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Immigration

Immigration, ségrégation, partition

Immigration, ségrégation, partition

Dans un fil publié sur Twitter, Philippe Lemoine examine une publication de France Stratégie, élaborée à partir des données de la base Saphir de l’INSEE. Les chercheurs de France Stratégie ont notamment calculé la proportion d’enfants immigrés non-européens ou vivant avec au moins un parent immigré non-européen par IRIS, des zones géographiques contenant en moyenne 2500 personnes. Cela permet de calculer ce qu’ils appellent le taux de concentration, plus connu sous le nom d’indice d’isolation, de cette population. C’est l’un des nombreux indices utilisés dans la littérature pour mesurer divers aspects du phénomène de ségrégation. 

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Leur analyse montre que les enfants immigrés non-européens ou vivant avec au moins un parent immigré non-européen habitent dans un quartier où ils représentaient en moyenne 42% des moins de 18 ans en 2015 contre 31% en 1990 !

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Par ailleurs la proportion des enfants immigrés non-européens ou vivant avec au moins un parent immigré non-européen qui résident dans un quartier où ils sont majoritaires chez les moins de 18 ans est passée de 17% à 38% entre 1990 et 2015.

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Cette analyse ne concerne que les habitants des unités urbaines de plus de 100 000 habitants dont elle a aussi exclut quelques IRIS pour des raisons dans lesquelles je ne vais pas rentrer. Mais ça représente quand même environ 44% de la population française.

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De plus, si ces unités urbaines contiennent ~44% de la population française, il ne fait aucun doute que l’immense majorité des immigrés y vivent, car ils sont beaucoup plus concentrés en zone urbaine et notamment en région parisienne que les natifs. insee.fr/fr/statistique

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D’autre part, dans les unités urbaines de plus de 100 000 habitants, cette analyse sous-estime sans doute assez considérablement non seulement le niveau de concentration des populations d’origine non-européenne mais aussi l’évolution de cette concentration. Cela pour au moins 3 raisons :

  1. les chiffres que j’ai cités ne prennent pas en compte les petit-enfants d’immigrés
  2. ni les enfants d’immigrés vivant avec un seul parent non-immigré
  3. et ils ont été calculés à l’échelle des IRIS qui sont loin d’être totalement homogènes.

En ce qui concerne 1, en 2011, Tribalat estimait à partir des données du recensement et de l’enquête Famille et logements que les petit-enfants d’immigrés non-européens représentaient ~17% des effectifs des immigrés non-européens et de leurs enfants chez les moins de 60 ans. Ça veut dire que, si on se restreignait aux moins de 18 ans, ce serait encore plus que ça, donc la sous-estimation de la concentration des enfants issus de l’immigration non-européenne induite par leur omission est probablement significative.

Je pense que, par rapport à 1, l’effet de 2 est assez faible, même si je ne pense pas qu’il soit négligeable. Mais il est probable que 3 conduit à une sous-estimation assez importante de la concentration des enfants d’origine non-européenne. En effet, je rappelle que les IRIS ont en moyenne une population de 2500 habitants, avec un écart-type de ~1000. Or n’importe qui peut voir que beaucoup de zones de peuplement de cette taille sont loin d’être homogènes ethniquement.

Si on prenait en compte tout ça, ce qui est impossible car les données du recensement ne le permettent pas, il ne fait aucun doute que l’indice d’isolement des enfants d’origine non-européenne augmenterait significativement. De plus, 1 et 2 ne conduisent pas seulement à une sous-estimation de la concentration des enfants d’origine non-européenne à un instant t, mais entraîne aussi une sous-estimation de la hausse de cette indice à travers le temps ! En effet, le nombre de familles monoparentales a doublé depuis 1990 (insee.fr/fr/statistique) et, même s’il est impossible de quantifier cette évolution, il ne fait aucun doute que le nombre de petit-enfants d’immigrés non-européens a totalement explosé depuis.

Par conséquent, non seulement beaucoup plus que 38% des enfants d’origine non-européenne vivent dans des quartiers où plus de la moitié des enfants sont aussi d’origine non-européenne, mais cette proportion a augmenté beaucoup plus rapidement que ne le suggère cette étude. Or, d’après cette étude, cette proportion avait déjà plus que doublé entre 1990 et 2015… Les efforts consentis pour favoriser la “mixité sociale”, qui sont peut-être insuffisants mais qui existent quand même et ont coûté beaucoup d’argent, ont été noyés par l’immigration.

Je rappelle encore une fois que les chiffres que je donne ne concernent que les unités urbaines de plus de 100 000 habitants, mais que c’est dans ces zones que l’immense majorité des enfants d’origine non-européenne vivent.

Comment voulez-vous que des gens qui grandissent dans des endroits où plus de la moitié de leurs pairs sont aussi d’origine non-européenne s’assimilent à la culture française ? Je ne comprends pas pourquoi les gens continuent de s’étonner que l’intégration échoue si souvent… De fait, c’est un échec, il faut être complètement aveugle pour refuser d’accepter qu’il y a une énorme différence entre l’intégration des immigrés européens et celle de la plupart des immigrés non-européens.

