le FN a battu en brêche depuis de nombreuses années.
    Je tiens à préciser que j’ai voté Le Pen, et que je milite au FN depuis 1983. Inutile de m’agonir d’injures en me traitant de Villièriste.
    Autre information : en général (1988, 2002) les résultats aux législatives sont inférieurs de 3/4 points aux résultats du candidat Le Pen aux présidentielles : par conséquent, on peut s’attendre à un FN à 7 ou 8 % en juin, d’autant plus que les candidats du FN seront confrontés à un candidat du MPF et un candidat du MNR sauf sil’Union patriotique non mise en place en décembre est enfin mise en place en juin.

  10. Je pense que c’est surtout le manque de confrontation entre le programme de FN et les autres programme lors de ses meetings et dans le média.
    Sinon l’attaque contre Nicolas Sarkozy ses origines grecque et hongroise a été une grossière erreur qui a du couté très très chère !

  11. J’ai voté Villiers… Jamais je n’aurai pu voter le Pen. Je crois qu’il ne faut pas faire du simplisme à outrance.
    Voici quelques raisons en vrac :
    – Propos de le Pen sur l’euthanasie dans Famille chrétienne
    – Propos de Marine le Pen sur les unions d’homosexuels.
    – Politique de le Pen concernant les pays en voie de développement
    Quand bien même Villiers n’aurait pas été au second tour, je n’aurais pas voté le Pen.
    Simple remarque…

  12. Oups, lapsus !
    Je voulais dire au premier tour…

  13. Manière comptable : 28 000 millions de voix pour les sortants…..
    Et que les cassandre de bac à sable descendent un peu de leur toboggan…..
    Tout le monde ne s’interesse pas à la politique et une voix vaut une voix donc à reflexe démocratique majeur ,vis-à-vis du Syndrome du 21/04/02 , que peut-on reprocher à n’importequelle tactique : la loi du nombre , point barre….
    Sarkozy , dans son OPA , n’a recueilli à priori que ce qu’il a manqué au FN comparativement à 2002 ( grosso modo 1 000 000 ..)
    Vous espériez quoi : 15 000 000 d’electeurs pour Le PEN après une bonne campagne ( c’est quoi une bonne campagne puisqu’on l’a accusé à la fois de s’être adouci ou au contraire ,d’avoir provoqué à excès…) Et avec Megret ou Villiers , vous espériez quoi….4 000 000 de plus ….sérieusement !
    Je n’en veux pas aux Français qui votent pour ils veulent mais l’on sera d’accord que chaque électeur met la barre où il veut et moins elle est haute , moins on se met en danger…..

  14. @ Karen
    Donc vous êtes catholique, mais sans respecter la note Ratzinger, et donc l’enseignement moral de l’Eglise.
    Le Pen est parfois réducteur, certes, comme souvent les politiques en démocratie et en campagne électorale. Par contre, on ne juge pas un homme sur une unique déclaration, ni sur une unique déclaration prêtée faussement à un proche : imaginez que vous soyez jugée sur un seul de vos actes ou paroles, ou celui supposé d’un proche dans votre vie professionnelle par exemple. Vous imaginez le”simplisme”…
    Certains parlemnentaires ayant rejoint Villiers avaient voté le Pacs : FC ne le savait pas. ”Simplisme” inversé….
    Je pense surtout que vous avez eu le simplisme de ne pas juger du tout mais de lire les jugements de ceux qui disaient avoir lu et qui jugent pour vous parce que vous payez un abonnement.
    Je suis abonné à FC moi aussi, mais je ne m’imagine pas qu’il s’agisse d’un abonnement à la morale catholique ou à l’intelligence politique aussi certain que mon abonnement EDF me donnera de l’électricité. J’essaie de penser sur documents, grâce à Internet. Vous auriez du faire ce que FC n’a jamais fait : lire le programme du candidat du FN sans le tronquer délibérément. Cela s’appelle l’absence de préjugés, et c’est excellent pour la recherche de la vérité des faits. Après seulement s’exerce le jugement.
    Sans Villers au premier tour, je ne puis croire, que ne voulant pas de Le Pen, vous eussiez choisi SARKO.
    C’est une question de jugement informé : le goût de la vérité,avant le ”simplisme” du jugement de seconde main.

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