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Europe : politique

Grèce : pas de sortie de la zone euro sans modification du traité de Lisbonne

Yves Daoudal réagit aux diverses déclarations sur la sortie de la Grèce de la zone euro :

"Il est assez ahurissant d’entendre tous ces hommes politiques qui parlent de l’affaire grecque (et les journalistes, évidemment) évoquer une sortie de la Grèce de la zone euro. […] Le président de la Commission européenne a pourtant rappelé à plusieurs reprises qu’il n’est pas possible de sortir de la zone euro. Le traité européen n’envisage pas une telle possibilité, pour une raison très simple, c’est que l’adhésion à l’Union européenne implique nécessairement que le pays adhérent ait l’euro comme monnaie. Les nouveaux adhérents s’engagent formellement à abandonner leur monnaie nationale pour l’euro aussitôt que les conditions économiques dans leur pays rendent possible cette conversion. L’expression « monnaie unique » veut clairement dire que l’euro est la monnaie de l’UE et qu’il n’y a pas d’autre monnaie dans l’UE.

Si cela n’est pas une évidence pour tout le monde, c’est que l’UE a admis un certain nombre de dérogations, permettant à certains pays de ne pas adopter l’euro. Et elle permet aujourd’hui à certains nouveaux adhérents (parce qu’elle n’a guère le choix) de repousser à la saint glin-glin leur passage à l’euro. Mais le principe demeure, et s’applique particulièrement aux pays qui font partie de la zone euro : on ne peut pas quitter la zone euro, parce que c’est une partie intégrante et indivise de l’adhésion à l’UE.

Ce qui est possible, en revanche, mais seulement depuis le traité de Lisbonne, c’est qu’un pays de l’UE quitte l’UE. Ce que peut donc négocier la Grèce. Cela dit, compte tenu des dérogations qui font qu’il y a de fait une zone euro qui est distincte de la zone UE, on peut imaginer que les Grecs s’en servent pour tenter de négocier une sortie de la zone euro sans sortir de l’UE. Mais il faut savoir qu’à ce moment-là il faut modifier le traité européen. Or il s’agit d’une modification majeure, car elle touche à ce qui est le cœur même du traité européen depuis le traité de Maastricht. D’ici que cette modification soit ratifiée par tous les pays, la zone euro aura eu le temps d’éclater dix fois.

Comme si une absurdité ne suffisait pas, les mêmes qui nous disent que la Grèce peut sortir de la zone euro ajoutent que cela n’aura aucune conséquence pour le reste de l’UE puisque le PIB de la Grèce c’est 2% du PIB de l’UE. Ces gens-là font semblant d’ignorer que la crise de la dette dépasse de très loin le cadre grec et implique tous les pays de l’UE, et que si la Grèce quitte l’UE la partie de dominos ne fait que commencer…"

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4 commentaires

  1. Une fois n’est pas coutume, je ne suis pas vraiment d’accord avec YD.
    Bien sur, il a raison : opt-outs mis a part, tout pays de l’UE doit pour les traites viser la participation a l’euro. Mais rien a mon sens ne dit noir sur blanc qu’un pays ne peut pas quitter (mais il doit sans doute afficher une intention – meme vague – d’y’y revenir).
    Jusqu’a preuve du contraire, si les dirigeants europeens veulent que la Grece quitte l’euro sans quitter l’UE, ils peuvent donc parfaitement le permettre dans l’etat actuel des traites. Ce n’est pas comme s’ils s’etaient gene jusqu’ici pour les tirer dans le sens qu’ils voulaient (cf Lellouche en mai 2010, “nous avons [de facto] change les traites”.
    Mais en l’occurence, la Commission a sans doute voulu dramatiser l’enjeu pour effrayer les electeurs grecs s’il y a referendum, voire justifier l’abandon de ce dernier.

  2. Le pétrole est payé en dollars, si votre monnaie ne vaut plus rien, le coût de la facture pétrolière s’envole immédiatement. Il en serait de même pour tous les produits importés. Par ailleurs, si la Grèce devait sortir de l’euro, elle ferait immédiatement défaut sur le paiement de toute sa dette. Du jour au lendemain, elle n’aurait plus accès au crédit et serait obligée d’aligner ses dépenses sur ses ressources. Ceci impliquerait une rigueur beaucoup plus forte encore qu’elle ne l’est aujourd’hui. C’est assez étonnant de voir que les leçons du passé ne servent pas. Durant l’hiver 2001-2002, l’Argentine s’est retrouvée dans cette situation. Dévaluation brutale du peso de 70% vis-à-vis du dollar avec, conséquence logique, une flambée de l’inflation (+40%), une panique et le blocage des comptes bancaires

  3. L’adhesion à l’euro est irreversible ? comme la conversion à l’islam, sans doute…
    Faudra-t-il une guerre de secession ?

  4. @ “cigarette paris”: reponse en un tableau, Argentine compris:
    http://www.economist.com/blogs/dailychart/2011/06/sovereign-defaults-and-gdp
    Ensuite, oui: la Grece faisant defaut (dans l’euro ou en-dehord) perdrait un temps l’acces au credit, et donc elle devrait equilibrer son budget… ce qui est beaucoup moins inaccessible une fois qu’elle a fait defaut, puisque meme l’Italie a un surplus budgetaire primaire (cad avant charge de la dette).

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