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Immigration

La doctrine sociale de l’Eglise et l’immigration

Interrogé par e-deo, Bruno Gollnisch a répondu (vers 47’30) à une question sur la compatibilité entre le programme de Jean-Marie Le Pen et la doctrine sociale de l’Eglise en matière d’immigration :

"Ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’un certain nombre d’autorités catholiques, voire d’évêques, ont critiqué le programme du Front National au nom de l’exigence morale d’hospitalité. Ce en quoi, à mon avis, ils font une erreur, en transposant une obligation morale personnelle pesant sur les comportements personnels au domaine de la Cité et de la responsabilité de l’Etat. Exemple : le christianisme fait un devoir moral de pardonner les offenses. C’est une obligation au niveau des personnes. Si, se fondant sur cet enseignement de l’Eglise, un Etat disait qu’il allait pratiquer la doctrine chrétienne en pardonnant les offenses et donc en refusant de condamner les criminels, cet Etat manquerait gravement à son obligation d’assurer la sécurité de la société. […]

De la même façon, du fait que l’on doive pratiquer l’hospitalité, on ne saurait inférer une obligation pour les Etats de laisser submerger la nation. L’Etat doit être le garant d’une identité nationale et il n’est pas interdit à des responsables politiques […] de voir que les sociétés multiraciales, multiculturelles sont très souvent des sociétés multiconflictuelles. Contrairement à une opinion répandue, ce n’est pas la frontière qui est source de conflit c’est au contraire l’inexistence de frontière. […] Par conséquent, je crois qu’il est légitime que nous mettions des limites à la politique d’immigration voire que nous nous efforcions d’en inverser le cours. Notre politique […] ne prive personne de ses droits. […] Il n’y a à mon avis rien de contraire à la morale."

Le n°2 du FN termine en évoquant la figure du Cardinal Feltin, archévêque de Paris de 1949 à 1966, qui avait justifié la préférence nationale, comme le montre cette citation utilisée par Jean-Marie Le Pen :

"L’Eglise qui proclame que tous les hommes sont frères, corrige l’interprétation erronée qu’on donne parfois à cette fraternité universelle. Elle déclare, en effet, que chacun doit aimer particulièrement ceux qui sont nés sur le même sol que lui, qui parlent la même langue, ont hérité des mêmes richesses historiques, artistiques, culturelles, qui constituent dans l’humanité cette communauté spéciale que nous appelons notre patrie, véritable mère, qui a contribué à former chacun de ses enfants. Elle a droit à un amour de préférence".

Michel Janva

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8 commentaires

  1. Sans être théologien, il suffit d’avoir une petite connaissance du catéchisme et l’expérience de la confession pour savoir que le raisonnement de Mr Gollnisch ne tient pas la route quant à ce qu’il dit du Pardon chrétien : Dans notre monde, le pardon est toujours conditionné par la réparation et à la contrition parfaite du pénitent, ainsi qu’au ferme désir de ne plus recommencer. C’est pourquoi l’état n’est pas anti-chrétien quand il punit le coupable. Mauvais exemple qui nuit au reste du raisonnement.
    [Toujours ? Alors si quelqu’un, qui vous a fait du tort, refuse de réparer et de s’escuser, vous ne lui pardonnerez jamais ? Je crois que vous confondez le Sacrement qui exige effectivement confession, contrition et réparation, et l’attitude de tout chrétien, qui doit pardonner à ses ennemis, s’il souhaite obtenir le pardon de Dieu pour lui-même. Cf CEC § 594-595 http://www.vatican.va/archive/compendium_ccc/documents/archive_2005_compendium-ccc_fr.html MJ]

  2. A ce sujet, il est nécessaire de lire le discours sur l’immigration prononcé par le Cardinal BIFFI, archevêque de Bologne ( Italie ) en 2004 :
    http://jeunepretre.blogspot.com/2006/05/une-autre-parole-piscopale-sur.html

  3. En quoi est-ce que pardonner empêche de punir ? Dieu donne aux parents des devoirs d’éducation et de protection pour leurs enfants qui sont leurs premiers “frères”, cela implique des sanctions quand elles sont nécessaires. L’état a des devoirs envers les citoyens, il peut et doit aussi sanctionner. Jean-Paul II est allé voir son agresseur en prison, il lui a pardonné mais n’a pas empêché sa peine qui lui apporte une aide dans sa rémission. Donc je ne pense toujours pas que le pardon soit incompatible avec la sanction, sans préjuger de l’état d’esprit du coupable qui a bien sûr la possibilité d’être contrit, mais aussi celle de nier ou justifier sa faute. Dans ce cas, c’est lui qui refuse mon pardon. Ceci dit, je suis bien plus d’accord avec la citation du Cal Feltin qui elle apporte du sens au raisonnement et reprend l’enseignement des Papes sur l’immigration.
    Cordialement
    [L’un n’empêche pas l’autre, nous sommes bien d’accord, mais la question n’est pas là : B.G. distingue l’action personnelle, qui ne requiert pas forcément que l’agresseur soit sanctionné et l’action de l’Etat, qui requiert par justice que l’agresseur soit sanctionné. C’est cette distinction qui est importante dans sa réponse. MJ]

  4. Autant la problématique est délicate, autant il convient de ne pas opposer ce qui s’applique à la personne & ce qui s’applique à l’Etat.
    Pardonner n’a jamais été refuser de condamner; la condamnation rentre ds le domaine de la réparation qui est exigée du particulier comme de l’Etat. Sa FORME varie, puisque la gravité ou l’objet n’est pas identique, mais la pédagogie divine, elle, est immuable.
    Il est évident que le même principe chrétien ne s’applique pas de la même manière par le particulier & par l’Etat, mais son fondement est invariable. Il faut tenir que le devoir d’hospitalité s’applique à l’Etat comme à chacun, toujours dans une juste prudence & avec discernement. Il est évident qu’il y a une limite (personne n’accueille 200 sdf dans sa maison!), & Gollnish a raison de défendre cette idée, mais il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain & recommencer l’opposition du privé & du public.

