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France : Société

La lettre que le père Kalka aurait pu envoyer au général Lecointre

La lettre que le père Kalka aurait pu envoyer au général Lecointre

Le Père Kalka fut aumônier du 1er régiment de chasseurs parachutistes, mais aussi ancien curé de Mazères dans le Gers. D’origine polonaise, il est marqué dans son adolescence par le joug soviétique. À l’âge de 16 ans, saisi par la foi, il trouvera son chemin. Après son bac, ce sera le séminaire et l’ordination en 1975. En 1978, il arrive en France pour continuer ses études. Ne parlant que quelques mots de français, Richard Kalka travaille la langue de Molière pour, par la suite, intégrer la Sorbonne et ressortir quelques années plus tard avec un doctorat en philosophie. Il devient aumônier militaire en 1985 et est amené à accompagner et soutenir par sa présence pendant près de trente ans les soldats, plus particulièrement les parachutistes et les légionnaires, aux quatre coins du monde : au Tchad, au Cambodge, dans le Golfe, au Rwanda, à Sarajevo, au Kosovo, en République centrafricaine, au Burundi, au Gabon ou encore en Afghanistan. Son engagement lui a valu d’être titulaire de nombreuses décorations parmi lesquelles le grade de chevalier de la Légion d’honneur, la Croix de guerre des théâtres d’opérations extérieurs avec une citation, la Croix de la valeur militaire avec une citation et depuis le 8 mai il est élevé au grade de commandeur de l’ordre national du Mérite, dont la médaille lui est remise par le général de division Frédéric Thuet. Ce père hors normes qui aime dire «je ne crois pas en Dieu, je vis avec» a également publié deux livres : «Dieu désarmé, journal d’un curé de campagne» et «Père Jego, un prêtre, un para, une légende».

Paramicalement. Mon Général,

Nous nous sommes croisés la dernière fois en juin 2019, au colloque consacré au 25ème anniversaire de l’opération Turquoise. Je ne suis pas très connu dans l’armée française, mais l’armée de terre me connaît, surtout les parachutistes. La plupart des soldats savent qui je suis : celui qui, depuis 1985, les a accompagnés sur tous les théâtres d’opération. Je dis bien « tous », jusqu’à l’Afghanistan, la dernière mission de mon parcours. J’ai toujours répondu « présent » pour être en tant que prêtre, ami et frère d’armes dans n’importe quelles conditions à côté de ceux qui avaient besoin de moi. Dans « la boue, la sueur et la bagarre », comme ils disaient. Et ils étaient nombreux, très nombreux. Il suffit de leur poser la question ; encore faut-il pouvoir le faire, car pour les questionner il faut être près d’eux, à leur côté. Ce qui n’est plus ton cas depuis fort longtemps, même si tu peux t’encenser d’un fait d’armes à Sarajevo, grâce au courage des soldats-marsouins de ta section.

Comme tu sais, mais tu préfères l’ignorer, nous étions deux ou trois fois sur les mêmes théâtres d’opération. Aujourd’hui, nous sommes aussi ensemble au combat, mais ce combat est d’une autre nature. Tout chef, lorsqu’il doit prendre des décisions importantes, est seul. J’ai connu, à plusieurs reprises, cette solitude des chefs. Dans certains cas, ils m’ont demandé de prier pour eux. Comme aujourd’hui, je prie pour toi. Mais il y a deux catégories de chef et deux sortes de solitude. Le premier est pendu au câble du téléphone et attend les directives venant d’en haut. Quelles que soient ces directives, il les accepte sans broncher, car il ne pense qu’à son avancement. Le second se met devant Dieu et sa conscience, et décide. Oui, je sais, ce n’est pas évident de prendre ce genre de décision, c’est même très dur d’assumer ainsi cette volonté qui pourrait être, et en général, elle est celle du Ciel. Elle vient toujours du Ciel, d’ailleurs, dès qu’il est question de vérité, de courage et d’honneur.

En voulant aujourd’hui punir et sanctionner les soldats – je les appelle « soldats », quel que soit leur grade parce qu’ils ont eu le courage d’aller au feu – tu revêts l’uniforme du premier, celui qui ne pense qu’à lui et son avancement. Es-tu fier ? Quel avancement, puisque tu es au sommet de la carrière militaire ! Je te plains sincèrement. Tu devras un jour en répondre devant Dieu, si tu es croyant. En attendant, tu pourras t’enorgueillir d’avoir cassé tes anciens qui n’avaient pour bouclier, face au pouvoir politique indigne, que leur honneur mué en un cri d’alarme. Et surtout tu pourras te complimenter d’avoir puni sous les feux de la rampe des soldats plus jeunes parce qu’ils avaient osé s’associer à ce cri de désespoir, à la vérité qu’il traduit. Tu pourras te vanter d’avoir en même temps jeté l’opprobre sur les Anciens et sanctionné des Jeunes, à cause de leur courage.

