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France : L'Islam en France

Guerre culturelle : paroles de musulmans en France

Guerre culturelle : paroles de musulmans en France

Le site Fdesouche a récemment mis en ligne l’enregistrement video d’une conférence donnée à la mosquée de Torcy (Seine-et-Marne) gérée alors par l’association Rahma. La date qui s’affiche sur le site est le 19 mars 2014. Cette date est forcément inexacte car, dans la vidéo, on parle des élections municipales des 23 et 30 mars 2014 au passé, et Manuel Valls est cité comme Premier ministre : il a été nommé le 31 mars 2014. La conférence portait sur « les élections ».

La mise en ligne a été faite par Fdesouche parce que l’un des conférenciers était « le frère » Nagib Azergui, fondateur de l’UDMF (l’Union des démocrates musulmans français), qui vient de (re)faire irruption dans la vie politique française en présentant la 34èmeliste aux élections européennes. L’UDMF venait, en 2014, de participer au succès d’une liste municipale à Bobigny emmenée par l’UDI (sur les 33 élus de cette liste, 16 portent des patronymes et prénoms nord-africains, mais il n’y a pas de grand remplacement).

Les deux autres conférenciers étaient M’hammed Henniche, secrétaire général de l’union des associations musulmanes du 93(UAM 93) et Elias d’Imzalene, fondateur du site islametinfo.fr (L’information par le musulman pour le musulman).

Les propos sont instructifs sur plusieurs domaines :

  • La politique communautariste musulmane, ses objectifs, ses pratiques ainsi que les tensions internes
  • La mise en avant du vivre ensemble à la condition qu’il soit musulman
  • L’utilisation intelligente des faiblesses de notre système

Au total, une guerre culturelle comme c’est exprimé plus avant.

Larges extraits de cette conférence :

Le secrétaire de l’union des associations musulmanes décrit très bien son travail de lobbyiste auprès des politiques.

« Régulièrement des grands dîners avec des ministres, des députés, des sénateurs, des préfets, et sur le terrain dans la négociation avec les municipalités…/…  La politique fait partie des choses de la vie où il faut qu’on soit présent. Si on n’est pas présent, on va disparaître. Il faut qu’on ait dans la communauté des gens spécialisés dans le fait politique et ce ne sont pas des gens qui se réveillent une ou deux semaines avant les élections pour dire : « on va faire ceci ou faire cela ». Non, c’est pas bon, pas du tout bon. La politique, c’est des gens et c’est des gens qu’il faut observer, suivre, discuter avec eux pendant tout le mandat. Il faut des gens mandatés par la communauté pour suivre le fait politique.

Le problème, et surtout nous qui venons du Maghreb et nos frères africains, notre problème c’est que là-bas le président, il est à vie. Tout le temps des élections, le président il bouge pas. Et on est venu avec cette mentalité, on pense que les maires c’est à vie et beaucoup d’associations de mosquées, elles font l’erreur. Et beaucoup de mosquées ont de graves problèmes car ils ont soutenu l’ancien maire aveuglément. La priorité : chercher les intérêts pour la communauté. Notre priorité, c’est les mosquées. Depuis 2001, créer une force car le 93 est le premier département musulman. C’est un département presqu’entièrement musulman.

…/ Il y a beaucoup de travail caché ; discret ; on ne dit pas ; beaucoup de travail de fond. En islam, tout ce qui vient pour le musulman est bien, que ce soit de droite ou de gauche. Juste un fait : la communauté musulmane est à majorité populaire et vote à 90% à gauche ».

« Il y a des gens qui pensent que les musulmans, quand je dis les musulmans, je parle des arabes et des noirs, les arabes et les noirs génétiquement on vote que à gauche. Dans notre gène ; à droite on peut pas. Génétiquement on a un problème, on vote à gauche. Moi je dis qu’il ne faut pas bloquer et voter tout le temps à gauche. C’est cas par cas, élection par élection, candidat par candidat. »

« Dans une mosquée, ici, vous pouvez réunir 30 voix (NDLR : pour influer sur une élection). Vous vous mettez d’accord : tu votes, tu votes, ta femme et tout (NDLR : de l’autonomie politique de la femme dans la communauté musulmane…). Ben, 30 voix. Tu dis : on se met d’accord pour le même candidat. OK. Les 30 voix, c’est ce qui fait la différence ».

