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France : Société / L'Eglise : L'Eglise en France

La commission permanente de la CEF, ce « pays légal » épiscopal censé s’exprimer au nom de tous

Dans un éditorial de l'Action française, intitulé "Des évêques plus mondialistes que catholiques ?", François Marcilhac explique pourquoi il n'apprécie pas le dernier livre de la CEF. Extraits : 

Une_2941Encensé par Libération (du 13 octobre) qui y voit « un texte qui fait du bien », et plus généralement par la presse de l’oligarchie, nous avions tout lieu de craindre le dernier opus du Conseil permanent de la Conférence des évêques de France (CEF), sous le titre "Dans un monde qui change, retrouver le sens du politique".

D’autant que sa sortie en libraire avait été précédée par un entretien, d’une niaiserie affligeante, de Mgr Pontier, président de la CEF, dans Le Monde (du 14 octobre) — une page et demie ! Grand apôtre du vivre-ensemble « au ras du terrain », l’archevêque de Marseille qui, comme les socialistes de Terra Nova, voit dans chaque migrant ou presque une chance pour la France — « Ce sont aussi des talents qui nous arrivent » …et dont nous dépouillons leur pays d’origine —, a « un peu honte » quand, contrairement au Liban, voire la Grèce et l’Italie, il ne voit pas notre pays « manifester le minimum d’accueil  ». Il n’a pas, en revanche, « un peu honte » de déconsidérer la Manif’ pour tous du dimanche suivant : car pour Mgr Pontier, le mariage pour tous, et, nous supposons, ce qui va avec, à savoir le prétendu droit à l’enfant, ne « tracassent » qu’ « un certain nombre de Français », qui, en manifestant, « donnent l’apparence d’une “militance excessive”  ». Il y a donc eu à Paris, ce dimanche, 200 000 militants excessifs !

Ces propos illustrent bien la teneur de l’opus épiscopal : il faut désormais avaliser les évolutions de la « société », terme qui, selon la vulgate communautariste et mondialiste auquel ce texte emprunte son vocabulaire, est employé comme synonyme de « nation » ou de « pays ». Et si la question de l’identité est posée, c’est, là aussi, uniquement pour constater que, entrés dans une société « pluriculturelle  », nous devons positiver.

Libération a raison sur un point : le diagnostic « n’est pas vraiment neuf », qu’il s’agisse du discrédit de la classe politique, de l’individualisme, du consumérisme et du matérialisme ambiants, de l’éclatement de la société en différents communautarismes, de « la question du sens » au sein d’une « société en tension » et du « contrat social à repenser ».

Non, ce qui est intéressant, c’est ce que ce texte révèle de l’état d’esprit de nos évêques, du moins de ceux qui composent la commission permanente de la CEF, ce « pays légal » épiscopal censé s’exprimer au nom de tous. D’autant que leur parole sur le politique est rare, ce qui devrait donner d’autant plus de poids à un texte qu’ils destinent non seulement aux catholiques mais à tous les citoyens français. Ou plutôt non : « aux habitants de notre pays ». Or la différence n’est pas mince.

9782204117852-57f255352de5aIl pourrait en effet paraître paradoxal, alors que ce texte a été publié en complément de celui de juin dernier visant à donner « quelques éléments de réflexion » pour « 2017, année électorale », qu’il ne s’adresse pas en priorité aux citoyens. C’est qu’il s’agit bien, selon le titre d’un rapport commandé par le Gouvernement qui avait fait scandale en 2013, et dont ce texte n’est finalement que la version cléricale, de « faire société commune dans une société diverse », à savoir, comme l’affirment les auteurs du document épiscopal, de « gérer (sic) la diversité dans notre société », le christianisme ne devant plus être sollicité que pour « partager son expérience doublement millénaire et sans renouvelée d’accueil et d’intégration de populations et de cultures différentes dans la naissance d’une identité qui ne nie pas les autres appartenances ». Ou quand l’annonce du message évangélique est réduite à la valorisation d’une chrétienne attitude dans la gestion du vivre-ensemble. Du reste, cette attitude ne « doit pas être une confrontation de vérités, mais une recherche ensemble, en vérité », c’est-à-dire, en bon français, et non plus en sabir estampillé CEF, une recherche, certes emplie de sincérité, mais neutre au plan des vérités évangéliques, puisque toutes les idées se valent dans un relativisme dont on croit que sortira la paix sociale — comme si la société, comme la nature, n’avait pas horreur du vide. Du reste, « liberté, égalité, fraternité », « ces trois mots sont une change pour notre pays » (Mgr Pontier). Au pays enchanté des valeurs républicaines, qu’a-t-on encore besoin de parler d’évangélisation ?

