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Culture de mort : Avortement

La reconnaissance juridique des enfants à naître : un défi pastoral pour l’Église

Pierre-Olivier Arduin revient sur les deux décrets du 20 août 2008 ouvrant le droit d’inscrire un fœtus mort in utero sur les registres d’état-civil et le livret de famille ainsi que de procéder à des rites funéraires :

Poa 2 "Le texte précise en effet que seuls les accouchements spontanés ou provoqués pour raison médicale – incluant les interruptions médicales de grossesse – ouvrent la possibilité d’un certificat médical, et donc le droit d’enregistrer à l’état-civil et d’inhumer l’enfant (…)

Organiser les funérailles d’un enfant dont on a cru bon interrompre la vie parce qu’il aurait été malade ou handicapé ? On voit ici toute la tension que représente ce point pour la pastorale de l’Église, si des parents la sollicitent pour procéder à des obsèques ou même à une simple prière. L’Église ne risque-t-elle pas d’être instrumentalisée pour couvrir a posteriori un acte qu’elle réprouve ? Pour autant, ne doit-elle pas tout mettre en œuvre pour ouvrir aux parents un chemin de réconciliation ? Conjuguer un langage de vérité sur la gravité de la décision et du geste posé d’une part et une attitude de miséricorde qui ne condamne pas d’autre part, constitue à n’en pas douter une voie étroite mais nécessaire. "

Pierre-Olivier Arduin a interrogé Mgr Jacques Suaudeau, membre de l'Académie Pontificale pour la Vie, et ce dernier a déclaré :

Mgr suandreau "Les décrets (…) sont un progrès vers la reconnaissance d’un certain statut de l’enfant in utero (…) ces décrets ne menacent en aucune façon la pratique de l’interruption volontaire de grossesse en France.

Ils n’en représentent pas moins une brèche dans le système qui justifie l’avortement volontaire en niant aux foetus toute identité humaine et donc tout droit à la vie. Car on ne peut inscrire un objet inanimé ou un animal sur l’état-civil. Seuls des êtres humains, vivants ou morts peuvent y avoir place (…)

Possibilité d’inhumation ne veut pas cependant dire possibilité de funérailles en Église. En effet, l’enfant mort né, spontanément ou par interruption volontaire de grossesse, est innocent et il n’a aucun besoin des prières des vivants pour accéder à la Béatitude éternelle. Le paragraphe 99 de l’encyclique Evangelium vitae est d’ailleurs très clair sur ce point, puisqu’il invite les mères qui ont avorté volontairement « à demander pardon à leur enfant qui vit désormais dans le Seigneur (…)"

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5 commentaires

  1. Ces décrets sont surtout d’une grande importance pour l’Etat civil. L’Eglise n’est pour ainsi dire pas concernée par cela.
    Pour en avoir fait mon sujet de mémoire de Master 2, je peux par contre témoigner que certaines mère tellement désemparées, vont même jusqu’à demander le baptême de leur enfant mort-né ou né sans vie. C’est, je pense du côté du soutien moral et de la prière que l’Eglise doit continuer ses efforts envers ces mères et ces pères pour qui tout s’est arrêté.

  2. Si les petits enfants qui ne sont pas encore nés étaient innocents, à quoi servirait le Baptême ? La doctrine du péché originel ne permet pas d’affirmer que les enfants qui meurent sans avoir reçu le Baptême accèdent à la Béatitude éternelle. C’est précisément pour cela que les anciens théologiens parlaient des “limbes”. Et l’Eglise n’a jamais nié l’existence des limbes. Elle a simplement dit “”Notre conclusion est que les nombreux facteurs que nous avons pris en considération donnent des fondements théologiques et liturgiques sérieux pour espérer que les enfants non-baptisés qui meurent seront sauvés et bénéficieront de la vision béatifique”. Et cela, sans en faire un dogme. Espérer, ce n’est pas savoir. La même déclaration dit : “l’Eglise n’a pas de connaissance sûre sur le salut des enfants qui meurent sans être baptisés”. Ce dont on n’a pas connaissance, on ne le sait pas. Donc Mgr Jacques Suaudeau exprime une opinion personnelle, et pas la pensée de l’Eglise. Il faut aussi noter que nier que les enfants morts sans avoir été baptisés puissent NE PAS aller au Ciel, c’est, d’une certaine manière, faire de l’avortement une bonne action, puisqu’en empêchant les enfants de naître, on les préserverait du péché, donc de tout danger de n’être pas sauvés.

