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France : Politique en France

“Je pourrais vous dire qu’on est au plein emploi avec beaucoup de chômage”

“Je pourrais vous dire qu’on est au plein emploi avec beaucoup de chômage”

Ce n’est pas une citation de Pierre Dac… mais d’Emmanuel Macron :

La question du plein emploi, elle est même plus profonde, c’est de s’assurer qu’on améliore, je ne veux pas rentrer dans la technique, notre croissance potentielle, et donc que l’on arrive à baisser notre chômage structurel. Parce qu’au fond aujourd’hui, je pourrais vous dire qu’on est au plein emploi avec beaucoup de chômage, parce que nous avons un chômage structurel qui est très élevé.”

Alexandre Delaigue commente sur Atlantico :

C’est une confusion totale, comme je l’ai indiqué précédemment, entre ce qu’est le chômage structurel et ce qu’est le chômage conjoncturel. C’est aussi une confusion dans l’énoncé qui indique que la solution résiderait dans une croissance potentielle plus forte, si on raisonne au niveau macroéconomique. Mais le problème de fond, c’est qu’avant de vouloir faire augmenter la croissance potentielle (ce qui est très difficile -et pour être très clair les économistes ne savent pas très bien comment y parvenir dans un pays riche)  il faudrait déjà atteindre ce niveau de croissance potentielle. Et donc on en revient encore une fois à ce même problème qui est l’insuffisance de la demande et donc à un régime de politique macroéconomique insuffisant pour soutenir la demande. On peut toujours dire qu’il y a de bonnes raisons pour ne pas agir de la sorte, que cela soit les règles européennes ou autres, on peut chercher toutes les bonnes raisons que l’on veut pour justifier de ne pas le faire, mais nous sommes ici face à un aveuglement complet. On ne veut pas dire que le problème est avant tout un problème de demande, mais il faut être sérieux. Comment peut-on dire de manière sérieuse que le chômage structurel en France a doublé entre 2008 et aujourd’hui ? Cela n’a aucun sens. Que le marché du travail français fonctionne mal, oui, que l’on améliore ces dysfonctionnements par des réformes structurelles, c’est une possibilité, mais encore faudrait-il rappeler qu’énormément de réformes structurelles ont été faites depuis pas mal de temps, et que l’on en voit pas beaucoup les effets. Pourquoi ? Peut-être faudrait-il se poser la question de ce qu’est le régime macroéconomique dans lequel on est.  Le problème ici est que l’on ne veut même pas se poser la question, on part du principe que la question n’existe pas, c’est cela qui est aberrant.

De plus, le chômage structurel est difficile à estimer parce qu’on ne sait qu’il a été atteint que lorsqu’on le touche. C’est à dire que quand vous avez une économie qui est très fortement stimulée, on pourrait prendre l’exemple de l’économie américaine de la fin des années 90 ou celle des années actuelles, par les politiques monétaire et budgétaire. Dans de cas là, le chômage va diminuer régulièrement. Pour les économistes, on atteint le chômage structurel quand, d’un seul coup, le chômage n’arrive plus à diminuer et que l’on constate une accélération de l’inflation. En d’autres termes, la seule manière de trouver le niveau de chômage structurel, c’est de “taper” dedans. Mais en France, nous n’avons jamais tapé dedans. On voit des périodes pendant lesquelles le chômage diminue, mais le problème est qu’il diminue très lentement, et que nous ne sommes jamais allés assez loin pour savoir à quel niveau il se situe. Et il est tout à fait possible qu’il soit en dessous du niveau auquel il est estimé aujourd’hui. D’ailleurs, on constate que dans tous les pays dans lesquels le chômage a baissé suite à une augmentation de la demande, à chaque fois, les estimations de chômage structurel étaient trop élevées.

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3 commentaires

  1. Il ne faut pas chercher une pensée chez Emmanuel Macron, il n’y en a pas.
    C’est un acteur et il récite son texte ou bien il improvise à la manière des bateleurs de foire mais l’objectif est de donner chaque fois une courte représentation et de donner une impression de réponse, rien de plus.

  2. Ce que dit Alexandre Delaigue est bien gentil mais un peu verbeux tout de même aussi, à part dire que les politiques économiques ont sous-estimé l’importance de la demande. Mais Alexandre Delaigue, comme l’immense majorité des économistes, prend bien soin de ne pas évoquer le problème de l’immigration. Avec 200 000 entrée par an au titre de l’immigration régulière, sans compter l’immigration irrégulière, je ne vois pas bien comment l’on pourra résoudre le problème du chômage. C’est une question de bon sens, et nul besoin pour arriver à cette conclusion d’être un économiste distingué.

  3. On pourrait ajouter au commentaire très juste de Pierre Jean que si l’on n’avait pas 200.000 + avortements par an la demande augmenterait et l’immigration baisserait automatiquement ; il suffit pour s’en convaincre d’une réflexion de bon sens, à tête reposée.

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