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Culture de mort : Euthanasie

La déclaration des évêques après l’annonce d’une loi sur l’euthanasie

Lors de sa conférence de presse, François Hollande a réclamé une loi sur la fin de vie permettant "une assistance médicalisée pour terminer sa vie en dignité" (une périphrase pour ne prononcer ni "euthanasie" ni "suicide assisté"). Le Conseil permanent de la conférence des évêques de France a aussitôt réagi :

"Un projet de loi sur la fin de vie pourrait être déposé devant le Parlement d'ici la fin de l'année. Des rapports et des avis rendus publics ces derniers mois ont demandé des améliorations de la loi Leonetti. Cependant, améliorer la législation, ce n'est pas la changer fondamentalement. Le sujet est trop grave pour ne pas agir avec prudence.

Contrairement à d'autres, l'avis rédigé par un « panel de citoyens » propose de légaliser le « suicide médicalement assisté », sous condition d'une demande expresse d'une personne en fin de vie ou atteinte d'une maladie jugée irréversible. Aider un malade à mettre lui-même fin à ses jours ou provoquer délibérément la mort d'un patient à sa demande, ce qui est proprement appelé euthanasie, sont inacceptables. L'avis admet même la pratique de l'euthanasie sans consentement de la personne devenue incapable de s'exprimer !

Notre société cherche à « esquiver la mort » et redoute la proximité avec celui qui va mourir. Elle pourrait être ainsi conduite à des décisions inhumaines. Il importe donc de clarifier le vocabulaire et les buts poursuivis. Personne ne peut provoquer délibérément la mort, fût-ce à la demande d'une personne gravement malade, sans transgresser un interdit fondamental. « Tu ne tueras pas » demeure une exigence morale majeure de toute société, et, pour les croyants, un commandement de Dieu. C'est le fondement de toute vie sociale respectueuse d'autrui, spécialement des plus vulnérables. Nombre de nos contemporains, en raison d'une maladie, d'un handicap ou de leur âge, se sentent devenus une charge pour leurs proches et un poids pour la société. Ils souffrent de leur solitude, de l'indifférence d'autrui, du regard porté sur eux dans une société axée sur les valeurs d'autonomie et d'efficacité. Ceux qui en viennent à douter de la valeur et du sens de leur vie ont besoin « d'accompagnement, de solidarité et de soutien dans l'épreuve ». N'aurons-nous rien d'autre à leur proposer que de mettre fin à leur existence ?

Le suicide est souvent présenté de nos jours comme « une ultime liberté ». Mais en même temps, on s'alarme, à juste titre, des taux élevés de suicides particulièrement chez les jeunes et les personnes âgées. Comment réagir contre la banalisation du suicide et en faire en même temps la promotion ? Comment pourrions-nous juger nécessaire d'aider certaines personnes à affronter un épisode de détresse pour éviter l'irréparable, et, par ailleurs, encourager et assister d'autres personnes dans leur volonté de mourir ? Qui deviendrait le juge des vies qui ne valent plus d'être vécues ? Il serait discriminatoire d'estimer aussi différemment la valeur de la vie des uns et des autres.

Tout suicide affecte la solidarité et la volonté de vivre du corps social. Il est donc nécessaire et urgent de poursuivre un véritable engagement de solidarité et de fraternité. Beaucoup se sont investis pour soulager les douleurs et les souffrances de la fin de vie mais « la tâche à accomplir est encore immense ». Les campagnes médiatiques de promotion d'une nouvelle loi contribuent malheureusement à détourner l'attention des indispensables réformes à entreprendre, parmi lesquelles l'accès à « des soins palliatifs et à un accompagnement » à « toute personne malade dont l'état le requiert ».
Notre conviction profonde est qu'un changement législatif ne peut avoir pour objectif que de rendre plus manifeste le respect dû à toute personne en fin de vie. Cela passe par le refus de l'acharnement thérapeutique, le refus de l'acte de tuer ; ainsi que par le développement des soins palliatifs et le renforcement des solidarités familiales et sociales."

