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Immigration

Immigration, sortir du chaos – En 2007, on le disait déjà…

Immigration, sortir du chaos – En 2007, on le disait déjà…

De Marion Duvauchel :

En 2007, Jacques Dupâquier, le grand historien spécialiste de l’histoire des populations et de la démographie historique, dépose sur le bureau de l’Assemblée, lors de la séance du lundi 14 mai 2007, un ouvrage récent faisant le point sur le problème des migrations Immigration. Sortir du chaos. L’ouvrage date d’un an déjà. L’auteur, Maxime Tandonnet est un ancien conseiller au ministère de l’Intérieur pour la question des migrations. Il n’est pas publié chez un obscur petit imprimeur mais aux Editions Flammarion.

On y apprend ce qu’on sait aujourd’hui mais ce qu’on se gardait bien de dire alors : que la France accueille chaque année des centaines de milliers de migrants au titre du travail, du droit d’asile, du droit au logement et au regroupement familial. Mais les bien-pensants qui ont dix ans de moins trouvent qu’elle n’en fait pas assez et refusent de voir les problèmes posés.

Les causes de ce chaos – c’est le terme employé – sont clairement identifiées : les errements, hésitations et faiblesses des gouvernements, de l’administration et de la justice en matière d’immigration sous la pression d’une opinion mal informée. En 2007, les migrants et leurs descendants représentent environ 23 % de la population française, proportion qui doit tendre vers 30 % dans les prochaines décennies.

L’explication traditionnelle de ce phénomène apparaît insuffisante à l’auteur : les inégalités de développement, la croissance différentielle et la soif de liberté, tout cela ne suffit plus. Le grand exode planétaire résulte aussi pour lui d’une idéologie mondiale qui privilégie l’individu sur les nations et les frontières. Une partie de la jeunesse des pays du Sud, enlisée dans la misère, le désœuvrement, l’archaïsme des mœurs, le droit des coutumes familiales et claniques, les violences et les guerres, la corruption, s’enivre de l’image d’un monde occidental qui incarne l’opulence et la liberté individuelle, et est prise d’une frénésie de fuite.

Devant cette pression colossale aggravée par les déséquilibres démographiques, et émaillée parfois d’événements tragiques, – c’est hallucinant d’actualité — certaines organisations humanitaires, et même plusieurs spécialistes, fermant les yeux sur le rôle des trafics mafieux dans l’organisation de l’immigration et refusant d’aborder les problèmes posés par l’accueil des migrants ainsi que le risque de pillage des cerveaux, proposent alors de baisser les bras et d’ouvrir les frontières au nom d’un droit fondamental et universel à la mobilité et à la liberté de s’établir partout à son gré.

Mais, souligne l’auteur, c’est l’un des aspects les plus spectaculaires des mouvements de population sur la France. L’origine de ces migrants a radicalement changé : parmi ceux qui arrivent en France, les Européens ne sont plus qu’une minorité. La plupart viennent du Maghreb, d’Afrique noire et de Turquie : ils beaucoup plus difficiles à intégrer.  Face à ce déferlement, qui risque de déstabiliser la société française et qui menace son identité, les marges de manœuvre des gouvernements ne cessent de se restreindre du fait de l’opposition plus ou moins larvée des grands corps de l’Etat (Conseil constitutionnel, Conseil d’Etat, INSEE, Commission Informatique et Libertés) et surtout, surtout, de la Commission européenne.

En 2007, on le savait donc déjà : la politique française avait rompu à la fois avec la tradition républicaine et avec la pratique courante des États ; elle avait brouillé le clivage fondamental entre immigration légale et immigration irrégulière ; il était devenu tolérable et toléré que le migrant entre en France sans avoir été autorisé à s’y établir durablement, sur la base d’un visa de court séjour ; il était admis qu’il s’incruste, pétitionne, manifeste, finisse par obtenir des papiers, puis acquière la nationalité française ; qu’il conserve des liens avec son pays d’origine, s’y marie, fasse venir son conjoint en France au titre du regroupement familial.

Ce système a culminé en 2003.

Les lois de 2003 et 2006 avaient réduit les abus et commencé à porter leurs fruits. Nous le savons aujourd’hui, d’autres lois sont venues corriger voire empêcher une régulation pourtant urgente et implacablement nécessaire. Maxime Tandonnet proposait plusieurs scénarios pour l’avenir : entre le dogme irrecevable de l’immigration zéro et l’ouverture générale des frontières, une troisième voie. Laquelle ? Il ne le disait pas. Mais il soulignait que les années à venir étaient cruciales. Elles le furent en effet…

En 2007, un grand spécialiste de la démographie jugeait ce livre suffisamment important pour le déposer sur le bureau de l’Assemblée. L’un de ces distingués parlementaires l’a t-il lu? On ne voit pas souvent Maxime Tandonnet sur les plateaux de télévision. Dommage…

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1 commentaire

  1. Ahhh, 50 millions de consommateurs… C’était avant, dans les années 70. Déjà, à l’époque, la natalité n’assurait qu’à peine le renouvellement des générations, donc la démographie française avait une “croissance zéro”.
    Et 45 ans plus tard, la France a une population de 65 millions d’habitants ?!?… D’où viennent donc ces quinze millions supplémentaires, étrange.
    Donc le calcul est vite fait, les français “de souche” présents en 70 (ou leurs descendants) ne représentent plus, au mieux, que 75% de la population actuelle, un quart de la population française a d’une manière ou d’une autre immigré depuis moins d’un demi-siècle.
    Et encore, ça ne tient pas compte du différentiel de natalité entre ces deux populations, les “nés en France de parents étrangers”.

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