Amitiés à tous !

Padre Richard KALKA

P.S. Je pense que certains destinataires de ce texte seront en total désaccord avec moi.

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26 commentaires

  1. Même s’il n’est pas croyant le général Le Cointre comme chacun répondra de ses actes devant Dieu. Ce n’est pas au choix.

  2. Moi pas !

  3. Pour ma part, je suis 100% d’accord avec le Père Kalka. J’ai rédigé 2 ou 3 commentaires sur la “prestigieuse carrière” du Général Lecointre et mon nom est sur la liste des 1.500 premiers signataires de la lettre ouverte rédigée par le Capitaine Favre-Bernadac…

  4. Je suis désolé mais cette lettre n’est pas digne. Pour rédiger une telle lettre, nul besoin d’être prêtre ou d’en revendiquer l’état. Un polémiste suffit.
    Je ne me prononce pas sur la justesse de l’action du Gal Lecointre ou des signataires de la lettre ouverte aux politiques. Je me prononce sur cette lettre-ci.
    Adressée en privé à son destinataire elle aurait pu être un acte pastoral légitime d’un berger des âmes à une des brebis du troupeau. Alors que publiée, elle devient une injure à cette fonction pastorale. En prétendant placer son destinataire devant sa conscience et devant Dieu, elle ne fait que le placer devant la justice des hommes. En spéculant publiquement sur les raisons d’agir de son destinataire, il s’immisce dans son for intérieur. En l’accusant publiquement de s’être fait sa carrière sur le sang de ses marsouins, on frise la calomnie.
    Enfin, personne ne peut revendiquer le monopole du contact et de l’amour de nos hommes. Il n’est pas non plus du rôle des chefs de ses substituer aux voltigeurs de pointe. Accuser les chefs de ne plus être au quotidien dans la tranchée est de la démagogie.
    Enfin, de mon temps, les curés ne tutoyaient pas à tout vent. Même les curés de campagnes (qu’elles soient militaires ou non).

    • Beau commentaire, plein de sagesse

    • Entièrement d’accord :
      – étrange que cette lettre ne soit pas resté privée
      – étonnante de la part d’un prêtre, par son manque de charité dans le ton,
      – étonnante par le caractère très autocentrée (mais beaucoup des sermons du père Kalka depuis quelque temps commencent par “je n’ai pas l’habitude de parler de moi…”
      – insultante et manquant totalement de recul sur l’épisode de Sarajevo (il ne peut pas à la fois tutoyer le CEMA et faire preuve d’une vision à ce point déformée – on croirait à une jalousie de 1°CL vis à vis d’un autre régiment)
      Enorme démagogie teintée d’orgueil ! mon père, de cela aussi il faudra répondre!

  5. Reste une ambigüité. Dans le titre de ce post il est parlé d’une “lettre qu’aurait pu envoyer”.
    Le P. Kalka a-t-il effectivement rédigé cette lettre ou est-ce une composition libre “à la façon de” ?
    Si c’est le deuxième cas, je trouve le procédé encore plus déconcertant.

  6. En Pologne, il est possible de porter un signe, la croix, ce que nous ne pouvons plus faire en France.
    Je n’ai pas la compétence pour apprécier le bien-fondé de sa lettre, mais quelqu ‘un qui dit : ” Je ne crois pas en Dieu, je vis avec Lui, c’ est simple et si beau.

  7. Je me souviendrai toute ma vie de la parole d’un prêtre de la fsspx : “je ne comprends pas qu’un catholique puisse s’engager dans cette armée”

    Qu’est-ce que des Fdesouches sont allés faire en Afghanistan ?

    • L’Afghanistan n’est qu’un épisode., d’ailleurs totalement justifié
      Quand je me suis engagé Brejnev était encore SG du PCUS. Quelques années avant Saïgon, Pnom-Pehn, l’Angola, le Mozambique etc. étaient tombés aux mains des rouges. La guerre battait son plein dans notre patrie soeur du Liban.
      Ensuite, on a voulu nous faire croire aux dividendes de la paix. Mais le dar el islam a repris la lutte contre le dar al harb, etc., etc. etc.
      Quand je me suis engagé un ami, jeune cadre d’un parti d’oposition, devenu ensuite un de ses poids lourds et souvent cité laudativement sur ce site, m’avait fait la même réflexion.
      L’armée française c’est la France. Comme elle, depuis plus de 300 ans qu’elle existe, elle dépasse les régimes.
      Maintenant, comme disait Saint Ignace de Loyola: “prie comme si tout ne dépendait que Dieu et agis comme si tout ne dépendait que de toi”. Aussi, dans le cadre de la division des tâches propre à notre civilisation, que votre brave père de FSSPX se charge de la première proposition et qu’il nous laisse nous occuper de la deuxième.

