Partager cet article

L'Eglise : Vie de l'Eglise

Indignez-vous plutôt de votre péché !

Lu ici :

"Vous vous attendez sûrement à un manifeste anti-capitaliste chrétien qui promeut l’indignation envers cette société de consommation déshumanisante. C’est la mode chez certains chrétiens, qui pensent ainsi renouer avec un Christ révolutionnaire ; mais le Christ est venu ici-bas ni pour faire la révolution, ni pour s’indigner des magouilles des publicains. Il est venu non pas seulement pour tendre la main aux pauvres et envoyer les marchands en enfer, mais pour que le bien soit vainqueur du mal, au moyen de l’indestructible puissance de la charité. Quid de ce mouvement d’indignation ? Quid de cette situation économique délicate, qui frôle l’effondrement à l’approche de ses périodes de fête ?

D’un côté une naissance indigne datant de plus de 2000 ans, de l’autre la perte prochaine du triple A. On s’indigne du système économique qui a mené à cette situation économique difficile, et on se réjouit de cette naissance indigne du roi et sauveur Jésus. L’indigne, l’indigné et l’indignité se mêlent et se re-croisent sans arrêt.

Peut-être parce que la dignité n’est pas le fin mot de l’histoire. 

L’embroglio politique autour du triple A, la crise économique qui l’a provoqué et va le poursuivre, les soucis sociaux et les profits brutaux qui gravitent autour de cette situation, tout cela est certes indigne de l’homme, mais peut-être est-ce la condition de l’homme ? Ce dernier n’a-t-il pas à s’indigner de cette condition pécheresse, qui brille au plus haut point dans sa gestion de l’argent, mais qu’il doit s’indigner de son propre péché. Ou comment passer de l’indignation généralisée (envers le “système”) à l’indignation ciblée (mon péché), cette seconde étant mille fois plus efficace.  Parce que c’est à Dieu de s’indigner, non à son peuple. Les hommes sont indignes, tous, et ils ne leur appartient pas de se sauver en s’indignant, sinon de leur propre péché, mais en (s’)aimant.

Je m’excuse encore pour ceux qui attendaient un manifeste anti-capitaliste. Ce système économique, et ce paradigme libéral (je n’ai pas dit “paradis libéral”, lisez-bien), malgré ses injustices notoires, nous a permis de développer incroyablement le niveau de vie et le champ de liberté politique. Mais notre situation de pécheur n’a pas changé, et ne changera pas avec le monde. Tout comme la grâce, qui restera aussi douce et salvatrice, quoiqu’en dise ou en fasse le monde. La grâce demeure le triple A de l’humanité, mais l’humanité ne cesse de se rendre indigne de cette confiance.

N’oubliez pas : ce n’est pas la grâce qui est indigne du monde, c’est le monde qui est indigne de la grâce. Le monde restera ce qu’il est : cupide et vorace. Ne vous en étonnez pas, ne vous en indignez pas (trop). La grâce restera ce qu’elle est : silencieuse et indigne (du monde). Étonnez vous-en, rendez vous-en digne."

Partager cet article

17 commentaires

  1. Certes le Christ n’appelle pas à la révolution mais ce mouvement non plus. Je comprends qu’il appelle à vivre plus sobrement, dans la lignée des appels des papes sur le sujet.
    Attention à ne pas sur réagir lorsque l’ordre libéral est critiqué: il faut reconnaître que le libéralisme pur (sans aucune transcendance) a mené à la situation dramatique actuelle. Et ce n’est pas parce que cette doctrine libérale s’accompagne d’un étatisme croissant qu’il faut dire que le libéralisme ne pose pas de problème.
    Ceci-dit, je suis d’accord avec vous, il y a toujours le risque que ce type de mouvement tombe dans un gauchisme révolutionnaire, mais ce n’est pas l’hypothèse centrale, car contrairement à d’autres expériences malheureuses, ce mouvement est en communion avec Rome.

