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Médias : Désinformation

La conviction d’agir au nom du Bien conduit les médias à renoncer à toute déontologie

La conviction d’agir au nom du Bien conduit les médias à renoncer à toute déontologie

Ingrid Riocreux, professeur agrégé de Lettres modernes, Docteur de la Sorbonne en langue et littérature françaises, spécialiste de rhétorique, stylistique et grammaire, publie son deuxième essai, Les marchands de nouvelles. Essai sur les pulsions totalitaires des médias. Extrait d’un entretien paru dans la Nef :

Dans La langue des médias, vous analysiez le discours journalistique qui répand une doxa faite de poncifs et de clichés lesquels sont à la base des croyances de notre société : pouvez-vous nous rappeler ce qu’étaient ces poncifs et clichés, et qu’apporte votre nouvel essai Les marchands de nouvelles sur ces sujets ?

J’ai voulu montrer, en effet, que le discours médiatique était un encodage du monde porté par un certain nombre de présupposés, dont le plus global est une forme de progressisme mou. Les prises de position assumées comme des évidences par nos journalistes sont dictées par l’idée d’un sens de l’histoire qu’il s’agirait d’épouser. Ils ont l’impression d’accompagner le changement de manière naturelle et objective, de suivre l’air du temps, alors qu’en validant les positions de certains lobbies ou en adoptant une lecture communautarisée de la société, ils ne se contentent pas d’accompagner les phénomènes, ils les encouragent. Pour autant, ils restent très timorés : le journaliste-type est pour l’avortement parce qu’il considère que ce n’est pas un homicide. Il n’arrive pas à dire « oui, c’est un homicide, et alors ? seule compte la liberté de la femme, etc. ». Il est pour l’euthanasie car il considère qu’il s’agit de « laisser partir » un mourant ; il est pour le mariage gay mais ne veut pas entendre parler de la polygamie consentie ou de l’union incestueuse entre adultes ; il veut qu’on laisse entrer les migrants mais il ne parle pas d’abolir les frontières.

Dans Les Marchands de nouvelles, j’ai voulu insister sur la manière dont la bonne conscience idéologique, la conviction d’agir au nom du Bien conduit les médias à renoncer à toute déontologie. J’ai aussi voulu prendre en compte la manière dont ces médias réagissent à la méfiance croissante dont ils font l’objet.

En quoi les médias sont-ils responsables de la méfiance qu’ils inspirent de plus en plus ? Ces médias sont-ils capables d’autocritiques et donc de correction, et pourquoi la concurrence entre grands médias ne permet-elle pas cette correction ?

Cette concurrence ne concerne pas les contenus : je parle de « syndrome AFP ». C’est cette homogénéité qui suscite la méfiance et, en même temps, ce sentiment que l’information est conçue par anticipation de nos réactions. On n’hésitera pas à nous mentir, en toute bonne conscience, si cela nous empêche de mal penser ! […]

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4 commentaires

  1. Il n’y a pas que l’AFP qui formate les esprits des journaleux, il y a aussi l’école de journalisme de Lille. Si vous n’êtes pas dans le consensus, vous n’avez aucune chance de décrocher votre diplôme. Lire Ménard à ce sujet.

  2. Pas Ménard mais Pascal Brunet de RMC.

  3. Pour beaucoup ils sont convaincus d’être dans le camp du bien… ce sont les marionnettes. Les idiots utiles dirait Zemmour.
    Mais pour un pourcentage non négligeable, ils sont parfaitement conscients d’être dans le camp du mal… ce sont les marionnettistes.
    Enfin il y a la masse de ceux qui savent et qui ont honte, mais qui sont tenus par leur poste, leur salaire, et autres magouilles. Ils s’occupent des décors du guignol.

    Il faudrait faire une classification selon ces critères.

  4. Madame Riocreux a beau écrire que :
    “La bonne conscience idéologique, la conviction d’agir au nom du Bien conduit les médias à renoncer à toute déontologie”
    elle se prend au propre piège qu’elle dénonce.
    Croyant sûrement sauver le monde elle soutien médiatiquement, dans plusieurs médias locaux proche de chez elle, une association à tendance féministe et sectaire qui ne fait que dénigrer le rôle du père et couper des enfants de leur papa et participer à la destruction de la famille.
    Parler théorie comme nos technocrates ou journalistes est une chose, la réalité du terrain semble en rendre aveugles plus d’un.
    Dommage! :o(

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