Et enfin, M.Henniche de conclure :

« Ils nous reprochent qu’on mette la mosquée en priorité. Nous, notre objectif, c’est quoi ? C’est exactement comme le modèle de notre prophète. Notre prophète, lorsqu’il a une idée et qu’il est parti à Médine, la première chose qu’il a fait là-bas, c’est quoi ? Il n’a pas ouvert un commerce, il n’a pas ouvert un hôtel ou une chambre. La première des choses, il a construit une mosquée. Donc c’est norma, le premier réflexe, on demande des mosquées. Mais rassurez-vous, on ne va pas avoir 50 mosquées. On en aura une, deux mosquées par ville. Et les gens qui viendront après, ils demanderont autre chose ». 

Ensuite intervient Elias d’Imzalene, diction parfaite et look de juif ultra-orthodoxe, la kippa en moins :

« Il faut avoir un vote communautaire à tous niveaux, national et communal. Il faut construire des mosquées, mais ce n’est pas tout. Il faut construire des écoles. Il faut une politique contre l’islamophobie, une politique pour l’éducation. Encore une fois, le vote n’est pas l’alpha et l’omega de la politique musulmane.

Ici, on peut parler. Mais la plupart des mosquées sont aux mains d’associations qui ont tout verrouillé, qui travaillent concrètement à pérenniser un système de caïdat, c’est-à-dire de servitude volontaire envers un pouvoir hégémonique qui nous casse littéralement de l’intérieur en nous faisant passer que les musulmans ne sont bons qu’à être administrés. S’il y a quelque chose à faire passer dans les mosquées, c’est effectivement en clair se débarrasser de ces traitres et vendus qui sont représentés aujourd’hui par le CFCM et qui représentent plus les intérêts de l’ambassade marocaine, algérienne et de la préfecture, que vos intérêts et ceux de vos enfants. Ces gens défendent une politique qui n’est pas musulmane et qui ne sert pas les intérêts des musulmans.

La mosquée pour le moment n’est pas une cellule de base à partir de laquelle on pourrait dimensionner une action politique. Elle pourrait le devenir mais d’abord il faudrait faire un sacré nettoyage.

Il y aura des collectifs locaux qui se réorganiseront et demain qui auront un sens et une action qui viendra coordonner une communauté ; une communauté qui sera capable d’organiser son éducation, ses loisirs, sa sémantique, son langage, d’influer sur la politique. Comprenez bien : on parle de République laïque. Les seules personnes, les seules communautés qui prospèrent en France sont les communautés qui sont organisées. Soyez des musulmans fiers de l’être et organisez-vous en fonction de cela. On a voulu faire un langage victimaire « soyez des citoyens ». Ca a été un contre-langage et ce sont ces gens-là qui nous ont desservis : enfermement, esclavage, lois d’apartheid (NDLR : la loi sur le voile)…/…  Je préfère ne pas être citoyen et avoir l’influence de Soros ».

Et donc Nagib Azergui :

« La droite a été attentive aux besoins de beaucoup de nos concitoyens musulmans (halal, mosquée), alors que la gauche a été complètement incapable de s’approcher de cet électorat. Les politiques vont se remettre en question. Il y a un électorat. Il va falloir aller le chercher…/…   On vise le sommet. Pourquoi on vise le sommet ? Avant tout pour l’intérêt commun (NDLR : comprendre intérêt de la communauté, c’est-à-dire, in fine, l’umma musulmane)».

Il est alors interrompu par Elias d’Imzalene :

« On sent une certaine honte à revendiquer ses droits communautaires. Malcolm X, les Black Panthers, Gandhi n’avaient pas honte pour leur communauté, car ils sont dans une situation où on ne les considère même plus comme des citoyens. Il ne faut pas avoir honte ».

