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France : Société

L’automobiliste paie plein pot tandis que l’usager des transports publics est ultra-subventionné

L’automobiliste paie plein pot tandis que l’usager des transports publics est ultra-subventionné

De Thierry Benne sur l’IREF sur cette distorsion entre la France urbaine et la France périphérique :

À l’heure où l’exagération insensée des taxes sur le carburant dresse la France des périphéries et des campagnes désertées par nos services publics contre la France des métropoles abondamment pourvue en transports collectifs de toutes sortes, il est peut-être temps de rappeler quelques chiffres qui, au regard de l’importante question de la mobilité, justifient très largement la protestation qui gronde. […]

En effet le travailleur de la France périphérique ou rurale, contraint de prendre sa voiture pour se rendre à son travail et parfois même pour exercer sa profession, ne cesse de voir ses coûts kilométriques exploser sous une avalanche de taxes (pratiquement 60% du prix du carburant à la pompe), à laquelle la transition énergétique fournit aux gouvernants un prétexte commode, mais guère convaincant. Tout le monde sait en effet désormais que la presque totalité des taxes prélevées au nom de l’écologie ne sert effectivement pas à cette transition, mais à assurer vaille que vaille un déficit présentable à Bruxelles en dépit de l’incapacité de ce gouvernement à réduire la dépense publique. Pour avoir le front de ne pas emprunter des transports en commun qui n’existent pas, ou qui ne rendent pas le service de mobilité nécessaire à sa profession, l’automobiliste individuel se voit donc sommé d’acquitter en sus du coût économique de son transport de nombreux suppléments de taxes, malus et frais de toutes sortes qui majorent substantiellement sa facture au profit de l’État. Or ce dernier n’arrive même pas avec ce “bonus” à entretenir correctement les routes, d’où le foisonnement de ces panneaux qui montrent que chez nous les “trous en formation” sont sans conteste ceux qui suivent les formations les plus longues et les plus coûteuses.

Inversement les usagers des transports en commun des grandes métropoles profitent de tarifs abusivement attractifs puisqu’ils n’acquittent – selon un article paru le 28 septembre 2018 sur le site gouvernemental “Vie publique” et consacré au financement des transports collectifs urbains dans les grandes métropoles dotées d’un réseau de métro ou de tramway – que 38% du coût réel du transport pour les Franciliens et seulement 20% si l’on prend pour référence la France entière des métropoles concernées. […]

On aurait certes pu imaginer, dans ces périodes de vaches maigres pour les finances publiques tant nationales que locales, que le bon sens aurait conduit à réclamer progressivement à l’usager des transports publics une part croissante du coût réel du service dont il bénéficie et financer par exemple avec les ressources obtenues

  • en Île-de-France un métro moins pollué, des RER climatisés et ponctuels, ou encore un parc suffisant de bus “propres”, pour ne pas réserver les “diesel” plus anciens et les plus polluants aux poumons des banlieusards qui, on le sait, sont physiologiquement infiniment plus résistants que ceux très fragiles des Parisiens.
  • ailleurs des dessertes plus rapprochées, l’amélioration des conditions de confort ou encore l’aménagement de parcs de stationnement périphériques à tarif réduit.

En effet pourquoi ne pas associer les efforts de ceux qui profitent largement du système aux efforts de ceux qui polluent le plus souvent bien malgré eux et qui ont eu au surplus le tort de croire pendant deux ou trois décennies les âneries doctement proférées par les pouvoirs publics et leurs experts affidés quant aux avantages du diesel ?

Au terme de cette brève revue, on s’aperçoit qu’alors qu’on n’ose même pas demander à l’usager de transport en commun de régler en Île-de-France la moitié et ailleurs le quart du prix du service qu’il utilise, on n’a aucun scrupule à exiger de l’automobiliste de Mende ou de Guéret isolé dans un “désert de dessertes” qu’il acquitte en sus du coût réel de ses kilomètres une kyrielle d’impôts destinés entre autres à améliorer le confort fiscal des populations métropolitaines. On comprend du coup beaucoup mieux pourquoi ces populations privilégiées, logées dans des centres-villes fiscalement avantagées au surplus par une fiscalité locale obsolète, mettent la santé de leurs poumons en avant pour essayer de faire “casquer” encore un peu plus un maximum de petits copains que la modicité relative de leurs ressources éloigne chaque jour davantage du centre des grandes métropoles.

Pourtant cela fait déjà longtemps qu’un certain Christophe Guilluy, géographe de son état, attire l’attention des pouvoirs publics sur l’intolérable discrimination dont sont victimes tous ceux qui n’ont pas la chance ou la possibilité d’habiter au cœur des cités les plus riches et les mieux équipées. […]

Car, très au delà des seules questions de fiscalité et de coûts, le plan de montée en puissance des taxes énergétiques n’est que le dernier avatar d’une politique insensée qui, avec l’exode massif des services publics, organise systématiquement la désertification de la majeure partie de notre territoire. Le tout en considérant ceux qui s’obstinent à rester dans ces zones “ingrates” – la plupart du temps parce qu’ils ne peuvent faire autrement – comme une réserve d’indiens taxables et corvéables à merci et parfaitement indignes du moindre intérêt autre qu’électoral. […]

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3 commentaires

  1. Cet article est un peu confus : le vrai problème c’est l’inegalite devant les transports publics, ce n’est pas quils soient subventionnes
    L’automobile est elle aussi subventionnée (gendarmes, routes…) mais surtout ne paie pas ses coûts externes (accidents, pollution, bruit, encombrement de l’espace urbain…)
    Et donc en particulier la question qui n’est pas posée ici en instrumentalisant les gens des campagnes, c’est l’utilisation qui reste massive de la voiture dans les grandes métropoles

    • Non, c’est totalement abusif de dire que l’automobile est subventionnée ! Le budget consacré aux routes et surtout à leur entretien est non seulement insuffisant, mais les taxes, amendes et impôts générés par l’automobile sont très largement supérieurs. Au final, chaque kilomètre fait par l’usager automobile rapporte considérablement plus en prélèvements obligatoires qu’il ne coûte à l’état. C’est véritablement une vache à lait. En cela, cet article est parfaitement clair.
      Les gendarmes, quant à eux, sont des militaires. Ils ne sont pas la conséquence de l’existence de l’automobile ou du besoin de rouler sur des routes. Et même en ce domaine, ils sont utilisés de manière détournée, non pas pour assurer la sécurité routière, mais désormais pour faire les poches des Français. L’immense majorité des amendes aujourd’hui sont payées par des automobilistes qui ont certes commis une infraction (et encore, pas toujours, j’en témoigne de manière personnelle), mais ne sont pas dangereux, alors que les conducteurs sans permis ou sans assurance (massivement du même profil toujours protégé par nos gouvernants, bizarrement …) sont de plus en plus dangereux, et ne cessent d’augmenter !

  2. Finalement, l’automobiliste est aux transports ce que les parents des enfants de l’enseignement libre sont à l’enseignement : ils paient pour eux et ils paient pour ceux qui ne paient qu’une partie plus ou moins importante de leur dû…

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