      • @Jipeo. Comme vous, je me suis engagé (en 1976) pour prendre ma part de la défense de la France contre la menace soviétique. Pendant quinze ans je me suis entraîné à combattre les sous-marins, les avions, les navires russes.
        En 1990, après l’effondrement de l’URSS est venu le temps des OPEX, l’armée française a été abondamment déployée dans toutes sortes d’affrontements visant à maintenir la paix dans le monde. Cet engagement aussi avait un sens.
        Mais ensuite dans les années 2000 ma motivation a faibli, non pas comme le suggère D’Haussy à cause d’une perte de sens des opérations, mais tout simplement parce que je me reconnaissais de moins en moins dans la France d’aujourd’hui. Je ne me voyais plus risquer de perdre la vie pour le ramassis de racailles, d’égoïstes, de laxistes, qui défigurent notre pays , ni pour les électeurs, mes concitoyens, qui continuent à porter au pouvoir des politiciens démagogiques et irresponsables.
        J’ai eu une carrière bien remplie, variée, enrichissante et pleine de sens, mais aujourd’hui je ne pousse personne à entrer dans l’armée.

    • À Jipeo et Nox34 :

      “les effectifs Sentinelle seraient mobilisés pour protéger des bâtiments officiels”

      https://www.france24.com/fr/20190321-gilets-jaunes-mobilisation-armee-choix-risque-macron

      J’ai bien l’impression que pour certaines personnes de droite, l’armée républicaine est une vache sacrée.

      Historiquement je ne vois pas en quoi elle a servi le bon Dieu, le bien commun ou la” “France éternelle”.

      Je vois surtout qu’elle a combattu la contre-révolution, expulsé les congrégations religieuses et qu’elle sert à exporter la démocratie libérale dans le monde et à la maintenir ici.

    • En fait, dans cette affaire, je pense que les militaires en activité en ont assez :
      – des retraités qui font semblant de ne pas avoir compris qu’ils faisant un geste “politique”, et qui jouent aux lanceurs d’alerte en utilisant un grade dont ils ne sont que dépositaires;
      – des civils qui portent le complexe de n’avoir pas pu, ou su être militaires, et qui préfèrent s’enivrer du mythe d’une armée qui n’existe que dans leurs fantasmes pour justifier leur inaction politique, confortablement bourgeoise le plus souvent.
      Aux deux catégories, participez au débat politique, ne prenez pas d’otages, et recherchez la force dans la justesse de vos idées, pas ailleurs !

  8. Même le prédécesseur du Général Lecointre disait ça il y a seulement 5 mois !

    Général Pierre DE VILLIERS : “On est pas loin de la guerre civile” – 11 décembre 2020 sur TV5 Monde:
    https://www.youtube.com/watch?v=OJuwYOvgCUA

    Et personne n’est venu parler de putsch…

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  9. Il ne faut surtout pas qu’une mauvaise querelle portée aux militaires très cyniquement par leurs ennemis ne se transforme en bataille publique entre militaires.
    D’autre part ne faisons pas parler les morts, par décence.
    Laissons les chiens aboyer, pour notre part, silence radio, ne jamais renvoyer d’énergie aux pervers narcissiques !

  10. Veuillez m’excuser mais je ne comprends rien: cette lettre est-elle ou n’est-elle pas écrite par le père Kalka?
    Pourquoi dire la lettre  « qu aurait écrite »? Cela sème la confusion i me semble.

  11. Tout à fait d’accord, le général Lecointre est coincé. D’ailleurs la ministre aussi. Pourquoi a-t’elle attendu une semaine pour réagir ? C’est parce qu’elle espérait secrètement que personne n’en parle. S’il n’y avait pas eu Mélenchon et Le Pen elle n’aurait rien dit…

    Et regardez la pauvreté des mesures agitées par le gouvernement.
    Il y a aujourd’hui 25 251 signataires. Les sanctions vont toucher au maximum 70 signataires (50 généraux et 18 personnels d’active) tout en sachant qu’on ne peut rien contre les 25 181 autres… Et que 60% des Français les soutiennent.
    Le gouvernement essaye désespérément de faire diversion pour masquer le problème de fond. Cela ne marche pas.

  12. oui !

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