Partager cet article

France : Société

La mondialisation, c’est un peu comme un “open space”

Comparaison pertinente de Fromage+ :

O "Pour expliquer la mondialisation, la parabole de l’open space me paraît tout à fait pertinente. Pour rappel, l’open space désigne une configuration de bureau particulièrement à la mode depuis les années 90, dans laquelle les employés ne travaillent plus seuls ou par petit groupe dans des locaux fermés, mais où tout le monde travaille dans une grande pièce [space] ouverte [open]. Les postes de travail sont disposés sans cloison séparative. […] Comme la mondialisation, l’open space vise à faire tomber les frontières entre les espaces physiques et entre les gens. Le but est de décloisonner tous les espaces de travail, afin de créer une synergie [parlons corporate], de rapprocher les gens qui s’ignoraient quand ils travaillaient chacun dans leurs espaces personnels. Les postes de travail sont mobiles, et il suffit de brancher son ordinateur n’importe où ailleurs dans l’espace pour en faire son lieu de travail. L’espace n’appartient plus en propre à personne. […] Sans conteste, l’open space, comme la mondialisation, offre une réelle liberté de circulation. À l’époque des bureaux fermés, on n’osait pas forcément aller déranger Paul et Michel du bureau d’à côté pour dire bonjour ou faire une pause café-blabla. Dans un open space, vous savez tout de suite qui est là, qui est parti en réunion, qui a l’air très occupé, qui a l’air de faire une pause, etc. […]

L’open space prétend faire bénéficier à tous des mêmes conditions de travail puisque tout le monde est dans le même espace. La réalité est beaucoup plus complexe : certains sont proches de la fenêtre et se plaignent des reflets sur leur écran ; d’autres sont situés juste en dessous du flux de la climatisation et se plaignent d’avoir froid en permanence ; quand l’un veut mettre un peu de musique il la fait subir à tous les autres, du coup tout le monde travaille avec les oreillettes de son mp3 et plus personne ne se parle […] etc. La convivialité promise peut très vite devenir un enfer où, si on ne fait pas profil bas, on est détesté par tout le monde. Autre détail, mais qui participe à la dégradation progressive du plaisir de vivre : comme il n’y a plus de cloisons, on ne peut plus rien afficher, plus rien punaiser, on ne peut plus habiller son environnement à sa guise. C’est un détail, mais il signifie la dépersonnalisation, et même la dépossession globales des lieux de vie, ce qui est quand même très grave.

L’open space, comme la mondialisation, ignore totalement les situations particulières et les habitudes locales. À l’instar d’une réglementation européenne, il nie l’existence des modes de fonctionnements personnels ou locaux. Comme la mondialisation, il met en place des lois globales qui vont souvent à l’encontre du bon sens. Exemple : en fin de journée, quand il ne reste plus qu’un ou deux employés qui finissent leur travail, c’est tout un plateau de 250m² qui est encore allumé pour rien alors qu’une seule lampe suffirait. La loi globale écrase le particularisme."

Partager cet article

8 commentaires

  1. cela est terrifiant. surtout pour les personnes les plus fragiles. si vous ne pouvez contrôler la lumière, le radiateur, l’éclairage néon, les gens de santé précaire ne peuvent résister. et de plus si le voisin est fan de hard rock ou de hip hop, c’est simple, vous êtes lessivé.
    alors que faire ? investir dans du placo-plâtre et inventer le “self-made space” ?
    histoire de cimenter de bonne relations conflictuelles avec la direction ?
    la mondialisation est une idéologie, de la même catégorie que le fut celle de la “guerre froide”. une collection de clichés et d’obligations morales à l’usage de tous et surtout du voisin.
    concrètement comment lutte-t-on contre la sottise à plusieurs ?
    il y a des frontières, car nous sommes aussi définie par nos limites. ne pas les respecter c’est d’une manière ou d’une autre déclarer la guerre à l’ordre des choses.
    m’est avis que pour le prochain pot avec la direction il faudra offrir des parpaings et un bon gros sac de chez laffarge aux directeurs des ressources humaines, avec bien entendu, un lot de punaises.
    le papier déco’, façon emprunt-russe sera un must, à n’en pas douter.

  2. Cette comparaison est tout à fait pertinente. La mondialisation c’est la mort des particularismes, des identités, des cultures, des racines et tout ça par un nivellement par le bas: le marché. C’est la tour de Babel, version aseptisée, ce qui n’empêchera pas la violence des conflits de civilisation et je dirai même, elles seront accentuées par ce phénomène.