  2. Complètement en phase..
    C’est quand même simple de lire un texte : on l’apprend en passant son bac !
    Ma lecture de ces fameux indignés : http://luc1249.wordpress.com/2011/12/23/les-jansenistes-de-lindignation/

  3. Je ne voit pas très bien l’opposition que l’auteur veut mettre entre pleurer son pêcher et s’indigner du mal fait par les méchants…
    Abstraction faite du mouvement des “indignés”, comment ne pas voir que “La force des mauvais se nourrit de la lâcheté des bons” comme disait saint Pie X.
    Il faut sans doute vivre dans un monde extrêmement préservé socialement et dans un autisme profond pour ne pas avoir aujourd’hui de sujet réels d’indignation…

  4. Un peu facile. Fait aussi partie de mon péché ma passivité, voire ma complicité envers les structures de péché.

  5. Ce qui est en soi amusant, c’est que le libéralisme est cela même qui permet de pouvoir s’indigner contre lui-même ; c’est là la force d’une solide doctrine basée sur l’individu. À la limite, ce qui perverti le libéralisme, c’est justement tout ce qui lui résiste, tout ce qui force l’individu à ne pas accepter sa liberté. Cependant il faut bien voir que la liberté est subordonnée à la vérité, donc au dessein sotériologique de Dieu. La liberté n’est pas seulement une liberté de s’indigner.

  6. C’est vrai que plusieurs des termes de ce “manifeste des indignés” peuvent prêter à équivoque et vous plaidez avec raison pour “l’implication prioritaire de soi”. Mais il ne faudrait pas inciter à renoncer au combat pour une meilleure justice par une action renouvelée, après avoir fait une soigneuse analyse des racines des maux actuels .
    Caritas in V. est bien clair là-dessus. “Aide-toi, le Ciel t’aidera”. Si Dieu va jusqu’à ne pas “refuser à l’impie le fruit de son labeur”, il en sera de même, à plus forte raison, pour ceux qui oeuvrent intelligemment pour résorber les désordres politiques et sociaux actuels.
    Pas de fatalisme, please !

  7. En fait le problème du mouvement des indignés n’est pas qu’ils s’indignent, qui ne le serait pas aujourd’hui ? et cette indignation n’a rien de mauvaise au contraire…
    Le problème est surtout dans l’inconséquence de cette indignation : les indignés n’ont pas de racines et de légitimité dans leur réaction car ils sont le fruit même d’un “système” qu’ils prétendent combattre.
    Pour faire la critique féconde d’un désordre il faut en être sorti soit même, pour vaincre l’erreur chez les autres il faut l’avoir vaincu en soi, pour projeter sur le monde un nouvel ordre il faut avoir construit en soi l’antidote du mal. En ce sens seul les saints peuvent avoir une action réellement efficace…
    C’est dans ce sens que la vrai réaction aux désordres modernes viendra (plaise à Dieu qu’elle vienne) d’hommes qui au delà d’une indignation inconséquente auront été capable d’effectuer ce combat spirituel préalable à toute action féconde.

  8. @ PML
    Il me semble que le mouvement des indignés chrétiens propose justement de réaliser ce que vous proposez.
    A voir sur leurs communications.

  9. Le propos de l’article consiste d’abord à mettre en parallèle l’indigne condition de la naissance du Christ, qui est pourtant notre ultime garantie, avec l’indignation de certains devant les structures économiques misent en place par l’homme.
    L’homme n’est pas arrivé à célébrer la naissance de son sauveur, il n’arrivera pas à mettre en place les conditions d’une vie bonne ici bas.
    Pas de fatalisme toutefois, mais la remarque que l’indignation (très souvent sélective) n’est pas la meilleure des solutions. Elle est trop politisée. Et il ne me semble pas que la charité soit une puissance d’indignation, mais de contre-indignation ; voir Côme Dieu voit, c’est voir le monde sub ratione boni, comme bon.

