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France : Société

La rétention de sûreté, preuve de décadence morale

De Yves-Marie Adeline :

"Je peux comprendre, sentimentalement parlant, que 80% des Français soient favorables à la rétention de sûreté, qui consiste à maintenir en prison un criminel sexuel après avoir effectué sa peine prévue par sa condamnation. […] Il n’empêche que cette mesure est un signe parmi d’autres de notre décadence morale collective, car elle va à l’encontre de l’esprit du Droit. Il est aberrant de maintenir en prison un homme sans qu’aucune condamnation judiciaire ne l’ait prévu.

Le vrai problème vient d’abord et avant tout du laxisme des juges, qui ne rendent pas une justice équitable. L’assassin d’Anne-Lorraine, récidiviste, n’avait été condamné que pour deux ans de prison après un viol sous menace d’une arme.

Il vient ensuite de ce que, même si les juges faisaient leur travail en condamnant plus lourdement, l’on croie qu’une condamnation à la prison puisse dissuader un criminel sexuel de récidiver. Or ce genre de criminel est pulsionnel, il n’a rien à voir avec un criminel ordinaire.
Je repose donc l’alternative, qui a déjà choqué beaucoup de mes visiteurs. Soit on le condamne à mort, en vertu du fait que, depuis les hauteurs d’une cité, il est des règles générales qui doivent souffrir des exceptions. Soit on le condamne à la prison perpétuelle, une peine d’ailleurs peut-être plus cruelle, s’il faut en croire les condamnés concernés, et si l’on en juge par l’état dans lequel ils en sortent. Car ils en sortent, de toutes façons, puisque cette peine est intenable des deux côtés.

Mais en tout état de cause, c’est notre carence judiciaire qui désormais nous conduit à porter atteinte aux principes fondateurs du Droit. C’est pourquoi je ne peux me satisfaire de cette idée décadente de “peine de sûreté”, qui n’est qu’un pansement sur une jambe de bois, et de surcroît une mesure “illégale” au sens idéal de la loi."

Michel Janva

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8 commentaires

  1. Entièrement d’accord :
    1) on ne peut pas condamner sans jugement (brèche ouverte par l’avortement …)
    2) il faudrait déjà faire appliquer les peines dans leur totalité. En finir avec la remise de peine et la notion de sursis.

  2. Il vous faudrait connaître le droit pénal.
    Pendant presque un siècle, entre 1880 et 1950 existait la peine complémentaire de la relégation ,déportation du criminel dans un pénitencier d’outre – mer.
    Les peines prononcées devraient être exécutées entièrement au lieu d’être amoindries par le juge de l’application des peines, qui se fonde sur un comportement articiel du détenu, voilà la décadence.
    La victime a payé comptant, le criminel paye à crédit et avec des intérêts dégressifs.
    Pauvre Anne Lorraine,je prie pour sa famille victime d’une mentalité publique excluant la notion de péché originel.

  3. Pour ma part, je crois aux vertus du bagne, qui consiste en un éloignement et un travail forcé, lesquels sont des occasions de rédemption plus certaines que la mise en prison à perpétuité.
    Il faut réinventer un nouveau bagne.

  4. C’est faire trop d’honneur aux “commissions”de “psy” de leur confier apprèciation de la dangerosité des délinquants.Seule l’expérience des surveillants ou d’infirmiers blanchis sous le harnois a une réelle valeur vêcue.Un de mes vieux maîtres aimait à dire ” Il faut avoir mangé quelques boisseaux de sel avec quelqu’un pour bien le connaître”.
    Cette loi de “mort sociale” est innommable.Pensons au personnel qui devrait exécuter cette “mesure de précaution”Ces détenus deviendront des lions,n’ayant rien à perdre.Leur seul espoir:Il y a pas de prison,et encore moins d’hopital-prison dont on ne puisse s’évader, un jour ou l’autre.
    .La peine de mort serait finalement plus “humaine” et moins hypocrite.

  5. Le problème reste que la puissance des lobbies “droit de l’hommisme” brandiront toujours le sceptre de l’atteinte à la liberte ou de l’intolérence, et ceux en faveur des pires criminels.

  6. Parfaitement d’accord avec Léon! En plus, l’activité physique est saine pour l’esprit. Personnellement, si j’étais condamné, je préférerais le bagne à la prison. Et en plus, j’aurais l’impression de payer ma faute envers la société.

  7. Bon ben n’existe t’il pas une solution médicale pour rendre tout à fait innofensif et pour toujours ce genre d’individu; je pense à la castration. Plus familièrement, lui couper les c…..serait il efficace ?

  8. “Or ce genre de criminel est pulsionnel, il n’a rien à voir avec un criminel ordinaire.”
    C’est malheureusement un peu simpliste. Pour certains, c’est sans doute le cas ; mais on assiste de plus en plus à des viols “politiques”, si on peut dire. C’est à dire que dans ces cas-là, le viol n’est plus commis suite à une pulsion non maîtrisée, mais par volonté d’humilier, de blesser, de soumettre.
    Imaginez 2 jeunes filles sur un banc dans une cité : l’une est délurée, parle grossièrement et est habillée très “mode” ; l’autre est en jupe longue, les cheveux tirés, et lit silencieusement un livre posé sur ses genoux. Laquelle des deux sera chahutée la première ? Je vous le donne en mille …
    Alors le coup de la pulsion, je veux bien. Mais il faut aussi être conscient de ce nouveau genre d’agressions.

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