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Europe : identité chrétienne

La liberté religieuse dans l’époque patristique

Dans Chrétienté de l'Europe, Fondations juridiques, Gérard Guyon étudie les fondations du droit occidental et montre que l'Europe s'est construite et a rayonné lorsque la religion chrétienne, la loi et la culture juridique qui en sont issues ont été le socle de son progrès matériel et de son développement spirituel. On lit notamment :

G "Dès les premiers siècles des auteurs chrétiens se mettent à l'oeuvre pour défendre la liberté religieuse. Ils le font dans des textes marqués par le langage et les méthodes juridiques en usage devant les tribunaux : le plus important d'entre eux est le juriste africain Tertullien, à partir de la deuxième moitié du IIe sicèle et jusqu'en 220, dans son Apologétique. Il est suivi par un philosophe de langue grecque, Origène, puis par d'autres écrivains grecs ou latins (Clément d'Alexandrie, Minucius Felix, Arnobe, Lactance) qui ne cessent de se relayer jusqu'au IVe siècle. Ces défenseurs de la foi posent en des termes clairs le problème juridique et politique initial de la liberté dans une société romaine, constituée à partir de l'unité d'un corpus politique fondée sur les cultes publics (y compris le culte impérial). Ils réclament la liberté de croire pour tous, quelle que soit la croyance. Ils postulent la nécessité, dans un Etat, de la liberté de religion. Il faut bien être conscient qu'il s'agit d'une véritable révolution dans l'Antiquité. Ces chrétiens ne veulent pas seulement la liberté intérieure de la conscience, mais également celle du culte public. Là encore, c'est une grande audace dans une Rome politique et culturelle établie sur une religion civique, devenue certes syncrétiste, mais où toutes les religions légales (religiones licitae) consentent à adhérer aux valeurs communes de la Cité (mos maiorum). Ils mettent en forme juridique une citoyenneté morale nouvelle éloignée du stoïcisme et refusent un communautarisme fondé simplement sur la foi. […]

Dans son oeuvre, Tertullien rappelle d'abord que la liberté de religion est une des conditions majeures du fonctionnement de toute société et que, une fois les armes déposées, l'Empire romain s'est construit sur cette base, en rassemblant des cultes divers, qu'il fallait bien admettre pour réussir à faire coexister des peuples étrangers […] Mais en même temps, Tertullien dégage l'idée que la foi chrétienne est différente des religions traditionnelles ; qu'elle est avant tout la Révélation de Dieu […] Non seulement les autres religions sont inférieures ou peut être des embryons de la seule vraie foi, mais le christianisme est radicalement critique. Il libère l'homme du monde politique qui le tient en esclavage […] et de l'angoisse de vivre et de mourir. […] Tous les Pères de l'Eglise tiennent pour absolue cette vérité qui est inscrite  dans le Credo de la foi chrétienne.

Il est clair que la liberté, pour le chrétien, ne peut aller jusqu'à reconnaître aux autres croyances une totale et parfaite complétude avec sa foi. Ce qui empêche hostoriquement, et empêchera toujours, le catholicisme de s'accorder avec l'idée d'une vérité totalement libre."

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6 commentaires

  1. Ce texte est hallucinant d’erreurs, d’omissions et d’imprécisions grossières :
    1) où Tertullien a-t-il prôné la liberté du culte PUBLIC pour toute religion ?????? C’est un vrai scoop ! A moins que par “public” on n’entende “visible”, ce qui est bien différent !
    2) quelle est cette “vérité absolue inscrite dans le Credo de la foi chrétienne” ? La liberté de religion ??? Où dans le Credo ??? La phrase est fausse. A moins que par “credo” on entende autre chose que le Credo ! et dans ce cas, la phrase est trompeuse.
    3) et surtout, pourquoi ne pas citer l’enseignement INFAILLIBLE des papes, condamnant expressément la “liberté religieuse” ??? Bien sûr, on fera mine de distinguer la “liberté religieuse” et la “liberté de religion”… ce qui est un subterfuge facile pour donner un vernis de catholicité (Tertullien et le Credo à l’appui !) à une chose maintes fois condamnée par les Papes.

  2. Sans vouloir faire l’avocat du diable, il n’a pas de volonté de liberté religieuse quand le christianisme n’est pas ou plus religion d’Etat?

  3. Qu’est-ce ce que c’est que ça, une “complétude” avec la foi ?… Une chose est sûre, de toute manière, c’est que le christianisme primitif n’a revendiqué sa liberté que pour pouvoir supplanter et faire disparaître les religions concurrentes. Il est évident que la liberté ne peut se demander qu’au nom de valeurs que prétend défendre celui à qui on la demande. Mais cela n’exige pas de croire soi-même à ces valeurs, ni de s’engager à les respecter plus tard, quand, grâce à la liberté obtenue, on est en mesure de les piétiner. Demander à cohabiter n’est jamais qu’une première manoeuvre dans une stratégie de conquête.

  4. Tout ceci est à comparer avec les ouvrages, chez le même éditeur, de Xavier MARTIN qui s’est spécialisé dans l’histoire du code civil établi après la révolution française. Il a dégagé la véritable pensée sur l’homme, née au temps des Lumières et qui s’est ensuite incarnée dans les institutions et dans le Droit.
    Tout ceci est présenté dans les n° 1473 (3 juillet 2010) et 1486 (29 janvier 2011) de l’Homme Nouveau et n° 222 (janvier 2011) de La Nef.
    Xavier MARTIN est un auteur à connaître.