Reprise de Nagib Azergui : « Tout à fait. Je suis entièrement d’accord avec toi. Je suis tout à fait en phase. Pendant très longtemps, dans la rhétorique, dès qu’on se lançait en politique, on était taxé de communautarisme et c’était comme si c’était une tare. Qu’est-ce qu’il y a finalement derrière le mot communautaire ? Le fait de défendre les siens ne signifie pas qu’on est contre l’autre ».

Nagib Azergui termine :

« La laïcité, en réalité, si on regarde ce que c’est, c’est un outil positif, même pour nous, qui nous permet de lutter contre les discriminations religieuses ».

C’était donc en 2014. Le 11 avril 2017, la mosquée où s’était déroulée cette conférence est fermée par décision du ministre de l’intérieur et notifiée par le préfet de Seine-et-Marne :

« M. Matthias FEKL, ministre de l’Intérieur, a fait procéder ce jour à la fermeture administrative de la mosquée « Rahma » à Torcy. La mosquée était devenue un lieu où étaient prônés une idéologie radicale ainsi que des incitations au djihad. Certains prêches, ouvertement hostile aux lois républicaines, incitaient à la haine envers les autres communautés religieuses, au premier rang desquelles les musulmans chiites et les juifs. Rejetant l’autorité de l’Etat, la laïcité et la démocratie, les messages diffusés apparaissaient contraires aux valeurs de la République et susceptibles de constituer le terreau d’atteintes à la sécurité et à l’ordre public ».

L’arrêté du préfet précisait que ce lieu de culte

«constitue un lieu de référence influent de la mouvance salafiste, prônant un islam rigoriste, et représente, par les propos qui y sont tenus et par son influence, une menace grave pour la sécurité et l’ordre publics».

Pour faire bonne mesure, l’arrêté (qui s’accompagnait de perquisitions administratives menées aux domiciles d’Abdelali Bouhnik, l’imam de la mosquée et président de l’association Rahma, et de Mohammed Tlaghi, l’imam suppléant) pointait aussi «le prosélytisme d’Abdelali Bouhnik», qui était donc par ailleurs professeur de mathématiques au lycée Jean Moulin de Torcy. Selon un extrait de cet arrêté,il aurait, sur les élèves de confession musulmance, “cherché à avoir une influence en tentant de s’imposer comme leur interlocuteur exclusif et de s’immiscer dans leur vie privée ; que de fait, cette influence a été relevée par ses différents chefs d’établissement qui la lui ont reprochée ; que de même, il a refusé d’organiser un temps d’échanges relatifs aux attentats de novembre 2015, en dépit de la demande de ses élèves de seconde“. Enfin, dans une note blanche rédigée par les services de renseignement, Mohammed Tlaghi était accusé d’avoir, à partir de 2011, «opposé les musulmans aux non-musulmans et incité les fidèles à la défiance envers ces derniers, encourageant un repli communautariste» ; après l’incendie de Charlie Hebdo en 2011, il aurait suggéré que les «juifs étaient derrière tout ça». Ou encore que la police avait provoqué les émeutes de Trappes de 2013, en contrôlant une femme portant le niqab.

En 2017, il a quand même fini par être suspendu de ses fonctions de professeur.

Un tweet de la mosquée publié le 31 décembre 2017 signalait :

« bilan 2017 : 8 mois de fermeture de la mosquée – 500 personnes sur le parking chaque vendredi – prof de maths radié après 30 ans de service – 100 enfants sans cours d’arabe (NDLR : ! )».

Le 19 janvier 2018, la mosquée a réouvert après création d’une nouvelle et unique association (Union des musulmans de Torcy) fédérant l’ensemble de la communauté musulmane autour d’un projet respectueux des lois républicaines et de l’ordre public, affiliée à la Grande Mosquée de Paris. Le recteur Boubakeur a d’ailleurs assisté à la réouverture. Et finalement, l’imam Bouhnik est interpellé le 28 mars 2018 et expulsé vers le Maroc.

Au jour d’aujourd’hui, M’hammed Hennicheest toujours secrétaire général de l’UAM 93.

