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Bioéthique / Culture de mort : Avortement

La dimension sociale, morale et politique de la contraception

Interrogé par Pierre-Olivier Arduin, Mgr Jacques Suaudeau, directeur scientifique de l’Académie pontificale pour la vie, vient d'accorder un entretien passionnant à Liberté politique. Extraits :

Mgr suandreau "Le développement de la contraception n'a pas suivi les règles habituelles, éthiques et de bonne pratique de la recherche biologique et pharmacologique. Il s'est fait sous une pression extérieure, étrangère à cette biologie, et d'ordre idéologique, exercée par le Planned Parenthood Federation of America et sa sulfureuse directrice Margaret Sanger. Raciste, féministe, eugéniste négative, partisane des stérilisations d'office et de l'euthanasie, Mme Sanger était plutôt méprisante pour les pauvres et les « races inférieures ». Son idéologie n'était, en fin de compte, pas si éloignée de celle de « l'eugénisme politique » mis en oeuvre par le nazisme (…)

À dire la vérité, mentalité contraceptive et mentalité abortive ne sont pas si éloignées l'une de l'autre, la première préparant le terrain à la seconde. Moyennant quoi, il est clair, pour une simple raison d'honnêteté intellectuelle et de respect des personnes, que ces effets abortifs de la contraception orale devraient être portés à la connaissance de l'opinion publique (…)

Cette évaluation montre que le devoir moral des médecins, des éducateurs et des confesseurs est d'illuminer la conscience des fidèles et de toutes les personnes de bonne volonté sur la gravité de la prise de la contraception d'urgence, dénonçant la tromperie sémantique qui a rendu possible l'acceptation de la « pilule du jour d'après » dans les parlements nationaux. Cette même évaluation de la gravité morale de la prise de la contraception d'urgence montre que les médecins qui prescrivent la « pilule du jour d'après », ou les professionnels de santé qui la remettent à la femme, coopèrent de façon directe au mal de l'interception, donc au mal de l'avortement. Il est donc de leur devoir de faire objection de conscience par rapport à la prescription et à la distribution du matériel interceptif.

Le droit à une telle objection de conscience devrait être reconnu par les pouvoirs publics de façon explicite, si ces pouvoirs sont encore sensibles aux droits de l'homme et au respect des consciences qu'ils impliquent. L'histoire de ces dernières décennies, en France, montre malheureusement un fort décalage entre les proclamations ad extra du « pays des droits de l'homme » et le traitement ad intra de ces droits."

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5 commentaires

  1. Juste une petite précision sur l’avis de Margaret Sanger sur le nazisme :
    « Toutes les nouvelles d’Allemagne sont tristes et horribles, et pour moi plus dangereuses qu’aucune guerre ayant lieu où que ce soit, car il y a tant de gens bons qui applaudissent ces atrocités et disent que c’est bien. » Elle déclare en 1940 « donner mon argent, mon nom et mon influence auprès d’écrivains ou d’autres pour combattre la montée au pouvoir d’Hitler en Allemagne ».
    Apparemment, pour elle, l’eugénisme était plutôt une question de choix personnel, concernant une famille, et pas une question d’état.
    Source : un texte du département d’histoire de l’Université de New York
    http://www.nyu.edu/projects/sanger/secure/newsletter/articles/sanger-hitler_equation.html
    [Il me semble que l’analogie faite par Mgr Suaudeau ne concerne pas la montée au pouvoir du nazisme en tant que puissance dominatrice en Europe vers l’extérieur et tyrannique et dictatoriale à l’intérieur de l’Allemagne. Cela, évidemment, nombreux sont ceux qui l’ont naturellement condamnée aux Etats-Unis comme le fait Margaret Sanger dans cette citation.
    Non, l’analogie concerne ce que l’on a mis du temps à découvrir officiellement : la théorisation de la race supérieure qui, bien qu’entendue dans les discours, n’avait pas été forcément bien comprise dans ses conséquences exterminatrice et aussi par l’eugénisme d’état de l’Allemagne nazie envers les handicapés.
    PC]