  5. @ Bergstein
    Une lecture un peu plus attentive vous aurait permis de supprimer le point 2 de votre réaction. Guyon écrit :
    “Mais en même temps, Tertullien dégage l’idée que la foi chrétienne est différente des religions traditionnelles ; qu’elle est avant tout la Révélation de Dieu […] Tous les Pères de l’Eglise tiennent pour absolue cette vérité qui est inscrite dans le Credo de la foi chrétienne.” Il ne fait donc pas référence ici à la liberté de religion mais à la “Révélation de Dieu”.
    Pour le reste, peut-être faudrait-il lire le livre en entier avant de faire une critique aussi sévère ?

  6. « Seule l’Eglise catholique a reçu du Christ mandat de prêcher à toutes les nations. » Il faut noter que Jésus Christ dit nations et non pas individus ou personnes.
    La liberté dont il est question est bien sûr la liberté morale, non la liberté psychologique, non la liberté physique
    L’homme coupé de Dieu, dans une société de laïcisme rejetant la Vérité révélée, se sent en droit de revendiquer une liberté religieuse qui sera en rapport avec l’homme mais sans rapport avec Dieu.
    Mais la mission donnée par le Christ à l’Église, la conduit à définir cette liberté sous l’éclairage divin qui est la vérité et la perfection.
    L’erreur ne peut rendre l’homme digne de respect devant Dieu, la personne tire sa dignité de sa perfection qui est la connaissance de la vérité et l’acquisition du Bien.
    La dignité n’est pas la liberté qui s’affranchirait de la vérité révélée.
    La liberté doit être ordonnée par la vérité .L’erreur conduit au péché, éloigne du Bien.
    Plus d’adhésion au Bien, cela entraîne les mensonges des nations qui forment les vains desseins d’une société rejetant Dieu et promouvant divorce, pornographie, avortement, officialisation de l’islam, cinq générations déjà coupées de la connaissance du Dieu révélé, par le méfait de l’école laïque hostile à la vérité et donc à la dignité des petites âmes, dont le salut est rendu problématique.
    Que la personne humaine proclame son droit de ne pas être empêchée de faire ce qu’elle veut selon sa conscience et dans l’erreur, ceci peut être souvent hélas revendiqué par les sociétés coupées et révoltées contre leur Créateur, c’est une donnée historique, mais l’Eglise ne peut proclamer elle même cette liberté morale de choisir contre la vérité et contre le bien.
    “La vérité vous libérera”, dit Jésus, elle donnera la liberté.
    Si l’Église reconnaît le droit à l’erreur pour des consciences mal formées, on arrive aux lycées confessionnels ouverts à tous, qui ne sont plus du tout catholiques, le droit au scandale, et la désolation vécue pour un père de famille.
    Ce n’est pas à l’Eglise catholique qui détient une autorité conférée par Dieu, de donner des droits à l’erreur, même si le Monde le lui a demandé depuis toujours.
    La connaissance de la vérité et le chemin vers le Bien, c’est le début de la Vie Eternelle.
    Voyez Saint John FISHER montant à l’échafaud, dans un état d’extrême faiblesse, demandant le Nouveau Testament et y lisant : « La vie éternelle consiste à vous connaître, vous qui êtes le seul Dieu véritable, et Jésus-Christ que vous avez envoyé. »
    Sur ce texte, il ferma le livre en disant : « En voilà assez pour mes réflexions et mon instruction jusqu’à la fin de ma vie. »
    PASCAL est sans doute démodé mais son génie défie les dérives de notre époque:
    ” Comme la paix dans les Etats n’a pour objet que de conserver les biens des peuples en assurance, de même la paix dans l’Eglise n’a pour objet que de conserver en assurance la vérité, qui est son bien, et le trésor où est son cœur ; et comme ce serait aller contre le bien de la paix que de laisser entrer les étrangers dans un Etat pour le piller, sans s’y opposer, de crainte d’en troubler le repos, parce que la paix n’étant juste et utile que pour la sûreté du bien, elle devient injuste et pernicieuse quand elle le laisse perdre, et la guerre qui le peut défendre devient juste et nécessaire; de même dans l’Eglise ,quand la vérité est offensée par les ennemis de la foi, quand on veut l’arracher du cœur des fidèles pour y faire régner l’erreur, de demeurer en paix alors, serait-ce servir l’Eglise ou la trahir ? Serait-ce la défendre ou la ruiner ? Et n’est-il pas visible que comme c’est un crime de troubler la paix où la vérité règne, c’est aussi un crime de demeurer en paix, quand on détruit la vérité ? Il y a donc un temps où la paix est juste, et un autre où elle est injuste. Il est écrit qu’il y a temps de paix et temps de guerre ; et c’est l’intérêt de la vérité qui les discerne. Mais il n’y a pas temps de vérité et temps d’erreur ; et il est écrit, au contraire, que la vérité de Dieu demeure éternellement.
    Et c’est pourquoi Jésus –Christ, qui dit qu’il est venu apporter la paix, dit aussi qu’il est venu apporter la guerre. Mais il ne dit pas qu’il est venu apporter et la vérité et le mensonge.
    La vérité est donc la première règle et la dernière fin des choses. »

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