Le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France
Mgr Georges PONTIER, Archevêque de Marseille, Président
Mgr Pierre-Marie CARRÉ, Archevêque de Montpellier, Vice-président
Mgr Pascal DELANNOY, Évêque de Saint-Denis, Vice-président
Cardinal André VINGT-TROIS, Archevêque de Paris
Mgr Jean-Claude BOULANGER, Évêque de Bayeux et Lisieux
Mgr François FONLUPT, Évêque de Rodez et Vabres
Mgr Jean-Paul JAMES, Évêque de Nantes
Mgr Hubert HERBRETEAU, Évêque d'Agen
Mgr Stanislas LALANNE, Évêque de Pontoise
Mgr Benoît RIVIÈRE, Évêque d'Autun, Chalon et Mâcon

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10 commentaires

  1. On aurait bien aimé aussi entendre un mot sur le cas particulier de Vincent Lambert.

  2. Enfin une réaction rapide de la CEF. Merci. Mais, svp, faites plus court, votre opposition, sera plus claire et plus nette.

  3. La CEF nous dit :
    ” « Tu ne tueras pas » demeure une exigence morale majeure de toute société, et, pour les croyants, un commandement de Dieu.”
    Certes.
    On est logiquement en droit d’attendre le même genre de déclaration pour une loi qui, depuis bientôt 40 ans, a permis de “transgresser un interdit fondamental”, pour reprendre les mots des prélats français.
    Ou au moins un encouragement à manifester dimanche prochain ?

  4. Bravo à la CEF !
    Moi j’aurais rajouté d’où venait la filiation de cette loi socialiste en évoquant Hitler…

  5. Ce qu’une loi a fait,
    une autre loi peut le défaire.
    Ce que Dieu a fait,
    lui seul peut le défaire.
    John-Paul

  6. Toute euthanasie est un homicide
    avec préméditation
    Tout avortement est un homicide
    avec préméditation.
    Il n’y a JAMAIS de droit au meurtre.
    Mettons les barbares à la porte.
    John-Paul

  7. La traduction du texte hébreu donne plutôt “Tu ne commettras pas de meurtre” : la différence est de taille car le commandement ne réprouve pas la légitime défense, la peine de mort ou la tuerie des animaux par exemple.
    Dommage que les catéchismes n’en tiennent pas compte !

  8. Navrants évêques. On ressent la mollesse propre à ces fossoyeurs du catholicisme en France. Leurs termes sont mous, lascifs, écoeurants, d’une grande banalité dans le ton et la forme. Pourtant ils sont supposés être très cultivés et préparés. Ils se sentent obligés d’intervenir sur l’euthanasie mais n’en attendons pas trop, ils nous expliqueront que désormais “on ne peut rien faire respectons la loi passons à autre chose” si cette loi est votée, comme certains ont osé faire avec le mariage gay.

  9. L’épiscopat n’a rien à dire concernant Vincent Lambert étant donné que par ses parents il fait partie de la mouvance traditionnaliste, donc avec un relent de FN lequel fait horreur aux évêques ainsi que perçu dans leur déclaration sur les élections.

  10. Bravo.
    Deux petits bémols cependant : “« Tu ne tueras pas » demeure une exigence morale majeure de toute société, et, pour les croyants, un commandement de Dieu.” Ce commandement est adressé à tout homme, pas seulement aux croyants ; Dieu ne s’est pas réservé son petit cheptel, Il veut le salut de tous car Il est le créateur de tout ce qui vit et Il ne désire qu’une chose du pêcheur : qu’il se convertisse. Le fait de refuser Dieu ne change rien à l’appel à la sainteté et à la vie que Dieu adresse à chacun.
    Quant au développement des soins palliatifs, oui, bien sûr, mais pas entre les mains du Dr Kariger. En France, trop souvent, il y a en ce domaine tromperie sur la marchandise.

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