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Europe : politique

Intégration, élargissement : la fuite en avant

L’éditorial de Libération de ce matin titre sur la "fuite en avant" de l’UE :

(…) [O]n aurait aimé pouvoir applaudir la décision des Vingt-Cinq de tenir parole en engageant des négociations avec la Turquie et la Croatie, comme une preuve de la vision stratégique, et du courage politique, de dirigeants qui sont allés à l’encontre de leurs opinions publiques, majoritairement hostiles (car ce n’est pas nier la démocratie que rappeler que les opinions ne valent pas vote).

Hélas, ils l’ont fait de la pire manière. Moins par conviction que pour éviter un nouvel échec, après le rejet du projet de Constitution et le budget introuvable. Et en raison d’un marchandage ­ Croatie contre Turquie ­ qui prouve, dans le cas croate, que les principes du droit international que l’UE prétend défendre bec et ongles pèsent peu au regard de considérations politiques. Et, dans le cas turc, qu’une fuite en avant dans le sens de l’élargissement (de la Bulgarie à l’Ukraine) empêche le débat, pourtant indispensable, sur les implications de ce processus, les moyens d’éviter qu’il dissolve l’Union en une vague zone commerciale.

Après le référendum, Hubert Védrine affirmait qu’il fallait

…mettre un terme à (…) l’élargissement sans fin. L’Europe (…) doit avoir des limites. (…) Un peu de bon sens ! Cela sera dur pour ceux qui ont fait de la fuite en avant dans l’intégration européenne la dernière idéologie de substitution.

C’est même trop dur pour eux : par lâcheté, les exécutifs des pays membres ne contrôlent plus l’élargissement de l’UE. L’ouverture des négociations avec la Turquie a été guidée par la peur de dire non.

Védrine affirmait aussi qu’il était

…urgent d’abandonner explicitement la logomachie déresponsabilisante et anxiogène de l’intégration européenne sans fin. C’est-à-dire, comme la métaphore de la bicyclette qui doit toujours avancer faute de tomber, l’annonce permanente d’un nouveau traité, les "ce n’est qu’une étape", le mythe des "Etats-Unis d’Europe" qui seraient seuls à même de faire le poids…

Mais sur l’intégration aussi, les dirigeants nationaux ont perdu la main : le "mécanisme" de dépossession des souverainetés nationales tourne maintenant sans eux, comme l’analysait François de Lacoste Lareymondie dans Liberté politique :

[L]a domination sans recours que se sont arrogées la Commission et la Cour de justice, et le raisonnement par attraction qu’elles ont développé aboutissent de proche en proche à tout faire tomber dans le champ communautaire. C’est ainsi que, subrepticement, les États et les gouvernements, pourtant seuls dotés de la légitimité démocratique, sont dépossédés de leurs compétences au profit de ces deux organes dont le moins que l’on puisse dire est qu’ils sont d’essence oligarchique et technocratique.

Henri Védas

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