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Pays : International

L’après Daech, entre géopolitique et mystique

L’après Daech, entre géopolitique et mystique

De Franck Abed :

L’Aide à l’Eglise en Détresse (AED) a organisé un colloque le 5 décembre 2017 intitulé L’après Daech, entre géopolitique et mystique et sous-titré « les Pères de l’Eglise dans le chaos oriental ». Comme à l’accoutumée, pour les événements organisés par l’AED, plusieurs intervenants se sont succédés pour échanger et débattre de cette vaste et double thématiques. Nous retrouvons, entre autres, un religieux, un islamologue, un théologien et un chercheur du CNRS parmi les orateurs.

Marc Fromager, directeur de l’AED, explique dans son introduction « qu’à la lecture du titre de ce colloque, certains se seront peut-être dit que l’AED s’était convertie à l’ésotérisme ou à une forme de poésie orientaliste. Avec ce qui ressemble beaucoup à une fin de partie pour l’Etat islamique, va encore pour l’après-Daech, mais ensuite, çà se complique ».Il complète son propos en précisant les problématiques de cette rencontre intellectuelle :« doit-on et même peut-on mêler la géopolitique et la mystique ? Et puis, avec le sous-titre, on touche le graal : que peuvent bien venir faire les Pères de l’Eglise sur un sujet concernant l’actualité du chaos au Moyent-Orient ? » Lire les différentes contributions permet d’apporter des réponses à ces deux importantes questions.

D’emblée, Fromager expose que la situation géopolitique au Proche-Orient se montre très compliquée voire inextricable. De plus, la dimension religieuse exacerbe les tensions et « ne peut être niée ». L’auteur énonce que « les sunnites se tuent entre eux, les uns n’étant jamais aussi radicaux aux yeux des seconds, mais ensemble, ils assassinent les chiites qui ne se gênent pas pour en faire autant. Les deux se mettent d’accord pour chasser les chrétiens. Les druzes, les alaouites et autres minorités font profil bas, les juifs sont menacés et pour se défendre menacent à leur tour, tandis qu’on extermine les yézidis ». Nous sommes ici au coeur la théorie mimétique de la violence telle que théorisée par René Girard.

Connaître son ennemi permet de mieux le combattre. Or aujourd’hui, les djihadistes savent parfaitement qui nous sommes et comment nous fonctionnons, car nombre d’entre eux sont nés, vivent ou ont vécu dans les pays occidentaux avant de commettre leurs attaques. Les récents attentats ont donc démontré « que la promesse du pire des djihadistes est très persuasive, car tout le monde est visé, n’importe comment, n’importe où et n’importe quand ». Un des contributeurs poursuit en rappelant une idée trop rarement comprise et admise : « dans la vision géopolitique et théocratique de l’islamisme radical, le monde est divisé entre, d’une part le dar al-islam (la terre d’islam), en paix car soumise à la loi islamique, et, d’autre part, le dar al harb, territoire de guerre, c’est-à-dire le monde des mécréants avec qui il ne peut y avoir en principe que des relations de guerre ». Concrètement entre les islamistes et les autres, il n’existe pas de juste milieu : la conversion, la soumission ou la mort.

Les récentes victoires enregistrées sur l’Etat Islamique ne doivent pas faire oublier que « Daech reste présent dans la pensée de beaucoup de musulmans qui ont cru à l’idée du califat en islam et cela jusqu’à aujourd’hui ». Toutefois, afin d’être le plus juste possible sur le plan intellectuel, il convient d’écrire que dans les territoires occupés par les islamistes « des musulmans ont souffert de l’Etat Islamique, et des sunnites ont dit vivre un enfer avec les combattants djihadistes ». L’intervenant continue son analyse en disant que des enfants sont élevés avec ces principes mortifères. Par conséquent, le travail d’éducation, notamment auprès des plus jeunes, restera toujours l’une des priorités quelque soit le contexte politique, économique et social. Il s’agit d’une évidence mais c’est préférable de la rappeler à temps et à contre-temps.

Les objectifs de ce colloque sont clairement énoncés : « faire le point sur ce qui se passe dans cette région du monde, prendre du recul, vraiment beaucoup de recul, pour voir si la sagesse des anciens en quelque sorte pourrait nous être d’une quelconque utilité pour résoudre ou du moins atténuer le chaos oriental ». Il s’agit d’un ambitieux programme, d’autant que les dimensions mystiques, historiques, géopolitiques se mêlent et s’entrecroisent. Cependant, les Pères de l’Eglise, notamment les orientaux, ont encore beaucoup à nous enseigner sur le dialogue à mener avec les tenants des autres croyances religieuses. Les nombreuses questions abordées dans ce court ouvrage se révèlent importantes et cruciales pour l’avenir des chrétiens, en Orient mais également en Occident, n’en déplaisent aux disciples de Candide.

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1 commentaire

  1. pauvres chrétiens d’orient, abandonnés par la majorité des responsables religieux d’occident!

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