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L'Eglise : Le Vatican

“Il est nécessaire d’envisager une longue période d’austérité”

M. Ettore Gotti-Tedeschi, économiste et banquier italien, président de l'Institut pour les œuvres de religion (IOR), institution financière de la Cité du Vatican, analyse la situation économique :

E"Nous avons oublié que le développement de l’homme est un développement intégral : l’homme est fait d’une âme et d’un esprit, et ceci nous l’avons complètement laissé de côté. Maintenant, lorsqu’un instrument comme l’économie ou comme la finance, oublie ce qu’il est, c’est-à-dire un moyen, et qu’il a besoin d’une fin, confond la fin – confond donc l’essentiel de l’homme –, cet instrument ne peut plus rien faire d’autre que d’aller contre l’homme lui-même. Ceci Benoît XVI l’a très bien rappelé dans l’encyclique « Caritas in veritate ». Je reprendrai avec le même enthousiasme les recommandations de Benoît XVI et celles de Jean-Paul II, respectivement dans « Caritas in veritate » et « Sollicitudo rei socialis ». Les deux papes se souviennent que l’homme de ce siècle a eu la grande opportunité de croire aux sciences et à la technique mais n’est pas assez mature pour pouvoir les utiliser avec sagesse. Ce qui arrive à présent n’est rien d’autre que les conséquences de ces instruments techniques et scientifiques, qui ont échappé à tout contrôle, spécialement la finance, même si les hommes ont également perdu le contrôle de l’économie, de la politique économique et de l’économie politique. La logique du développement économique est hors de contrôle et par conséquent la croissance de la dette est hors de contrôle, l’inflation-déflation est hors de contrôle, les productions et donc la capacité de créer de la main d’œuvre et de la faire vivre sont hors de contrôle. La consommation est hors de contrôle. […]

Ce n’est pas la finance qui a obscurci la politique, c’est la politique qui s’est obscurcie toute seule, parce qu’elle a laissé la finance assumer une forme d’autonomie morale. La politique de ces dernières années, et je ne parle pas de la politique de l’Italie mais de la politique en général, surtout dans le monde occidental – les Etats-Unis, l’Europe – a déçu. Elle a déçu parce qu’elle a promis de résoudre les problèmes rapidement et en réalité ne l’a pas fait. Cela fait plus de trois ans que la politique use d’une forme d’optimisme qui est dissocié de la réalité et des problèmes. La politique a méconnu les causes de la crise, les vraies causes, les vraies origines, et depuis trois ans a continué à dire que l’origine était de nature financière, dû à l’excès de dettes faites par les banques et à l’écroulement du développement dû à la natalité. La crise que nous vivons est la conséquence de la mauvaise interprétation que le monde, y compris politique, a eue de la croissance économique en Occident. Aujourd’hui, nous parlons à profusion du 7 milliardième bébé qui est né, mais où est-il né ? Notre monde, le monde occidental, a eu l’effronterie d’ignorer qu’une économie ne se développe de manière stable et équilibrée qu’à condition que la population se développe aussi de façon harmonieuse et équilibrée. Nous avons minimisé l’importance des naissances, et avons remplacé le développement nécessaire par une croissance consumériste et bâtie sur des dettes. En faisant cela, nous avons blessé la dignité de l’homme, parce que nous l’avons contraint à se satisfaire matériellement pour faire croître la consommation. Pour pouvoir affronter concrètement les problèmes que nous avons, que nous vivons, il est nécessaire d’envisager une longue période d’austérité, de telle façon que l’on puisse ressaisir les fondamentaux de l’économie. Mais l’austérité semble une promesse politiquement impopulaire. Par conséquent, la politique veut ignorer ce qui est impopulaire et cherche encore à créer une nouvelle forme d’illusion trompeuse, pour encourager la reprise de la consommation, plutôt que la mise en valeur des fondamentaux de l’économie, par exemple l’épargne."

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6 commentaires

  1. A quelque chose malheur est bon.

  2. Le peuple occidental est devenu tellement libéral dans sa consommation et son matérialisme qu’il sera difficile de faire une politique d’austérité sans avoir des heurts à l’image de la Grèce…

  3. c’est bien tout ça, maintenant il faut faire rendre gorge à ceux qui s’empifrent sur le dos du peuple depuis des décennies.

  4. Malheureusement, les peuples occidentaux (gouvernants compris)sont composés d’une large majorité d’ex enfants gâtés (j’entends par là ceux à qui les parents n’ont que très rarement, voire jamais, su dire NON et obtenir le respect de cette consigne). Or, pour ces sujets toute contrainte est inadmissible, ils y répondent par des colères infantiles et hystériques.
    De plus une étude récente montre que ce type d’individu ne mémorise pas où mal les données négatives et inquiétantes. Enfin, habitués à l’instantanéité de la jouissance, ils ne se projettent guère dans le futur, et ne sauraient accepter de se priver maintenant pour un avenir meilleur…
    Je vous laisse donc imaginer l’avenir.
    Nos sociétés étant largement “postchrétiennes”, nous ne pouvons même plus répondre à la requête de Freud qui plaidait pour un “au-delà du principe du plaisir”, faute d’Au-delà. Les succédanés laïques (Démocratie, Droits de l’homme, citoyenneté du monde)sont en cours de naufrage, ou bien nous retrouvons le sens de l’Au-delà chrétien, ou alors, les “carottes sont cuites”.
    Un des slogans d’après Mai 68 était “No Future”. Nous y somme.

  5. J’en ai assez qu’on écrive “nous avons fait ceci, cela (de mal)”. Ce n’est pas moi, ni ceux du SB, mais des politiciens et fonctionnaires (aussi quelques privés) qui ont pris les mauvaises décisions, sont devenus les pires prévaricateurs, nous ont mis dans cette situation
    D’accord, on n’a pas réagi et, pire, on les a réélus. Comment savoir avec les médias tout puissants qui nous déversent des mensonges toute la sempiternelle journée ? Hélas tout le monde ne connait pas le SB.
    Quant à notre hiérarchie, comme dit plus haut, elle enfonce des portes ouvertes et déverse des robinets d’eau tiède.
    D’accord il faut qu’on se serre la ceinture. Mais d’abord qu’on cesse de financer les ci-dessus ainsi que toute la misère du monde.

  6. Si la prétention d’étranges “humanistes” n’avait pas consisté à défier l’amoureux précepte: ” croissez et multipliez-vous”, nous n’en serions pas arrivés à ce tragique aboutissement de l’effrénée course à la concentration des richesses.
    Le “futur” pour réponde au pessimisme -sûrement passager- de notre ami “Exupéry”, c’est la conversion de notre patrie devenue totalement et même totalitairement barbare.
    Notre jeunesse s’y emploie déjà (cf Choisir la Vie, Civitas, parmi d’autres) que les anciens qui avaient un peu faibli, notamment en misant tout sur le champ politique, les rejoignent prestement.

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