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Homosexualité : revendication du lobby gay

La secrétaire nationale du MRC contre la dénaturation du mariage

MChristine Meyer,
conseillère municipale de Nantes et conseillère régionale des Pays de
la Loire, était professeur de philosophie dans un lycée de Nantes. Elle
est aussi
secrétaire nationale du Mouvement Républicain et Citoyen (MRC), chargée de la citoyenneté et des droits des femmes. C’est à ce titre qu’elle avait écrit un
premier texte* concernant le projet de loi intitulé « Mariage pour tous ».

Elle
a récidivé, disant avoir organisé sa réflexion plus rigoureusement. La voici :

"Cette
nouvelle contribution s’inscrit pour moi, comme la précédente, dans le
cadre d’une réflexion sur la citoyenneté. Ce qui est en jeu,
pour nous, MRC, c’est l’articulation entre le principe de citoyenneté et la proposition officielle d’un mariage dit « pour tous ». Cette question de la citoyenneté
renvoie plus profondément à une certaine idée de l’humanité. Il faut donc éviter deux « mauvaises » questions :

  • pour ou contre le « mariage pour tous » (question qui en elle-même n’a aucun sens)
  • le combat entre « progressistes » et « réactionnaires »

Et replacer le débat dans le cadre politique des principes républicains que nous défendons et des questions anthropologiques sur le propre des sociétés
humaines.

1)     le principe républicain d’égalité

C’est un des arguments avancés. Je voudrais ici dans un 1er temps dénoncer ce que j’appellerai une « hypocrisie
sémantique
 ». En effet,  cette appellation de « mariage pour tous » laisse entendre que, jusqu’à maintenant, certains
individus étaient exclus ou interdits de mariage. Et on voit immédiatement qu’il s’agit 
de dire que les « homosexuels » étaient discriminés
par rapport aux autres. On voudrait clairement placer le débat sous
l’angle de la discrimination et du non respect du principe d’égalité.
Or, rappelons quelques évidences, même si, je reconnais,
elles laissent des problèmes de fond non résolus. Tout le monde a le droit de se marier, mais pas
avec n’importe qui
. Quatre limites ou interdits :

  • avec un mineur,
  • avec un membre de ma famille proche (ascendant, descendant, frère, sœur),
  • avec une personne de même sexe,
  • avec une personne déjà mariée, ou bien sûr, si je suis déjà marié.

Il faut donc déplacer le problème et le replacer dans le cadre des limites d’un droit
universel
. Cela peut paraître aujourd’hui difficile à
entendre, mais il n’y a aucune discrimination a priori des homosexuels.
Ceci renvoie à deux questions : le statut des
« homosexuels » et le statut du mariage
 : 

Statut des « homosexuels » : je précise que je n’aime pas du tout le terme « homosexuel » que je
vais essayer d’employer le moins possible, pour les raisons que je vais évoquer (…). Cette digression historique avait pour but de montrer que la notion d’homosexualité est récente, donc pas évidente (je sais
aussi jouer le relativisme culturel), et surtout que, en passant de « pratiques » ou comportements à des  êtres, on
essentialise
ces individus et par là même on contredit le principe d’égalité. Pour dire les choses autrement, 
je conteste
aussi le terme car, d’une part on peut être « bi » et on peut
surtout évoluer au cours d’une vie et, enfin, on n’a surtout pas envie
d’être identifié comme « homo » ou
« hétéro ». Bientôt, il faudra présenter son identité en précisant
cette « qualité ».

Ma conclusion est simple. L’humanité n’est pas séparée
en « homo «  et « hétéro »
, comme 
le sous-entend l’argumentation de certains défenseurs du projet, mais
en hommes et femmes,
d’une part nécessaires à l’engendrement, d’autre part qui peuvent
avoir soit des pratiques sexuelles diverses, soit, il faut le
reconnaître, des inclinations plutôt vers un sexe ou un
autre. Quand je dis
que l’humanité est séparée en hommes et femmes, je n’essentialise pas
ces deux catégories (et encore moins je les
sacralise) ; je ne fais que reconnaître un fait auquel je n’attribue
pas de valeur, mais que je ne peux nier; et, aujourd’hui, avec toutes
les méthodes de PMA possibles, il faut toujours une
cellule mâle et femelle pour engendrer.

Pour revenir au principe républicain d’égalité et
le
traiter sous un autre angle, on peut dire aussi que le fait d’avoir
une « préférence » pour un sexe plutôt qu’un autre relève d’une
inclination personnelle, et que les institutions ne
sont pas là pour valider des inclinations, des goûts personnels. Les
institutions républicaines doivent permettre toutes les relations
privées entre individus, protéger ceux qui sont en situation de
faiblesse, sous réserve de l’intérêt général. Pour dire les choses
crûment, ce n’est pas la différence de sexualité, mais la différence des
sexes qui détermine l’engendrement et le mariage. Cette
dernière remarque renvoie au statut du mariage (mariage civil, bien
sûr).