  10. Comme BL, je ne vois pas trop non plus l’intérêt de ce texte sinon qu’il nous dit en substance que le système actuel n’est en définitive pas si mal…
    C’était Nicolas Gomez Davila qui disait que “Ne pas sentir la putréfaction du monde moderne est un indice de contamination.”

  11. Sur ce sujet me reviennent en mémoire les affirmations typées années 60 “communiste parce que chrétien”.
    Les indignés ont d’une part un côté exclusif du message évangélique et d’autre part une solution non basée d’abord sur la morale personnelle (celle concrètement des régulateurs, des politiques, des acteurs économiques) mais sur les structures. Position finalement très marxiste.

  12. L’intérêt consiste justement à montrer que l’indigné n’est qu’un pur produit de la structure qui l’indigne.
    Le seul événement qui s’exempte de cette structure , c’est l’indigne naissance du Christ.

  13. Et si les ” chrétiens indignés ” cherchaient simplement à promouvoir la critique de l’ultra libéralisme (économique, moral et religieux) et la volonté de sauvegarde de l’environnement qui existent dans les positions de l’Eglise catholique (Vatican II, Jean Paul II, Benoit XVI) – en étant authentiquement croyants et pratiquants pour beaucoup d’entre eux ? Cette idée vous a-t-elle effleurée ?

  14. Il n’y a que vous ici qui opposez la conversion personnelle à l’action pour le bien commun.
    Ce manifeste, à la suite des Papes, ne le fait pas : au contraire, il rappelle la primauté de la conversion intérieure comme préalable à l’action politique. C’est explicite dans le manifeste.
    Si c’est juste le mot “indigné” qui vous donne de l’urticaire, vous ratez le meilleur.
    Ce mot, “indigné”, est simplement là pour répondre à ce que certains considèrent comme un signe des temps, ces soulèvements de foules pacifiques à travers le monde.
    Il y eut débat interne quant à l’opportunité ou non de ce mot, et il a finalement été retenu. Tout le monde est bien d’accord que l’indignation ne suffit pas, mais elle est aussi un préalable.
    Et si je puis me permettre ce coup bien bas, les “cathos indignés” qui manifestent contre certaine pièces de théâtre se sentent-ils concernés par vos commentaires sur l’indignation et sur la primauté de la conversion ?

  15. Cela ne vous pose pas de soucis d’employer une rhétorique d’extrême gauche, pas vraiment connue pour vouloir appliquer la doctrine sociale de l’Eglise ?
    Répondre à l’air des temps, c’est s’y soumettre faire parti intégrante du jeu, un rouage nécessaire à ce que vous dénoncez.
    Aussi je m’indigne non pas des motifs d’indignation des indignés, mais de leur mode d’indignation.

  16. Dites-moi jeune homme, ma question sera simple : avez-vous déjà lu un texte de la DSE ?

  17. Je pense que l’air du temps est au libéralisme au laisser faire, je le repète dans le domaine économique, moral et réligieux.
    Je ne vois pas de rhétorique d’extrême gauche ni d’idéologie constituée comme les commentaires ci-dessus semblent le desceller. Votre perspicacité tient de capacités extra-lucides car ce mouvement en est à son tout début. L’idéologie pointera son nez, mais nous n’en somme qu’au tout début. On verra bien.
    Quant à mon intérêt pour les propos et avis du pape Benoit XVI ils ont été en sens inverse de la pression et du discrédit permanent des medias. Vous en doutez, vous avez tort.

Publier une réponse

Nous utilisons des cookies pour vous offrir la meilleure expérience en ligne. En acceptant, vous acceptez l'utilisation de cookies conformément à notre politique de confidentialité des cookies.

Paramètres de confidentialité sauvegardés !
Paramètres de confidentialité

Lorsque vous visitez un site Web, il peut stocker ou récupérer des informations sur votre navigateur, principalement sous la forme de cookies. Contrôlez vos services de cookies personnels ici.


Le Salon Beige a choisi de n'afficher uniquement de la publicité à des sites partenaires !

Refuser tous les services
Accepter tous les services