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Bioéthique / France : Politique en France

La commission de révision de la loi de bio-éthique face aux religions : positions

La commission de révision de la loi de bio-éthique face aux religions : positions

Le 30 octobre, la commission de l’Assemblée nationale pour la révision de la loi de bio-éthique avait organisé une table-ronde avec des représentants de religions :

  • M.Clavairoly, président de la fédération protestante de France,
  • le rabbin Azoulay du grand rabbinat de France et ex-membre du CCNE de 2009 à 2013,
  • Mgr d’Ornellas, porte-parole de la Conférence des évêques de France pour les questions de bio-éthique
  • et enfin M.Kbibech, vice-président du CFCM (Conseil français du culte musulman).

Quelques échos.

  • La qualité d’écoute très approximative de certains parlementaires: Xavier Breton, président de la commission, nous apprend que « certains collègues ne souhaitaient pas qu’il y ait cette table-ronde ». Et dans le fil de la discussion, le rapporteur (LaREM) M.Touraine demande à Mgr d’Ornellas : « êtes-vous d’accord pour ne pas encourager des manifestations d’intolérance, y compris sur la voie publique ? »  (ce à quoi l’évêque lui répond finement : « J’ai l’impression, monsieur le rapporteur, qu’en vous écoutant vous êtes contre le droit de manifester »).
  • Une position de la fédération protestante de France assez difficile à cerner, mis à part son hostilité à la Manif pour tous et son approbation du mariage homosexuel (bien qu’en même temps –comme dirait qui vous savez-, M.Clavairoly indique : « Nous sommes très attachés à la réalité du couple, la réalité de l’altérité »). M.Clavairoly précise : « le débat est vraiment dans la vérité de notre diversité et ce n’est pas simple » ! Comprenne qui pourra. On croit discerner cependant que, pour l’extension de la pratique de la PMA, il préfèrerait que ce soit pour les couples de femme plutôt que pour les femmes seules (« La femme seule avec un enfant est souvent associée à une situation de pauvreté, de précarité, indicateur de détresse sociale…Il n’est pas bon d’être seul. On peut en ce sens largement préférer des couples de femmes à des femmes seules. Notre position est à la fois interpellante et accompagnante de cette possibilité. ») ; et des aphorismes légèrement étonnants : « Cet imaginaire catholique de la Vierge à l’enfant ne doit pas gagner dans notre société… En revanche, l’homme et la femme, ou le couple de l’altérité, qu’ils soient homme et femme ou homme et homme ou homme et femme (sic !) doit pouvoir fabriquer la société qui vient. L’homme n’est pas un petit Joseph falot à côté de la femme toute puissante. »
  • Une importance primordiale accordée à la préservation de la filiation biologique, tant par la religion juive que par la religion musulmane. Pour le rabbin Azoulay dans le cadre qu’il rappelle de « l’idée juive d’un monde imparfait, inachevé, à améliorer ; et donc sans opposition a priori à un progrès médical », il y a une « véritable obsession dans la tradition juive de la filiation ». D’où la nécessité d’établir avec certitude la filiation. De ce fait, dans le droit hébraïque et pour la PMA on n’accepte que les gamètes du couple. L’anonymat du donneur n’est pas acceptable…. La GPA est la question qui pose le plus de problèmes par rapport à la question de l’identification des parents : un vrai casse-tête ».  ».
  • Pour M.Kbibech qui commence par rappeler que « dans la religion musulmane, le principe de base c’est que tout est permis sauf ce qui est interdit », la préservation de la filiation légitime est un principe absolu et dans le cadre d’un mariage légal homme et femme. De ce fait, la PMA n’est permise que si elle ne va pas à l’encontre de cette filiation ; la GPA est absolument illicite car faisant intervenir un tiers et le don d’organe autorisé car permettant la préservation de la vie, sans remise en cause de la filiation. Comme le dit avec humour M.Kbibech : « Ceux qui cherchaient un appui pour la PMA pour les femmes seules ou les couples de femme, c’est pas dans le culte musulman qu’ils vont le trouver. » De cette sacralisation de la filiation biologique découlent d’autres positions pratiques. Par exemple, le droit rabbinique est en faveur de l’autoconservation ovocytaire.
  • Le danger d’eugénisme plusieurs fois souligné par Mgr d’Ornellas :« Au lieu de recevoir l’enfant comme un don confié à notre sollicitude collective, on le voudrait tel que nous l’imaginons et le voulons ». Il y a donc risque d’un « eugénisme libéral, conjonction de décisions individuelles, avec des êtres humains délibérément produitspour avoir des qualités supérieures ». Il rappelle aussi aux législateurs le devoir de penser le bien commun : la loi ne peut  pas « être une juxtaposition d’articles visant des intérêts particuliers. ». Il rappelle aussi que la loi est là pour protéger le plus faible : « SI ce n’est plus le plus faible, qui va-t-on protéger ? ».
  • Un rappel que la « vie n’appartient à personne » : le rabbin Azoulay exprime l’hostilité de la loi hébraïque à l’euthanasie (« on n’est pas propriétaire de sa vie, de son corps ») ; pour M.Kbibech : « le principe de sacralité de la vie, qui n’appartient à personne » est même le premier principe éthique. Il refuse donc aussi l’euthanasie.
  • Le souci rappelé par les quatre religions du bien des « générations futures ».Clavairoly (toujours légèrement décalé) : « Quelle société voulons-nous léguer aux générations futures ? La majorité n’a pas forcément raison, l’actualité nous le montre encore aujourd’hui, notamment au Brésil. » ; Mgr d’Ornellas : « Discerner en amont et collectivement ce modèle de société que nous voulons pour les générations futures. » ; propos également affirmé par M.Kbibech.

Terminons ce compte-rendu par la phrase de fin de cette table-ronde, fournie par M.Kbibech : « L’islam est un des derniers venus autour de la table de la république. Je fais beaucoup de conférences avec F.Clavairoly, et j’apprécie quand il commence à défendre l’islam. Quand il dit : « il faut faire la place à l’islam, c’est comme la tante qui vient en week-end, il faut lui trouver où elle peut passer la nuit » ; Mais souvent je luis dis : « la différence avec l’islam, c’est pas la tante, c’est plutôt la belle-mère ; c’est pas seulement pour le week-end, c’est pour toujours. ». A méditer aussi.

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1 commentaire

  1. ne pas oublier que le protestantisme (il serait plus exact de dire les protestantismes) est et demeure une hérésie : je dis ça sans sectarisme ni complexe, étant personnellement en partie d’origine protestante, avec un ancêtre franc-maçon que j’espère au ciel.

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