2) Statut du mariage

Remarque préalable : le mariage est une institution, c'est-à-dire ni un service public, ni un contrat. Ce n’est pas
un service public, car ce n’est pas un service tout court : il n’est pas
indispensable à l’existence humaine; on peut très
bien vivre sans, et ce n’est pas non plus un « guichet » auquel on
demande un ticket. Ce n’est pas un contrat, ni au sens juridique,
ni au sens moral
 :

 

  • Sens juridique :
    un contrat est un accord passé entre deux partenaires (individus ou
    groupes) en vue essentiellement
    de l’intérêt de chacun; je ne passe un contrat que si j’estime que
    j’y ai un intérêt; et celui-ci est en général limité à un aspect de ma
    vie. Le contrat reste un acte privé, validé au mieux par
    un notaire. Rappelons qu’il existe des contrats de mariage, qui ont
    en général pour but de protéger les biens d’un des conjoints ou des
    deux, et qui sont passés devant notaire : ils sont
    parfaitement légitimes en eux-mêmes, mais le contrat de mariage
    n’est pas le mariage. Le mariage a besoin de témoins et est validé par l’Officier
    d’Etat-civil.
     
  • Sens moral :
    le mariage est un engagement global, et si je puis me permettre cet
    anachronisme, pour « la
    vie », ce qui évidemment n’exclut pas la possibilité de changer
    d’avis, mais personne ne peut, au moment où il se marie, envisager que,
    dans un jour ou dans vingt ans, il ne sera pas dans
    les mêmes dispositions.

 

Quelle est alors la finalité du mariage ?

Je rencontre là les arguments du rabbin Bernheim et les contre arguments de Catherine Kinzler. Pour le rabbin, le mariage est l’alliance de l’homme et de la femme avec succession des générations. C’est ce que
conteste Catherine Kinzler en y voyant un aspect religieux et en
essayant de penser un mariage civil totalement distinct du
mariage religieux, tout en reconnaissant et affirmant que le mariage
n’est pas un contrat. Sa marge de manœuvre est étroite, intéressante,
mais pas convaincante, à mon sens. Son argument repose
principalement sur l’idée que le mariage civil n’a pas pour but la
procréation et que le mariage peut être dissous par volonté des
conjoints. Sur le 2ème
point, certes le divorce est possible et profondément civil, mais il ne
peut pas non plus être considéré comme un
« élément » du mariage; c’est une conséquence possible, mais pas
dans « l’essence » du mariage; on ne se marie pas pour pouvoir divorcer;
la simple expérience
psychologique (et les constats des avocats) le montre.

En ce qui
concerne les enfants, elle a raison, et c’est la grandeur des
institutions républicaines de ne donner aucune norme de vie intime
entre les époux, on ne les oblige pas à avoir des enfants et les
raisons pour lesquelles ils se marient restent privées.
Mais si le mariage civil et républicain n’oblige pas à
faire des enfants, d’une part il y est fortement lié, et surtout il
règle l’importante question de la présomption de paternité. Si un enfant
naît, il a
« automatiquement » une mère et un père.

Et je crois
que c’est cette inscription de l’enfant dans une lignée que garantit et
ordonne en même temps le mariage. Et c’est, bien sûr,
cette question que l’on va retrouver (comme un pavé dans la mare)
dans le projet de mariage « homo ». Enfin, je crois que le lien entre homme et femme et l’engendrement se retrouvent dans toutes les cultures, y compris les
cultures « pré-monothéistes » en tous cas. Il renvoie à une double finitude humaine :

  • D’une  part, la finitude sexuée : je nais garçon ou fille et jamais je ne serai
    « les deux », les cas très limites de changement de sexe ne renvoyant même pas à cette complétude.
  • D’autre part, finitude générationnelle : je suis toujours l’enfant de quelqu’un, un élément d’une lignée, quel que soit
    l’appréciation que je porte sur mes ascendants. Je ne suis pas à moi-même ma propre origine.

Or, toute
société a articulé ces deux finitudes, et ceci n’a rien à voir avec les
relations personnelles (et encore moins affectives)
existant entre les individus. Et c’est cette double articulation de
la finitude humaine que remettent  en cause les défenseurs du « mariage pour
tous ». C’est donc une certaine idée de l’humanité qui est en jeu. 

