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France : Politique en France

La politique familiale n’est pas une politique sociale, c’est une justice élémentaire

Un fidèle lecteur du Salon Beige, qui plus est célibataire et sans enfant, nous livre quelques réflexions suite à la nouvelle atteinte aux allocations familiales :

"La politique familiale n’est pas une politique. Je veux dire par là : pas une politique qu’un gouvernement peut choisir de mettre en œuvre ou pas. Il s’agit de justice élémentaire.

Pour le comprendre, il faut se rappeler que le système de sécurité sociale consiste à mutualiser ce que j’appellerais les « charges de la vie », à savoir : la maladie et le handicap, les retraites, le chômage et, bien sûr, les enfants. Non-pas, naturellement, que les enfants soient un handicap, mais, du point de vue matériel et financier, il est certain que l’on vit mieux sans enfant.

A partir du moment où les charges sont mutualisées, il faut mutualiser également le financement.

Et c’est là que l’on comprend qu’en supprimant la politique familiale, ce n’est pas une politique contingente que l’on supprime, mais bien une injustice flagrante que l’on commet à l’égard des personnes ayant des enfants : cotisant comme les autres (au moins dans le privé), les familles consentent en effet de lourds sacrifices financiers pour élever leurs enfants, quand, dans le même temps, les personnes qui n’en ont pas disposent pleinement de leurs revenus. De nombreuses études montrent ainsi qu’un couple dont les revenus sont de l’ordre de 5000 euros par mois se retrouve avec le niveau de vie d’un smicard s’il a cinq enfants.

Or, plus tard, ce sont ces enfants qui paieront les retraites des personnes n’ayant pas eu d’enfants, et d’autant plus que leurs parents auront consenti à se serrer la ceinture pour leur offrir de bonnes études.

La sécurité sociale privée de la politique familiale est donc un véritable hold-up sur le budget des familles, car cela revient à privatiser l’investissement (les enfants), et à collectiviser les fruits de cet investissement.

La politique familiale n’est pas une politique sociale, c’est une justice élémentaire, d’autant plus nécessaire qu’il y a une sécurité sociale.

Précisons encore d’autres choses :

  • Cette justice élémentaire devient une politique nataliste dès lors que le niveau de vie augmente avec le nombre d’enfants par rapport aux personnes de mêmes revenus sans enfant. A contrario, elle devient anti-nataliste dès lors que ce niveau de vie baisse.
  • Aujourd’hui, la plupart des diverses et complexes allocations familiales sont soumises à plafond de ressources ; demain, la dernière allocation qui restait universelle sera soumise à un tarif fortement dégressif. Elles aboutissent alors à une chute du niveau de vie des couples avec enfants dès lors que leurs revenus dépassent le revenu moyen, et au contraire une légère hausse de niveau de vie dès lors que leurs revenus restent en dessous du SMIC.

On peut donc dire que, pour peu que les parents travaillent et gagnent plus que 1500 €/mois, la politique actuelle est aujourd’hui fortement anti-nataliste, et qu’elle représente donc une spoliation en bonne et due forme du fruit de l’effort financier consenti par les familles, tandis que cette même politique est au contraire plutôt nataliste pour les personnes aux revenus faibles, et qu’elle devient même outrageusement nataliste pour ceux qui vivent des transferts sociaux.

La conclusion à en tirer est qu’il est urgent, pour les familles, de sortir de ce système, et de revenir au financement des « charges de la vie » par la solidarité familiale naturelle. Celle-ci est sans nul doute moins sûre qu’un système de Sécurité Sociale respectueux de la justice, mais bien plus juste que le système actuel, et infiniment plus encore que le système à venir.

Quant à ceux qui profitent de la vie aujourd’hui et bénéficieront de retraites financées par d’autres demain, qu’ils regardent dans les yeux leur collègue de travail qui a des enfants, et qu’ils se rendent compte qu’ils sont purement et simplement en train de lui voler (certes inconsciemment…) une part significative de son salaire."

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6 commentaires

  1. Ce qui est tout à fait incohérent, dans ce raisonnement, c’est qu’il prétend à la fois se placer sur un plan catholique (enfin, on doit le présumer vu le lieu où il se trouve) et qu’il considère les enfants comme de simples machines à cash.
    Qui marchandise l’humain, dans cette histoire ?
    Il est très choquant de voir les enfants considérés uniquement sous l’angle de ce qu’ils coûtent aux familles, ou de ce qu’ils rapportent à l’Etat sous forme de cotisations-retraites extorquées de force.
    Si l’on veut à tout prix se livrer à cette opération un peu dégoûtante, qui constitue à faire un bilan de ce qu’apportent ou retirent les enfants, et si l’on tient de surcroît à se placer dans un cadre communiste extrême où chaque individu devrait, par principe, apporter et recevoir également la même chose, alors il faudrait ajouter, dans la balance, les joies apportées par leurs enfants aux parents de familles nombreuses, et le malheur qui frappe ceux qui n’en ont point.
    Ne me dites pas que vous faites des enfants uniquement dans le but de toucher des allocs, ou alors par grandeur d’âme, dans le but de contribuer au pot commun des retraites.
    Et comme, par hypothèse raisonnable, les joies apportées par les enfants sont infinies (et possiblement infini le malheur de ne pas en avoir), le bilan comptable de l’opération est l’inverse de celui que vous décrivez.
    De plus, vous partez du principe qu’avoir de nombreux enfants comme ne pas en avoir est toujours le fruit d’une démarche volontaire. C’est loin d’être le cas. Il y a de nombreux parents de familles nombreuses qui font des enfants par inattention ou imprévoyance, tandis qu’il y a de nombreux sans-enfants malgré eux, affectés de tares physiques ou mentales, de malchance ou tout simplement de pauvreté.
    Enfin, à chaque fois que ce thème est abordé, on fait mine de croire que la retraite par répartition est une espèce de loi physique immuable, et non le fruit contingent de la volonté des gouvernants et des Français.
    Personne, à cette occasion, n’en profite pour faire la préconisation qui s’impose pourtant, à savoir le passage à une retraite par capitalisation, où c’est chacun qui est responsable de sa propre retraite.
    Indépendamment des vertus économiques de ce système, sur lesquelles je ne reviendrai pas (il en existe maintes explications), j’insiste sur le fait que c’est le plus moral : il est juste et bon que chacun épargne tout au long de sa vie en vue de ses vieux jours, au lieu de se livrer au péché d’envie, pratiquement inévitable, comme on le voit ici, dès lors que l’on oblige tous les autres à payer pour soi, par le biais de l’Etat.
    Dans la situation actuelle, il n’est pas étonnant que le ressentiment, la mesquinerie, les comptes d’apothicaire et le chantage à l’encontre des vieillards se donnent libre cours. C’est inévitable si l’on insiste pour rester en régime socialiste.
    Naturellement, un système de retraite par capitalisation n’interdit pas un filet de secours étatique pour les vrais marginaux, les handicapés, les accidentés, les malades chroniques, et plus généralement ceux qui n’auraient réellement pas été en mesure d’épargner pour leurs vieux jours pour raison de force majeure.
    Enfin, la retraite par capitalisation facilite la solidarité familiale, alors que les solutions où l’on attend tout de l’Etat la découragent.