  3. Ces décrets ont surtout des effets pervers car ils ont pour effets de déculpabiliser la mère après un avortement médical. Comme on ne peut pas leur cacher qu’il s’agit bien d’un enfant (les femmes le savent d’elle même), par cette inscription on leur redonne, par illusion, un statut de mère qui a “perdu” – et non éliminé – un enfant.
    C’est ainsi que tout un cérémonial entoure l’IMG : l’enfant est “endormi” pour qu’il ne souffre pas, il n’est plus caché, on le nomme, on le montre à la femme ou on le prend en photo lavé et habillé comme un nouveau-né, une psychologue reste auprès de la femme même pendant des heures si l’accouchement se prolonge, puis des faire-part sont préparés qui évoquent le “départ”, “l’adieu”, la “maladie qui l’empêche de vivre”. Bien sûr on ne parle jamais de meurtre ni même de mort.
    Rien de tout cela lorsqu’il s’agit d’une mort foetale in utero de cause naturelle. Là c’est silence complet dans la maternité : c’est dans ce cas, paradoxalement, que tout le monde se sent coupable et honteux, et la femme reste bien seule !
    Donc j’aimerai être optimiste comme (l’excellent) Mgr Suaudeau, mais dans la pratique je ne vois pas vraiment de “brèche dans le système qui justifie l’avortement volontaire”.
    (un médecin anesthésiste qui prend des gardes en maternité)

  4. J’ajouterai, pour avoir parlé via le web avec pas mal de candidates à l’IVG , que beaucoup d’entre elles ne font pas l’impasse sur l’humanité de l’embryon qu’elles portent; dès lors, elles adoptent très exactement les postures intelectuelles conforme aux aspects soulevés par JCM et Gustave Minet , à savoir :
    – aspect pratique : l’avortement , dans leur cas, est un acte bon . Elles même ont un deuil à faire . L’IVG est vécu comme une épreuve, l’embryon reçoit un prénom, on lui parle, on écrit des poèmes à son intention …
    – aspect spiritualisant : cet enfant non programmé n’aurait forcément pas été heureux, donc “il part” , on en fait “un petit ange” …qui du ciel veillera sur sa maman, et peut être “reviendra” à un moment plus opportun . Ce n’est pas Maman qui le fait partir , ce sont des circonstances malheureuses…
    Les décrets cités hélas ne peuvent qu’affermir de telles attitudes, très répandues, tout comme les déclarations de Mgr Suaudeau.

  5. Pour ne pas perdre de vue un élément cependant, toutes les mères qui subissent une IMG ne sont pas d’infâmes personnes. A vous lire, j’en oublierai que ce choix pour beaucoup, même non chrétienne, ne reste que le dernier recours. Lorsque la santé de la mère est en grave danger…que feriez vous ? Je lis la compassion dans vos commentaires, ces mères sont à plaindre, c’est une grande épreuve qu’elles ont à passer. Heureusement, les cas d’IMG ne sont pas aussi nombreux que ceux de l’IVG, qui n’a finalement rien à voir, si ce n’est la souffrance APRES l’acte.
    D’autre part, il serait incongru de penser qu’au travers de ces décrets interministériels, il y ait une quelconque volonté d’attaquer l’IVG.
    Il est déjà presque impossible de faire reconnaître une protection pour l’enfant à naître (passé le délais légal d’interruption de grossesse), l’exemple malheureux et célèbre de la femme enceinte proche du terme qui est accidentée par un chauffard nous le rappelle, il n’y eu de reconnaissance que de coups et blessures et non d’homicide…
    Ces chiennes de garde du Planning Familial préfère faire tourner leur usine criminel au détriment de la véritable détresse.
    Leur obstination folle condamne aussi bien les femmes esseulées, que celles désirant leur grossesse et ne pouvant que subir l’atteinte faite à leur maternité.
    Triste monde…

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