  3. Sans tomber dans le Zola à deux sous, je tiens à souligner qu’en France, en partie grâce à ce genre de méthode, la vie des cadre a singulièrement régressé.
    Je connais bien les SSII (ces sociétés héritières des marchands d’esclaves qui fournissent de la viande fraiche à des gens qui n’ont pas le courage de le faire eux-mêmes), les fameuses sociétés de sous-traitance en informatique.
    Il existe en France une législation permissive qui permet à des gros groupes (toutes les grosses sociétés que vous connaissez : Orange/France Telecom, ST, etc.) de détourner les lois sur l’embauches et la façon de gérer les gens pour payer des gens une misère, les exploiter et les jeter une fois le travail fini. Tout cela sous le couvert de la loi !
    Par exemple, à ST, la place dédiée sur un bureau est allouée ainsi : grosse place pour un manager, place moyenne pour un employé, place inférieur pour un stagiaire et place encore plus réduite… pour un sous-traitant : vous pouvez donc avoir un coin de bureau pour bosser… Je connaissais des gens qui n’avaient même pas la possibilité de de reculer leur siège à HP… Et j’ai travaillé des mois dans dans un local minuscule où d’énormes imprimantes crachaient sans discontinuer…
    Les « Open Space » sont le pendant de ce genre de mentalité : quand l’homme n’est pas situé au centre des préoccupations de l’entreprise, cela donne cela…
    Et je pourrai raconter mille anecdotes !

  4. PK, d’accord avec toi, surtout que les SSII je connais bien aussi pour en faire partie depuis longtemps.
    Le paralèlle open space/mondialisation est effectivement pertinent, mais lueur d’espoir possible, je note que ceux qui avaient mis en place ce type de structure sont souvent revenus en arrière. L’abération la plus criante fut, dans une précédente société, avoir vu toute l’équipe commerciale en open space. Improductif au possible (comment parler, négocier, avec dix commerciaux sur quelques m2 ?). Et personnellement, je n’ai jamais pu bosser sur mes dossiers avec ce brouhaha permanent, les déambulations des autres, ou les grandes gueules qui ne peuvent se retenir.
    Quand à savoir si l’échec de ce système dans la plupart des cas, pourra se reporter sur le système mondialiste, mystère.

  5. Euh la comparaison me parait peu adaptée.
    J’avais toujours travaillé en tant que salarié dans un bureau. J’ai fondé il y a 6 ans une société, et j’ai choisis l’Open Space. Pour mes salariés comme pour moi. Les salariés à qui j’ai proposé récemment un bureau individuel ont tous refusé pour rester dans l’open space. Et personne ne reviendrait en arrière. C’est excellent pour la communication au travail. Mais évidemment, il y a des conditions à respecter. Espace suffisant, lumière, petites salles de réunion à disposition pour pouvoir s’isoler si nécessaire, etc… et respect par tous des valeurs de l’entreprise. Disons qu’à coût équivallent, ça permet de construire un espace de travail bien plus confortable. J’ai personnellement travaillé 6 mois chez HP en Open Space. C’était très agréable…

  6. lisez “l’open space m’a tuer”: où l’on voit de jeunes salariés diplômés courir vers la sortie…

  7. Pour “l’espace ouvert”, je partage assez l’avis d’entrepreneur.
    Tout dépend de l’esprit qui préside. Une petite équipe (7-9 personnes) qui doit traiter un même problème et où la circulation de l’information est importante a intérêt à travailler en plateau. L’ambiance et l’efficacité sont bien meilleures.
    C’est d’ailleurs une pratique employée par la marine depuis belle lurette. Une passerelle, un central opération, un PC machine sont des espaces ouverts et on ne conçoit pas de faire autrement.

Publier une réponse

Nous utilisons des cookies pour vous offrir la meilleure expérience en ligne. En acceptant, vous acceptez l'utilisation de cookies conformément à notre politique de confidentialité des cookies.

Paramètres de confidentialité sauvegardés !
Paramètres de confidentialité

Lorsque vous visitez un site Web, il peut stocker ou récupérer des informations sur votre navigateur, principalement sous la forme de cookies. Contrôlez vos services de cookies personnels ici.


Le Salon Beige a choisi de n'afficher uniquement de la publicité à des sites partenaires !

Refuser tous les services
Accepter tous les services