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France : Société

La question sociale a été abandonnée par les classes de droite et de gauche

Extraits d'un un entretien avec le géographe et sociologue Christophe Guilluy,
publié le 19 juillet 2013 dans le quotidien Le Figaro :

"La France a un immense problème où l’on passe d’un modèle
assimilationniste républicain à un modèle multiculturel de fait, et donc
pas assumé. Or, les politiques parlent républicain mais pensent
multiculturel
. Dans la réalité, les politiques ne pilotent plus vraiment
les choses. Quel que soit le discours venu d’en haut, qu’il soit de
gauche ou de droite, les gens d’en bas agissent. La bipolarisation
droite-gauche n’existe plus en milieu populaire
. Elle est surjouée par
les politiques et les catégories supérieures bien intégrées mais ne
correspond plus à grand-chose pour les classes populaires.

Les classes populaires ne sont donc plus ce qu’elles étaient…

Dans les nouvelles classes populaires on retrouve les ouvriers, les
employés, mais aussi les petits paysans, les petits indépendants. Il
existe une France de la fragilité sociale. On a eu l’idée d’en faire un
indicateur en croisant plusieurs critères comme le chômage, les temps
partiel, les propriétaires précaires, etc. Ce nouvel indicateur mesure
la réalité de la France qui a du mal à boucler les fins de mois, cette
population qui vit avec environ 1 000 euros par mois. Et si on y ajoute
les retraités et les jeunes, cela forme un ensemble qui représente près
de 65 % de la population française. La majorité de ce pays est donc
structurée sociologiquement autour de ces catégories modestes. Le gros
problème, c’est que pour la première fois dans l’histoire, les
catégories populaires ne vivent plus là où se crée la richesse. […]

La sociologie du FN est une sociologie de gauche. Le socle électoral
du PS repose sur les fonctionnaires tandis que celui de l’UMP repose sur
les retraités, soit deux blocs sociaux qui sont plutôt protégés de la
mondialisation
. La sociologie du FN est composée à l’inverse de jeunes,
d’actifs et de très peu de retraités. Le regard porté sur les électeurs
du FN est scandaleux. On les pointe toujours du doigt en rappelant
qu’ils sont peu diplômés. Il y a derrière l’idée que ces électeurs
frontistes sont idiots, racistes et que s’ils avaient été diplômés, ils
n’auraient pas voté FN.

Les électeurs seraient donc plus subtils que les sociologues et les politologues… ?

Les Français, contrairement à ce que disent les élites, ont une
analyse très fine de ce qu’est devenue la société française parce qu’ils
la vivent dans leur chair. Cela fait trente ans qu’on leur dit qu’ils
vont bénéficier, eux aussi, de la mondialisation et du multiculturalisme
alors même qu’ils en sont exclus.
Le diagnostic des classes populaires
est rationnel, pertinent et surtout, c’est celui de la majorité. Bien
évidemment, le FN ne capte pas toutes les classes populaires. La
majorité se réfugie dans l’abstention.

Vous avancez aussi l’idée que la question culturelle et identitaire prend une place prépondérante.

Les Français se sont rendu compte que la question sociale a été
abandonnée par les classes dirigeantes de droite et de gauche
. Cette
intuition les amène à penser que dans ce modèle qui ne les intègre plus
ni économiquement ni socialement, la question culturelle et identitaire
leur apparaît désormais comme essentielle. Cette question chez les
électeurs FN est rarement connectée à ce qu’il se passe en banlieue. Or
il y a un lien absolu entre la montée de la question identitaire dans
les classes populaires « blanches » et l’islamisation des banlieues. […]"

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5 commentaires

  1. Avec une conclusion pareille,nos soi-disant élites bobo-fonctionno-gaucho-UMPS ont un sacré souci à se faire.
    65% est un chiffre majoritaire, vu la politique insensée qui nous est imposée depuis 50 ans et qui se poursuit avec des projets débiles, union des paires, gender, destruction du tissu économique, relaxe des criminels, laïcité anti France, charte ubuesque, et j’en oublie énormément, une révolution que l’on espère progressive est en marche.

  2. La question sociale n’a jamais été la préoccupation de la gauche. Sa préoccupation a toujours été social-iste. Ce qui est très différent puisqu’elle consiste à mettre au pouvoir une classe dite “opprimée” en chassant la classe dite “dominante” (par exemple on a les bobos ou (et) les LGBT aujourd’hui )
    La pseudo-droite a effectivement abandonnée la question sociale : on est très loin du patronat de la fin du XIX° siècle( qui s’occupait des ouvriers)et de la première moitié du XX° siècle.
    Cette tradition s’est perdue : on a des financiers qui veulent des sous, délocalisent sans vergogne et ruinent leur nation.
    Ils se disent de droite : en réalité ils sont devenus marxistes et sont soumis culturellement à l’idéologie socialiste. D’où le fait que UMP = PS aujourd’hui.
    lA vraie droite est Nationale. Elle pense “FRANCE” .

  3. Si les fonctionnaires proches du PS et les retraités proches de l’UMP basculent vers le Front, ce qui semble être la tendance, alors tout peut changer.

  4. Ces “spécialistes” ont souvent une vision faussée de l’histoire politique :
    Non, Monsieur, le social n’appartient pas à la gauche ! Non, Monsieur, les classes populaires ne votent pas obligatoirement à gauche ! Et la “droite sociale”, qu’en fait-il ??
    Pour ce sociologue, on arrive à une contre-vérité: “La sociologie du FN est une sociologie de gauche”: cela est faux !
    D’abord parce qu’il y a toujours eu un peuple de droite: petites gens des campagnes ou des petites villes qui sont toujours restées plus chrétiens, plus patriotes (ou plus royalistes à une certaine époque !) que les gens des grandes villes déchristianisées et individualistes. Ces électeurs-là votaient à droite… souvent votent FN maintenant. D’ailleurs le vote FN se trouve davantage dans ces secteurs géographiques (rural, zones péri-urbaines)
    Ensuite parce que à cela s’ajoute des classes populaires qui votaient traditionnellement à gauche et qui maintenant votent FN. Ces électeurs-là sont hostiles à l’idéologie multiculturelle. Or le multiculturalisme c’est la gauche. Ces classes populaires sont donc identitaires et par définition sont devenues de droite !!
    On arrive donc à la conclusion que la sociologie du FN est une sociologie de … droite !!
    Contrairement à ce qu’affirme ce sociologue, les catégories populaires ne se réfugient pas “majoritairement” dans l’abstention. Elles votent au contraire majoritairement, mais de manière aléatoire…
    autre erreur: le FN est aussi le parti … des fonctionnaires ! et oui le FN est aussi le 1er parti chez les fonctionnaires grâce au fort taux d’adhésion des militaires, des policiers (autour de 35%) et des agents hospitaliers (25%). (voir les études d’opinion)

  5. J’attire votre attention sur le fait que la question sociale en France est dûe à l’initiative des royalistes (souvent députés à l’image d’Albert de Mun) et du Comte de Chambord dans la 2ème moitié du XIXème siècle.
    Aujourd’hui, cette question sociale est toujours dans les priorités des royalistes en France. Le site de l’Alliance Royale est instructif sur ce point et il est facile d’aller y voir.
    Les Cercles légitimistes s’occupent également bien souvent de la question sociale.
    Côté orléaniste, cette question est également abordée dans le livre du Prince Jean de France.
    Tirez-en les conclusions vous-mêmes…

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