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La mondialisation n’est pas une fatalité

Benjamin Guillemaind et et Arnaud Guyot-Jeannin de l’Alliance Sociale sont interrogés dans Présent :

"[O]n admet volontiers la fatalité de la mondialisation, comme une évolution naturelle, où les découvertes scientifiques, les techniques galopantes de communication, de circulation, d’échange, selon les dogmes du libéralisme économique, ne doivent subir aucune entrave. […] Ce que le communisme n’a pu réaliser par la contrainte, le libéralisme économique, qui sous-tend la mondialisation, arrive au même phénomène de concentration et d’urbanisation. Babel s’est mal terminé.

Certes les échanges internationaux ont toujours existé. Mais l’économie marchande de conquête, productiviste, est tendue vers l’exportation, alors qu’une économie sociale traditionnelle assure d’abord sa suffisance et exporte le surplus. L’économie de gamme y prime l’économie d’échelle et privilégie l’autonomie sur l’hétéronomie. […]

Il faut, comme le préconise la doctrine sociale de l’Eglise, revenir à une économie conviviale, d’amitié, de concertation, régulée par l’organisation professionnelle, et à des rapports commerciaux entre groupes de proximité, qui se connaissent. Sans cet effort pour organiser et relocaliser l’économie, on ne parviendra pas à réduire la pauvreté qui s’étend. Cela implique une politique de l’économie ayant le souci permanent du Bien commun. […]

"L’Etat doit fournir un cadre juridique adapté aux activités des sujets sociaux et intervenir quand c’est nécessaire en respectant le principe de subsidiarité.» (Compendium de la doctrine sociale de L’Eglise, art. 418). La mondialisation, qui a entraîné l’impuissance du pouvoir politique, ne protège plus et ne favorise plus la coopération et la solidarité. Il s’agit d’unir des intérêts économiques convergents au lieu de les opposer. C’est ce cadre juridique, ces structures organiques que nous préconisons, afin que le pouvoir politique favorise une économie sociale au service de l’homme, selon les principes oubliés du catholicisme social.

[…] Il ne s’agit pas de vivre en autarcie complète, mais de mettre en place un protectionnisme ou un filtre afin d’éviter toute ingérence et toute forme de colonisation douce. Pour cela, rompre avec l’Organisation mondiale du commerce, le Fonds monétaire international et la Banque mondiale sous direction américaine est une nécessité. […]

Seule une économie d’autosuffisance, économe en moyens mais riche en « humanités », sauvera la planète qui s’épuise. Ce sont les vertus évangéliques : la mesure, la sobriété, la tempérance, une vie fraternelle reconstituée au sein de communautés homogènes à taille humaine, un commerce relocalisé en unités de productions diversifiées… qui ont fait la richesse de la civilisation. Non, la mondialisation n’est pas une fatalité !"

Michel Janva

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2 commentaires

  1. C’est très intéressant ; ce texte, comme celui que je suis allé voir sur leur site, est, me semble t-il, proche des positions d’Yves-Marie Adeline (Alliance Royale, malheureusement “non élu” au 1er tour réel des présidentielles).
    On y objectera dans les milieux autorisés la réduction de la croissance économique qu’autorise la mondialisation. ce serait un retour en arrière, une espèce d’économie médiévale.
    Je réponds : d’abord, la fameuse “mondialisation” est un ectoplasme, une espèce d’objet non défini autorisant des comportements dont les finalités sont cachées. C’est comme l’avortement, un bon esprit ne saurait, selon la modernité, y être opposé.
    Ensuite, à qui profite l’enrichissement ? à des pays riches qui sont en décroissance démographique (à l’exception des U.S.)et chez qui se créent par ailleurs des zones entières de pauvreté et d’inadaptation subventionnées.
    Nous sommes bien à l’opposé de la Doctrine sociale de l’Eglise.
    Je trouve qu’il y aurait, sur les thèmes dégagés par l’Alliance Sociale, de vrais travaux universitaires à faire (c’est peut-être déjà le cas) qui feront partie d’un corpus appelé à devenir utile … un jour béni de vraie restauration catholique … que nous espérons tous !

  2. Les mêmes qui partent en vacances aux quatre coins du monde voudraient que l’économie des entreprises demeure au niveau de leur canton ou de leurs frontières : c’est une utopie, démentie par les faits.
    Ce qui est en cause n’est pas la mondialisation, car l’économie médiévale, comme toute économie en période de prospérité et d’expansion, était mondialisée selon ses limites techniques.
    Ce qui tue le travail est le monopole social, destructeur de l’initiative créatrice, que l’état s’est arrogé au détriment de la liberté de propriété, d’entreprendre et de créer des espaces de législation privée, par professsion,région, etc……Sans charges sociales d’état, les économies européennes, et celle de la France, la plus ponctionnée par l’état, seraient en mesure de jouer à jeu égal avec l’Inde ou la Chine.
    Le modèle européen de protection sociale d’état est plus dangereux et destructeur que la mondialisation, induite par la technique, et inévitable de ce fait.
    La mondialisation enrichit tout le monde, tous les jours, y compris l’Afrique ; mais si tous les pays adoptaient des règles éthiques minimales, selon la DSE, cet enrichissement serait plus harmonieux et n’oublierait pasles plus pauvres, ce qui n’est la même idée que la condamnation de la mondialisation.

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