  5. il faut relire “l’agenda social ” qui rassemble des textes concernant la DSE .
    on le retrouve ici
    http://www.thesocialagenda.org/francais/
    concernant le bien commun car c’est bien çà qu’il s’agit , on peut lire la définition suivante
    “X. LE BIEN COMMUN
    167. Par bien commun, il faut entendre “l’ensemble des conditions sociales qui permettent, tant aux groupes qu’à chacun de leurs membres d’atteindre leur perfection, d’une façon plus totale et plus aisée” (GS, n. 26; cf. GS, n. 74). Le bien commun intéresse la vie de tous. Il réclame la prudence de la part de chacun, et plus encore de la part de ceux qui exercent la charge de l’autorité. Il comporte trois éléments essentiels:
    Il suppose, en premier lieu, le respect de la personne en tant que telle. Au nom du bien commun, les pouvoirs publics se tenus de respecter les droits fondamentaux et inaliénables de la personne humaine. La société se doit de permettre à chacun de ses membres de réaliser sa vocation. En particulier, le bien commun réside dans les conditions d’exercice des libertés naturelles qui sont indis-pensables à l’épanouissement de la vocation humaine: “ainsi: droit d’agir selon la droite règle de sa conscience, droit à la sauvegarde de la vie privée et à la juste liberté, y compris en matière religieuse” (GS, n. 26).
    En second lieu, le bien commun demande le bien-être social et le développement du groupe lui-même. Le développement est le résumé de tous les devoirs sociaux. Certes, il revient à l’autorité d’arbitrer, au nom du bien commun, entre les divers intérêts particuliers. Mais elle doit rendre accessible à chacun ce dont il a besoin pour mener une vie vraiment humaine: nourriture, vêtement, santé, travail, éducation et culture, information convenable, droit de fonder une famille, etc. (cf. GS, n. 26).
    Le bien commun implique enfin la paix, c’est-à-dire la durée et la sécurité d’un ordre juste. Il suppose donc que l’autorité assure, par des moyens honnêtes, la sécurité de la société et celle de ses membres. Il fonde le droit à la légitime défense personnelle et collective.
    (CEC, nn. 1906-1909)”
    il y a donc une diiférence entre un comportement individuel et le bien commun defini pour une société .
    Plus spécifiquement , sur la question des sans papiers et de l’immigration , ichtus avait fait cette réponse il y a déjà quelques années en 2002 me semble t il
    http://www.ichtus.fr/article.php3?id_article=112

  6. bonsoir,
    je suis d’accord avec vous tous.
    mais voilà,je commence a etre fatiguer de tendre l’autre joue,ça fatigue!
    et meme les coups de pied au c.. je ne peut plus m’assoir.

  7. L’une des règles qui empêche les chrétiens de dire n’importe quoi sur tout est celle d’une bonne herméneutique : à l’exception du contenu très précis et clairement délimité de ce qu’il faut croire pour être sauvé, tout texte, toute position de l’Église, toute réflexion chrétienne ne peut être citée comme une conduite à tenir qu’à la condition de la replacer dans son contexte.
    De ce point de vue, il me semble évident que les situations migratoires que nous connaissons actuellement n’ayant jamais eu le moindre analogue dans le passé, et se développant chaque année dans un sens pire, se jeter à la tête que l’Église enseigna ceci ou cela n’a pas grand sens, pas plus que répondre à ce type d’arguments. Quand en plus certaines de ces positions attribués à l’Église sont à replacer dans le contexte irénique des années glorieuses du tiers-mondisme ou de ses séquelles que nous subissont encore souvent via un personnel ecclésiastique formé dans ces années là, il me semble bien imprudent de dire que l’Église exige ceci ou cela face aux migrations tant qu’elle n’aura pas expressis verbis pris en compte pour fonder ses positions la réalité quantifiable telle qu’on la connaît dans la situation présente.
    [Tout à fait. Mais par enseignement de l’Eglise, il ne faut pas entendre n’importe quel discours, sermon ou texte écrit par n’importe quel “personnel ecclésiastique”. Il y a des degrés dans le Magistère. Nous nous référons sur le SB essentiellement à la Doctrine sociale de l’Eglise, enseignée par les Papes au travers notamment des encycliques.
    Concernant les migrations, il faut savoir qu’elles sont un mal (parfois un mal nécessaire lorsqu’un citoyen doit fuir son pays pour une bonne raison) car le 4e commandement (l’amour de la patrie) nous demande de faire fructifier la terre qui nous a été légués par nos pères. En émigrant, nous nous soustrayons à ce devoir. MJ]

  8. Bruno Gollnisch pourrait devenir un grand homme de notre république… si nous savions voter pour cette réalisation.
    L’entretien d’e-deo est un vrai bonheur.

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