Ces derniers ont par exemple un taux d’incarcération beaucoup plus élevé.

Mais il est encore plus intéressant de décomposer ça par pays/région d’origine, ce que les données de l’administration pénitentiaire permettent. Le graphique ci-dessous montre ce que ça donne.

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Leurs enfants ont des moins bons résultats à l’école, sauf pour les enfants d’immigrés asiatiques. cnesco.fr/wp-content/upl

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Ils sont moins diplômés, ont un taux d’activité plus faible et un taux de chômage plus important, de même que leurs enfants.

Ils sont aussi beaucoup plus endogames, tout comme leurs enfants, ce qui n’a rien d’étonnant vu leur degré d’isolement du reste de la population.

Ça ne veut évidemment pas dire qu’il n’y a pas des gens issus de l’immigration non-européenne qui sont parfaitement intégrés et ont assimilé la culture française. Il y en a même plein, mais il n’en reste pas moins vrai que très souvent ce n’est pas le cas.

J’aimerais donc beaucoup qu’on m’explique comment on va faire pour assimiler des gens quand ils grandiront dans des quartiers où 75% de leurs pairs sont d’origine non-européenne alors qu’on y arrive déjà pas quand ils sont 25%.

J’ai téléchargé les données de l’application interactive de France Stratégie et j’ai calculé la répartition des enfants immigrés non-européens ou vivant avec au moins un parent immigré non-européen en fonction de leur proportion dans le quartier ou ils vivent. Cette analyse montre que, en 2015, 67% d’entre eux vivaient déjà dans des quartiers où ils étaient plus de 25% des moins de 18 ans. Ils n’étaient que 45% en 1990. Si l’immigration continue au même rythme, dans 25 ans, cette proportion aura encore augmenté massivement.

De plus, les données publiées par France Stratégie ne contiennent les informations nécessaires au calcul qu’au niveau des TRIRIS, des regroupements de 3 IRIS. C’est pour ça que l’indice d’isolement que je calcule est plus bas que celui des chercheurs de France Stratégie. Par exemple, d’après mes calculs, moins de 30% des enfants immigrés non-européens ou vivant avec au moins un parent immigré non-européen résidaient dans un TRIRIS où ils étaient majoritaires chez les moins de 18 ans, contre 38% si on fait le même calcul à l’échelle des IRIS. Comme les données sur l’origine sont considérées comme “sensibles”, les chercheurs n’ont pu partager les données qu’à l’échelle des TRIRIS, mais ils ont eu accès aux données à l’échelle des IRIS pour leurs propres calculs et les chiffres qu’ils rapportent sont basés là-dessus. Comme je l’ai déjà noté, si on pouvait descendre en dessous de l’IRIS, ce serait encore plus que 38%. Et ce serait encore plus si on avait des données sur les petit-enfants d’immigrés et qu’on pouvait prendre en compte les enfants qui ne vivent pas avec leur parent non-européen. Pour vous donner une idée, à Conflans-Sainte-Honorine (où a été assassiné M. Paty), la proportion d’enfants immigrés non-européens ou vivant avec au moins un parent immigré non-européen est de seulement 24%. Environ 69% d’entre eux vivent dans un TRIRIS où elle est supérieure… Elle ne dépasse 30% dans aucun quartier et, à l’échelle des TRIRIS en tout cas, ils sont répartis de façon quasiment homogène sur la commune, donc on ne parle pas d’un endroit avec des énormes ghettos. francestrategie.shinyapps.io/app_seg/

Il est évident que, à moins de couper les flux migratoires qui ne font qu’alimenter le problème et réduisent à néant tous les efforts qu’on peut faire pour régler celui-ci, on n’en sortira pas. Si vous n’êtes pas d’accord expliquez moi *concrètement* comment vous allez faire. Certains vont peut-être me dire que, si on lutte sérieusement contre la ségrégation, on n’a pas besoin d’arrêter l’immigration. On entend en effet beaucoup de gens insister sur l’importance de favoriser la “mixité sociale” depuis vendredi.

Je suis tout à fait d’accord qu’il faut lutter contre la ségrégation. Mais quand on regarde les chiffres, l’idée que ça va permettre de résoudre le problème du communautarisme ne tient pas debout une seconde, elle est totalement déconnectée de la réalité.

Pour voir pourquoi, il faut introduire une autre mesure, à savoir l’indice de dissimilarité. Cet indice mesure la proportion des membres d’un groupe qui devraient changer de quartier pour que les membres de ce groupe soient répartis de façon homogène sur le territoire.

