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L'Eglise : Benoît XVI / Pays : Espagne

La famille comme cellule de base de la société est la grande question aujourd’hui

Benoît-et-moi a traduit les réponses du Pape aux traditionnelles questions des journalistes dans l'avion. Extraits :

"Quel sens peut avoir la consécration d'un temple comme la Sagrada Familia, au début du XXI e siècle? Et y-a-til certains aspects spécifiques de la vision de Gaudi qui vous ont frappé en particulier?

S "En fait, cette cathédrale est aussi un signe pour notre temps. Je trouve dans la vision de Gaudi surtout trois éléments.
Tout d'abord, cette synthèse entre continuité et nouveauté, tradition et créativité. Gaudi a eu ce courage de s'insérer dans la grande tradition des cathédrales, d'oser à nouveau, en son siècle, avec une vision totalement nouvelle, cette réalité-cathédrale de rencontre entre Dieu et l'homme dans une grande solennité, et ce courage de rester dans la tradition, mais d'une créativité nouvelle, qui renouvelle la tradition et témoigne ainsi de l'unité et du progrès de l'histoire, c'est quelque chose de beau. […] Et enfin, […] cette cathédrale est née d'une dévotion traditionnelle du XIXe siècle: Saint-Joseph, la Sainte Famille de Nazareth, le mystère de Nazareth, mais justement cette dévotion d'hier, pourrait-on dire, est d'une très grande actualité, parce que le problème de la famille, le renouveau de la famille comme cellule de base de la société est la grande question aujourd'hui et nous montre où nous pouvons aller à la fois dans la construction de la société et dans l'unité entre foi et vie, entre religion et société. La famille est le thème de base qui est exprimé ici, disant que Dieu s'est fait lui-même fils dans la famille, et nous appelle à construire et à vivre la famille. […]

F [L]'Église a été la mère des arts pendant des siècles et des siècles, le grand trésor de l'art, la musique, l'architecture, la peinture, est né de la foi dans l'Église. Aujourd'hui, il y a une certaine divergence, mais cela fait du mal à la fois à l'art et à la foi: l'art qui aurait perdu la racine de la transcendance n'irait plus vers Dieu, ce serait un art diminué, il perdrait sa racine vivante; et une foi qui n'aurait plus que l'art du passé, ne serait plus une foi dans le présent, et c'est aujourd'hui qu'il faut à nouveau l'exprimer comme une vérité qui est toujours présente. C'est pourquoi le dialogue, ou je dirais la rencontre entre l'art et la foi est inscrit dans la nature la plus profonde de la foi, nous devons tout faire afin qu'aujourd'hui encore, la foi s'exprime dans un art véritable, comme Gaudi dans la continuité et la nouveauté, pour que l'art ne perde pas le contact avec la foi. "

En ce moment, on voit les débuts du nouveau dicastère pour la nouvelle évangélisation. Et beaucoup se demandent si l'Espagne, avec le développement de la sécularisation et le déclin rapide de la pratique religieuse, est l'un des pays auxquels vous avez pensé comme objectif pour ce nouveau dicastère, ou même si elle n'est pas l'objectif principal …

B Avec ce dicastère, j'ai pensé au monde entier en lui-même, parce que la nouveauté de la pensée, la difficulté de penser dans les concepts de l'Écriture, de la théologie, sont universelles, mais naturellement il y a un centre et c'est le monde occidental avec son sécularisme, sa laïcité, et la continuité de la foi qui doit essayer de se renouveler pour être la foi aujourd'hui et pour relever le défi de la laïcité. En Occident, tous les grands pays ont leur façon propre de vivre ce problème: nous avons eu par exemple les voyages en France, en République tchèque, au Royaume-Uni, où le même problème est présent partout, d'une manière spécifique à la nation, à son histoire, et cela vaut aussi d'une manière forte pour l'Espagne. L'Espagne a toujours été d'un côté un pays d'origine de la foi, pensons que la renaissance du catholicisme dans les temps modernes est en grande partie due à l'Espagne, des figures comme saint Ignace de Loyola, Sainte Thérèse d'Avila et saint Jean, sont des figures qui ont finalement renouvelé le catholicisme et façonné le visage du catholicisme moderne. Mais il est également vrai qu'Espagne est née aussi une laïcité, un anti-cléricalisme, un sécularisme fort et agressif comme nous l'avons vu dans les années 30, et ce conflit, plus, cette confrontation entre foi et modernité, toutes deux très vivaces, a encore lieu aujourd'hui en Espagne: ainsi pour l'avenir de la foi, la rencontre – pas la confrontation! […] entre la foi et la laïcité a un point central justement dans la culture espagnole! En ce sens, j'ai pensé à tous les grands pays occidentaux, mais en particulier à l'Espagne."