Remarquons simplement, nous qui ne nous intéressons dans ces colonnes qu’à l’humble bien positif de la cité, que le document avalise, voire revendique, finalement comme une « richesse », cette crise de l’identité nationale, qui entraîne la rupture du lien originel entre le christianisme et la France, qu’une laïcité agressive n’a cessé de distendre depuis plus d’un siècle et que le mondialisme, conçu par nos évêques eux-mêmes comme le nouvel horizon de l’humanité, est en voie de rompre définitivement. C’est là que la confusion entre société et nation est active, puisqu’elle vise, en encourageant l’immigration, à rendre inéluctable l’éclatement culturel et donc à placer « l’idée d’une Nation homogène » au rang des accessoires obsolètes — le concept de nation devant s’effacer derrière celui de société plurielle. Car si l’immigration n’est pas sans poser déjà de graves questions à notre communauté de destin, les évêques anticipent, dans l’esprit de Terra Nova, en déclarant qu’il conviendrait d’ores et déjà, face à l’affirmation de différences communautaires ou identitaires, « de redéfinir ce que c’est d’être citoyen français et de promouvoir une manière d’être ensemble qui fasse sens » — charabia qui signifie simplement l’acceptation d’une société multiculturelle dans une logique communautariste. Et pour bien enfoncer le clou d’affirmer que « le danger serait d’oublier ce qui nous a construits », c’est-à-dire notamment le christianisme, mais dont l’action est manifestement révolue, « ou, à l’inverse, de rêver du retour à un âge d’or imaginaire ». Plus explicite encore, Mgr Pontier, dans Le Monde, évoque une « supposée identité fermée, éternelle, que tout le monde aurait partagée dans le passé ». Voilà à quoi certains de nos évêques ramènent aujourd’hui le baptême de Clovis, et par là-même de la France, aux promesses duquel, en 1980 au Bourget, saint Jean-Paul II demandait aux Français s’ils étaient demeurés fidèles, déjà, sans susciter l’enthousiasme d’un bon nombre de nos évêques. N’osa-t-il pas aller jusqu’à qualifier la France de « fille aînée de l’Eglise » ? 

(…) Malheureusement il exprime, du moins officiellement, la pensée de nos évêques, manifestement soumise à la logique du mondialisme, prélude au village planétaire. Il n’est pas certain que, là aussi, le pays réel soit en accord avec le pays légal."

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10 commentaires

  1. quel catholique peut accepter d’obéir à ceux qui n’enseignent la Vérité ?

  2. Jojumau,
    Aucun, seulement il y a beaucoup de gens qui ne sont plus catholiques, mais à qui ces même évêques ou cardinaux, répêtent tant et plus qu’ils le sont même s’ils bafouent à la volée chaque commandement du décalogue.
    Il y a eu usurpation, OPA hostile, sur les marques “catholique”,”Pape”, “évêques”, “dogme”, et les fidèles de Jésus-Christ en sont tenu à honorer et servir des gens qui oublient trop souvent d’agir en tant que catholique, pape, évêques, garant du dogme et pas selon des intérêts contradictoires et étonnamment obscurs.
    Mickaël Voris a raison, il y a de par la duplicité des coeurs (on appelle cela libéralisme et modernisme), deux églises qui sont en guerre et les évêques le plus souvent ne sont plus les défenseurs de la Vérité, mais des ethnarques sans envergure, pour tous ceux qui font parti du “grand enterrement”.

  3. Le titre est une blague ! Il a été généré par un pipotron, c’est évident.
    Ce bouquin est bel et bien une farce. Ne tombons pas tête baissée dedans ! Sachons rigoler, ayons le sens de l’humour !

  4. Une partie de l’épiscopat, dont Mgr PONTIER, sont de fait des collaborateurs des troubles que va engendrer cette invasion de migrants, de l’islamisation de la France, du remplacement de la population d’origine, …
    Le paragraphe 2241 du Catéchisme de l’Eglise catholique, lorsqu’on le lit en entier, leur donne pourtant tord.
    Tout se passe comme si ces ecclésiastiques développaient une vraie “hérésie”, c’est à dire le choix exclusif d’une tendance (accueil de l’autre, tendre la joue, fraternité mal comprise, etc …,) au détriment de l’autre tendance (la seconde partie du § 2241), de la défense des valeurs de civilisation, …, dont dépend finalement notre survie.
    Ces ecclésiastiques sont des traites au pays, et des hérétiques sur le plan doctrinal.

