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Pays : Pologne

La Pologne dans le collimateur de l’UE

La menace brandie par le gouvernement polonais de déchoir Bronislaw Geremek de son mandat de député européen en raison de son refus de se conformer à la nouvelle loi de "lustration" sur la décommunisation du pays a provoqué un tollé en Europe. L’ancien dirigeant du syndicat Solidarnosc, qui fut ministre des Affaires étrangères de son pays et l’artisan de l’adhésion de la Pologne à l’UE, a annoncé qu’il refusait de répéter une déclaration qu’il avait faite en 2004 disant s’il a ou non collaboré avec la police politique de l’ancien régime.

"Quand je me suis présenté aux élections (européennes) il y a trois ans, j’ai rempli toutes les conditions de la loi électorale, notamment en certifiant dans une déclaration que je n’avais jamais collaboré avec la police secrète".

Voulue par le gouvernement Kaczynski, la nouvelle loi de "lustration", qui durcit un texte de 1997, contraint les hauts fonctionnaires et d’autres corps de métier à déclarer s’ils ont collaboré ou non avec la police politique communiste.

Geremek, qui siège parmi les libéraux-démocrates, a voulu attirer l’attention sur ce texte critiqué en Europe.

"Cette loi viole les règles morales, menace la liberté d’expression, celle des médias et l’autonomie des universités".

Le président du Parlement européen, Hans-Gert Pöttering, est sorti de sa réserve :

"Nous examinerons toutes les possibilités juridiques pour qu’il puisse poursuivre son travail."

Le président du groupe des Verts, Daniel Cohn-Bendit, a exhorté ses collègues à défendre Geremek "contre des méthodes staliniennes ou fascistes" ! Le chef du groupe socialiste, Martin Schulz, a estimé des sanctions devraient être prises si le gouvernement polonais venait à persister dans cette voie. Les articles 6 et 7 du traité de Nice prévoient en effet la possibilité de priver de droit de vote au Conseil des ministres un pays qui violerait les droits de l’homme. Or, pour les socialistes, la loi de "lustration" ne serait pas la seule raison d’enclencher cette procédure. Les mesures prises contre les homosexuels et la suppression des retraites des Polonais qui ont combattu dans les rangs des Brigades internationales envoyées en Espagne en 1936 contre Franco sont également dans le collimateur de la gauche. Pour Martin Schulz,

"L’Europe doit se dresser contre la négation flagrante des valeurs européennes par le gouvernement polonais."

Michel Janva

Addendum : je renvoie les lecteurs à l’analyse d’Yves Daoudal. Extraits :

"Geremek est le type même du personnage qui devrait déclarer ce qu’ont été exactement ses relations avec le parti communiste polonais. Il le doit déjà en tant qu’historien. Car voilà un curieux historien qui refuse de témoigner de sa propre histoire… Mais surtout, avant d’être un européiste libéral, Bronislaw Geremek a été un militant communiste. Ayant été convaincu de la vérité du marxisme au cours de ses études, il a adhéré en 1950 au parti communiste polonais, dont il a été un militant actif pendant 18 ans. […]

En 1956-57, il a étudié à Paris […] il rejoint le courant dit révisionniste du Parti communiste français. […] Après la chute du communisme, il va devenir libéral et européiste, tout en restant ancré à gauche. Il est membre du comité d’orientation scientifique de l’association À gauche en Europe, fondée par Michel Rocard et Dominique Strauss-Kahn, et depuis l’an dernier il préside la Fondation Jean-Monnet pour l’Europe."

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8 commentaires

  1. Des vérités qui dérangent ?
    les polonais ne se laisseront pas faire par les guignols de bruxelles !

  2. Pour information, en France, c’est en 1996, sous la présidence de Jacques Chirac, que la carte de combattant a été attribuée aux Français qui furent membres des brigades internationales aux côtés des républicains lors de la guerre d’Espagne (1936-1939).