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7 commentaires

  1. La rencontre, “pas la confrontation” entre la foi et la laïcité est difficile à concevoir, si l’on admet que la laïcité est, à son origine, une idée anticléricale. Comment peut-on concilier la volonté d’avoir des lois chrétiennes avec la volonté d’avoir des lois immorales ? Le point de jonction entre la foi et la laïcité se trouverait dans la loi naturelle SI les non-chrétiens de tout bord avaient en commun avec les chrétiens un même instinct moral qui leur ferait discerner sans équivoque ce qui est bon pour l’individu et pour la collectivité. Mais le seul fait que des lois civiles ne soient utiles qu’à cause de leur caractère contraignant prouve déjà que tous les hommes n’ont pas la même perception de ce qui est bon pour eux-mêmes ou pour les autres. On peut bien dire que celui qui refuse la loi que l’on croit naturelle est en contradiction avec sa propre conscience. Mais lui, il peut dire la même chose de ceux qui l’empêchent de faire ce qu’il veut. Si bien que la loi naturelle sera toujours, pour ceux qui en ont une conception divergente, une étiquette collée sur la CROYANCE subjective et totalitaire de l’idéologie dominante.
    La laïcité ne se situe pas à côté de la foi religieuse, dans un champ où elle puisse laisser à la religion la totale liberté dont elle a besoin. La laïcité est elle-même une option religieuse. On pourrait dire aussi, dans le même sens, que la religion est elle-même une option politique. Foi et laïcité ne sont pas complémentaires, pas plus qu’en politique, le nationalisme et le cosmopolitisme.
    La guerre civile d’Espagne, où se sont affrontés des “Rouges” (et des “Noirs”) avec des Catholiques n’est qu’un avatar d’une guerre inévitable entre le Christ Roi et les armées de Satan.
    [La laïcité n’est certainement pas une idée anticléricale à l’origine. Elle est au contraire un concept chrétien. Référez-vous à la DSE. MJ]

  2. Ces UMP sont en fait des socialistes, s’il approuvent nos positions c’est en vue de futurs élèctions. S’ils étaint sincères ils quitteraient ce mouvement en donnant des gages au Front national. En attendant pas une voie, pas une approbation de ce qu’ils disent. Ignorons les. Ils ont pour père le diable……Saint Jean.

  3. @ MJ
    La laïcité est une idée républicaine. Alors, à moins de dire que la Révolution française a été faite par l’Eglise…
    [Ben voyons… Le monde moderne est rempli de vertus chrétiennes devenues folles nous dit Chesterton. Si la Révolution s’appelle ainsi, c’est parce qu’elle a retourné le monde ancien. Ainsi, le terme de laïcité a été dévoyé.
    La laïcité est un concept chrétien, par opposition au monde antique qui mélangeait le temporel et le spirituel (l’empereur était un demi-dieu…). MJ]
    MJ]

  4. @ MJ
    Si l’on veut savoir ce qu’est réellement la laïcité, il faut chercher l’origine du mot. Il a été forgé en 1871. C’est un mot du vocabulaire anticlérical de l’époque. Que ce mot ait été ensuite récupéré par la théologie catholique (cf. votre allusion à la DSE) est sans nul doute une partie du problème.
    [Pardonnez-moi, mais votre réflexion est stupide.
    “la “laïcité” désigne en premier lieu l’attitude de qui respecte les vérités procédant de la connaissance naturelle sur l’homme qui vit en société, même si ces vérités sont enseignées aussi par une religion particulière, car la vérité est une”. C’est la doctrine de l’Eglise. C’est-à-dire depuis NSJC.
    MJ]

  5. L’homme en se séparant de Dieu il se séparé de beau. Et se œuvres sont a “son” visage, laid en très grand nombre.
    Rien ne peut être beau si Son regard ne pas présent.