  5. L’attitude de nos évêques est un scandale absolu ! Plus plats, plus mous, plus serviles, c’est pas possible ! Tout le contraire de ce que nous demande le Christ !
    Je suis vraiment en colère, ces pasteurs-là se moquent bien de voir le loup à l’intérieur du troupeau ! Troupeau d’ailleurs où sont nombreux celles et ceux qui sont contents d’y voir le loup !
    A part quelques trop rares individualités honnêtes et courageuses parmi nos évêques,il n’y plus aucune fermeté, plus aucune fidélité, plus aucune foi en Jésus-Christ, redescendu au rang de gentil baba-cool à l’idéologie “peace and love” !
    Nous allons tout droit au châtiment que nous méritons, châtiment qui a d’ailleurs déjà commencé… Après tout, la France a peut-être besoin de subir cela pour se réveiller ?

  6. Marine Le Pen accuse les évêques de « faciliter le travail des fondamentalistes islamistes »
    / France 24 et RFI, Marine Le Pen s’est livrée à une attaque en règle contre le texte récemment publié par les évêques de France sur les échéances électorales à venir. « Ils n’ont pas à faire de politique », estime la présidente du Front national. Puis, interrogée sur l’opposition des évêques à l’interdiction des signes religieux, elle précise sa pensée : « Si on conçoit que la France a été modelée par son héritage chrétien, je ne comprends pas qu’un certain nombre de membres du clergé ne défendent pas cet héritage et, en réalité, au motif d’une prétendue solidarité des religions, facilitent le travail des fondamentalistes islamistes. C’est ce type de comportement qui facilite le fondamentalisme islamiste».
    Marine Le Pen avait déjà déclaré, dans une interview à l’hebdomadaire La Vie: « Le clergé français a pris des positions éminemment politiques de lutte contre le FN. Il est sorti de son rôle et transmet des préjugés qui vont à l’encontre des principes qu’il devrait défendre (…) Les curés devraient rester dans leur sacristie, surtout quand on voit leurs résultats. Une partie de l’effondrement moral de nos sociétés, de l’avancée de l’individualisme et du consumérisme, est liée à l’affaiblissement de l’Église. Si les prêtres s’occupaient de leurs ouailles plutôt que de politique, cette situation serait probablement réversible. »
    Récemment, après la publication du texte des évêques, Florian Philippot avait répliqué d’une manière similaire: « Occupez-vous de remplir vos églises, on s’occupe du reste! »

  7. “mondialisme, prélude au village planétaire” : “mondialisme”, ce mot qui ne veut rien dire.
    Personnellement je ne vois pas venir de “village planétaire”, mais la guerre planétaire pour différentes raisons ayant peu à voir avec le “mondialisme” mais tout avec la défense d’intérêts égoistes comme en Syrie.
    Mgr Pontier est une créature de Mgr Vingt-trois, Grand-Officier de la Légion d’Honneur, qui parraina il y a quelques années un livre contre le FN (quand il ne fait pas la publicité exclusive de ses propres livres en chair) rédigé par une carpette accessoirement élu de de l’ouest parisien, Mgr Vingt-trois qui fit également élire François Ier après avoir probablement comploté au côté du cardinal Danneels (il s’en défend) pour faire démissionner Benoît XVI.
    La chute du Catholicisme se poursuit en France, sous la responsabilité de Mgr Vingt-trois, ce qui ne gêne pas nos Seigneurs : Esprit de Vatican II es-tu là ?

  8. Ce livre est à l’image des positions mainte fois répété de la CEF au sujet du front national. Bref sans intérêt, à ne pas lire et à ne pas suivre.
    Je suis catholique et je vois dans de telles publications la cause première de la crise qui traverse l’Église depuis 50 ans, particulièrement en France. La CEF a oublié la demande expresse du Christ: “de toutes les nations, faites des disciples”.
    Merci à l’AF de nous faire une si bonne analyse.

  9. En accord total avec Semper fidelis.
    MGR Pontier, porte parole de la CEF, est vraisemblablement une créature de la rue Cadet.

  10. L’église, dite de France, est en état de quasi apostasie conformément aux visions de nombreux saints. La liste des évêques apostats est longue comme un jour sans pain.
    Mais il reste un carré de prélats, fidèles au poste, catholiques enracinés qui sauvent l’honneur et qui sont le levain du renouveau, que ce soit dans l’église Vatican II, Saint Pierre, Saint Pie X et d’autres congrégations.
    Nous avons encore quelques vrais évêques et de nombreux prêtres de grande valeur.
    C’est d’eux que viendra le Salut.
    Notre Seigneur n’abandonne pas la France, fille aîné de l’Eglise, mais permet qu’elle prenne la correction nécessaire pour reprendre la place qu’elle n’aurait jamais du perdre.

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