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France : Société

La coopération sociale peut être plus efficace que la règlementation

Lu sur Causeur :

C "De mémoire de Lausannois, on n’avait jamais vu ça. Ce mercredi 7 septembre, entre 7h45 et 8h50 du matin, une quinzaine de jours après la rentrée des classes, en pleine semaine et à l’heure de pointe, il n’y avait pratiquement aucun bouchon dans la capitale vaudoise. […] L’origine de ce petit miracle ? Eh bien tout simplement une panne d’électricité qui a rendu les feux de circulation inopérants dans une bonne partie du centre-ville. Pendant un peu plus d’une heure, la circulation de Lausanne n’était plus régulée ; c’était, à proprement parler, l’anarchie.

On aurait pu s’attendre à un embouteillage monstre, à de la tôle froissée et à quelques solides empoignades entre Helvètes exaspérés mais rien de tout cela ne s’est produit : la circulation a rarement été aussi fluide, on n’a pas déploré le moindre accrochage et tout s’est passé dans la bonne humeur. Ce que nos voisins vaudois ont vécu est une expérience de coopération sociale. Et ce qui fait toute la valeur de cette expérience, c’est qu’elle n’avait été prévue ou voulue par personne et qu’elle s’est déroulée dans une ville de taille tout à fait respectable. Et ça a marché ! Pendant une grosse heure, l’anarchie routière a créé une circulation fluide, sûre et fondée sur la seule bonne volonté des automobilistes.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, l’idée selon laquelle une absence quasi-totale de règlementation routière serait supérieure à notre arsenal législatif actuel n’est pas vraiment nouvelle. Depuis des années déjà, des gens tout à fait sérieux défendent cette idée. Hans Monderman, ingénieur de la circulation hollandais, a même eu l’occasion de la tester en grandeur nature dans la petite ville de Drachten aux Pays-Bas. Bilan des courses : non seulement la circulation est parfaitement fluide mais le nombre d’accidents constatés dans les rues de Drachten a été divisé par quatre depuis que l’anarchie y règne ; piétons, cyclistes et automobilistes y vivent en harmonie, sans signalisation ni voies réservées. Depuis, plusieurs villes du nord de l’Europe s’y sont mises. Au point que le maire de Londres semble depuis quelques temps, séduit par l’idée.

Le fait est là : partout où l’expérience a été tentée, la coopération sociale spontanée s’est révélée plus efficiente et plus sûre que les systèmes codifiés et coercitifs qui dominent aujourd’hui. Sachant qu’ils ne sont plus protégés par la signalisation, les gens roulent plus prudemment, restent attentifs à leur environnement, se montrent volontiers plus courtois et abandonnent les comportements dangereux induits par la signalisation elle-même. En l’absence de passages piétons et de pistes cyclables, une nouvelle hiérarchie émerge dans laquelle les usagers les plus fragiles sont prioritaires sans pour autant abuser de cette position. D’un système fondé sur une régulation arbitraire du trafic, on passe ainsi à une autogestion infiniment plus souple, qui s’adapte d’elle-même au cas par cas et ne repose plus sur la contrainte mais l’intérêt bien compris de tous."

Ce phénomène est bien connu : quand on multiplie les règles, on a l'impression d'être en sécurité et l'on fait moins attention. Quand il y a moins de règles, on est plus prudent et par conséquent plus responsabilisé. La responsabilité est un concept essentiel de la Doctrine sociale de l'Eglise.

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13 commentaires

  1. Formidable !
    Voici une belle application concrète du bien commun que nous catholiques, pourrions et devrions mettre en avant dans nos propositions politiques : la coopération sociale, par la prise de responsabilité individuelle et solidaire, contre toutes les formes d’infantilisation !
    Parallèlement aux combats en faveur du respect de la vie fragile, ce serait une revendication originale et novatrice, pour l’organisation quotidienne de la cité.
    Pour un projet résolument alternatif !
    Merci au SB d’avoir fait passer le message.

  2. Dans des pays du Tiers-monde où les feux n’existent pas ou peu il y a effectivement très peu d’accidents dans les villes…

  3. Ayant conduit à Naples, où la situation est comparable tant la signalisation est peu respectée, je m’y sentais plus à l’aise et détendu qu’à Paris ! Voilà sans doute l’explocation

  4. Il faudrait voir si ça marche sur le long terme.

  5. on sait comment ça se passe en France quand les feux sont en panne

  6. Tout le monde peut faire la même constatation à Saïgon ( HCMC aujourd’hui). Il y a très peu de feux de circulation mais on ne met jamais plus de 20 minutes pour aller en taxi d’un point à un autre de la ville. La bonne volonté responsable des conducteurs est essentielle certes, mais le fait que sans feux qui hachent la circulation, celle-ci devient continue joue aussi son rôle, la surface disponible sur les chaussées étant alors occupée en permanence et non pas un partie du temps seulement. C’est ainsi que la doctrine sociale de l’Eglise une fois de plus rejoint le bon sens.

  7. Récemment les feux d’une partie de mon quartier ont été en panne pendant au moins 8 jours. Il est certain qu’automobilistes et piétons faisaient très attention et il n’y a eu aucun incident.
    D’un autre côté, les célèbres “embarras de Paris” existaient avant la signalisation.
    Conclusion ?

  8. La coopération sociale explique le bon fonctionnement sans régulation.
    En complément, il faut savoir que le plan de feux lausannois a été mis en place avec pour objectif déclaré de gêner la circulation, afin d’inciter les automobilistes à prendre les transports publics

  9. Responsabilité et subsidiarité sont trop ignorés de nos politiciens et législateurs.

  10. Question de mentalité, avec une population qui a le sens de l’altruisme

  11. Le code de la route manque d’intelligence, il est carré, bêtement carré.
    Il faut sanctionner les excès, c’est nécessaire, mais avec le bon sens; en effet sur une route en bonne état et à un moment de peu de circulation, le conducteur devrait pouvoir rouler et non se traîner comme un escargot, par contre en cas de grande circulation , le conducteur doit pouvoir rouler en dessous du seuil toléré, s’il le juge nécessaire.
    Les agents sont souvent bêtes et trop disciplinés ou favorables à certains privilégiés non amendables.
    “Le règlement c’est le règlement”, oui, la C… c’est la C…

  12. On dirait bien le principe de subsidiarité appliqué à son extrême…
    Excellente nouvelle.

  13. C’est tout à fait excellent ! C’est ce que je défends sans cesse depuis 1965 ! De plus, nous en avons fait un thème de campagne en 2002 pour les législatives, avec Bruno GOLLNISCH pour les législatives :” Nous libérerons la route”. A l’époque personne ne nous a relayé sur ce point et dans ce domaine ni même n’ pris la peine de nous écouter ! Si nous avions été élus en 2002, la France aurait été libérée de ses chaînes dans tous les domaines… C’est pour moi qui ai tant sacrifié alors, un très profond regret. Heureusement, la VERITE finit toujours par se révéler… Merci tout de même de penser à nos sacrifices pour rien.

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