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D’après France Stratégie, pour les enfants immigrés non-européens ou vivant avec au moins un parent immigré non-européen à l’échelle des IRIS, cet indice était de 38% en 2015…

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Donc ça n’arrivera évidemment jamais ! Est-ce que vous imaginez le nombre de personnes qu’il faudrait déplacer pour arriver à ce résultat ? Si vous pensez que c’est possible, j’aimerais que vous m’expliquiez *concrètement* comment vous comptez faire.

Non seulement ça n’arrivera jamais, mais même si on pouvait répartir de façon uniforme sur le territoire les gens d’origine non-européenne d’un coup de baguette magique, ils sont désormais tellement nombreux chez les jeunes que ça poserait quand même d’énormes problèmes. En effet, dans les unités urbaines de plus de 100 000 habitants, les enfants immigrés non-européens ou vivant avec au moins un parent immigré non-européen représentaient 27% des moins de 18 ans en 2015.

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Par conséquent, *même s’ils étaient répartis de façon parfaitement uniforme au sein des unités urbaines de plus de 100 000 habitants*, ils représenteraient quand même 27% des moins de 18 ans dans tous les quartiers ! C’est plus qu’à Conflans-Sainte-Honorine…

Encore une fois, ce chiffre n’inclut pas les petit-enfants d’immigrés non-européens à moins qu’ils aient un parent qui est lui-même immigré non-européen, ni les enfants d’immigrés non-européens issus d’un couple mixte vivant avec leur parent européen en famille monoparentale.

Donc l’idée qu’on va régler le problème en luttant contre la ségrégation est totalement fantaisiste. C’est juste un moyen d’éviter de regarder les choses en face et de parler de l’immigration. Vous n’allez pas envoyer de force les gens issus de l’immigration à la campagne…

Même si on coupe les flux migratoires tout de suite, ça va être très difficile à gérer, mais si ce qui est sûr c’est que c’est une condition nécessaire pour régler le problème, parce que sinon il ne va faire qu’empirer. Regardez comment les choses ont évolué depuis 1990.

Encore une fois, si vous pensez que c’est faux, dites moi *concrètement* comment vous allez faire pour régler le problème si on ne coupe pas l’immigration. Je ne veux pas de slogans, je veux des propositions concrètes, qui ont une chance d’aboutir.

Parce que c’est bien gentil de parler du “vivre-ensemble” et de dire que la diversité est une “chance pour la France”, mais le “wishful thinking” n’est pas une politique et, une fois qu’on a dit ça, on n’est pas plus avancé. C’est ce qu’on fait depuis 30 ans, sans aucun résultat.

Encore une fois, même si on arrête l’immigration, je ne dis pas que ce sera facile ou que j’ai des solutions miracles. Ce que je dis, c’est qu’à moins de couper les flux migratoires ou du moins de les réduire drastiquement, on ne s’en sortira pas.

Il y a beaucoup de gens qui ne veulent pas remettre en cause l’immigration mais qui se plaigne du communautarisme, de la racialisation du débat, de l’islamisme, etc. Il faut être clair : si l’immigration se poursuit au même rythme, vous aurez tout ça, donc faites un choix.

Quand votre maison est en feu, la première chose à faire, c’est d’arrêter de balancer de l’essence dessus. Je sais que ça paraît évident, mais ça fait plus de 30 ans que ça dure et nos élites n’ont toujours pas compris ça, donc à un moment il va falloir se réveiller.

Je ne vois pas comment quelqu’un doté d’un minimum de bon sens qui analyse lucidement les chiffres peut arriver à une conclusion différente. Mais il est vrai que le discours médiatique sur la question ne s’intéresse pas aux chiffres auxquels il préfère des slogans vides de sens.

Ça fait des décennies qu’on fait la même chose et, alors qu’il est de plus en plus évident que ça ne marche pas, au lieu de l’accepter, on continue en disant que ça finira bien par marcher. C’est complètement irrationnel !

La seule raison pour laquelle des gens nient encore ça, c’est qu’on leur a mis dans la tête que tout discours tendant à demander une restriction de l’immigration était raciste, mais putain qu’est-ce qu’il y a de raciste dans ce que je viens d’expliquer ? Il faut arrêter avec ça.

Selon moi, la seule réponse cohérente qu’on peut me faire, c’est qu’arrêter l’immigration est tout aussi irréaliste que régler le problème du communautarisme en réduisant la ségrégation. C’est encore un mythe, mais ce thread est déjà très long, donc j’en parlerai une autre fois.

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1 commentaire

  1. “Quand votre maison est en feu, la première chose à faire, c’est d’arrêter de balancer de l’essence dessus. Je sais que ça paraît évident, mais ça fait plus de 30 ans que ça dure et nos élites n’ont toujours pas compris ça, donc à un moment il va falloir se réveiller.” (sic)

    Les “élites” ont compris depuis longtemps, ils ont simplement signé un engagement à continuer de balancer de l’essence dessus.
    http://www.alerte-republicaine.com/2019/01/le-pacte-euro-arabe-d-islamisation-de-la-france.html
    (la vidéo a été censurée)

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