  3. N’étant pourtant pas un fervent supporter t’elle qu’on nous l’impose aujourd’hui, il faut reconnaître que le gouvernement polonais actuel utilise le prétexte de la chasse au communiste comme une arme politique et comme paravent pour masquer les réels problèmes auxquels la Pologne devrait faire face.
    Si dans la loi, aucune sanction n’est prévue pour les repentants, tout porte à croire qu’on va pourrir la vie de ceux qui répondront “oui” à la question.
    Il faut remettre les faits dans le contexte. Un certain nombre de Polonais on été oblige de “collaborer” pour obtenir un travail, un logement, un passeport ou autre. Cette “collaboration” est souvent rester à la prise de notes d’informations sur la vie quotidiennes sans intérêts par un scribe zélé. “Ah oui, hier, a la ferme, une vache a eu un veau.”
    De cette époque, ce qu’il reste est un certain nombre d’archives.
    Or ces archives, déjà à l’époque étaient corrompues/inexactes.
    Les listes ne mentionnent que les noms, sans spécifier les raisons pour lesquelles le nom est sur la liste.
    Aucune distinction entre le témoin qui a été interrogé pour une raison X ou Y et qui de toute façon n’a rien vu, et ceux qui ont activement balancer les ennemis du régime.
    Inversement, des innocents ont leur nom sur les listes pour les punir de n’avoir rien dit, ou parce que la réponse ne plaisait pas aux services secrets…
    Maintenant, la tendance est au “prouvez nous que vous n’avez pas collaborez avec la police secrète”, ou bien prison/chômage/autre problèmes.
    Aucune présomption d’innocence, le lynchage médiatique est systématique, efficace, irraisonné. Quand l’innocence est établie, il est déjà trop tard, le mal est fait.
    Par exemple, une fausse rumeur suffit à obtenir la démission d’une ministre innocentée par la suite.
    La constitutionalité de cette loi doit d’ailleurs être examinée prochainement. Beaucoup attendent cette décision pour remplir le formulaire. En attendant, le climat de terreur règne.
    Pour ce qui est des autres raisons qu’a l’UE de chercher des problèmes à la Pologne, je recommande la lecture de http://www.brusselsjournal.com/node/865 (Anglais)

  4. Je crois que la Pologne va être en décadence bientôt, que la femme va y perdre sa place respectée, que les problèmes de viols, incestes et autres vont se développer. C’est là à mon avis le plus gros problème en Pologne.
    Les femmes sont encore respectées, mais dès que la température croit, la taille des habits décroit exponentiellement. Il y a enormément d’alumeuses qui vont assez loin tout en refusant les rapports. Les sex-shops sont partout, les pubs pour trucs pornos fourmillent, les pubs sont souvent très provocatrices.
    Le résultat est que d’ici une génération, il ne restera pas grand chose. La Pologne risque de se mourir rapidement. Et effectivement, cette chasse aux sorcière en devient presque malsaine

  5. Un rigolo ce Geremek: il refuse d’appliquer une loi qu’il a lui même votée !

  6. @ phoque.r
    Tes observations sociologiques sur la pornographie sont intéressantes. Cela correspond à ce que j’ai observé moi-même là-bas. Mais c’est une conséquence de l’idéologie libérale de Bruxelles. Pour moi, je félicite le gouvernement polonais d’essayer de résister au rouleau compresseur libéral de Bruxelles.

  7. @ Paul
    Effectivement, ils résistent encore sur beaudoup de choses, mais si le côté moral tombe, tout suivra

  8. Encore et tjs le même Kohn Bendit dans le rôle de Marat à la Convention de Bruxelles décidant du Bien et du Mal, de la vie ou de la mort des députés. Mais qui arrêtera donc cette machine infernale que sont les Ctés européennes, système crypto-communiste s’il en est, dont la seule et unique finalité n’est pas le libre commerce et le bonheur du “consommateur” – le nouveau nom glorieux de l’Européen moderne – mais la socialisation des Etats-membres de l’UE par le biais du constructivisme bureaucratique. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle tant d’agitateurs révolutionnaires ont troqué leur carte du parti communiste pour un siège de député européen, afin de poursuivre leur travail de sappe sous le couvert de la légalité et de la supranationalité. La manoeuvre est simple comme bonjour mais si peu de gens la comprennent. Peut-être justement parce qu’ils ne sont plus que des “gens”…

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