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France : Politique en France

Il existe aujourd’hui un sentiment antifrançais en France

Alain Finkielkraut est interrogé dans Le Figaro. Extraits :

F"En réalité, la France assume mal d'avoir une identité, comme si le
discours identitaire conduisait nécessairement au fascisme
. Il existe
aujourd'hui, il faut le dire, un sentiment antifrançais en France.
Des
gens nés sur notre territoire, français eux-mêmes, désignent leurs
compatriotes comme des «Gaulois», des «Babtous», des «faces de craie».
Cette haine montante plonge beaucoup de commentateurs dans l'embarras
car elle contredit leur vision du monde. Ils lui opposent donc une fin
de non-recevoir en dénonçant la «droitisation» du débat public. Pour
n'être pas contraints de penser à nouveaux frais par la mauvaise
nouvelle idéologique, ils marquent d'infamie ceux qui la propagent.

Assiste-t-on, comme on dit, à une «droitisation» croissante du débat politique?

On
accuse ceux qui s'inquiètent de la montée de sentiments antifrançais en
France de «droitiser» le débat.
Ils parlent, dit-on, comme le Front
national. On reproduit ainsi la logique qui avait cours dans les années
1950 à propos du goulag. Dénoncer l'oppression stalinienne, c'était
tenir le même langage que les réactionnaires et c'était affaiblir, du
même coup, le camp du progrès.

J'ai une idée trop camusienne de la
gauche pour me résigner à la voir redevenir le parti de l'aveuglement
volontaire. Il faut regarder les choses en face car c'est, au bout du
compte, la dénégation qui profite aux populistes. Les gens iront vers
ces derniers si les autres, avec les meilleures intentions, continuent
de se bander les yeux.

Cette montée du populisme vous semble-t-elle un danger pour 2013?

Il
faut s'entendre sur le mot populisme. Si on dénonce comme «populiste»
la compréhension pour ces Français qui fuient les «quartiers
populaires», alors on fait fausse route. Nous connaissions le
séparatisme des riches. Logements sociaux ou pas, ils vivent entre eux
ou, en tout cas, ils recherchent la quiétude. Voici venir le séparatisme
des pauvres. Des pauvres se séparent d'autres pauvres non parce qu'ils
sont racistes, mais parce qu'ils veulent la sécurité, que les courses de
moto les empêchent de dormir et qu'ils aspirent à la meilleure
scolarité possible pour leurs enfants.

Pire que tous les
populismes est, à mes yeux, le mépris «grandjournalesque» de ce
peuple-là. J'ai vu aux «Guignols» la marionnette du frère de l'un des
otages du Mali supplier les ravisseurs de l'enlever, tellement il se
morfondait en Ardèche dans la compagnie des hérissons. Autrement dit, il
y a une France qui bouge: celle du rap et des bobos, de Sexion d'Assaut
et de Yann Barthès, le reste est un désert d'ennui et de bêtise. Je
pense exactement le contraire.

Toutefois le discours populiste a bien une réalité politique, c'est le discours de la démagogie…

Vous
avez raison. C'est pourquoi je n'aime pas du tout l'expression «droite
décomplexée». Autant je m'insurge contre le mot «droitisation», autant
je me méfie des personnes décomplexées, qu'elles soient de droite ou de
gauche
. Il faut avoir des complexes. La honte est civilisatrice. La
honte, c'est le début de la conscience morale. Quand on est en charge
des affaires de l'État, il faut se surveiller sans cesse. Il faut brider
ses élans, il faut redoubler de scrupule et d'exactitude, notamment sur
la question identitaire. Notre devoir est de regarder la réalité en
face, de combattre le nouvel antisémitisme et les racismes d'où qu'ils
viennent mais nous devons en même temps nous garder des pièges de la
généralisation. La vie est un perpétuel combat contre la facilité. […]"

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10 commentaires

  1. “Le fanatisme est la seule forme de volonté qui convienne aux faibles…” Nietszche.

  2. « La honte est civilisatrice. La honte, c’est le début de la conscience morale.» Même si Alain Finkielkraut n’y pense pas en écrivant ce texte, les Français devraient tous avoir honte de la république et la combattre pour la renverser et conduire notre Roi à Reims. Lui seul est capable de sauver notre civilisation.

  3. le sentiment antifrançais est diffusé SCIEMMENT par les médias dits “français”. Il faudrait citer nommément ceux qui y travaillent pour qu’on comprenne bien. OUI, les journaleux qu’on entend toute la journée sur RMC, Europe 1, France désinfo; France 2, TFI etc… sont DIRECTEMENT responsables et c’est à eux qu’on doit demander des comptes. Merci à Mr Finkielkraut qui a très bien ressenti dans sa chair l’islamophilie de cette racaille que l’on entend trop…

  4. Alain Finkelkraut raisonne avec justesse et précision sur notre culture et notre société depuis longtemps, ses analyses ressemblent beaucoup à celles des “mal pensants” persécutés comme Zemmour, Ménard,Lévy, Rioufol, même si elles sont plus axées sur la civilisation que sur la politique. Lui aussi est ostracisé par les intellectuels de gauche mais je voudrais bien savoir de quel parti il est proche parce qu’il ne le dit pas, je pense que c’est tout simplement l’UMP.

  5. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil de Satan…

  6. Que le (re)sentiment antifrançais se développe plus que jamais, oui, mais il ne date pas d’aujourd’hui. Il est né avec la notion d'”Internationale”, avec la marxisation de certains “beaux” esprits de l’entre-deux guerres.
    Par exemple Louis Aragon qui affirmait en 1932:
    ” … pi..er sur la flamme tricolore, ce p..ain d’étendard du parti des porcs.
    – Les trois couleurs à la voirie ! / Le drapeau rouge est le meilleur / Leur France jeune travailleur, / N’est aucunement ta patrie.”

  7. Les premiers à être antifrançais sont nos élites adeptes de la repentance systématique soumises à la l’euromondialisme anglo-saxon…

  8. Pour Bécassine. A mon avis, A.Finkielkraut ne peut appartenir à aucun parti: il est libre; comme pouvait l’être Péguy en son temps, Péguy qu’il a appelé le “mécontemporain” dans un de ses livres.
    Pour nous remonter le moral voici la traduction d’un proverbe vietnamien : ” Il n’y a pas de situations désespérées; il n’y a que des hommes qui désespèrent des situations”.

  9. “Je suis né à Paris mais je suis le fils d’immigrants polonais. Mon père a été déporté de France. Ses parents ont été déportés et ont été assassinés à Auschwitz. Mon père est rentré d’Auschwitz en France. Ce pays mérite notre haine : ce qu’il a fait à mes parents fut bien plus violent que ce qu’il a fait aux Africains.” Alain Finkielkraut, 17 novembre 2005, Haaretz
    Effectivement… il y a un sentiment anti français dans ce pays…

  10. Il était temps qu’il s’en aperçoive !!!

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