  2. Je remets ici un extrait de l’excellent François Marie Algoud au sujet de Sanger :
    1859 : « Charles Darwin découvre l’essai de Malthus alors qu’il
    écrit _The origin of the species_ et commence à élargir l’étendue
    de ses travaux en ajoutant au règne animal le monde de l’homme. Il
    pense que la société civilisée s’affaiblit elle-même en
    construisant des asiles pour les malades mentaux, les estropiés et
    les pauvres et en mettant en oeuvre tout le savoir des médecins
    pour garder les malades en vie le plus longtemps possible. Francis
    Galton, un psychologue cousin de Darwin, adhère avec enthousiasme
    aux idées de ce dernier. Il les utilise pour l’élaboration de sa
    thèse selon laquelle certaines personnes sont d’essence supérieure
    (l’eugénisme), ce qui permet, en les faisant se reproduire de
    manière sélective, l’amélioration de la race. Une question
    préoccupe alors ces eugénistes : comment empêcher les personnes
    d’essence inférieure de se reproduire et de porter atteinte à la
    qualité de la race ? Ce fut là le début du mouvement de contrôle
    des naissances. Les deux personnes qui ont fait le plus campagne
    pour le régulation des naissances, Marie Stopes, en Angleterre et
    Margaret Sanger en Amérique, étaient à la fois racistes et
    eugénistes. Leur préoccupation première en matière de contrôle des
    naissances n’étaient pas d’aider des femmes à espacer leurs
    enfants, mais d’empêcher des naissances au sein de groupes sociaux
    qu’elles considéraient comme indésirables. Pour répondre à ce
    problème, Marie Stopes préconisait la stérilisation de ceux qui
    « étaient totalement inaptes à être parents » (stérilisation
    immédiate et évidemment obligatoire). Margaret Sanger, fondatrice
    du mouvement /Planned parenthood of America/, partageait les
    préoccupations de Marie Stopes à propos de ceux qu’elle n’estimait
    pas aptes à procréer. Elle établit donc un certain nombre de
    recommandations qui comprenaient :
    – une politique stricte de stérilisation et de ségrégation de la
    partie de la population dont la progéniture est tarée
    – des fermes et des terrains où ces personnes seraient parquées de
    manière à travailler sous le contrôle de gens compétents pour
    leur vie entière (c’était la première idée de camp de
    concentration).
    Ni Mme Stopes, ni Mme Sanger n’ont eu la possibilité de réaliser
    leur programme de stérilisation massive dans les sociétés libres
    dans lesquelles elles vivaient. En conséquence, toutes deux se
    mirent à détester la démocratie. C’est la montée au pouvoir du
    parti nazi en 1930, qui devint le premier parti politique à être
    élu, grâce à sa propagande en faveur de la pureté raciale. Il
    donna aux eugénistes la possibilité de mettre leurs théories en
    pratique. Lorsque la vérité sur le programme nazi de stérilisation
    massive, l’euthanasie des handicapés physiques et mentaux, les
    camps de concentration (dans lesquels six millions d’hommes, de
    femmes et d’enfants furent exterminés), apparurent au grand jour
    après la guerre, le mouvement eugéniste dut entrer en
    clandestinité. Le terme de « régulation des naissances » fut
    abandonné au profit de « planning familial ». Les eugénistes, les
    « contrôleurs de naissance » trouvèrent une nouvelle justification
    à leurs activités avec l’idée d’une surpopulation du monde. C’est
    ainsi que naquit le « mouvement de contrôle de la population ». »
    in _Cahier de Chiré n° 7_ (1992), lui-même tiré de la _Marée noire
    de la pornographie_ de François Marie Algoud.

  3. J’ai sauté en l’air en lisant que la contraception préparait le terrain de l’avortement. Oui, si on met tous les deux systématiquement dans le même sac, et si on vous persuade que l’un est aussi grave que l’autre. La raison, chère à notre saint Pape, nous permet de distinguer que l’une est une imperfection et que l’autre est un crime.
    “Si tu veux être parfait, va, vends tous tes biens et suis moi”. Que les prêcheurs donnent l’exemple sur ce plan, ils seront crédibles sur d’autres.
    Pour notre part, notre ménage n’a pas atteint la perfection. Cela ne nous a pas empêché d’accueillir une quatrième fille inattendue, douze ans après la troisième, sans une seconde d’hésitation, comme une bénédiction et un don du ciel.
    Si nous avions pratiqué avec une efficacité parfaite les méhodes “naturelles”, nous n’aurions peut-être pas eu cette chance.

  4. Merci phloppe pour ce témoignage.
    S’il est vrai qu’il y a un abus du terme “contraception d’urgence” (qui est en fait un avortement déguisé), il n’en reste pas moins qu’il y a une grande différence entre contraception artificielle et avortement.
    La régulation naturelle des naissances n’est pas accessible à tous les couples, c’est une réalité qu’il ne faut pas ignorer. Et malheureusement, ce sont souvent les couples pour qui ce n’est pas un problème (=maîtrise totale des cycles de la femme, pas de problème de sur-fécondité…) qui sont les 1ers à vilipender les seconds… charité…charité… où es-tu passée?

  5. … Relisons Humanae Vitae et les enseignement de nos Papes.
    Ne cédons pas au relativisme et à la facilité; écoutons le magistère et obéissons…
    L’Eglise est là pour nous montrer le chemin de la Vérité… chemin difficile, sur lequel les chutes peuvent être nombreuses, mais unique chemin qui mène au Vrai Bonheur.

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