  2. Merci pour ce texte d’explication lumineux que j’avais dans le coeur.
    Et j’irai même plus loin, le niveau actuel des allocations familiales est très injuste et bien trop faible. De plus il devrait être fonction croissante du salaire. Car ce qu’il faut comparer ce sont des familles ayant le même revenu. En cela le principe du quotient familial est très juste. Et n’oublions pas non plus la drastique division du patrimoine dont les enfants de famille nombreuse font les frais… C’est d’ailleurs sans doute pour cela que les français font si peu d’enfants. Question patrimoine, lorsqu’on est riche on a tout à y perdre. Par contre lorsqu’on est pauvre, rien!
    Je fais un rêve :
    et si les 70 à 500 mille manifestants de la dernière manif pour tous imprimaient ce texte et le diffusait le plus largement possible à au moins 100 exemplaires chacun par exemple?

  3. Quand on pense qu’au même moment,Poutine le mal aimé des politiciens et médias européens, instaure une politique nataliste pour sauver la Russie du déclin démographique :
    “Le manque de familles nombreuses pourrait en effet conduire la Russie à devenir « un pays pauvre, vieillissant et incapable de préserver son indépendance et même son territoire (…) Si la nation n’est pas capable de se préserver et de se reproduire (…), alors on n’a même pas besoin d’un ennemi extérieur, car tout s’écroulera tout seul ».
    http://www.terrafemina.com/societe/international/articles/20522-poutine-appelle-les-russes-a-faire-plus-denfants-pour-sauver-le-pays-du-declin.html

  4. En tout cas, la défiscalisation des oeuvres d’art a été maintenue par les députés.
    http://www.lesechos.fr/economie-france/budget-fiscalite/0203868613308-isf-les-deputes-renoncent-une-fois-encore-a-inclure-les-oeuvres-dart-1054926.php?Q7R37UPL2AjbcAOC.99
    Les “sapins” de la place Vendôme ont plus de valeur que les enfants aux yeux des députés socialistes.

  5. “De nombreuses études montrent ainsi qu’un couple dont les revenus sont de l’ordre de 5000 euros par mois se retrouve avec le niveau de vie d’un smicard s’il a cinq enfants.”
    Bonsoir,
    Il me serait très utile d’avoir accès à des études montrant quel est le niveau de vie des familles très nombreuses (5 enfants et plus) pour un revenu de 5000 ou 6000 € (puisque c’est le seuil fixé par le gouvernement).
    Malheureusement, après une soirée de recherches, je n’ai rien trouvé qui corresponde vraiment : au mieux, seuil de pauvreté pour un couple avec 3 enfants de + de 14 ans (Unaf)…
    Donc un grand merci si quelqu’un peut me donner les références d’une des études mentionnées dans ce post !

  6. Très judicieuse remarque de Papounet :
    Si les allocations familiales étaient vraiment exclusivement une incitation à faire des enfants, et si, comme les opposants l’affirment (des catholiques à la CGT — curieux attelage), une telle incitation devait être indépendante des revenus, alors il conviendrait qu’elles soient progressives, et non dégressives (et pas davantage forfaitaires, comme jusqu’à présent).
    Autrement dit, un foyer qui touche 100 000 euros par mois devrait recevoir, je ne sais pas, moi : 1 000 à 10 000 euros par enfant pour que cela puisse avoir un rôle incitatif.
    Il est bien évident que lorsque vous gagnez 100 000 euros par mois, non seulement vous pouvez entretenir une famille nombreuse, mais qu’une centaine d’euros par enfant ne joue pas le moindre rôle incitatif pour en avoir davantage.
    D’autant que le train de vie d’un enfant, dans une famille de milliardaires, est infiniment plus coûteux que dans une famille de érémistes. Il faut payer des écoles privées de luxe, des gouvernantes exclusives, des souliers de marque, des vacances chères, des clubs de sport sélect, etc, etc.
    Voilà qui démontre par l’absurde l’injustice, et j’insiste sur ce terme, de la situation qui prévalait jusqu’à présent.
    Nous n’avons plus les moyens de lâcher des pourboires de cent euros à des milliardaires. Et ce n’est qu’un début. Pour l’instant, il n’y a pas la moindre “austérité” en France.

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