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Europe : politique

La construction navale aux mains des Sud-coréens ?

Le groupe sud-coréen STX Shipbuilding a obtenu hier l’aval de la Commission européenne pour prendre le contrôle de Aker Yards, géant européen de la construction navale. Si Aker Yards est basé en Norvège (hors UE), une très grosse partie de son activité est réalisée en France, en Finlande et en Allemagne. Pour Bruxelles, les Sud-Coréens ne construisent pas, à ce jour, de paquebots, ce qui signifie que l’arrivée de STX ne pose pas de problème de concurrence. Pourtant, ni le gouvernement de Séoul ni ses chantiers n’ont caché leurs ambitions sur ce segment.

Quelques heures après, les syndicats des ex-Chantiers de l’Atlantique étaient reçus à Matignon, puis à l’Elysée. Depuis octobre, ils n’ont cessé d’alerter sur le danger que représente l’arrivée d’un groupe sud-coréen : on s’achemine vers un «pillage progressif du savoir-faire en matière de navires de croisière». Le gouvernement français avait tenté d’élaborer une solution européenne avec Fincantieri. Le groupe public italien, premier fabriquant de paquebots, s’était dit intéressé pour entrer au capital d’Aker. Le projet a échoué en raison des problèmes de concurrence : il n’aurait jamais eu le feu vert de Bruxelles car Fincantieri et Aker auraient concentré 75% du marché des paquebots, ne laissant comme seul concurrent que l’Allemand Meyer Werft.

Pourtant, comme l’avait déjà affirmé le ministre de l’Economie, Christine Lagarde, l’Elysée et Matignon ont réaffirmé hier aux syndicats qu’il n’était pas question d’abandonner Saint-Nazaire : l’Etat ne veut pas se séparer de cet outil de production, seul site français encore capable de sortir un porte-avions.

Si STX va prendre 39.2% du capital du groupe Aker Yards, il n’aura pas la minorité de blocage dans sa filiale française, constituée des sites de Saint-Nazaire et Lorient. Au moment de la vente par Alstom de sa branche marine, le groupe de Patrick Kron a conservé 25% du capital d’Aker Yards France. Cette nouvelle société, de droit français, a été créée à partir des actifs des Chantiers de l’Atlantique. STX n’obtient pas les 33% nécessaires à la minorité de blocage. Si le sud-coréen souhaite prendre la barre de Saint-Nazaire, il lui faudra donc impérativement l’autorisation du gouvernement français. Le rempart parait donc assez solide mais n’est pas sans faille. STX peut très bien s’allier à un actionnaire européen d’Aker pour renforcer son contrôle.

Michel Janva (merci à ML)

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5 commentaires

  1. Certes il s’agit d’une part de nos bijoux de famille mais je crois que les Sud Coréens ont payé assez chèrement leur fidélité aux alliés occidentaux. Il me semble un peu déplacé de les considérer comme des “ennemis”.

  2. C’est Bruxelles qui va être contente! un pan entier du savoir-faire des Français va être pillé!
    Le Lobbyisme à Bruxelles a encore permis de détruire un morceau de notre pays sans qu’un “politique” ne lève le patit doigt!
    Après, C’est AIRBUs qui va tre pillé par les Chinois…
    Merçi “Bruxelles”!…
    Il faut quitter “l’Europe” au plus vite!….

  3. Bruxelles ne fait qu’appliquer là les règles de concurrence anti monopole. Ce sont surtout les syndicats français qui ont fait couler non seulement l’industrie navale, mais toutes les grandes industries traditionnelles en France, en empêchant les évolutions nécessaires, A TEMPS et avant qu’il ne soit trop tard : aller maintenant à l’Elysée pour demander la lune n’annulera pas les dégâts.
    Autre exemple de ce désastre : les ports français. Zeebruugge s’est développé parce que la CGT a empêché Dunkerque de demeurer compétitif.
    Accuser Bruxelles en permanence ne correspond pas toujours à la réalité.

  4. Un sage conseil de sagesse personnelle : “Prends ce qu’on te donne, et donne ce qu’on te prend,si tu veux avoir la paix sur terre.”(Mgr Ghika)

  5. Mais alors, c’est vrai qu’un pays développé avec de hauts salaires peut avoir un secteur industriel ?

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