Au jour d’aujourd’hui, Elias d’Imzalene  est toujours acteur du site islametinfo.fr. Sur son compte Twitter, il a mis en ligne une vidéo en septembre 2018 lors du Forum annuel des musulmans de France où il déclare qu’il faut

« avoir une capacité de mobilisation totale. Parce que les médias aujourd’hui sont devenus islamophobes du fait de la victoire du camp islamophobe, de cette guerre culturelletelle qu’elle a été définie par Gramsci. Ils ont gagné cette victoire idéologique. Donc à nous de reprendre ce combat idéologique et sur le terrain. Ca passe par l’éducation, ça passe par une reformation, ça passe par la culture, mais ça passe par les mobilisations. Il est anormal que quand il y ait un acte islamophobe contre une sœur, une agression, ou une déclaration islamophobe d’un député ou de quelqu’un qui passe sur RTL comme Zemmour ou autre, on n’ait pas le lendemain dix mille personne pour dire : on ne veut plus entendre ça. On paye des impôts, vous n’allez pas avec nos impôts payer notre mort comme l’ont payée les juifs d’Allemagne » (https://twitter.com/imzalene/status/1042456699427323905.).

Heureusement, Emmanuel Macron, dans son propos liminaire de la conférence de presse donnée le 25 avril 2019 à l’issue du grand débat national, a déclaré :

« Mais aujourd’hui, nous ne devons pas nous masquer : quand on parle de laïcité, on ne parle pas vraiment de laïcité. On parle du communautarisme qui s’est installé dans certains quartiers de la République. On parle d’une sécession qui fait parfois sournoisement installée parce que la République avait déserté ou n’avait pas tenu ses promesses. On parle de gens qui au nom d’une religion poursuivent un projet politique, celui d’un islam politique qui veut faire sécession avec notre république. Et là-dessus, j’ai demandé au gouvernement d’être intraitable.Nous avons commencé à le faire avec une politique ambitieuse de reconquête républicaine dans plusieurs quartiers. Je souhaite que nous allions plus loin en renforçant le contrôle sur les financements venant de l’étranger en étant beaucoup plus dure à l’égard de toutes les formes de cet islamisme politique, de ce communautarisme, de cette sécession au sein de notre République parce que c’est une menace sur la capacité à tenir la nation ensemble ».

C’est sans doute suite à cette déclaration martiale que, le 9 mai, la liste UDMF aux européennes a été validée.

Mais vous êtes peut-être rassuré par le fait de savoir que c’est la tutelle de la Grande mosquée de Paris qui s’exerce maintenant à Torcy ? Cela n’a pourtant pas empêché la mosquée de Torcy de publier sur son compte facebook le 31 janvier 2018 le tweet suivant :

« Maintien de la mémoire. Certes la réouverture de la mosquée a fait la joie de tout le monde mais ce n’est pas tout. Nous vous rappelons rapidement les agressions (NDLR : sic ! )que nous avons subies depuis le 11 avril 2017 : trois perquisitions n’ont rien donné. Dissolution de l’association Rahma. Gel des comptes. Révocation du prof-imam de son poste. Menace d’expulsion du frère Mohamed (imam suppléant). Donc vous voyez bien que l’ouverture des locaux n’est qu’une étape minime ».

R.Erdogan le répète pourtant souvent : « Il n’y a pas d’islam modéré. Il n’y a que l’islam ».

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2 commentaires

  1. Le 26 mai, il n’y a que 2 choix : voter pour Le Recul En Marche (et accélérer le grand remplacement), ou voter pour un parti ouvertement anti-immigration. Le seul parti ayant des chances de dépasser la liste de JUPITER est le RN qui devient, de facto, la cible de toutes les attaques, de toutes les bassesses et de tous les coups fourrés de JUPITER. Car en 10 jours, il peut encore se produire bien des séismes comme, par exemple, l’interdiction du RN et l’arrestation des candidats de sa liste. Ce serait, certes, le pire des scénarios, mais tout le monde se rappelle le célèbre aphorisme du regretté Michel Audiard au sujet des cons…
    ???

  2. C’est la stratégie de conquête mise en place par l’ISESCO avec l’aval de nos politiques…

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