  6. @ MJ
    Et je peux vous demander, sans faire traiter ma question de “stupide”, quelles sont les sources de votre histoire sémantique du mot “laïcité” ?
    [Le mot « laïc », apparu au XIIIe siècle et d’usage rare jusqu’au XVIe siècle, est issu du latin laicus « commun, du peuple (laos) » terme ecclésiastique repris au grec d’église λαϊκός, laikos, « commun, du peuple (laos) », par opposition à κληρικός, klerikos (clerc), désignant les institutions proprement religieuses. Le terme laicus est utilisé dans le vocabulaire des églises chrétiennes dès l’Antiquité tardive, pour désigner toute personne qui n’est ni clerc, ni religieux, mais qui appartient cependant à l’Église (c’est-à-dire qui est baptisé, aucun incroyant n’étant considéré comme laïc), et peut même y exercer des fonctions importantes. L’abstrait désignant cette position a donné en français le terme « laïcat ». Au Moyen Âge, le mot « laïque » distingue l’homme commun, qui doit être enseigné, de l’individu instruit consacré par son état religieux.
    Le concept de laïcité, en tant que séparation du pouvoir ecclésiastique et du pouvoir séculier, est ancien, mais ne s’exprime pas d’emblée dans le champ lexical du laïcat. Au Ve siècle, le pape Gélase Ier conçoit le premier dans une lettre à l’empereur Anastase, la distinction entre le pouvoir temporel (potestas) et de l’autorité spirituelle (auctoritas). Cette lettre, préfigurant la doctrine médiévale des deux glaives, devient à fin du XIe siècle l’un des textes clefs invoqués pour soutenir la supériorité de l’autorité pontificale sur la potestas impériale. Mais l’usage qui en est fait alors, dans l’optique de la séparation du regnum et du sacerdotium, provient de l’importance excessive accordée à ce qui est en fait une citation altérée de la lettre de Gélase, qui mentionnait « deux augustes impératrices gouvernant le monde ». La distinction entre potestas et auctoritas tente d’établir une hiérarchie : le pouvoir politique serait moralement soumis à l’autorité. Cette dichotomie entraîne des réactions qui se traduisent notamment par la lutte du sacerdoce et de l’Empire ou par les mouvements hérétiques des XIVe et XVe siècle qui contestent au clergé cette mainmise spirituelle.
    Bon, c’est wikipedia, mais l’idée est là : la laïcité n’est pas un concept révolutionnaire. La Révolution n’a rien inventé : elle a falsifié les idées.
    MJ]

  7. @ MJ
    Relisez attentivement le discours que vous citez. Il est dit d’abord :
    “Mais il est également vrai qu’en Espagne est née aussi une laïcité, un anti-cléricalisme, un sécularisme fort et agressif comme nous l’avons vu dans les années 30”
    Vous voyez que la laïcité est rangée à côté de l’anti-cléricalisme et du sécularisme “fort et agressif”, ce qui indique bien que le mot est pris, là, dans un sens, négatif, et très même très négatif, puisqu’il est opposé à la foi dont il était question dans le paragraphe précédent. La laïcité, avec les autres horreurs mentionnées à côté, se trouve ensuite englobée dans le terme de “modernité” :
    “et ce conflit, plus, cette confrontation entre foi et modernité,toutes deux très vivaces, a encore lieu aujourd’hui en Espagne”
    Et ensuite, quand est envisagée la “rencontre” (pas la confrontation !) entre la loi et la laïcité, il est clair que la laïcité, devenue brusquement fréquentable, alors qu’elle était plus haut ennemie de la foi, demeure néanmoins extérieure à la foi, puisqu’il s’agit de la faire se rencontrer avec la foi :
    “ainsi pour l’avenir de la foi, la rencontre – pas la confrontation! […] entre la foi et la laïcité a un point central justement dans la culture espagnole! ”
    La foi et la laïcité étant deux choses, sinon nécessairement en confrontation, du moins nettement indépendantes l’une de l’autre, je ne vois pas comment la laïcité pourrait être chrétienne. Avec la meilleure volonté pour trouver une cohérence à l’ensemble du discours, la laïcité, prise dans son sens le moins négatif, reste quand même à l’extérieur de la foi, comme tout ce que la foi pourrait “rencontrer”.
    Mais le problème reste entier. Car dire, par exemple, qu’il n’y a pas nécessairement une confrontation entre la foi chrétienne et la religion mahométane, mais qu’il peut y avoir une rencontre n’implique pas que les mahométans soient des chrétiens implicites, les valeurs de l’Islam étant des valeurs chrétiennes. Là-dessus, je pense que vous serez d’accord. Et pourtant, on pourrait voir une certaine dépendance entre la religion de Mahomet et celle du Christ avec des meilleurs fondements historiques qu’une origine chrétienne de la laïcité !
    […]
    [J’ai censuré votre petit credo sur “l’Eglise conciliaire” qui n’apporte pas grand chose.
    Relisez Chesterton : le monde est plein de vertus chrétiennes devenues folles. Ainsi en est-il de la “laïcité” depuis la Révolution, devenue une arme contre l’Eglise. Mais la laïcité est une invention chrétienne : avant dieu et l’empereur étaient confondus et c’est NSJC qui a distingué les deux.
    Laïcité vient de “laïc”, celui qui n’est pas clerc.
    Il vous faut vraiment distinguer les notions, sinon on met tout dans le même sac et on finit par dire n’importe quoi.
    MJ]

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