3)     une certaine idée de l’humanité

Il me semble
que les « porte drapeaux » de ce nouveau combat se situent dans la
perspective d’une humanité à la fois totalement
désincarnée et prométhéenne
, dépassant, voire niant toutes les
données de fait de notre condition pour créer un « nouvel homme, issu de
nulle part, et choisissant son sexe à partir de ses
inclinations ou affinités (théorie du genre), et choisissant ses
enfants non pas à partir de la dissymétrie originelle, dissymétrie
renvoyant à la bilatéralité de la filiation, mais à partir de
désirs, soit purement personnels, soit liés à une pure relation
affective. Le fait d’aimer quelqu’un et ce de façon à la fois, sincère,
authentique et même enrichissante sur plusieurs plans
n’implique pas que le droit de l’épouser ou de faire des enfants.

Le désir est
un élément essentiel de l’existence humaine, mais ce désir justement ne
devient humain, ne constitue le sujet humain, que
lorsqu’il rencontre son « autre », à savoir le réel, naturel ou
symbolique; c’est dans la rencontre (ou confrontation) du désir et des
faits, ou de la loi, que je me construis ;
sinon je reste dans l’imaginaire de la toute puissance infantile.

Le concept de
« parents » qui se substitue à celui de père et mère renvoie à la
dimension de désincarnation. Le fait de vouloir
avoir des enfants alors que la nature ne peut les donner (femme ou
homme seul ou couple homo) renvoie à la figure prométhéenne et la
transformation de la naissance en une
production d’enfant; l’enfant est un « projet » comme un autre, éventuellement un droit.

Ceci pose d’énormes problèmes, psychologiques, bien sûr, mais aussi juridiques et philosophiques :

  • Psychologiquement, l’enfant a besoin de « fantasmer » son origine 
    (peut-être est-ce l’origine de tout questionnement humain). Or, ici,
    c’est un mur qui se dresse devant son imaginaire : contrairement aux
    discours des bisounours, on n’a pas besoin de savoir
    qu’on est un enfant de l’amour entre deux êtres, mais qui sont ces deux êtres qui nous ont engendrés. Or je ne peux être l’enfant ni d’un homme seul ou de deux hommes de même
    sexe, en y mettant tout l’amour du monde. Il y a
    quelque chose entre le monde des bisounours et un christianisme réduit à
    sa dimension la plus mièvre dans le discours sur l’amour qui
    se substituerait à toutes les dimensions fondamentales de la
    condition humaine.
  • Juridiquement, quel statut attribuer au « donneur », au « troisième homme » (ou
    femme) dans un couple homo pour engendrer l’enfant ? Pour le moment, il est purement et simplement nié. C’est la bilatéralité de la filiation qui est niée au profit d’un
    amour « pur et désincarné ».
  • Philosophiquement,
    on est entré dans le projet non seulement d’une domination de la
    nature, mais quasiment d’une création
    d’une seconde nature. La médecine n’a plus pour rôle de palier les
    insuffisances de la nature, mais de produire des objets ou des êtres
    selon les désirs d’un sujet omnipotent. Or, je suis
    atterrée de constater que ce sont les écologistes qui sont bien sûr
    le fer de lance de ce projet, eux qui ne cessent de combattre cette
    conception de l’homme maître et dominateur de la nature et
    dénoncent chaque jour les méfaits (sur la nature) de cette
    conception.

Cette contradiction monumentale doit être relevée. On se bat pour sauver une espèce de batracien en voie de disparition et
on manipule sans état d’âme ovules et spermatozoïdes. Toutes ces
analyses me conduisent, bien sûr, à une position plus que réservée
vis-à-vis du projet et même à le combattre. Je crois qu’on
fait fausse route. Le mariage pour tous n’est pas la bonne solution. Les bonnes intentions
ne font pas les bonnes politiques et cachent souvent un défaut de pensée (…)."

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4 commentaires

  1. Si elle est contre, son patron, Jean-Pierre Chevènement aura la même opinion qu’elle. Invitons-les à nous rejoindre le 13 janvier 2013 dans la rue à Paris !
    Plus il y en a contre, plus on gagne en importance… Les pour se comptent sur les doigts.
    On va gagner !

  2. Du bon sens
    J approuve sa volonte d’ être prudente avec les notions d homosexualité et d homosexuels: nous sommes homme ou femme. Point.
    Nos comportements ne sont pas notre personne.
    L homosexualité est plutôt un homoérotisme (Tony Anatrella) car de sexualité il n y en a pas: pas de lien avec la procréation (voir un simple dictionnaire).

  3. Chevènement aussi n’y est pas favorable, Le Salon Beige en avait parlé.
    Elle va se faire traiter de “catho”…

  4. Analyse très intéressante et intellectuellement rigoureuse.
    Mais que veut-elle dire à la fin de son article dans ce passage :
    “Il y a quelque chose entre le monde des bisounours et un christianisme réduit à sa dimension la plus mièvre dans le discours sur l’amour qui se substituerait à toutes les dimensions fondamentales de la condition humaine.”
    Qu’une certaine forme de christianisme soit mièvre ou “bisounours, d’accord, mais il semble qu’elle généralise cette tendance …?

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