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Intégrer la Turquie pour éviter le “choc des civilisations” ?

C’est peut-être l’argument central en faveur d’une intégration de la Turquie dans l’UE : son admission désamorcerait le "choc des civilisations", ouvrant même la voie à une "alliance des civilisations." Michel Rocard exprimait cet argument dans Le Figaro il y a un an :

Le Figaro : En quoi l’adhésion d’Ankara pourrait-elle déjouer le risque d’un « choc des civilisations » ?

Michel Rocard : Nous autres, Occidentaux, sommes visés par un terrorisme apocalyptique nourri d’humiliation qui recrute au sein des élites musulmanes occidentalisées. L’urgence, c’est d’isoler ces activistes des populations dont ils instrumentalisent la misère ou le désespoir. Il faut aussi trouver des alliés, au sein du monde arabo-musulman, pour triompher des forces de destruction qui s’y donnent libre cours.

(…) En l’absence de politique étrangère concertée, l’Europe a tout de même une chance : une nation musulmane, exemplaire par sa modération, frappe à sa porte. Ne serait-ce pas folie que de lui adresser une fin de non-recevoir ? Pourquoi devrions-nous manquer une occasion unique de nous démarquer de la diabolisation « bushiste » globale du monde arabo-musulman ? L’adhésion de la Turquie est à mes yeux une affaire d’assurance-vie.

Dans l’hebdomaire The Economist de cette semaine (version papier), un lecteur néerlandais répond à ce poncif avec une image parlante :

L’idée que l’idéologie de l’Islam et de ses adhérents en Turquie puisse être démocratisée est un doux rêve. (…) Si quelqu’un est confronté au problème d’une bombe dont la mèche se consumme, la bonne réaction n’est pas d’avaler la bombe pour la stabiliser – c’est une recette pour être déchiqueté – mais plutôt de rester à distance de la bombe.

L’auteur du Choc des civilisations, Samuel Huntington, était dans son ouvrage explicitement sceptique sur la possibilité pour la Turquie "de devenir pleinement européenne" :

Les dirigeants turcs décrivent souvent leur pays comme un "pont" entre les cultures. La Turquie, disait le Premier ministre Tansu Ciller en 1993, est à la fois une "démocratie occidentale" et une "partie du Moyen-Orient". Elle "fait se rejoindre physiquement et culturellement deux civilisations". (…) Cependant, un pont est une création artificielle qui relie deux entités solides, mais ne fait partie d’aucune d’entre elles. Quand les dirigeants turcs qualifient ainsi ler pays, c’est un euphémisme confirmant qu’il est bel et bien déchiré.

HV

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